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08 avril 2022

Genèse 11.7 – 12.3

Chapitre 11

Introduction

Je pense que nous avons tous entendu quelqu’un qui s’exprimait dans une langue qui nous était totalement incompréhensible. Il n’y a même pas besoin d’aller à l’étranger pour faire une telle expérience, il suffit de regarder la télé ou d’écouter la radio. En fait, même dans notre bonne France, dans certaines régions, les anciens, en particulier, parlent un dialecte local, qui n’a rien à voir avec notre langue nationale. Les spécialistes en linguistique essaient de déterminer comment toutes ces langues se sont formées et d’où elles sont issues, mais beaucoup de mystères demeurent. La Genèse, le livre des Commencements, nous donne les renseignements recherchés.

Versets 7-9

Je continue à lire dans le chapitre 11 :

Et l’Éternel dit : allons, descendons et brouillons leur langage pour qu’ils ne se comprennent plus entre eux ! Et l’Éternel les dissémina loin de là sur toute la terre ; ils cessèrent donc la construction de la ville. C’est pourquoi on l’appela Babel parce que là, l’Éternel avait confondu le langage des hommes de toute la terre, et c’est à partir de là qu’il les a dispersés sur toute la terre (Genèse 11.7-9).

Ce allons de Dieu répond à celui des hommes lorsqu’ils dirent précédemment : Allons, moulons des briques… et allons, construisons-nous une ville, c’est le même mot ; Dieu fait ici de l’humour. Ce n’est pas qu’il craignait que les hommes échappent à son contrôle, mais il savait qu’en les laissant faire, livrés à eux-mêmes et concentrés en un même lieu, ils atteindraient un tel degré de dégénérescence qu’il lui faudrait les détruire à nouveau, ce qu’il avait promis de ne plus faire.

Alors pour les arrêter dans leur folie, il confond leur langage, ce qui force ceux qui se comprennent à rester ensemble et à se séparer des autres. C’est ainsi que l’humanité est forcée d’obéir à l’ordre de se disséminer sur toute la terre. Quand Dieu dit : Allons, descendons et brouillons, il parle au pluriel tout comme au premier chapitre de la Genèse, lorsqu’il a dit : Faisons l’homme à notre ressemblance. Ce pourrait être un pluriel de majesté ; les grands de la terre s’expriment ainsi afin de ne pas paraître trop arrogant avec le pronom je, mais cela ne peut s’appliquer au Dieu du ciel et de la terre, surtout qu’il lui est extrêmement fréquent dans les Écritures de parler à la première personne.

C’est pourquoi il est probable que cette façon de s’exprimer reflète que Dieu est en trois personnes. Donc, les hommes vont se disperser, parce qu’ils sont dorénavant incapables d’œuvrer ensemble puisqu’ils ne se comprennent plus. Cela est vrai non seulement au niveau linguistique, mais aussi à celui de la pensée, car un langage est beaucoup plus qu’une simple affaire de communication, c’est aussi l’expression d’un mode de vie avec ses valeurs, croyances et priorités.

La barrière linguistique entre les peuples est plus imposante que le mur de Chine ; elle les sépare beaucoup plus efficacement que les frontières nationales ou les barrières naturelles. Il y a plus de 5 000 langues et dialectes parlés sur terre, tous dérivés des souches qui ont surgi à Babel. Ce mot d’où vient le nom Babylone, veut dire porte des dieux en langue akkadienne. Mais la sonorité est très proche du mot hébreu qui veut dire confusion.

Nous sommes dans le chapitre 11 de la Genèse, qui, tel un immense canyon, divise ce livre et même toutes les Écritures en deux parties fort inégales.

La première, que nous avons terminée, a expliqué le commencement du monde et de la race humaine, sa rébellion jugée une fois dans le jardin d’Éden, d’où Adam et Ève furent chassés, une autre fois par le déluge, et une troisième par la confusion des langues.

Suite à l’incident de la Tour de Babel, l’ensemble des peuples dérivés des trois fils de Noé divise l’humanité en trois groupes principaux : les descendants de Japhet qui s’implantèrent d’abord au nord et à l’ouest de la Palestine, ceux de Cham qui au départ formèrent les civilisations sédentaires du croissant fertile, ce qui correspond sur une carte du Proche-Orient à l’Égypte, le Liban, Israël, la Syrie et l’Irak ; et enfin les descendants de Sem qui constituèrent les peuples nomades de ce même croissant fertile. À partir de là, ces trois fils de Noé peuplèrent toute la terre.

Versets 10-27

Je continue à lire dans le chapitre 11 de la Genèse en compressant.

Voici l’histoire de la famille de Sem. Deux ans après le déluge il eut pour fils Arpakchad qui eut pour fils Chélah qui eut pour fils Héber qui engendra Péleg qui engendra Reou qui engendra Seroug qui eut pour fils Nahor qui engendra Térah qui eut pour fils Abram (Genèse 11.10-27).

Avec la généalogie de Sem, le texte change carrément de cap et aborde la deuxième grande partie de la Genèse, que constituent les 39 chapitres restants. À partir d’ici, nous entrons vraiment dans le vif du sujet des Écritures, l’histoire de la rédemption, du salut de l’humanité. Ce thème qui occupe la majeure partie de l’Ancien Testament passe par la lignée de Sem et commence avec Abraham, le père du peuple juif et se termine avec le Christ, dont la vie terrestre est racontée dans les Évangiles.

La généalogie du chapitre 11 couvre brièvement la période allant de l’après-déluge jusqu’à Abram, mais je vous ferai grâce de tous les noms. Néanmoins en lisant cette suite de personnages, on remarque tout de suite que leur longévité est en chute libre ; c’est sûr qu’ils meurent encore à un âge fort honorable, mais il y a quand même un changement radical quand on se souvient qu’Adam est mort à 830 ans et Mathusalem à 969 ans. On passe maintenant à 500 ans pour Sem le fils de Noé, puis d’une génération à l’autre on descend jusqu’à 433 ans et 464 ans, puis soudainement ça passe à 239 ans deux fois de suite et une fois 230 ans ; enfin, on arrive au grand-père d’Abram, qui mourut à 148 ans.

Alors, on se pose la question : s’est-il fait dévorer par un lion ou a-t-il eu un accident de caravane pour mourir aussi jeune ? Le père d’Abram, lui, mourut à 205 ans ; ça remonte donc un peu, mais d’une façon générale la vie humaine est raccourcie. Peut-on expliquer ce phénomène ? On sait qu’à la longue les rayons du soleil tout comme ceux du cosmos sont dangereux ; non seulement ils accélèrent la formation des rides, mais aussi le vieillissement et la dégénérescence des cellules.

Avant le déluge, les hommes vivaient considérablement plus longtemps parce qu’ils étaient protégés par le conopée, le voile d’eau qui entourait la terre. Lorsque Dieu a jugé l’humanité, celle-ci a explosé et disparu et depuis lors on meurt jeune en comparaison des hommes antédiluviens. Aujourd’hui, vivre centenaire c’est être très vieux.

Pour en revenir à Sem, un des trois fils de Noé et ancêtre des Sémites et du peuple d’Israël, le texte nous donne une généalogie qui cite les noms des 9 ancêtres d’Abram, lui-même étant le patriarche père des Hébreux. Pendant longtemps, la mention de ces 9 personnages ne se trouvait que dans la Genèse, ce qui fait que la plupart des scientifiques doutaient de leur existence. Mais un jour, ces septiques durent revoir leur opinion.

En effet, l’archéologue français André Parrot procéda à des fouilles importantes de 1933 à 1974 en Syrie sur l’emplacement de l’ancienne ville royale de Mari, qui n’est par ailleurs citée nulle part dans les Écritures. Cette cité-état fut l’une des principales puissances de la région au début du 2e millénaire avant notre ère, jusqu’à ce qu’elle soit détruite par le roi babylonien Hammourabi, célèbre pour le fameux code qui porte son nom. Dans les ruines de l’immense palais de cette ville royale, Parrot découvrit quelque 20 000 tablettes d’argile mentionnant des villes et des personnages de l’époque d’Abram et, en particulier, Péleg, Seroug, Nahor, et Térah, qui font partie des ancêtres d’Abram, cités dans le chapitre 11 de la Genèse ; le nom de son frère Harân, mort prématurément, apparaît lui aussi sur une des tablettes.

Cette petite anecdote confirme une nouvelle fois que les généalogies barbantes contenues dans les Écritures sont tout à fait dignes de foi ; et j’ajouterais que par extension on peut aussi faire confiance à tout le reste des Textes Sacrés.

Le patriarche Abram était donc de la ville d’Our en Chaldée, dans le sud de l’Irak actuel ; j’ai déjà eu l’occasion d’en parler. Elle fut découverte par l’archéologue Léonard Woolley lors de fouilles effectuées entre 1922 et 1934. Celles-ci témoignèrent d’une civilisation très avancée déjà à la fin du troisième millénaire av. J-C. En effet, les constructions montrent que le niveau de vie des contemporains d’Abram était aussi élevé qu’au temps de Nabuchodonosor, le fameux roi qui régna sur Babylone 8 siècles plus tard.

Versets 29-30

Je continue le texte du chapitre 11.

La femme d’Abram s’appelait Saraï… Celle-ci était stérile et ne pouvait avoir d’enfants (Genèse 11.29-30).

La mention de cette stérilité est importante, car elle va jouer un rôle important dans la suite du récit. De plus, l’auteur veut souligner par là que l’origine du peuple que l’Éternel va susciter à Abraham est le fruit de l’action divine dans les vies d’Abram et de Saraï et non pas le résultat naturel de la procréation humaine.

Versets 31-32

Je finis le chapitre 11.

Térah partit d’Our, emmenant avec lui son fils Abram, son petit-fils Lot, et Saraï, sa belle-fille et femme d’Abram, pour se rendre au pays de Canaan, mais arrivés à Charan, ils s’y établirent. Térah vécut 205 ans, puis il mourut à Charan (Genèse 11.31-32).

Le clan familial effectue une migration d’environ 1 000 km vers le nord-ouest, voyageant de l’Irak actuel jusqu’à la Syrie. Ces deux villes, Our et Charan, étaient des centres de culte lunaire gouvernés par les descendants de Canaan qui avait été maudit par Noé. Charan était aussi une étape de caravanes florissante au 19e siècle av. J-C. Ceci pour dire qu’Abram ne sort pas d’un trou du désert, mais qu’avant de devenir nomade il menait une vie confortable de citadin. Avec ce départ du clan d’Abram, Dieu était en train d’accomplir son plan qui allait le mener tout doucement dans le pays de Canaan, la future Palestine et le pays promis.

Chapitre 12

Introduction

Nous arrivons maintenant au chapitre 12 qui concerne l’appel d’Abram par Dieu. Jusqu’à présent, nous avons franchi des millénaires en d’immenses enjambées et vu quatre faits marquants : la création ; la désobéissance de nos premiers parents ; le déluge et enfin la tour de Babel. Ces événements capitaux concernaient l’humanité dans son ensemble.

À partir d’ici et tout au long des 39 chapitres restants de ce premier livre de Moïse, nous allons faire connaissance avec quatre personnalités patriarcales dont l’histoire est racontée en trois cycles narratifs : le premier est celui d’Abram, l’homme de foi, qui couvre 12 chapitres avec celui de son fils bien-aimé, Isaac, sur 2 chapitres. Le deuxième cycle, c’est l’histoire de Jacob, petit-fils d’Abram, sur 10 chapitres ; et en troisième lieu, il sera question de la vie exemplaire de Joseph, l’un des 12 fils de Jacob, racontée sur 14 chapitres.

Dieu a prouvé qu’il ne pouvait pas faire confiance à l’humanité tout entière ; la grande faute de Caïn était l’orgueil, l’un des péchés capitaux comme on les appelle au catéchisme. Il était très fier de son offrande, mais comme elle ne fut pas agréée par Dieu alors que celle d’Abel le fut, il fut rempli de haine à l’égard de son frère qu’il égorgea dans les champs. Ensuite, le texte a précisé que tous les désirs des hommes les portaient uniquement au mal, à satisfaire leurs passions, et qu’ils remplirent la terre de violence. Dieu leur donna alors 969 ans, toute la durée de vie de Mathusalem, pour se repentir. Mais comme rien ne changea, ils furent détruits par les eaux du déluge à l’exception de Noé.

Après lui, ses fils dégénèrent très rapidement ; personne ne cherchait Dieu, l’humanité était en rébellion, défiant l’ordre du Créateur de repeupler la terre ; le projet de construction de la Tour de Babel était un poing levé au ciel, qui se termina abruptement lorsque l’Éternel confondit leur langage.

À partir de maintenant, au lieu de composer avec toute la race humaine, Dieu va se tourner vers un individu particulier de qui naîtra une nation et à qui il va révéler qui Il est et quelles sont ses exigences. Avec Abram, Dieu choisit un homme qui avait le cœur orienté vers son Créateur ; c’était un homme d’une carrure exceptionnelle, l’un des personnages les plus importants qui ait vécu sur terre puisque trois religions monothéistes — le Judaïsme, l’Islam, et le Christianisme — remontent jusqu’à lui.

Mais ce grand homme était également généreux. Alors qu’il était en Palestine avec son neveu Lot, il y eut une dispute entre leurs serviteurs respectifs au sujet du partage des pâturages. Contrairement à la coutume et à la nature humaine, Abram donna à son neveu les meilleures terres de la région. Dans l’environnement égoïste d’aujourd’hui, peu d’hommes d’affaires feraient chose pareille.

Plus tard, Abram partit en guerre pour tirer d’un très mauvais guêpier plusieurs rois qui voulurent le dédommager de sa peine ce qu’il refusa catégoriquement. Abram était un homme désintéressé qui comptait sur l’Éternel pour subvenir à ses besoins. Célèbre et généreux, il fut aussi ce que Napoléon appelait un homme de destinée ; grâce à Dieu, il vécut au temps importun de l’histoire, juste au bon moment.

En quatrième lieu et c’est surtout cet aspect que souligne les Textes Sacrés, Abram était un homme d’une très grande foi. Tout le monde croit en quelque chose, Abram avait confiance en l’Éternel, dont il fit son Dieu. Tout au long des pages de la Genèse, le Seigneur lui apparaît à 7 reprises, chaque fois pour renforcer et développer davantage sa foi. Cela ne veut pas dire qu’il était parfait, loin de là, puisqu’il a fait plusieurs fois fausse route. Mais il se relevait, adorait son Dieu et poursuivait sa marche. Quand vous et moi tombons, comme Abram, je peux me relever et reprendre ma route avec le Christ.

Versets 1-3

Je commence maintenant à lire le chapitre 12 de la Genèse.

L’Éternel avait dit à Abram : Va, quitte ton pays, ta famille et la maison de ton père pour te rendre dans le pays que je t’indiquerai. Je ferai de toi l’ancêtre d’une grande nation ; je te bénirai, je ferai de toi un homme important et tu deviendras une source de bénédiction pour d’autres. Je bénirai ceux qui te béniront et je maudirai ceux qui t’outrageront. Tous les peuples de la terre seront bénis à travers toi (Genèse 12.1-3).

Dieu fait à Abram une promesse en trois parties et qui forme la trame de toutes les Écritures. Cette triple promesse est : je vais te donner un pays ; je ferai de toi une grande nation ; et je ferai de toi une bénédiction. Dieu a-t-il tenu sa parole ? Par vents et marées, Israël occupe un tout petit bout du territoire immense que Dieu lui a promis, mais auquel il se cramponne tant bien que mal.

Le problème est que cette promesse d’un pays est conditionnelle à l’obéissance des Juifs ; or tout au long de leur histoire mouvementée, ils ont rejeté l’Éternel et, pour finir, ont fait crucifier leur Messie. En conséquence, ils ont été durement châtiés ; c’est ce qui explique les violentes persécutions qu’ils ont subies, et aussi le fait que la possession de leur petit lopin de terre ne tient qu’à un fil. Ce n’est ni leur armée, ni les Nations Unies, ni les États-Unis, qui peuvent réaliser la promesse divine. À son heure et à sa façon, l’Éternel accomplira pleinement tout ce qu’il a dit ; alors, Israël possédera la totalité de ce qui fut promis à Abram.

La deuxième partie de la promesse s’est concrétisée puisque non seulement les Juifs, mais aussi les Arabes sont fils d’Abram. Et puis à un autre niveau, tous ceux qui ont placé leur confiance en Jésus-Christ sont considérés comme les fils spirituels d’Abraham.

En troisième lieu, Abram a été une bénédiction pour toute l’humanité parce que le Christ est issu de lui et que l’Ancien Testament comme la plupart des textes du Nouveau proviennent des Juifs. Moi, je trouve très réconfortant de pouvoir s’attendre à Dieu et d’avoir la certitude qu’en dépit des apparences, de ce qui fait la manchette des journaux, c’est Lui le patron et que derrière les rideaux c’est encore lui qui tire les ficelles ; Il dirige le monde comme il l’entend et Il va accomplir son dessein envers et contre tout.

Commentaire biblique radiophonique écrit par le pasteur et docteur en théologie : Vernon McGee (1904-1988) et traduit par le pasteur Jacques Iosti.

avril 24 2024

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