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15 août 2022

Exode 14.19 – 15.8

Chapitre 14

Introduction

Dans ses Essais, Montaigne écrit : L’une des plus grandes sagesses en l’art militaire, c’est de ne pas pousser son ennemi au désespoir. Et une formule similaire dit : Il faut faire un pont d’or à l’ennemi qui fuit. Apparemment, les Égyptiens ne connaissaient pas cette sagesse, puisque, armés jusqu’aux dents, ils ont acculé Israël dans une impasse d’où toute fuite était impossible. Mais c’était sans compter sur une intervention divine.

Versets 19-21

Je continue à lire dans le chapitre 14 de l’Exode.

L’ange de Dieu qui marchait en tête du camp d’Israël passa derrière eux et la colonne de nuée se déplaça également de devant eux pour aller se tenir sur leurs arrières. Elle vint se placer entre le camp des Égyptiens et celui d’Israël. D’un côté elle était obscure, et de l’autre, elle éclairait la nuit. Durant toute la nuit, aucun des deux camps ne s’approcha de l’autre (Exode 14.19-21).

L’ange de Dieu guidait les Israélites. Ce personnage agit à la place de l’Éternel, jouit de la même autorité et du même pouvoir que lui chaque fois qu’il apparaît dans les Écritures. Il est venu se placer entre les deux camps, d’un côté éclairant les Hébreux et de l’autre produisant une nuit noire opaque à couper au couteau. Ces ténèbres ont dû rappeler aux Égyptiens la 9e plaie qu’ils avaient subie pendant trois jours. Ne voyant absolument rien, ils n’ont pas bougé.

Verset 22

Je continue.

Moïse étendit sa main sur la Mer, et l’Éternel fit souffler sur elle pendant toute la nuit un violent vent d’est, qui refoula la Mer de sorte que les eaux se fendirent et que le fond apparut (Exode 14.22).

Un vent capable de décorner un bœuf a poussé la Mer de part et d’autre, créant un large passage au milieu de la Mer. C’est en pleine nuit qu’allait avoir lieu le dernier acte de la sortie d’Égypte du peuple hébreu. Ceux, qui acceptent l’historicité de la traversée de la Mer Rouge, mais qui ne croient pas aux miracles, essaient de trouver une explication rationnelle à cet événement incroyable. On a parlé de tremblements de terre et de tourbillon, mais seul un miracle parfaitement orchestré pouvait partager la Mer et laisser passer un peuple pour se refermer sur un autre.

Comme pour les sauterelles qu’il avait amenées de très loin, l’Éternel utilise un élément naturel qu’il a amplifié et qui a alors pris une dimension surnaturelle. Ce vent ne soufflait certainement pas sur la plage, sinon il aurait eu le même effet sur le peuple et leurs possessions qu’un cyclone qui détruit et fait tout voler en éclats sur son trajet. Cette tempête n’allait pas dans tous les sens, elle était domptée. Tel un outil bien affûté entre les mains d’un habile artisan, elle a repoussé la Mer avec soin, ouvrant un passage et érigeant un mur d’eau de chaque côté. Ce prodige ne fut pas instantané, mais a pris une partie de la nuit.

Versets 22-23

Je continue le texte.

Les Israélites passèrent au milieu de la Mer, sur la terre ferme, alors que les eaux se dressaient comme des remparts à leur droite et à leur gauche. Les Égyptiens les poursuivirent et tous les chevaux du pharaon, ses chars et ses hommes d’équipage de chars s’engagèrent après eux au milieu de la Mer (Exode 14.22-23).

Cet acte prodigieux de l’Éternel est souvent rappelé à Israël par les psalmistes et les prophètes. Dans les bandes dessinées d’Astérix, il est toujours répété Ils sont fous ces Romains. Dans ce récit, ce sont les Égyptiens qui sont insensés. Les yeux ouverts, ils refusent de voir le piège que l’Éternel leur a tendu. Ils sont aveuglés par leur haine, leur folie furieuse et leur frustration.

Versets 24-25

Je continue.

Mais vers l’aube, l’Éternel considéra le camp des Égyptiens du haut de la colonne de nuée et de feu, et y sema le désordre. Il fit s’enliser les roues des chars, de sorte qu’ils n’avançaient plus qu’à grand-peine. Les Égyptiens s’écrièrent : — Fuyons devant Israël car l’Éternel combat pour eux contre l’Égypte (Exode 14.24-25).

Le peuple a commencé la traversée en pleine nuit. Une fois le dernier Hébreu engagé dans le passage, la colonne s’est écartée pour permettre aux soldats de s’y engager. Ils ont réalisé trop tard qu’ils étaient entrés dans une souricière et se trouvaient en très mauvaise posture. Ils reconnaissent enfin que l’Éternel qui avait été à l’origine des dix plaies, est toujours décidé à les combattre. C’est la dernière fois qu’ils s’opposent au Dieu des Hébreux, car les dés sont dorénavant jetés. La phrase, l’Éternel considéra le camp des Égyptiens du haut de la colonne de nuée et de feu, est amusante, si on imagine l’Éternel considérant de haut les Égyptiens comme on regarderait des fourmis qui s’agitent.

Ici, Dieu intervient personnellement et sème la zizanie dans leurs rangs. Certains manuscrits ont : Il arracha les roues des chars. Comme je l’ai déjà dit, l’équipe d’archéologie suédoise pense avoir retrouvé des vestiges de ces chars qui, recouverts de corail, ont conservé leurs formes originelles. Ils ont même vu au fond de la mer une roue entièrement recouverte d’un alliage or-argent sur lequel rien ne s’est incrusté.

Versets 26-28

Je continue le texte.

L’Éternel dit à Moïse : — Étends la main sur la Mer et que les eaux refluent sur les Égyptiens, sur leurs chars et sur leurs hommes d’équipage. Moïse étendit la main sur la Mer et, au point du jour, la Mer revint en place. Les Égyptiens qui battaient en retraite trouvèrent la Mer devant eux et l’Éternel les précipita dans la Mer. Les eaux refluèrent et couvrirent les chars et les hommes d’équipage de toute l’armée du pharaon qui s’étaient engagés à travers la Mer à la suite des Israélites. Pas un seul d’entre eux n’en réchappa (Exode 14.26-28).

Cette fois encore, l’Éternel se sert de Moïse et de son bâton. La victoire est totale et l’élite de l’armée du pharaon anéantie. Cette traversée miraculeuse de la Mer Rouge et la déroute des Égyptiens auront de grandes répercussions. Le souvenir de ces événements ainsi que des 10 plaies précédera les Israélites, quand ils entreprendront la conquête du pays de Canaan. Je cite le passage concernant Rahab la prostituée qui avait caché les espions israélites :

Rahab monta sur la terrasse et vint trouver ses hôtes avant qu’ils ne se couchent. Elle leur dit : — Je sais que l’Éternel vous a donné ce pays : la terreur s’est emparée de nous et tous les habitants de la région sont pris de panique à cause de vous. Car nous avons entendu que l’Éternel a mis à sec les eaux de la Mer des Roseaux devant vous lorsque vous êtes sortis d’Égypte. En effet, c’est l’Éternel votre Dieu qui est Dieu, en haut dans le ciel et ici-bas sur la terre (Josué 2.8-11).

La cuisante défaite des Égyptiens était un avant-goût de ce que les Cananéens allaient expérimenter 40 ans plus tard lors de la conquête de la Palestine qui aurait lieu d’abord sous la conduite de Moïse et ensuite sous Josué.

Versets 29-31

Je finis le chapitre 14 de l’Exode.

Quant aux Israélites, ils avaient traversé la Mer à pied sec, pendant que les eaux formaient une muraille à leur droite et une autre à leur gauche. En ce jour-là l’Éternel délivra Israël des Égyptiens et ils virent les cadavres des Égyptiens étendus sur le bord de la Mer. Israël vit la grande puissance que l’Éternel avait déployée contre les Égyptiens, et le peuple révéra l’Éternel : il eut confiance en lui et en Moïse son serviteur (Exode 14.29-31).

C’est la deuxième fois que le texte souligne le miracle qui a permis aux Israélites de traverser la Mer à pied sec. Ils avaient déjà assisté à toutes les plaies et à la supériorité de l’Éternel sur les faux dieux d’Égypte. Ils ont vu comment Dieu les avait délivrés de la peste qui emporta tous les premiers-nés du pays, qui n’étaient pas sous la protection du sang d’un agneau. Ils viennent de triompher sur l’armée de pharaon grâce à l’Éternel qui joue avec les éléments naturels comme nous avec la pâte à modeler.

Dieu s’est manifesté à son peuple et aux Égyptiens comme le Seigneur incontesté du ciel et de la terre. Il marche à la tête d’Israël, le guide, combat pour lui et le délivre de ses ennemis. Finalement, les Hébreux confessent leur foi en lui, reconnaissant qu’il est digne d’être célébré et adoré. Le récit de ce miracle prodigieux a nourri la réflexion et la méditation de toutes les générations de ceux qui se disent croyants. Cet événement rappelle que le Dieu des Écritures est capable de retourner les situations les plus désespérées et de donner un avenir à ceux qui, à vue humaine, en sont privés.

Chapitre 15

Versets 1-2

Nous arrivons au chapitre 15 de l’Exode qui commence par un cantique de délivrance. C’est le plus ancien chant de l’antiquité qui nous soit parvenu. Les Hébreux se trouvent sur le bras droit de la Mer Rouge, côté Arabie Saoudite. Dès qu’ils virent les cadavres des soldats égyptiens qui jonchaient le bord de Mer, ils se sentirent en sécurité et se mirent à chanter. Je commence à lire.

Alors Moïse et les Israélites entonnèrent ce cantique en l’honneur de l’Éternel : Je veux chanter pour l’Éternel, il a fait éclater sa gloire, il a culbuté dans la Mer le cheval et son cavalier. L’Éternel est ma force, il est le sujet de mes chants, il m’a sauvé, il est mon Dieu, je le louerai et je l’exalterai, lui, le Dieu de mon père (Exode 15.1-2).

Par cet hymne, Moïse et tout le peuple, hommes et femmes, célèbrent la victoire éclatante de l’Éternel sur le pharaon et son armée. Il commence par Je veux chanter, mots qu’on trouve souvent au début des chants de louange et des cantiques dans les Textes Sacrés, que ce soit l’Ancien ou le Nouveau Testament. Quand la vierge Marie et sa cousine Élisabeth se sont sues enceintes, elles ont toutes deux exprimé leur joie en chantant un cantique de louanges à l’Éternel. Dans l’Apocalypse, le dernier livre des Écritures, il est dit que tous ceux qui ont placé leur confiance en Jésus-Christ entonneront un chant nouveau. L’auteur fait également allusion au cantique de Moïse, l’hymne de délivrance de ce chapitre. Voici ce qu’il écrit :

Je vis aussi comme une Mer cristalline mêlée de feu. Ceux qui avaient vaincu la bête, son image et le nombre de son nom se tenaient sur la Mer de cristal. S’accompagnant de harpes divines, ils chantaient le cantique de Moïse, le serviteur de Dieu, et le cantique de l’Agneau. Ils chantaient : Seigneur, Dieu, Tout-Puissant, tout ce que tu as fait est grand et admirable. Roi des nations, ce que tu fais est juste et conforme à la vérité ! (Apocalypse 15.2-3).

Le célèbre roi David est connu entre autres pour les psaumes de louange qu’il a composés, joués sur des instruments à cordes et chantés. Sa vie fut extrêmement mouvementée et ses ennemis innombrables, dont plusieurs proches, ce qui l’a profondément blessé. Mais sa confiance en l’Éternel lui permit éventuellement de triompher. Voici quelques extraits d’un de ses cantiques qui est similaire à celui que Moïse et les Israélites entonnèrent sur le bord de cette plage déserte où Dieu les avait conduits.

David adressa à l’Éternel les paroles de ce cantique lorsque l’Éternel l’eut délivré de tous ses ennemis. Il dit ceci : L’Éternel est ma forteresse, mon rocher, mon libérateur. Il est mon Dieu, le roc solide où je me réfugie. Il est mon Sauveur tout-puissant, mon rempart et mon bouclier. Mon asile est en lui. Toi, mon Sauveur, tu me délivres des hommes violents. Loué soit l’Éternel : quand je l’ai appelé, j’ai été délivré de tous mes ennemis. La mort m’enserrait de ses flots, et comme un torrent destructeur, me terrifiait. Oui, le séjour des morts m’entourait de ses liens, le piège de la mort se refermait sur moi. Alors, dans ma détresse, j’invoquai l’Éternel. Vers mon Dieu, je lançai mon appel au secours, mon cri parvint à ses oreilles et, de son Temple, il m’entendit. À ta menace, ô Éternel, et au souffle de ta colère, le fond des océans paraît, les fondements du monde sont mis à nu. Du haut du ciel, il étend sa main pour me prendre, me retirer des grandes eaux, m’arracher à mes adversaires, à mes rivaux plus forts que moi. Ils m’affrontaient au jour de mon désastre, mais l’Éternel a été mon appui. Il m’a retiré du danger, il m’a délivré, car il m’aime (2Samuel 22.1-3, 4-7, 16-20).

Comme le roi David plus tard, les Hébreux vont exprimer leur joie de toutes leurs forces. Ce sont pourtant les mêmes personnes qui quelques heures auparavant, alors qu’ils étaient acculés à la Mer, gémissaient et pleurnichaient demandant à retourner en Égypte pour y mourir. La sortie d’Égypte est souvent mentionnée dans les Écritures, même dans le Nouveau Testament. Je cite un passage :

Après leur sortie d’Égypte, nos ancêtres ont tous marché sous la conduite de la nuée, ils ont tous traversé la Mer, ils ont donc tous, en quelque sorte, été baptisés « en Moïse » dans la nuée et dans la Mer (1Corinthiens 10.1-2).

Curieusement, il est question de baptême dans ce texte alors que les Israélites ne se sont pas mouillés. Par contre, ils se sont identifiés à Moïse. Du côté égyptien du golfe, ils se lamentaient alors que de l’autre côté ils chantent de tout leur cœur un cantique à l’Éternel. En traversant la Mer à pied sec, ils ont épousé les convictions de Moïse et adopté sa confiance en Dieu. C’est le baptême dont ils furent baptisés. Ce qui est important, c’est que leur vision du monde et leur conviction ont changé. Cela ne va pas durer longtemps, mais a eu au moins le mérite d’avoir lieu. Pendant qu’ils sont au sommet d’une vague émotionnelle, ils vont voir la vie en rose sous la conduite de l’Éternel. Un passage du Nouveau Testament leur rend hommage. Je le lis :

Par la foi, les Israélites ont traversé la Mer Rouge comme une terre sèche ; alors que les Égyptiens, qui ont essayé d’en faire autant, ont été engloutis (Hébreux 11.29).

Tant qu’ils étaient du côté égyptien, les Hébreux n’avaient aucune foi. Moïse par contre avait une solide confiance en l’Éternel et c’est ce qui avec les prodiges, a entraîné tout le peuple à le suivre. Israël avait une toute petite foi en celui qui les dirigeait et une très grande frousse de ceux qui les poursuivaient. Comme quoi la peur donne des ailes. Arrivés de l’autre côté sains et saufs et réalisant le miracle qui venait de se produire, ils ont entonné avec Moïse le chant de délivrance. Avant cela alors que l’armée de pharaon les poursuivait, ils jappaient à la mort et chantaient la lamentation du désert. Bientôt, et pendant toute leur marche en direction de la Terre Promise, ils vont à nouveau entonner leur complainte favorite, car selon toute apparence c’est leur refrain préféré. Mais en attendant et pendant quelques heures, ils vont louer l’Éternel avec un chant de triomphe.

Versets 3-6

Je continue le cantique de Moïse.

L’Éternel est un grand guerrier, l’Éternel est son nom. Les chars du pharaon et toute son armée, il les a jetés à la Mer, l’élite de ses combattants a été engloutie dans la Mer des Roseaux, et les flots les ont recouverts. Ils ont coulé comme une pierre dans les profondeurs de l’abîme. Ton bras droit, Éternel, a fait éclater sa puissance, ton bras droit, Éternel, écrase l’ennemi. Dans ta gloire éclatante, tu renverses tes adversaires, tu déchaînes contre eux le feu de ta colère et ils sont consumés comme des brins de paille. Sous l’action du souffle de tes narines, les eaux se sont amoncelées, les flots se sont dressés comme un rempart, et ils se sont figés au milieu de la Mer (Exode 15.3-8).

Le souffle des narines de l’Éternel est sa colère. Le texte évoque l’image d’un taureau en furie prêt à charger celui qui a envahi son territoire. De plus, Moïse qui est l’auteur du livre de l’Exode, joue sur le mot hébreu traduit par souffle qui veut aussi dire vent et esprit, suggérant ainsi que l’Esprit de l’Éternel a produit le vent qui a ouvert un passage dans la Mer des Roseaux. Quoi qu’il en soit, ce chant de triomphe est très conquérant. Dans son esprit guerrier, il fait un peu penser à la Marseillaise, où des expressions comme : L’étendard sanglant élevé. Les féroces soldats qui viennent égorger vos fils et vos compagnes. Qu’un sang impur abreuve nos sillons. Ces paroles étaient appropriées à la veille de la guerre de 14-18, mais sont plutôt anachroniques aujourd’hui, surtout depuis le slogan des années 60 : Faites l’amour et pas la guerre. Mais ce n’est pas en parlant de paix qu’on fait diminuer le nombre de foyers chauds dans le monde.

On a coutume d’associer le calme et la tranquillité au christianisme. Ce n’est pas faux, mais très incomplet. Je cite les paroles de Jésus :

— Ne croyez pas que je sois venu apporter la paix sur terre : ma mission n’est pas d’apporter la paix, mais l’épée (Matthieu 10.34).

Notre planète ne connaîtra de paix durable que lorsque le Christ reviendra pour y régner en souverain absolu. Comme dit l’apôtre Paul :

Maranatha ! Seigneur Viens ! (1Corinthiens 16.22).

Commentaire biblique radiophonique écrit par le pasteur et docteur en théologie : Vernon McGee (1904-1988) et traduit par le pasteur Jacques Iosti.

nov. 14 2024

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