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31 mars 2022

Genèse 4.7 – 5.24

Chapitre 4

Introduction

Lors de l’oraison funèbre de la duchesse d’Orléans, Bossuet a dit : Tout est vain en nous excepté le sincère aveu que nous faisons devant Dieu de nos vanités. J’aime beaucoup cette affirmation, parce qu’elle remet les pendules à l’heure. Elle replace l’homme dans sa juste place devant Dieu.

Caïn devint le premier meurtrier de l’histoire humaine, parce qu’il avait le besoin de se faire valoir ; c’était un homme orgueilleux qui n’acceptait pas de courber l’échine devant quiconque, même pas Dieu. Il était venu à lui avec ses légumes bon marché et n’avait pas tenu compte de ce qu’il savait être le chemin d’adoration tracé par Dieu. Caïn méprisait son Créateur. Lui et son frère Abel avaient pourtant eu les mêmes parents, reçu la même éducation, le même enseignement et vivaient dans le même environnement.

La différence entre eux est leur attitude de cœur qui dicta le choix de l’offrande. Abel s’est conformé aux exigences divines, tandis que Caïn n’a pas jugé que c’était nécessaire. Il n’accepte pas le jugement que Dieu a passé sur ses parents ; par cette attitude hautaine, il refuse de se considérer comme issu d’une race déchue qui est maintenant coupable devant Dieu ; en ce qui le concerne, il n’a rien à se reprocher. Caïn est le premier d’une longue lignée d’adorateurs superficiels qui croient honorer le Dieu du ciel en lui présentant quelques fruits de leurs efforts.

Depuis toujours, l’homme qui est religieux par nature, mais qui se sent coupable se croit obligé de faire quelque chose pour satisfaire les exigences d’un Dieu qui lui semble sévère et lointain. Il pense gagner son indulgence et calmer son courroux grâce à ses propres mérites, que ceux-ci soient des rites ou des bonnes actions. C’est une façon de dire à Dieu que l’homme a quand même quelque chose de bon à lui offrir.

Versets 6-7

Je continue à lire le chapitre 4 de la Genèse.

L’Éternel dit à Caïn : Pourquoi te mets-tu en colère et pourquoi ton visage est-il sombre ? Si tu agis bien, tu le relèveras. Mais si tu n’agis pas bien, le péché est tapi à ta porte : son désir se porte vers toi, mais toi, maîtrise-le ! (Genèse 4.6-7).

Pourquoi Caïn est-il furieux, tellement hors de lui qu’il va tuer son propre frère ? Derrière son meurtre prémédité fomente une forte colère qui le rend dangereux. Dans l’Évangile, Jésus a déclaré :

Celui qui se met en colère contre son frère mérite d’être traduit en justice (Matthieu 5.22).

Si on sanctionnait comme il se doit ceux qui ont déjà fait preuve de violence, on éviterait tous les crimes commis par les récidivistes. Derrière la colère de Caïn se dissimule la jalousie. Et derrière celle-ci, se cache la tare humaine la plus courante : l’orgueil. Caïn était pris dans le cercle vicieux infernal que le Nouveau Testament décrit en ces termes :

Lorsque nous sommes tentés, ce sont les mauvais désirs que nous portons en nous qui nous attirent et nous séduisent, puis le mauvais désir conçoit et donne naissance au péché. Et le péché, une fois parvenu à son plein développement, engendre la mort (Jacques 1.15).

Et c’est ainsi que Caïn va tuer son frère Abel. Pourtant, avant que sa furie ne le conduise au meurtre, Dieu dans sa miséricorde tend la perche de la grâce à Caïn ; il fait appel à sa conscience afin qu’il reconnaisse sa culpabilité, son péché, le mal qui l’habite, son orgueil, sa jalousie. Dieu le rend attentif à la gravité de sa colère et lui assure que faire le bien est encore à sa portée. L’Éternel voulait que Caïn reconnaisse sa culpabilité et se repente. Rempli de furie, il ne voyait plus clair ; il ne se rendait pas compte combien il était vulnérable au mal qui était en lui et qui telle une bête féroce était prête à se déchaîner. Malheureusement, il n’a pas prêté attention à l’avertissement de Dieu, car cet homme était foncièrement méchant et vindicatif. Dans le Nouveau Testament, l’apôtre Jean nous le décrit ainsi :

Que personne ne suive donc l’exemple de Caïn, qui appartenait au diable et qui a égorgé son frère. Et pourquoi l’a-t-il égorgé ? Parce que sa façon d’agir était mauvaise, alors que celle de son frère était juste (1Jean 3.12).

Versets 8-9

Je continue la suite du texte.

Mais Caïn dit à son frère Abel : Allons aux champs. Et lorsqu’ils furent dans les champs, Caïn se jeta sur son frère Abel et le tua. Alors l’Éternel demanda à Caïn : Où est ton frère Abel ? Je n’en sais rien, répondit-il. Suis-je le gardien de mon frère ? (Genèse 4.8-9).

Dieu a donné une seconde chance à Caïn, mais en vain et celui-ci assassine Abel. C’est ainsi qu’a eu lieu le premier meurtre de l’histoire humaine. Ce crime fut particulièrement odieux, car il était prémédité et dirigé contre son propre frère. Dieu avait demandé Où es-tu ? à Adam, qui avait répondu par des excuses. En demandant à Caïn Où est ton frère ? Dieu tend encore la perche à Caïn malgré son meurtre. Mais ce dernier répond de façon très insolente, car il n’avait de respect ni pour Abel ni pour Dieu. Dans sa folie meurtrière, il pense même que son délit va passer inaperçu. Tout comme son père Adam avant lui, il est pathétique. Un texte de l’Évangile dit ceci :

Tout ce qui se fait en secret sera dévoilé, et tout ce qui est caché finira par être connu (Matthieu 10.26).

Cette vérité s’applique à chacun d’entre nous ; tôt ou tard, nos fautes cachées, les squelettes qui sont dans nos placards, vont sortir au grand jour.

Versets 10-12

Je continue le texte.

Et Dieu lui dit : Qu’as-tu fait ? J’entends le sang de ton frère crier vengeance depuis la terre jusqu’à moi. Maintenant tu es maudit et chassé loin du sol qui a bu le sang de ton frère versé par ta main. Lorsque tu cultiveras le sol, il te refusera désormais ses produits, tu seras errant et fugitif sur la terre (Genèse 4.10-12).

Abel est mort victime de la méchanceté de son frère ; son sang crie vengeance ce qui veut dire que ce meurtre demande que justice soit faite. Dans un texte du Nouveau Testament, il est dit :

le sang de Christ parle mieux encore que celui d’Abel (Hébreux 12.24).

Cela veut dire que Jésus aussi est mort à cause de la méchanceté des hommes qui l’ont assassiné, mais son sang ne crie pas vengeance, au contraire, le sang de Christ est source de pardon. Sur la croix, Jésus a déclaré et je cite :

Père pardonne-leur, car ils ne savent pas ce qu’ils font (Luc 23.34).

Alors que Dieu a dit à Adam : le sol sera maudit à cause de toi, Il dit à Caïn : Maintenant tu es maudit et chassé… C’est lui qui est maudit ; il ne pourra plus vivre de la terre et il sera vagabond.

Versets 13-15

Je continue le texte.

Caïn dit à l’Éternel : Mon châtiment est trop lourd à porter. Voici que tu me chasses aujourd’hui loin du sol fertile, et je devrai me cacher devant toi, je serai errant et fugitif sur la terre et si quelqu’un me trouve, il me tuera. L’Éternel lui dit : Eh bien ! Si on tue Caïn, Caïn sera vengé sept fois. Et l’Éternel marqua Caïn d’un signe pour qu’il ne soit pas tué par qui le rencontrerait (Genèse 4.13-15).

Loin de reconnaître sa faute et de se repentir de son acte criminel, Caïn s’apitoie sur lui-même, car il prend la mesure des conséquences de son acte ; il va subir une triple aliénation. Il est en rupture avec Dieu, avec les hommes et avec son lieu de vie qu’il doit quitter ; il ne peut supporter ce châtiment. Caïn se plaint de son sort, mais refuse de reconnaître sa culpabilité. Quelle impertinence ! En lui, on voit déjà poindre à l’horizon les César, les Hitler, les Staline et tous les tyrans, les despotes, que la terre a portés et porte toujours.

Néanmoins dans sa miséricorde, Dieu marque Caïn d’un signe distinctif qui le protégera pendant toute sa vie de la vendetta d’un descendant d’Abel qui un jour, dans 100, 200 ans ou plus, voudrait venger son aïeul. Ça aurait pu arriver, car à cette époque les hommes vivaient plusieurs centaines d’années.

Versets 16-18

Je continue avec le début de la lignée pervertie de ce meurtrier.

Caïn partit loin de l’Éternel : il alla séjourner au pays de Nod, le Pays de l’Errance, à l’orient d’Éden, le Pays des délices. Caïn s’unit à sa femme, elle devint enceinte et mit au monde Hénoc. Ensuite Caïn bâtit une ville qu’il appela Hénoc, du nom de son fils. Hénoc fut l’ancêtre d’Irad, qui eut pour descendants : Mehouyaël, Metouchaël et Lémek (Genèse 4.16-18).

Refusant de se repentir, de reconnaître son crime et sa façon de vivre, Caïn quitte la région avec sa femme, donc une de ses sœurs, et va fonder une civilisation qui commence par une ville. Les descendants ne sont pas tous mentionnés et aucune trace d’eux n’a jamais été découverte, pas plus que leur lieu d’habitation ; il faut dire que tout fut enfoui sous les eaux du déluge.

Versets 19-24

Je continue.

Lémek épousa deux femmes : l’une s’appelait Ada et l’autre Tsilla. Ada mit au monde Yabal, l’ancêtre des nomades habitant sous des tentes et au milieu de leurs troupeaux. Il avait pour frère Youbal, l’ancêtre de tous ceux qui jouent de la lyre et de la flûte. Tsilla, de son côté, mit au monde Toubal-Caïn, qui forgeait tous les instruments de bronze et de fer. La sœur de Toubal-Caïn s’appelait Naama. Lémek dit à ses femmes : Ada et Tsilla, écoutez-moi bien, femmes de Lémek et prêtez l’oreille à ce que je dis : J’ai tué un homme pour une blessure et un jeune enfant pour ma plaie. Caïn sera vengé sept fois et Lémek soixante-dix-sept fois (Genèse 4.19-24).

Plusieurs éléments de cette civilisation sont mentionnés : la vie citadine et pastorale ainsi que le développement des arts et de l’industrie ; mais Dieu, lui, on n’en parle pas. Le texte donne l’impression qu’Il est systématiquement écarté du mode de vie de cette civilisation. Le dénommé Lémek est un sale bougre ; il a su maîtriser son environnement, mais pas lui-même. Il commence la bigamie et, digne de son ancêtre Caïn, non seulement il est lui aussi meurtrier, mais il est très fier de l’être et prétentieux par-dessus le marché. Les monstres humains ne sont pas d’aujourd’hui et comme dit un proverbe de l’Ancien Testament, il n’y a rien de nouveau sous le soleil.

Ces paroles de vengeance : Caïn 7 fois et Lémek 77 fois, forment un contraste saisissant avec celles de l’Évangile, dans lequel Jésus dit à l’apôtre Pierre qu’il devra pardonner jusqu’à 77 fois. Dans les Écritures, Dieu tolère, mais n’approuve jamais la polygamie ; elle est souvent mentionnée ainsi que quelques fois leurs conséquences négatives, parce que les Textes Sacrés relatent simplement les faits et disent les choses comme elles sont sans en arrondir les angles.

Versets 25-26

Je finis le chapitre 4.

Adam s’unit encore à sa femme et elle mit au monde un fils qu’elle nomma Seth car, dit-elle, Dieu m’a suscité une autre descendance pour remplacer Abel que Caïn a tué. Seth aussi eut un fils qu’il appela Énoch. C’est à cette époque-là qu’on a commencé à invoquer le nom de l’Éternel (Genèse 4.25-26).

Ce passage contraste la lignée de Caïn qui se livre à la violence et à la polygamie, et celle de Seth, son jeune frère, qui révère l’Éternel. Dans ce chapitre, l’auteur s’attache à montrer que la rupture avec Dieu engendrée par la désobéissance du premier couple a des conséquences désastreuses pour la suite de l’histoire humaine. Avec Caïn et sa descendance, c’est la prolifération du mal et surtout de la violence. N’ayant pas voulu résister à la tentation, le fils aîné d’Adam et Ève sombre dans un dramatique processus de colère, jalousie, tromperie, crime, mensonge, égocentrisme, et enfin aliénation. La vie de Lémek, descendant de Caïn, est pire encore.

Cependant, ce chapitre se termine sur une note d’espérance, car la lignée de Seth reconnaît l’Éternel comme le seul vrai Dieu et lui rend un culte. Très tôt dans la Genèse on voit apparaître ce principe de deux lignées humaines ; l’une est orientée vers Dieu pour l’invoquer et le servir, tandis que l’autre est en révolte contre lui. Il en sera ainsi tout au long de l’humanité.

Chapitre 5

Versets 1-5

Nous voici au chapitre 5 que je commence à lire :

Voici le livre de la postérité d’Adam. Quand Dieu créa les êtres humains, il les fit pour qu’ils soient ceux qui lui ressemblent. Il les créa homme et femme, il les bénit et leur donna le nom d’hommes le jour où ils furent créés. Adam était âgé de 130 ans quand il eut un fils à sa ressemblance, selon son image. Il lui donna le nom de Seth. Après cela, Adam vécut encore 800 ans et il eut d’autres enfants. Il mourut à l’âge de 930 ans (Genèse 5.1-5).

Les 11 premiers chapitres de la Genèse racontent des événements qui concernent l’ensemble de l’humanité : la création, la rébellion de l’homme, le déluge, la tour de Babel et la dispersion des nations sur toute la terre. Caïn et sa lignée ont brièvement été mentionnés précédemment et il n’en sera plus question sauf lorsqu’ils croiseront le chemin de la postérité de Seth, le troisième fils d’Adam.

Le chapitre 5 est particulièrement déprimant, parce qu’il ressemble à un livre des morts. En effet, l’auteur égraine lugubrement la liste des descendants de Seth ponctuée par le triste refrain il mourut, qui revient à 8 reprises comme un rappel du jugement de Dieu. On a l’impression de traverser un cimetière et de lire des noms sur les tombes. Adam et Ève ont fait fi de l’avertissement que Dieu leur avait donné :

Tu ne mangeras pas du fruit de l’arbre de la connaissance du bien et du mal. Le jour où tu en mangeras, tu mourras de mort (Genèse 2.16-17).

Et maintenant, tout le monde meurt. Même si en ce temps-là les gens vivaient très longtemps, éventuellement tous finissaient en terre. Un passage du Nouveau Testament explique ce jugement de mort en ces termes :

Le salaire que verse le péché c’est la mort (Romains 6.23).

Aujourd’hui, ces mots péché et pécheur font vraiment ringard et choquent même les honnêtes gens parce que Monsieur Tout le monde ne se considère pas coupable. Il n’est donc pas de bon ton d’utiliser ces mots dans le langage courant. Cependant, même si on les remplace par d’autres termes plus à la mode, le résultat final est toujours le même : le cimetière. Une autre conséquence du jugement divin est qu’au fil du temps, la vie humaine va se raccourcir et devenir après le déluge à peu près similaire à ce qu’elle est aujourd’hui dans les pays nantis.

Dans ce chapitre 5, nous est donnée une partie de la généalogie d’Adam qui passe par son fils Seth. La prochaine qui est mentionnée dans les Textes Sacrés est au chapitre 11 de la Genèse ; courte, elle sert à situer ce grand personnage qu’est Abraham l’ancêtre des Juifs et des Arabes. Ensuite, celle de Jésus-Christ, tout au début du Nouveau Testament, ouvre l’Évangile selon Matthieu. Elle remonte jusqu’à Seth et constitue la lignée juste d’où est sorti le Messie qui écrasa la tête du serpent.

 

Adam quitta donc ce monde à l’âge de 930 ans, puis il nous est dit un peu plus loin que son fils Seth mourut à 912 ans. Mais avant il engendra Énoch qui mourut à 905 ans qui eut un fils Kénan qui mourut à 910 ans, qui eut un fils Mahalaleél qui mourut à l’âge de 895. Puis son fils Yéred mourut à 962 ans.

Tous ces gens cités ont eu d’autres enfants, mais leurs noms ne sont pas mentionnés. Il faut savoir que les Textes Sacrés n’établissent pas la liste complète de tout le monde. En effet, dans bien des sociétés, seuls ceux qui jouent un rôle clé dans l’organisation sociale du lignage sont retenus. Soudainement, dans cette nécrologie, il y a un interlude, un rayon de soleil.

Versets 18-24

Je lis la suite du texte :

Quand Yéred fut âgé de 65 ans, il eut pour fils Hénoc. Quand Hénoc fut âgé de 65 ans, il eut pour fils Mathusalem. Après cela, Hénoc conduisit sa vie sous le regard de Dieu durant 300 ans et il eut d’autres enfants. La durée totale de sa vie fut de 365 ans. Hénoc vécut en communion avec Dieu puis il disparut, car Dieu le prit auprès de lui (Genèse 5.18-24).

Hénoc est comme la lumière au fond du tunnel. C’est à l’âge de 65 ans et après la naissance de son fils Mathusalem qu’il se mit à conduire sa vie sous le regard de Dieu. Rien d’autre n’est dit sinon qu’après 3 siècles il disparut, ravi, enlevé de ce monde. Dans un passage du Nouveau Testament, il nous est précisé ce qui s’est passé ; je le lis :

Hénoc a été enlevé auprès de Dieu pour échapper à la mort et on ne le trouva plus, parce que Dieu l’avait enlevé (Hébreux 11.6).

Quelle bouffée d’air pur ! Enfin un homme qui ne meurt pas. Il disparut remplace le morne refrain il mourut. Il est écrit qu’Hénoc vécut en communion avec Dieu, ce qui sera aussi dit de Noé, son arrière-petit-fils. Cet enlèvement miraculeux préfigure ce qui arrivera un jour aux disciples de Jésus-Christ, le jour où il reviendra pour établir son royaume sur terre.

Commentaire biblique radiophonique écrit par le pasteur et docteur en théologie : Vernon McGee (1904-1988) et traduit par le pasteur Jacques Iosti.

oct. 04 2024

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