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16 août 2022

Exode 15.9 – 15.27

Exode 15.9 - 15.27

Introduction

Dans son ouvrage, Les Chansons des rues et des bois, Victor Hugo écrit : Depuis six mille ans, la guerre plaît aux peuples querelleurs, et Dieu perd son temps à faire les étoiles et les fleurs. Victor Hugo n’a que trop raison. Puisque les êtres humains aiment tant la violence, Dieu, qui se proclame le Seigneur des armées, va pleinement satisfaire leur désir. En Occident, notre civilisation matérialiste prône la tolérance tous azimuts parce que c’est bon pour le business. On dit aussi que nous sommes une grande famille et qu’un jour les hommes comprendront qu’ils sont tous frères. Ce tableau idyllique est un faux parce que selon les Écritures, le pire est encore à venir, car la fin des temps sera marquée par des guerres effroyables. Je lis un passage du livre de l’Apocalypse :

Et un autre cheval, Rouge feu, sortit. Celui qui le montait reçut le pouvoir d’ôter toute paix de la terre, afin que les hommes s’égorgent les uns les autres ; et une grande épée lui fut donnée. Et il sortira pour séduire les nations qui sont aux quatre coins de la terre, afin de les rassembler pour la guerre. Leur nombre est comme le sable de la Mer. Là-dessus, je vis le ciel ouvert et voici, il y avait un cheval blanc. Ses yeux flamboient comme une flamme ardente. Sa tête est couronnée de nombreux diadèmes. Il est vêtu d’un manteau trempé de sang. Les armées célestes, vêtues de lin blanc et pur, le suivent sur des chevaux blancs. De sa bouche sort une épée aiguisée pour frapper les nations. Il va aussi écraser lui-même le raisin dans le pressoir à vin de l’ardente colère du Dieu tout-puissant. Sur son manteau et sur sa cuisse est inscrit un titre : « Roi des rois et Seigneur des seigneurs ». Puis je vis un ange, debout dans le soleil, qui cria d’une voix forte à tous les oiseaux qui volent au zénith dans le ciel : — Venez, rassemblez-vous pour le grand festin de Dieu afin de dévorer la chair des rois, des chefs d’armées, des guerriers, la chair des chevaux et de leurs cavaliers, la chair de tous les hommes, libres et esclaves, petits et grands. La bête et le faux prophète furent tous deux jetés vifs dans l’étang ardent de feu et de soufre (Apocalypse 6.4 ; 20.8 ; 19.11-20).

Parallèlement à cette prophétie guerrière, Jésus est venu apporter la sérénité et la paix intérieure à chaque individu qui se tourne vers lui dans un acte de foi. Je lis un passage :

Je vous laisse la paix, je vous donne ma paix. Moi, je ne vous donne pas comme le monde donne. Que votre cœur ne se trouble pas et ne s’alarme pas. Je vous ai parlé ainsi, pour que vous ayez la paix en moi. Vous aurez des tribulations dans le monde ; mais prenez courage, moi, j’ai vaincu le monde (Jean 14.27 ; 16.33).

Versets 8-10

Je continue à lire le cantique de Moïse dans le chapitre 15 de l’Exode.

Les flots se sont dressés comme un rempart, ils se sont figés au milieu de la Mer. L’ennemi se disait : Je les pourchasserai et je les atteindrai, je m’emparerai d’un butin, je m’en rassasierai, je tirerai l’épée, je me saisirai d’eux. Tu as soufflé ton vent, et la Mer les a recouverts ! Ils se sont enfoncés comme des blocs de plomb dans les puissantes eaux (Exode 15.8-10).

La suite de ce cantique est toujours aussi combattante. On apprend aussi l’état d’esprit des Égyptiens. Non seulement ils voulaient faire un carnage, mais aussi récupérer ce que voisins et voisines avaient donné aux Hébreux au moment de leur départ.

Versets 11-13

Je continue.

Qui, parmi tous les dieux, ô Éternel, qui est semblable à toi ? Et qui est, comme toi, paré de sainteté, et redoutable, et digne de louanges, opérant des prodiges ? Tu étends ton bras droit, et la terre engloutit nos poursuivants. Dans ton amour, tu as conduit ce peuple que tu as libéré et tu l’as dirigé par ta grande puissance vers ta demeure sainte (Exode 15.11-13).

Les Israélites étaient sortis d’Égypte où régnait une idolâtrie immonde. Les dix plaies avaient été dirigées contre des faux dieux. C’est ainsi que les Hébreux ont appris à connaître l’Éternel, le Dieu de leurs ancêtres, Abraham, Isaac et Jacob. Il s’est manifesté comme le Seigneur du ciel et de la terre, le Tout-Puissant qui gagne toutes les batailles. Malheur à ceux qui lui résistent. Il a révélé sa sainteté en détruisant les idoles et ceux qui s’opposaient à lui.

Dans sa perfection, il est incomparable, car il possède la prééminence sur tout. Il juge et fait des prodiges grandioses, mais c’est aussi un Dieu de miséricorde et de grâce. Il ne me demande pas de prouver ma valeur, de me laver le visage, de désherber le jardin et de porter de beaux habits bien propres. La seule chose qui le concerne est la position que j’ai adoptée vis-à-vis de son Fils Jésus-Christ. L’Éternel aime Israël et c’est pour cela qu’il l’a libéré. Il va établir sa demeure au milieu de ses tribus, ce qui se réalisera par le tabernacle, ce temple démontable fait pour le désert.

Le cantique de Moïse a deux thèmes distincts. La première partie est centrée sur l’événement prodigieux de la traversée de la Mer Rouge, tandis que la seconde se concentre sur la future conquête du pays promis. La suite du texte est l’annonce prophétique du sentiment d’angoisse et de la panique que va susciter la nouvelle de la traversée de la Mer Rouge chez tous ceux qui l’entendront.

On y lit les expressions suivantes : les peuples tremblent, la terreur a saisi, les chefs sont épouvantés, les princes se mettent à trembler, tous les Cananéens en perdent le courage. L’angoisse et la panique s’abattent sur eux tous. Ton action extraordinaire les a tous pétrifiés. Le texte de style poétique joue sur les mots. Par exemple, il établit un parallèle entre les eaux figées au milieu de la Mer et les peuples pétrifiés de peur.

Versets 20-21

Je continue avec la fin du cantique.

Miryam, la prophétesse, sœur d’Aaron, prit le tambourin, et toutes les femmes la suivirent en dansant et en jouant des tambourins. Miryam entonna, en réponse aux Israélites : Chantez pour l’Éternel : il a fait éclater sa gloire, il a culbuté dans la Mer le cheval et son cavalier (Exode 15.20-21).

Nous rencontrons à nouveau Myriam, dont nous n’avions plus entendu parler depuis la naissance de Moïse. Le cantique de Moïse est un hymne de victoire. Il répète sous forme poétique le récit proprement dit de la traversée de la Mer Rouge. Moïse, Miryam, les hommes et les femmes du peuple célèbrent leur Dieu à nul autre pareil, présent au milieu d’eux et qui a libéré son peuple de l’esclavage. Les Hébreux ont traversé le golfe d’Aqaba, le bras droit de la Mer Rouge. Ensuite, ils ont rendu hommage à l’Éternel et chanté ce qu’on a coutume d’appeler le cantique de Moïse.

On est en droit de penser qu’à partir de maintenant il n’y aura plus aucun nuage dans le ciel, ni d’épine sur le sentier du peuple élu ; aucun souci, aucun soupir. La vie va désormais se dérouler paisiblement comme le cours d’un long fleuve tranquille. En réalité, les événements vont être très frustrants pour Moïse, au point où, à mon avis, il va se dire que c’était plus facile de combattre le pharaon que de diriger ce peuple rebelle.

Verset 22

Je continue le texte.

Sur ordre de Moïse, Israël quitta la Mer des Roseaux et prit la direction du désert de Chour. Ils marchèrent pendant trois jours dans le désert sans trouver de point d’eau (Exode 15.22).

Partout en Égypte, l’eau est abondante et d’excellente qualité. Mais maintenant, les Israélites sont dans des circonstances très différentes de celles auxquelles ils étaient habitués. Ils se trouvent en plein désert, il n’y a pas d’eau et les citernes d’Égypte sont très loin. On entend déjà le peuple qui murmure. Les Hébreux continuent leur route en suivant la nuée qui les guidait de jour et la colonne de feu la nuit. Au moins, ils ne risquent pas de se perdre.

Versets 23-24

Je continue.

Ils arrivèrent à Mara où il y avait de l’eau, mais ils ne purent pas en boire parce qu’elle était amère, d’où le nom de Mara, qui veut dire amertume. Alors le peuple se plaignit de Moïse en disant : — Qu’allons-nous boire ? (Exode 15.23-24).

Cette eau n’est pas potable. Alors, comme des enfants gâtés jamais contents, les Hébreux commencent à se plaindre de leur sort. Durant leur séjour au désert, ils vont souvent se lamenter et même s’en prendre à Moïse qui est toujours le premier dans leur ligne de mire, mais aussi à Aaron son frère aîné. À un moment donné, ils vont même essayer de les lapider. Ils ont déjà oublié tous les prodiges que l’Éternel avait faits pour eux et qu’ils avaient vus de leurs yeux. Jour et nuit, ils bénéficient de la présence de Dieu dans la colonne de nuée et de feu, mais ils n’y prêtent plus attention. C’est absolument incroyable. Mais à y réfléchir, je me demande comment je me serais comporté si j’avais été dans leurs sandales, aurais-je moi aussi entonné la complainte du désert comme ils vont le faire si souvent ?

Les eaux de Mara sont symboliques, car nous passons tous par des temps d’épreuve qui sont la plupart du temps incompréhensibles. Une tuile vous tombe sur la tête alors qu’il n’y a pas de vent, sans raison apparente. Pourquoi ? L’Ancien aussi bien que le Nouveau Testament parle des épreuves de la vie. Je cite un passage :

Qui donc n’a qu’à parler pour qu’une chose existe ? Et celui qui commande, n’est-ce pas le Seigneur ? Par sa parole, le Très-Haut ne suscite-t-il pas et le malheur et le bonheur ? Pourquoi l’homme vivant se plaindrait-il ? Que chacun se plaigne de ses péchés. Considérons notre conduite et examinons-la, puis revenons à l’Éternel (Lamentation 3.37-40).

Dans l’Ancien Testament, le livre de Job aborde longuement le problème soulevé par les injustices, la maladie et les tragédies. Il nous donne quelques pistes de réflexions, mais pas de réponse fondamentale. Le mal sous toutes ses formes demeure un mystère.

Les Hébreux se retrouvent donc devant un trou d’eau qu’ils ne peuvent boire. Je me demande comment ils ont su qu’elle n’était pas potable, l’ont-ils goûtée, y avait-il des poissons qui flottaient ventre en l’air, les bords de cette marre était-elle jonchée de cadavres d’animaux ?

Versets 25-26

Je continue le texte.

Moïse implora l’Éternel, qui lui indiqua un bois d’une certaine espèce qu’il jeta dans l’eau, et l’eau devint potable. C’est à cet endroit que l’Éternel donna au peuple des préceptes et un code de droit ; là aussi il le mit à l’épreuve. Il leur dit : — Si vous écoutez attentivement l’Éternel votre Dieu, et si vous faites ce qui est droit à ses yeux, si vous êtes attentifs à ses commandements et si vous obéissez à toutes ses lois, je ne vous infligerai aucune des maladies dont j’ai frappé les Égyptiens ; car je suis l’Éternel qui vous apporte la guérison (Exode 15.25-26).

Ce désert apparaît comme un endroit idéal pour un baptême du feu, pour éduquer le peuple et tester sa résilience. L’épreuve est d’autant plus efficace qu’elle a été précédée d’une éclatante victoire. Les Israélites ont vécu toute une série de miracles prodigieux avec en apothéose cette traversée de la Mer Rouge à pied sec. Ils ont des ailes et planent sur un sommet spirituel quand tout à coup la dure réalité les frappe comme un grand coup de bambou et les ramène aux problèmes quotidiens de l’existence. Cette histoire rappelle des circonstances similaires qui entourèrent le Christ lorsqu’Il fut tenté dans le désert. En effet, juste avant de croiser le fer avec le diable, il avait reçu devant tout le peuple les témoignages de Dieu le Père et du Saint-Esprit qu’il était le Fils de Dieu. Je rappelle ce passage.

Aussitôt après avoir été baptisé, Jésus sortit de l’eau. Alors le ciel s’ouvrit pour lui et il vit l’Esprit de Dieu descendre sous la forme d’une colombe et venir sur lui. En même temps, une voix venant du ciel fit entendre ces paroles : — Celui-ci est mon Fils bien-aimé, celui qui fait toute ma joie. Alors l’Esprit Saint conduisit Jésus dans le désert pour qu’il y soit tenté par le diable (Matthieu 3.16, 17-4.1).

Contrairement au Christ, les Hébreux ne ressortiront pas de leurs épreuves tout de blanc vêtus, mais vont sentir le fumier et entonner leur air favori, la complainte du désert.

Les déceptions, les chagrins, les frustrations font partie de la vie et il faut s’y attendre, ce qui m’est facile à dire, mais que j’ai la plus grande peine à faire. Voici une histoire vraie à vous fendre le cœur. Une belle jeune femme qui faisait le catéchisme était des plus charmantes. Très serviable, elle ne se plaignait jamais de quoi que ce soit. Curieusement, ses cheveux étaient devenus prématurément blancs. Un jour, quelqu’un lui demanda si elle en connaissait la raison. Elle répondit qu’elle avait été fiancée à un jeune militaire qui fréquentait la même Église qu’elle et qui avait tout pour plaire, mais qui dut partir pour se battre dans un de ces conflits qui poussent de par le monde comme des champignons. Il revint dans un cercueil. C’est alors que ses cheveux se mirent à grisonner. C’est une histoire comme il y en a tellement, et qui fait partie des dures réalités de la vie. Nos plans pour l’avenir peuvent tomber à l’eau d’un seul coup sans prévenir. Nous avons tous nos Mara où l’eau est non potable. On ne peut pas les éliminer ou les contourner, on doit leur faire face. Devant les épreuves de la vie, je peux m’aigrir ou m’adoucir.

Lors du commentaire de la Genèse et de l’Évangile de Matthieu, j’ai déjà eu l’occasion de m’attarder sur la nécessité de pardonner. J’avais même dit qu’en fait on n’a pas vraiment le choix. Si j’opte pour la haine, la rancune me rongera telle une gangrène. C’est moi qui en souffrirais en perdant l’appétit, le sommeil, la joie de vivre et le reste, dont la santé. Mara fut un dur réveil pour les Hébreux, ce qui provoqua leurs murmures. Plus tard, ils se rebelleront carrément et seront sévèrement châtiés. Je cite un passage :

Alors l’Éternel envoya contre le peuple des serpents venimeux qui les mordirent, et il mourut beaucoup de gens d’Israël. Le peuple vint trouver Moïse en disant : — Nous avons péché lorsque nous avons parlé contre l’Éternel et contre toi. Maintenant, veuille implorer l’Éternel pour qu’il nous débarrasse de ces serpents ! Moïse pria donc pour le peuple. L’Éternel lui répondit : — Fais-toi un serpent en métal et fixe-le en haut d’une perche. Celui qui aura été mordu et qui fixera son regard sur ce serpent aura la vie sauve (Nombres 21.6-8).

Ce serpent, symbole de malédiction porté par du bois, devint une source de guérison. À Mara, du bois rendit l’eau miraculeusement potable. À plusieurs reprises dans les Textes Sacrés, un bout de bois transforme une malédiction en bénédiction. C’est aussi ce qui s’est passé avec le Christ. Il fut cloué sur une croix en bois et bien que Fils de Dieu, il devint un objet de malédiction. Je cite le passage :

Christ nous a rachetés de la malédiction de la loi, étant devenu malédiction pour nous, car il est écrit : Maudit soit quiconque est pendu au bois (Galates 3.13).

Notre vie est constamment assombrie par la maladie et des tragédies qui sont les signes avant-coureurs de notre fin. Comme l’épée de Damoclès, ils sont toujours là dans l’ombre à nous guetter. Pourtant, le Nouveau Testament affirme que le pouvoir de la mort a été brisé. Je lis le passage :

Lorsque ce corps corruptible aura revêtu l’incorruptibilité et que ce corps mortel aura revêtu l’immortalité, alors se trouvera réalisée cette parole de l’Écriture : La victoire totale sur la mort a été remportée. Ô mort, qu’est devenue ta victoire ? Ô mort, où est ton dard ? (1Corinthiens 15.54-55).

L’amertume de la vie due à la peur de la mort a été adoucie par la victoire que le Christ a remportée sur la croix. Je cite le passage :

Puisque nous participons au sang et à la chair, Jésus aussi, d’une manière semblable y a participé, afin d’écraser par sa mort celui qui détenait le pouvoir de la mort, le diable, et de délivrer tous ceux qui, par crainte de la mort, étaient toute leur vie retenus dans sa tyrannie (Hébreux 2.14-15).

Grâce à la croix, une espérance éternelle est à ma portée. À la fin de ma vie, la mort ne tirera pas un trait final sur moi.

Verset 27

Je finis le chapitre 15 de l’Exode.

Ensuite, les Israélites arrivèrent à Élim où il y avait douze sources d’eau et soixante-dix palmiers. Ils campèrent là près de l’eau (Exode 15.27).

Cet endroit est l’opposé de Mara. Après l’épreuve vient la bénédiction. Derrière les nuages, il y a toujours du soleil et après la pluie vient le beau temps. Le pèlerinage souvent mouvementé de tous les personnages bibliques, qui étaient des hommes de Dieu, comporte ces deux dynamiques : l’épreuve et la bénédiction. Tout comme il m’est impossible d’éviter les Mara de la vie, je trouverais également sur ma route l’oasis Élim, où je pourrais apaiser ma soif et me reposer.

Commentaire biblique radiophonique écrit par le pasteur et docteur en théologie : Vernon McGee (1904-1988) et traduit par le pasteur Jacques Iosti.

sept. 17 2024

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