Zacharie 5.6-11
Chapitre 5
Verset 6
Un génie familier est une entité, un esprit invisible auquel on s’adresse pour demander conseil ou obtenir un service. On les connaît aussi sous le nom de : muse, bon génie ou esprit gardien, et on les retrouve dans les jeux de rôle modernes. Jean Marie Vianney, curé d’Ars, est affligé d’un mauvais esprit qu’il appelle « le grappin ». Ces entités sont des démons au service de Satan, et à ce titre ils sont très dangereux.
Les anges par contre, sont les émissaires de l’Éternel et sous le régime de l’Ancien Testament, les prophètes de l’Éternel reçoivent parfois leur visite pour les éclairer. Je continue de lire dans le chapitre cinq de Zacharie.
(Puis l’ange chargé de me parler sortit et me dit : – Lève les yeux et regarde ce qui vient là. – Qu’est-ce ? lui demandai-je.) Il me répondit : – C’est un boisseau qui vient. Puis il ajouta : – C’est leur œil dans tout le pays (Zacharie 5.6 ; auteur).
En hébreu, le mot « œil » décrit souvent ce qu’on voit, l’aspect, la ressemblance. Par exemple : « l’œil (de la manne) était comme l’œil de coriandre » veut dire et est traduit par : « la manne ressemblait à de la graine de coriandre » (Nombres 11.7). Ici, l’ange dit donc à Zacharie que ce « boisseau » représente le peuple de Juda dans tout le pays, sous-entendu dans son état de péché.
Versets 7-8 a
Je continue le texte.
Soudain, un couvercle de plomb qui fermait le boisseau se souleva et une femme apparut, assise à l’intérieur. – Cette femme, me dit l’ange, c’est la Méchanceté (Zacharie 5.7-8 a).
On ne sait pas en quel matériau est fabriqué le boisseau, par contre le couvercle est en plomb, le métal lourd le plus courant utilisé dans toutes les transactions commerciales pour peser les denrées qui changent de main. Dans le verset suivant, ce couvercle s’appelle « pierre de plomb ».
Le mot traduit par « couvercle » (kikkar) signifie « cercle, disque ». et c’est aussi le nom de l’unité de poids appelé « talent », et qui fait presque 50 kg (49,2 kg).
Il est probable que ce « couvercle de plomb » évoque les poids truqués dont se servent les colons juifs véreux pour peser l’argent ou les denrées dans leurs transactions commerciales. Ils utilisent deux poids deux mesures ; ils emploient par exemple un talent plus lourd de 53 kg quand ils achètent une denrée et un talent plus léger de 47 kg quand ils la revendent.
Aujourd’hui les balances sont contrôlées et le client peut voir lui-même le poids de ce qu’il achète. Mais qu’à cela ne tienne, il existe bien d’autres moyens de truander. Récemment, ma mère qui est une personne âgée avec quelques problèmes de santé, se rend à pied au marché du village et achète un bifteck. Le boucher le coupe devant elle puis lui tourne le dos pour l’envelopper. Ensuite il pèse le paquet devant ma mère. Elle paie son bifteck et rentre. Arrivée à la maison, elle défait le papier et découvre, oh surprise, des petits bouts de gras qui tiennent compagnie au bifteck et qui évidemment ont alourdi la note. Elle s’est bien fait escroquer mais n’a aucune envie de faire marche arrière pour aller protester ce que le boucher avait anticipé.
Les colons juifs qui sont revenus de Babylonie ont acquis une soif insatiable pour les biens matériels. Alors pour acquérir davantage de richesses, ils vont jusqu’à prêter de l’argent à leurs compatriotes pauvres avec usure alors que la loi de Moïse interdit aux Juifs de prêter avec intérêt aussi faible soit-il à leurs compatriotes (Exode 22.25).
Dans la deuxième moitié du 5e siècle avant Jésus-Christ, Néhémie est gouverneur de la Judée. Lors de son premier mandat (444-433) des Juifs viennent se plaindre à lui disant :
Nous sommes obligés de donner nos champs, nos vignes et même nos maisons en gage pour nous procurer du blé lorsqu’il y a une famine. D’autres encore se plaignaient : – Nous devons emprunter de l’argent en hypothéquant nos champs et nos vignes pour payer l’impôt impérial (Néhémie 5.3-4).
Néhémie convoque alors ces despotes et leur dit :
Rendez-leur aujourd’hui même leurs champs, leurs vignes, leurs oliviers et leurs maisons, et remettez-leur la part de l’argent, du blé, du vin et de l’huile que vous avez exigée d’eux comme intérêt (Néhémie 5.11).
Et une fois que les colons juifs eurent terminé la reconstruction du Temple, ils se font tirer l’oreille pour contribuer à son entretien. Le prophète Malachie écrit :
Un homme peut-il voler Dieu ? Pourtant, vous me volez, et puis vous demandez : “ En quoi t’avons-nous donc volé ? ” Lorsque vous retenez vos offrandes et vos dîmes ! Vous êtes sous le coup d’une malédiction parce que tout ce peuple, vous tous, vous me volez. Apportez donc vos dîmes dans leur totalité dans le trésor du Temple pour qu’il y ait des vivres dans ma demeure ! (Malachie 3.8-10).
Le « boisseau » que voit Zacharie renferme et tient prisonnier une femme qui personnifie le mal. Le texte n’utilise pas l’article indéfini « une » mais le chiffre « 1 » parce que cette femme concentre en sa personne tous les péchés du peuple du pays.
Dans l’Ancien Testament, la nation d’Israël rebelle, ou Jérusalem sa capitale, est fréquemment comparée à une femme incrédule ou adultère (Ésaïe 1.21 ; Jérémie 2.20 ; Osée 2.7 ; Ézéchiel 23). C’est aussi une femme qui est à l’origine de la corruption de l’une des sept églises dont il est question dans le livre de l’Apocalypse. Jésus ordonne alors à l’apôtre Jean d’écrire à cette église les paroles suivantes :
J’ai un reproche à te faire : tu laisses cette femme, cette Jézabel qui se dit prophétesse, égarer mes serviteurs en leur enseignant à participer au culte des idoles, en se livrant à la débauche et en mangeant les viandes des sacrifices (Apocalypse 2.20).
Le nom « Jézabel » donné à cette femme suggère qu’elle corrompt l’église de la même façon que Jézabel, la femme du roi Achab, qui avait corrompu le royaume d’Israël Nord (1Rois 16.31-33).
C’est encore une femme qui, sous le règne de l’Antichrist et dans le livre de l’Apocalypse, personnifie le système religieux mondial. Elle est décrite sous la forme d’une prostituée habillée de vêtements de luxe et couverte de bijoux de très grande valeur (Apocalypse 17.4).
Verset 8
Je continue avec l’explication de la vision à Zacharie.
Cette femme, me dit l’ange, c’est la Méchanceté. Et il la repoussa à l’intérieur du boisseau qu’il referma avec le couvercle de plomb (Zacharie 5.8).
Cette femme s’appelle « méchanceté ou iniquité ». Ce terme est appliqué à Athalie, reine de Juda (2 Chroniques 24.7). En hébreu, il désigne celui qui transgresse la Loi, qui commet l’injustice que ce soit dans le domaine moral, civil ou religieux. Un proverbe dit :
Agir avec droiture est une protection pour l’homme intègre, mais la méchanceté cause la ruine du pécheur (Proverbes 13.6).
Alors que la femme essaie de sortir du boisseau et donc de s’échapper, l’ange intervient, la repousse dans sa prison où elle doit rester en vue du châtiment qui va suivre (Zacharie 5.9), puis il referme « le couvercle de plomb », littéralement : « la pierre de plomb » (comparez Genèse 29.2). Non seulement les méchants en Israël doivent être vomis du pays, mais « la Méchanceté » qui représente le système économique corrompu, doit l’être également. L’idée communiquée par cette vision est l’expulsion du pays d’Israël du mal sous toutes ses formes afin que la Terre promise devienne véritablement la Terre sainte.
Verset 9
Je continue le texte.
Et je levai les yeux, et je vis, et voici deux femmes qui paraissaient ; et le vent soufflait dans leurs ailes ; elles avaient des ailes comme des ailes de cigogne et elles enlevèrent l’épha entre la terre et le ciel (Zacharie 5.9 ; NEG).
La cigogne est un oiseau migrateur qu’il est courant de voir en Palestine. Cependant et selon la Loi, elle est considérée impure (Lévitique 11.19 ; Deutéronome 14.18). Ces « deux femmes » ont besoin d’ailes de cigogne parce qu’il leur faut un vol puissant pour emporter « la Méchanceté » hors de Palestine, et ces « deux femmes » sont assimilées à un oiseau impur parce qu’elles entrent en contact avec la somme des péchés du peuple de Juda. Or, la conséquence ultime du péché est la mort (Romains 6.23). L’Éternel a dit à nos ancêtres Adam et Ève :
De celui-là (l’arbre du choix entre le bien et le mal), n’en mange pas, car le jour où tu en mangeras, tu mourras (Genèse 2.17).
Selon la loi de Moïse, toucher un cadavre est l’impureté rituelle la plus grave, et le seul fait de se trouver dans la tente d’un mort rend impur (Nombres 19.11, 14).
Pour aider ces deux femmes à débarrasser la Terre promise de la méchanceté, elles ont non seulement des ailes puissantes, mais elles sont également poussées par le vent. Cette image signifie qu’elles accompliront leur tâche sans tarder et rapidement.
Versets 10-11
Je finis de lire le chapitre 5.
Je demandai à l’ange chargé de me parler : – Où emportent-elles le boisseau ? Il me répondit : – Elles l’emportent en Babylonie afin de lui bâtir un sanctuaire. Lorsqu’il sera prêt, on la fixera là sur son piédestal (Zacharie 5.10-11).
Littéralement, elles emportent la Méchanceté « dans la plaine de Shinéar » qui se trouve au sud de Babylone. C’est là que l’un des petits-fils de Noé, appelé Nimrod, un mot qui veut dire « rebelle », érige la célèbre « tour de Babel ou Babylone » (Genèse 11.8-11), c’est le même mot en hébreu. Dans les Écritures, Babylone symbolise l’idolâtrie et la rébellion contre Dieu. La construction de la tour commence peu après le déluge et ceux qui projettent de la réaliser espèrent créer ainsi un lieu renommé où les hommes se concentreront, désobéissant ainsi à l’ordre de l’Éternel qui leur a dit : « remplissez la terre » (Genèse 1.28).
Comme la plaine de Shinéar n’a pas de pierre de construction ou de chaux, pour construire la tour de Babel, les bâtisseurs utilisent des briques, et en guise de ciment le bitume que l’on trouve en abondance en amont mais à 220 km quand même. Cependant et comme chacun sait, le projet ne peut aboutir car Dieu fait en sorte que les bâtisseurs se mettent soudain à parler différentes langues.
Voilà pourquoi la ville est appelée « Babel » un mot qui veut dire « lieu de la confusion de Dieu ». Ne pouvant plus communiquer les uns avec les autres, le chantier devient une cacophonie et le travail cesse. Alors, ceux qui se comprennent se rassemblent et partent s’établir dans de nouvelles régions. Telle est l’origine des langues et de la dispersion de l’humanité sur les continents (Genèse 11.1-9).
L’explication de l’ange concernant le boisseau : on va « lui bâtir un sanctuaire et on la fixera sur son piédestal », suggère une construction solide et durable. « La Méchanceté » sera érigée dans un temple comme idole. Aujourd’hui, c’est le capitalisme sauvage dont le nombre d’adeptes ne cesse d’augmenter.
Comme je l’ai déjà dit, cette vision signifie que Dieu débarrasse la Terre promise de tous les vices associés à l’activité économique comme la convoitise, la cupidité ou la tromperie, et les transfère à Babylone.
Non seulement cette ville a le triste privilège d’avoir été la première capitale de l’idolâtrie et de la rébellion contre Dieu, mais à la fin des temps, Babylone refait surface et donne au futur poumon économique mondial son nouveau nom : « la grande prostituée » (Apocalypse 17.1). Elle est ainsi appelée parce que les puissants et les riches lui sont soumis, que ce soient les loups qui tirent les ficelles du pouvoir (Apocalypse 17.18 ; 18.3, 9) ou les requins dont la prospérité est liée à la haute finance ou au commerce (Apocalypse 18.11-17, 23). Malheureusement, la fin de notre système scandaleux n’est pas pour demain ; la prophétie de Zacharie ne s’accomplira qu’à la fin des temps.
Cette vision est lourde en menaces pour les Juifs rentrés d’exil qui s’adonnent à un trafic mercantile de bas étage en trompant leur prochain, car s’ils persistent dans leurs pratiques malhonnêtes, ils seront punis et connaîtront même un nouvel exil, définitif celui-là car ils perdront leur statut de peuple de Dieu. Quant aux Juifs restés en Babylonie pour leurs affaires et qui refusent de revenir au pays de leurs ancêtres, ils seront assimilés aux païens et subiront donc le même sort que ces derniers (comparez Apocalypse 18.4).
Comme à l’origine, les Israélites sont plutôt tournés vers l’agriculture et l’élevage, une grande partie de la loi de Moïse concerne ce style de vie. La Loi établit des règles agraires et donne des instructions regardant les propriétés, les vignes, les champs de céréales, les troupeaux, etc. Aujourd’hui encore, beaucoup d’Israéliens vivent de la terre. Par contre, quand ils ne sont pas dans leur pays, ils font du commerce et Dieu les a toujours bénis. Vous connaissez beaucoup de paysans juifs établis en France ? Moi pas.
Alors qu’ils sont en captivité à Babylone, les Israélites acquièrent le sens des affaires, l’amour de l’argent et des richesses, ce qui perdure au travers des siècles. En Europe, pendant le Moyen Âge, beaucoup de professions sont interdites aux Juifs. Par contre, ils peuvent embrasser les carrières ayant trait à l’argent parce qu’elles sont alors considérées comme venant du diable. Alors évidemment, en tant que peuple ils deviennent riches, mais leur réussite financière crée beaucoup de jaloux, ce qui ne fait qu’amener de l’eau au moulin de l’antisémitisme. Depuis toujours, toutes les raisons sont bonnes pour persécuter les Juifs. On les accuse d’être à l’origine de la peste noire en Europe parce qu’ils sont relativement épargnés du fait qu’ils obéissent aux règles d’hygiène contenues dans la loi de Moïse.
Si les Textes sacrés ne condamnent pas l’argent en tant que tel, ils le considèrent quand même comme un obstacle sur le chemin qui mène à Dieu. Marc rapporte que Jésus dit à ses disciples :
Qu’il sera difficile à ceux qui ont des richesses d’entrer dans le royaume de Dieu ! Les disciples furent étonnés de ce que Jésus parlait ainsi. Et, reprenant, il leur dit : Mes enfants, qu’il est difficile à ceux qui se confient dans les richesses d’entrer dans le royaume de Dieu ! Il est plus facile à un chameau de passer par le trou d’une aiguille qu’à un riche d’entrer dans le royaume de Dieu (Marc 10.23-25 ; LSG).
Et dans son épître, Jacques est particulièrement mordant et dur à l’égard des riches qui abusent des pauvres gens et qui utilisent leur argent pour leur propre satisfaction. Il écrit :
Et maintenant, écoutez-moi, vous qui êtes riches. Pleurez et lamentez-vous au sujet des malheurs qui vont fondre sur vous ! Votre richesse est pourrie et vos vêtements sont rongés par les mites. Votre or et votre argent sont corrodés et cette corrosion témoignera contre vous, elle dévorera votre chair comme un feu. Vous avez entassé des richesses, dans ces jours de la fin. Vous n’avez pas payé leur juste salaire aux ouvriers qui ont moissonné vos champs. Cette injustice crie contre vous et les clameurs des moissonneurs sont parvenues jusqu’aux oreilles du Seigneur des armées célestes. Vous avez vécu ici-bas dans les plaisirs et le luxe, vous vous êtes engraissés comme des animaux pour le jour où vous allez être égorgés (Jacques 5.1-5).
Le magazine « Courrier International » du 11 septembre 2008 a pour titre « Les ultras riches vous saluent bien ». Si vous en avez l’occasion, lisez-le, ça vaut la peine surtout que son contenu est encore plus d’actualité aujourd’hui qu’il ne l’était alors. Alors que deux milliards d’êtres humains crèvent de faim, littéralement, les ultras riches dépensent pour leur plaisir des sommes astronomiques.
Sous le règne de l’Antichrist, le temple de « la Méchanceté » sera à Babylone, capitale mondiale du commerce. Mais juste avant d’établir son royaume sur terre, le Seigneur jugera tous les comportements scandaleux ainsi que ceux qui sont à leur origine. Dans le livre de l’Apocalypse, l’apôtre Jean nous décrit le jugement du système économique mondial. Il écrit :
Je vis un autre ange descendre du ciel. Il détenait un grand pouvoir, et toute la terre fut illuminée du rayonnement de sa gloire. Il cria d’une voix forte : Elle est tombée, elle est tombée, la grande Babylone. Et elle est devenue un antre de démons, repaire de tous les esprits impurs, repaire de tous les oiseaux impurs, et détestables. Car toutes les nations ont bu le vin de sa prostitution furieuse. Les rois de la terre, avec elle, se sont livrés à la débauche, et les commerçants de la terre ont fait fortune grâce à son luxe démesuré (Apocalypse 18.1-3). Alors un ange puissant prit une pierre semblable à une grosse meule et la jeta dans la mer en disant : – Ainsi, avec la même violence, sera précipitée Babylone, la grande ville, et on ne la retrouvera plus ! La lumière de la lampe n’y brillera plus. Le jeune époux et sa femme ne s’y feront plus entendre. Tout cela arrivera parce que tes marchands étaient les puissants de la terre, parce qu’avec tes sortilèges, tu as trompé toutes les nations (Apocalypse 18.21, 23).
Le jugement de « la Méchanceté » coïncidera avec le jugement du « Prince de ce monde », ce qui fera disparaître le système satanique qui gère l’humanité. Alors le royaume de Dieu s’étendra sur terre d’un continent à l’autre et du lever du soleil à son coucher.
Commentaire biblique radiophonique écrit par le pasteur et docteur en théologie : Vernon McGee (1904-1988) et traduit par le pasteur Jacques Iosti.