Matthieu 18.5 – 19.15
Chapitre 18
Introduction
Dans Le petit Poucet, Charles Perrault écrit : On ne s’afflige point d’avoir beaucoup d’enfants quand ils sont tous beaux, bien faits et bien grands, et d’un extérieur qui brille ; mais si l’un d’eux est faible ou ne dit mot, on le méprise, on le raille, on le pille. La société antique n’était tendre ni avec les vieux, ni les malades ou infirmes, ni avec les enfants pourtant porteurs d’avenir.
Versets 5-6
Je continue à lire dans le chapitre 18 de Matthieu.
Et celui qui accueille, en mon nom, un enfant comme celui-ci, m’accueille moi-même. — Si quelqu’un devait faire tomber dans le péché l’un de ces petits qui croient en moi, il vaudrait mieux qu’on lui attache au cou une de ces pierres de meule que font tourner les ânes, et qu’on le précipite au fond du lac (Matthieu 18.5-6).
Les petits qui croient en moi sont les croyants selon un précédent passage de Matthieu que je rappelle :
Quiconque donnera à boire même un seul verre d’eau froide à l’un de ces petits en qualité de disciple, en vérité je vous le dis, il ne perdra point sa récompense (Matthieu 10.42).
L’avertissement de Jésus est terrifiant. Par extension, on peut dire : malheur à ceux qui exploitent leur prochain, surtout les faibles et les enfants, les forçant au crime ; malheur à ceux qui s’enrichissent en les prostituant, en les faisant travailler jour et nuit dans des conditions lamentables, ce qui était pratiqué en Europe pendant longtemps.
Versets 7-9
Je continue le texte.
Quel malheur pour le monde qu’il y ait tant d’occasions de tomber dans le péché ! Il est inévitable qu’il y en ait, mais malheur à celui qui crée de telles occasions. Si ta main ou ton pied te font tomber dans le péché, coupe-les, et jette-les au loin. Car il vaut mieux pour toi entrer dans la vie avec une seule main ou un seul pied que de garder tes deux mains ou tes deux pieds et d’être jeté dans le feu éternel. Si ton œil te fait tomber dans le péché, arrache-le et jette-le au loin, car il vaut mieux pour toi entrer dans la vie avec un seul œil, que de conserver tes deux yeux et d’être jeté dans le feu de l’enfer (Matthieu 18.7-9).
Même si les scandales sont inévitables, ils sont inexcusables. Il est difficile de comprendre pourquoi Dieu tolère le mal ; ses voies sont insondables. Les Écritures ne nous révèlent pas grand-chose concernant ce sujet, sinon que l’homme est responsable même de la nature déchaînée. L’image de se couper la main ou le pied ou un œil est parlante. Jésus l’a déjà utilisée, lors du Sermon sur la Montagne. Il parle de façon figurative, car selon la Loi il était interdit de se mutiler. Cependant, Origène, un des Pères de l’Église du 2e siècle de notre ère, a pris ses paroles de façon littérale et s’est châtré. Le Seigneur rappelle avec brutalité que la séparation éternelle d’avec Dieu est ce qu’il y a de pire qui puisse arriver à quiconque. Par contre, la vie éternelle est le bien le plus précieux qu’on peut obtenir et ne saurait se comparer à quoi que ce soit d’autre.
Verset 10
Je continue.
— Faites attention ! Ne méprisez pas un seul de ces petits ; je vous l’assure : leur ange dans le ciel se tient constamment en présence de mon Père céleste (Matthieu 18.10).
Luc ajoute :
Car le Fils de l’homme est venu chercher et amener au salut ce qui était perdu (Luc 19.10).
C’est de ce passage que provient l’idée que les enfants ont un ange gardien qui ayant un accès permanent auprès de Dieu, lui rapporte les mauvaises actions des hommes envers ces petits. Jusqu’à ce qu’ils aient atteint l’âge où Dieu les considère comme responsables de leurs actes, ils reçoivent un traitement particulier. Un petit enfant qui meurt est automatiquement mis au bénéfice du sacrifice du Christ. Nous avons l’exemple du roi David, un vrai croyant de l’Ancien Testament. Après que son fils nouveau-né soit mort, il a dit :
Maintenant qu’il est mort, pourquoi jeûnerais-je ? Est-ce que je peux le faire revenir à la vie ? C’est moi qui irai le rejoindre, mais lui ne reviendra pas vers moi (2Samuel 12.22).
David avait la certitude qu’un jour il reverrait son enfant.
Versets 12-14
Je continue le texte.
Qu’en pensez-vous ? Si un homme a cent brebis, et que l’une d’elles s’égare, ne laissera-t-il pas les quatre-vingt-dix-neuf autres dans la montagne, pour aller à la recherche de celle qui s’est égarée ? Et s’il réussit à la retrouver, vraiment, je vous l’assure : cette brebis lui causera plus de joie que les quatre-vingt-dix-neuf autres qui ne s’étaient pas égarées. Il en est de même pour votre Père céleste : il ne veut pas qu’un seul de ces petits se perde (Matthieu 18.12-14).
Lorsque le membre le plus insignifiant, le plus faible de la communauté s’égare, le bon berger part à sa recherche. Le Père céleste a un cœur tendre. Il est attentif au sort du plus petit, que ce soit un adulte minable ou un enfant. Je dois respecter mon prochain, qui qu’il soit. En effet, chaque être humain a été créé à l’image de Dieu et est doublement précieux à Ses yeux ; d’abord en vertu de sa création et ensuite parce que le Christ est mort pour lui. La joie de Dieu à retrouver celui qui s’était perdu est donnée en exemple aux disciples pour qu’ils prennent eux aussi soin de ceux qui seront sous leur garde.
Versets 15-18
Je continue.
— Si ton frère s’est rendu coupable à ton égard, va le trouver, et convaincs-le de sa faute : mais que cela se passe en tête-à-tête. S’il t’écoute, tu auras gagné ton frère. S’il ne t’écoute pas, reviens le voir en prenant avec toi une ou deux autres personnes, pour que tout ce qui sera dit soit appuyé sur les déclarations de deux ou de trois témoins. S’il refuse de les écouter, dis-le à l’Église. S’il refuse aussi d’écouter l’Église, mets-le sur le même plan que les païens et les collecteurs d’impôts. Vraiment, je vous l’assure : tout ce que vous interdirez sur la terre aura été interdit aux yeux de Dieu et tout ce que vous permettrez sur la terre aura été permis aux yeux de Dieu (Matthieu 18.15-18).
Pour ce qui est des différences d’opinion entre chrétiens ou les contrariétés que je subis, le Nouveau Testament nous exhorte :
Soyez toujours humbles, aimables et patients, supportez-vous les uns les autres avec amour. Pardonnez-vous réciproquement comme Dieu vous a pardonné en Christ (Éphésiens 4.2, 32).
Par contre, si un croyant offense sérieusement un autre, Jésus nous donne la marche à suivre en trois étapes. D’abord, pas de commérage, ni de calomnie. On ne parle pas du problème autour de soi. La première phase se déroule entre l’offensé qui va confronter son offenseur, mais avec amour, car il ne s’agit pas de se venger. Si le problème n’est pas résolu, c’est la même démarche, mais en présence de témoins. Si cela n’aboutit toujours pas, les responsables de l’Église doivent intervenir. Si le fautif refuse de se repentir, il doit être exclu de la communauté ce qui aura des conséquences graves pour lui.
Versets 19-20
Je continue.
J’ajoute que si deux d’entre vous se mettent d’accord ici-bas au sujet d’un problème pour l’exposer à mon Père céleste, il les exaucera. Car là où deux ou trois sont ensemble en mon nom, je suis présent au milieu d’eux (Matthieu 18.19-20).
En grec, se mettre d’accord a donné en français le mot symphonie. Lorsque deux ou trois croyants se réunissent pour prier, ils doivent être unis en esprit. Ils constituent alors la cellule de base de l’Église et cette promesse étonnante du Christ : Je suis au milieu d’eux est un témoignage de sa présence partout, ce qui est un attribut divin. En parlant ainsi, Jésus dit à nouveau à ses disciples qu’Il est Dieu fait homme. Il ne voulait pas que le moindre doute subsiste en eux, car ces hommes allaient avoir besoin d’un courage et d’une persévérance à toute épreuve pour accomplir la tâche qui était devant eux.
Versets 21-22
Je continue.
Alors Pierre s’approcha de Jésus et lui demanda : — Seigneur, si mon frère se rend coupable à mon égard, combien de fois devrai-je lui pardonner ? Irai-je jusqu’à sept fois ? — Non, lui répondit Jésus, je ne te dis pas d’aller jusqu’à sept fois, mais jusqu’à soixante-dix fois sept fois (Matthieu 18.21-22).
Les rabbins enseignaient qu’il fallait pardonner à deux ou trois reprises. Pierre se croit magnanime avec ses 7 fois, mais il n’a rien compris. Il pensait qu’oublier les offenses signifiait renoncer à un droit légitime. Jésus répond que pardonner n’est pas une option, mais une obligation qui est sans limites. Ce sujet est tellement important qu’il va l’illustrer à l’aide d’une longue parabole.
Versets 23-35
Je continue.
En effet, il en est du royaume des cieux comme d’un roi qui voulut régler ses comptes avec ses serviteurs. Lorsqu’il commença à compter, on lui en présenta un qui lui devait soixante millions de pièces d’argent. Comme ce serviteur n’avait pas de quoi rembourser ce qu’il devait, son maître donna ordre de le vendre comme esclave avec sa femme et ses enfants ainsi que tous ses biens pour rembourser sa dette. Le serviteur se jeta alors aux pieds du roi et, se prosternant devant lui, supplia : « Sois patient envers moi, accorde-moi un délai et je te rembourserai tout ». Pris de pitié pour lui, son maître lui remit toute sa dette et le renvoya libre. À peine sorti, ce serviteur rencontra un de ses compagnons de service qui lui devait cent pièces d’argent. Il le saisit à la gorge en criant : « Paie-moi ce que tu me dois ! » Son compagnon se jeta à ses pieds et le supplia : « Sois patient envers moi, lui dit-il, accorde-moi un délai et je te rembourserai ». Mais l’autre ne voulut rien entendre. Bien plus : il alla le faire jeter en prison en attendant qu’il ait payé tout ce qu’il lui devait. D’autres compagnons de service, témoins de ce qui s’était passé, en furent profondément attristés et allèrent rapporter toute l’affaire à leur maître. Alors celui-ci fit convoquer le serviteur qui avait agi de la sorte : « Tu es vraiment odieux ! lui dit-il. Tout ce que tu me devais, je te l’avais remis parce que tu m’en avais supplié. Ne devais-tu pas, toi aussi, avoir pitié de ton compagnon, comme j’ai eu pitié de toi ? » Et dans sa colère, son maître le livra aux bourreaux jusqu’à ce qu’il ait remboursé toute sa dette. Voilà comment mon Père céleste vous traitera, vous aussi, si chacun de vous ne pardonne pas du fond du cœur à son frère (Matthieu 18.23-35).
Le roi est juste et la somme astronomique de 60 millions de pièces d’argent est impossible à régler. Il n’y a d’autre alternative qu’une remise de dette sur la base de la miséricorde. La disproportion entre ma dette infinie envers Dieu et la perte de 100 pièces d’argent que j’ai subie, a pour but de souligner à quel point ma culpabilité envers le Seigneur dépasse celle de mon prochain envers moi.
Chapitre 19
Versets 1-2
Nous arrivons au chapitre 19 de Matthieu. Ayant terminé son ministère en Galilée, Jésus se dirige désormais vers Jérusalem où il va se présenter une dernière fois comme Roi et Messie. Je commence à lire.
Après avoir donné ces enseignements, Jésus quitta la Galilée et se rendit dans la partie de la Judée située de l’autre côté du Jourdain. De grandes foules le suivaient et il guérit là les malades (Matthieu 19.1-2).
C’est la première fois que Jésus est en Pérée à l’est du fleuve dans le nord-ouest de la Jordanie. Toujours suivi de grandes foules, le Seigneur devait guérir au moins une centaine de malades par jour.
Versets 3-6
Je continue.
Des pharisiens s’approchèrent de lui avec l’intention de lui tendre un piège. Ils lui demandèrent : — Un homme a-t-il le droit de divorcer sa femme pour une raison quelconque ? Il leur répondit : — N’avez-vous pas lu dans les Écritures qu’au commencement le Créateur a créé l’être humain homme et femme et qu’il a déclaré : C’est pourquoi l’homme quittera son père et sa mère pour s’attacher à sa femme, et les deux ne feront plus qu’un ? Ainsi, ils ne sont plus deux ; ils font un. Que l’homme ne sépare donc pas ce que Dieu a uni (Matthieu 19.3-6).
Tel un chien sur les traces de gibier, les pharisiens poursuivaient le Christ sans relâche. À cette époque, tout le monde pensait que le divorce était parfaitement légitime, il suffisait seulement d’en préciser les raisons qui le justifiaient. Mais celles-ci étant très controversées, les religieux étaient persuadés que quelle que soit la réponse de Jésus, ils pourraient ternir sa réputation devant la foule. Bien sûr, il ne s’est pas laissé prendre à leur piège. Se référant à la création de l’homme, il leur rappelle l’intention originelle du Seigneur pour le couple : l’union pour la vie d’un homme et d’une femme. La peine capitale pour certains crimes et le jour du repos sont des ordonnances divines pour protéger l’homme ; pareillement, l’indissolubilité du mariage a pour but de préserver l’intégrité de la famille, garantie de l’épanouissement des enfants.
Versets 7-8
Je continue.
Mais les pharisiens objectèrent : — Pourquoi alors Moïse a-t-il commandé à l’homme de remettre à sa femme un certificat de divorce quand il se sépare d’elle ? Il leur répondit : — C’est à cause de la dureté de votre cœur que Moïse vous a permis de divorcer d’avec vos épouses. Mais, au commencement, il n’en était pas ainsi (Matthieu 19.7-8).
Les pharisiens ne lâchent pas facilement prise, mais Jésus remet les pendules à l’heure en définissant le divorce comme une concession divine, alors que les religieux le considéraient comme un droit. La Loi de Moïse n’autorisait pas la séparation du couple, mais en réglementait sa pratique.
Verset 9
Je continue.
Aussi, je vous déclare que celui qui divorce et se remarie, commet un adultère, sauf en cas d’immoralité sexuelle (Matthieu 19.9).
Jésus enseigne que le seul motif valable pour un divorce en bonne et due forme, est un écart sexuel condamné par la Loi comme l’adultère, l’homosexualité, la bestialité ou autre déviance. Ces agissements portent atteinte au fondement de l’union conjugale. Il faut aussi dire que même si un couple se sépare pour d’autres motifs, tôt ou tard on en arrive presque toujours à l’infidélité. Alors, celui qui est lésé peut à nouveau se remarier.
Versets 10-12
Je continue.
Les disciples lui dirent : — Si telle est la situation de l’homme par rapport à la femme, il n’est pas intéressant pour lui de se marier. Il leur répondit : — Tous les hommes ne sont pas capables d’accepter cet enseignement. Cela n’est possible qu’à ceux qui en ont reçu le don. En effet, il y a ceux qui ne peuvent pas se marier parce que, de naissance, ils en sont incapables ; d’autres le sont devenus par une intervention humaine. D’autres, enfin, renoncent à se marier à cause du royaume des cieux. Que celui qui est capable d’accepter cet enseignement, l’accepte ! (Matthieu 19.10-12).
Un peu machos sur les bords, les disciples n’apprécient pas ce que Jésus vient de dire. Alors, il leur explique pourquoi certaines personnes ne se marient pas. Certains ont un problème génétique qui les empêche d’avoir une vie sexuelle normale et d’autres sont victimes d’un accident ou châtrés comme les eunuques. Le dernier groupe de gens, ce sont ceux qui choisissent une vie de célibat à cause de leur engagement pour le royaume. Ce fut le cas de l’apôtre Paul qui était constamment en voyage et en péril ce qui rendait son ministère tout à fait incompatible avec une vie de famille.
Versets 13-15
Je continue.
Peu après, des gens lui amenèrent des petits enfants pour qu’il leur impose les mains et prie pour eux. Les disciples leur firent des reproches. Mais Jésus leur dit : — Laissez donc ces petits enfants, ne les empêchez pas de venir à moi, car le royaume des cieux appartient à ceux qui leur ressemblent. Puis il leur imposa les mains et poursuivit son chemin (Matthieu 19.13-15).
Parmi la foule qui écoutait, certains ont compris que, puisque le Seigneur tenait le mariage en si haute estime, il devait avoir le même respect pour les enfants. Ils font un lien intelligent et amènent leurs gosses auprès du Christ pour qu’il les bénisse. Les disciples par contre sont un peu lents à la détente et comme la plupart des gens de cette époque, ils étaient plutôt cruels. Ils manquaient singulièrement de compassion envers les éléments les plus faibles de la société y compris les femmes, les vieux, les malades ou ceux qui d’une manière ou d’une autre souffraient d’un handicap. Les enfants revêtaient beaucoup d’importance aux yeux du Christ. Bien qu’ils soient tout comme les adultes entachés du mal qui habite chacun d’entre nous, ils sont membres d’office du royaume de Dieu jusqu’à ce qu’ils soient capables de choisir entre le bien et le mal.
L’Écriture ne spécifie cependant pas à quel âge ou selon quels critères les enfants deviennent responsables de leurs actions devant Dieu. On peut supposer que cette imputabilité varie en fonction de la culture, les us et coutumes, les temps et les moments. Mais une fois qu’ils ont atteint l’âge de raison spirituelle, ils sont tenus de prendre position vis-à-vis du Christ. Cet enseignement permet au Seigneur de préciser une nouvelle fois aux disciples que les enfants modèlent les conditions à remplir pour entrer dans le royaume de Dieu. Ce n’est ni l’intelligence ni l’instruction, mais l’humilité et une confiance toute simple en Dieu.
Commentaire biblique radiophonique écrit par le pasteur et docteur en théologie : Vernon McGee (1904-1988) et traduit par le pasteur Jacques Iosti.