Actes 24.24 – 25.11
Chapitre 24
Introduction
Je connais la devise qui consiste à « faire contre mauvaise fortune, bon coeur ». Il n’empêche que j’ai du mal à m’accommoder des petits désagréments normaux de la vie. Alors, si un jour je me retrouve en prison de manière injuste, je crois bien que je le prendrai très très mal. Mais il n’en est pas ainsi pour tout le monde. Le livre des Actes raconte, entre autres, l’histoire de l’apôtre Paul. Et bien sûr, après bien des péripéties et surtout de plusieurs tentatives de meurtre dont il a réchappé de justesse, le voilà à moisir dans un cachot pour satisfaire les Juifs fanatiques qui lui en veulent à mort. Mais pour Paul, cette situation à première vue dramatique est une aubaine. En effet, elle lui donne l’opportunité d’annoncer la Bonne Nouvelle de Jésus-Christ aux grands de son monde, dont Félix, le gouverneur de la province qui l’a mis en prison.
Versets 24-26
Je continue à lire dans le chapitre 24 du livre des Actes.
Quelques jours plus tard, Félix revint, accompagné de sa femme Drusille qui était juive. Il fit appeler Paul et il l’écouta parler de la foi en Jésus-Christ. Mais lorsque Paul en vint à ce qu’est la juste manière de vivre, à la maîtrise de soi et au jugement à venir, Félix prit peur et lui dit : — Pour aujourd’hui, cela suffit : tu peux te retirer. Quand j’en aurai le temps, je te ferai rappeler. Il nourrissait l’espoir que Paul lui donnerait de l’argent. C’est pourquoi il le faisait venir assez souvent pour s’entretenir avec lui (Actes 24.24-26).
Le gouverneur et sa femme ont dû faire un bref voyage, suite à quoi, lui tout au moins se montre intéressé par la foi chrétienne que lui expose son prisonnier. Seulement voilà, l’apôtre aborde trois thèmes qui le mettent directement en cause et il éprouve un grand malaise ; il est semble-t-il convaincu de la noirceur de son âme et en a des sueurs froides. Quand Paul parle de la juste manière de vivre, il met son doigt sur l’injustice de Félix dans sa charge de gouverneur qu’il a obtenue en léchant les bottes de l’empereur et dans le but express de faire du fric par le biais de pots-de-vin. D’ailleurs, sa duplicité et sa convoitise sont rapportées par divers auteurs antiques ainsi que Luc qui nous précise que Félix avait l’intention de relâcher son prisonnier à condition de recevoir de lui des espèces sonnantes et trébuchantes, en échange, ce qui était contre la loi officielle romaine. Félix sait très bien que son prisonnier ne possède rien, mais il connait aussi que les croyants se sacrifieraient pour sa liberté.
Soit dit en passant, que le but de la plupart des gouverneurs romains était de s’enrichir, ce qui fait qu’ils adoraient les pots-de-vin et autres compensations corrompues. Félix n’est pas pire que la moyenne des officiels de cette époque, ou de la nôtre. Mais il connaît suffisamment la Loi de Moïse pour se savoir condamné par elle. D’ailleurs, c’est là le rôle principal des commandements de Dieu, celui de souligner mon incapacité à leur obéir. Mais l’apôtre Paul ne s’est pas contenté de mettre Félix en accusation, il lui a aussi dit que la vraie justice s’obtient exclusivement par la foi en la personne de Jésus-Christ. C’est là en effet le grand thème des prédications et des écrits de l’apôtre Paul. Soit dit en passant que l’obtention de la justice par la foi seule fut aussi le fer de lance de tous ceux qui déclenchèrent le mouvement de la Réforme protestante au 15e siècle de notre ère, et beaucoup d’entre eux payèrent leur foi de leur vie.
Après la justice, Paul parle de tempérance. Il réprimande l’absence quasi totale de maîtrise de soi du gouverneur Félix qui est esclave de la domination débridée de ses passions et de la luxure. Drusille qu’on disait très belle et très libertine avait fait son affaire et c’est ainsi qu’elle devint sa troisième femme officielle. Elle non plus n’était pas une fille de bonne famille, bon chic bon genre ; son père, le roi Agrippa 1er, mit à mort l’apôtre Jacques ; son grand-oncle avait fait décapiter Jean-Baptiste et son grand-père avait fait massacrer tous les enfants de Bethlehem, essayant par là d’assassiner l’enfant Jésus ; un vrai nid de scorpions que ces gens-là. Auparavant, Drusille avait été l’épouse d’un certain Azizus, roi de la cité état d’Emesa sous domination romaine. Située en Syrie sur un des oléoducs, cette ville s’appelle aujourd’hui Homs. Bref, Félix l’avait fait enlever, ce qui est toute une histoire rocambolesque, mais qui en dit long sur ce couple peu recommandable. Ils eurent un fils qui périt dans l’éruption du Vésuve. Quoiqu’il en soit, Drusille entend parler par son mari, du prisonnier éloquent confié à sa garde, et désire l’entendre. Tous deux ont alors l’immense privilège d’écouter l’annonce de la Bonne Nouvelle de Jésus-Christ de la bouche du plus grand évangéliste de tous les temps. Dans sa grâce, Dieu leur donne l’occasion de se repentir et leur ouvre toutes grandes les portes de son royaume. L’apôtre est pour eux l’accomplissement d’une parole d’un Psaume qui dit :
C’est pourquoi, rois de la terre, montrez-vous intelligents, vous qui gouvernez le monde, laissez-vous donc avertir ! (Psaumes 2.10).
Ensuite, Paul discourt sur le thème du jugement. Il n’a pas froid aux yeux car il s’adresse à quelqu’un qui a le pouvoir de le faire exécuter. Jean-Baptiste paya de sa tête une déclaration analogue qu’il fit à Hérode Antipas (Matthieu 14.4). Qu’à cela ne tienne ! l’apôtre parle du moment où tous les hommes injustes de tous les temps seront appelés à la barre céleste des accusés pour rendre des comptes. Il en est question dans l’Apocalypse, le dernier livre du Nouveau Testament. Je cite le passage :
Ensuite je vis un grand trône blanc et celui qui y était assis. Le ciel et la terre s’enfuirent loin de sa présence. Ils disparurent sans laisser de trace. Je vis les morts, les grands et les petits, comparaissant devant le trône. Des livres furent ouverts. On ouvrit aussi un autre livre : le livre de vie. Les morts furent jugés, chacun d’après ses actes, suivant ce qui était inscrit dans ces livres. La mer avait rendu ses naufragés, la mort et le royaume des morts avaient rendu ceux qu’ils détenaient. Et tous furent jugés, chacun conformément à ses actes. Puis la mort et le séjour des morts furent précipités dans l’étang de feu. Cet étang de feu, c’est la seconde mort. On y jeta aussi tous ceux dont le nom n’était pas inscrit dans le livre de vie (Apocalypse 20.11-15).
Paul s’exprime avec une telle conviction que le Romain, habituellement dur comme la pierre, commence à trembler comme une feuille devant ce pauvre prisonnier qui est pourtant totalement en son pouvoir. Félix ne veut plus entendre parler de jugement, car cela lui fait peur, il est trop remué dans ses tripes. Ces émotions sont trop fortes pour lui et il opte pour la politique de l’autruche qui dit-on enterre sa tête dans le sable à l’approche du danger. Félix ne veut pas mettre sa vie en ordre devant Dieu, du moins pas dans l’immédiat. Certes, il peut fermer ses oreilles aux paroles de Paul, mais cela ne change rien à son problème et ne lui évitera pas le jugement. En effet, tout être humain est appelé à comparaître devant son créateur et aucune échappatoire n’est possible.
Il y a de cela bien longtemps, j’ai acheté une belle horloge de style colonial qui avait été fabriquée en Nouvelle-Angleterre. Quelque chose est écrit sur sa face, mais ce n’est pas « tempus fugit », le temps fuit, en latin, non ! C’est une toute petite citation tirée d’un prophète de l’Ancien Testament et qui est autant incisive que brève. Elle dit : Prépare-toi à la rencontre de ton Dieu ! (Amos 4.12).
Il y a bien des années, un fameux prédicateur de l’Évangile exerçait à Dallas dans le Texas. Il raconte un incident qui illustre l’attitude de Félix. Au jour de son 50e anniversaire, un de ses amis, avocat, mais non-croyant, vint lui rendre visite et lui dit :
Tu sais George, toi et moi sommes arrivés à Dallas en même temps. Tu étais un jeune prédicateur et moi je débutais tout juste comme avocat. Je dois avouer que lorsque je t’ai entendu pour les premières fois, je fus énormément touché par tes sermons. Très franchement, il y avait des nuits où je ne pouvais dormir. Mais les années ont passé, et le jour est venu où j’ai pu t’écouter avec plaisir, car tes messages ne me dérangeaient plus du tout, et pourtant tu es un prédicateur beaucoup plus puissant aujourd’hui.
Sur quoi l’avocat s’est mis à rire. Mais ce qu’il a dit n’est pas drôle du tout et s’il avait été conscient du caractère tragique de sa situation, il aurait plutôt rit jaune. Au fil des années, il s’était endurci au point d’être devenu insensible à l’appel du Saint-Esprit et donc incapable de se repentir. C’est de toute évidence ce qui a aussi dû arrivé à Félix et à sa femme Drusille. Le Nouveau Testament nous met en garde à plusieurs reprises contre cette attitude laxiste qui consiste à attendre encore un peu avant de se repentir de ses fautes, et à reporter à plus tard de se mettre en règle avec Dieu. L’auteur de l’épître aux Hébreux écrit :
C’est pourquoi, prenez à cœur ce que dit l’Esprit Saint : Aujourd’hui, si vous entendez la voix de Dieu, ne vous endurcissez pas, comme l’ont fait vos ancêtres lorsqu’ils se sont révoltés et qu’ils ont, dans le désert, voulu me forcer la main. C’est pourquoi, dans ma colère, j’ai fait ce serment : ils n’entreront pas dans mon repos ! Prenez donc bien garde, que personne parmi vous n’ait le cœur mauvais et incrédule au point de se détourner du Dieu vivant. Mais encouragez-vous les uns les autres afin qu’aucun d’entre vous ne se laisse tromper par le péché et ne s’endurcisse (Hébreux 3.7-8, 11-13).
Verset 27
Je finis le chapitre 24.
Deux années s’écoulèrent ainsi ; après quoi, Félix fut remplacé par Porcius Festus. Mais, pour se ménager les bonnes grâces des Juifs, Félix laissa Paul en prison (Actes 24.27).
Félix était un grand lécheur de bottes. Il sait Paul innocent mais le laisse croupir en prison pour obtenir les bonnes grâces des Juifs fanatiques. Que les voies de Dieu sont mystérieuses !
Luc ne nous dit pas un mot sur ce qu’a fait l’apôtre pendant ces deux ans ; on suppose, mais ce ne sont que des spéculations, qu’il reçoit beaucoup de monde et qu’il écrit des lettres à différentes personnes ainsi qu’à certaines églises qu’il a implantées ou qu’il connaît. De plus, il a peut-être bien contribué à la rédaction du livre des Actes puisqu’il en est le principal acteur. Son ardent désir, longtemps différé, sera satisfait par Festus, qui l’enverra à Rome.
Félix fut rappelé par l’empereur durant l’automne de l’année 60 à cause de graves accusations qui pesaient contre sa façon de gouverner. En effet, lors d’un conflit qui opposait Juifs et païens, il mit le comble à sa cruauté légendaire en réglant le problème dans un immense bain de sang. Apparemment, ce fut la goutte d’eau proverbiale qui fit déborder le vase car les Juifs ont alors envoyé des représentants à Rome pour porter plainte contre lui devant Néron, et Félix sauva sa vie de justesse grâce à l’intervention de son frère Pallas qui plaida sa cause (Joseph; Antiquités XX, 8,9). En tout cas il perd sa place et est remplacé par Porcius Festus. C’est vrai qu’en français, ce personnage a un nom aux consonances qui prêtent à sourire. Mais selon les écrits de l’historien juif Josèphe, dans son ensemble, c’est un fonctionnaire plus juste et droit que la plupart des gouverneurs romains ; disons, moins tordu parce qu’à l’égard de Paul il ne se montre pas vraiment à la hauteur. Il meurt alors qu’il n’est que dans sa deuxième année de fonction. A mon avis, s’il était devenu chrétien et ami avec Paul, il ne serait sans doute pas mort aussi prématurément, mais ce que je dis n’est pas parole d’évangile.
Chapitre 25
Introduction
Nous arrivons au chapitre 25 qui raconte, entre autres, la comparution de l’apôtre Paul devant le nouveau gouverneur Porcius Festus. Cette section du récit est capitale parce que c’est ici que Paul en appelle à César, ce qui va donner la direction au reste du livre et raconter aussi les conditions dans lesquelles l’apôtre se rend à Rome. Jusqu’à présent, il a déjà dû s’expliquer devant des officiers romains à Jérusalem, puis devant le Grand-Conseil juif, et enfin devant Félix. Après Festus, il va encore passer devant le roi Agrippa puis ce sera au tour de l’empereur Néron. C’est de cette manière que se réalise la prophétie que Jésus-Christ a faite à son sujet quand il a dit :
J’ai choisi cet homme pour me servir : il fera connaître qui je suis aux nations étrangères et à leurs rois (Actes 9.15).
Le Seigneur donnait ainsi à Paul l’occasion de témoigner de lui devant plusieurs des grands dirigeants de l’Empire.
Versets 1-3
Nous arrivons au chapitre 25 qui raconte, entre autres, la comparution de l’apôtre Paul devant le nouveau gouverneur Porcius Festus. Cette section du récit est capitale parce que c’est ici que Paul en appelle à César, ce qui va donner la direction au reste du livre et raconter aussi les conditions dans lesquelles l’apôtre se rend à Rome. Jusqu’à présent, il a déjà dû s’expliquer devant des officiers romains à Jérusalem, puis devant le Grand-Conseil juif, et enfin devant Félix. Après Festus, il va encore passer devant le roi Agrippa puis ce sera au tour de l’empereur Néron. C’est de cette manière que se réalise la prophétie que Jésus-Christ a faite à son sujet quand il a dit :
J’ai choisi cet homme pour me servir : il fera connaître qui je suis aux nations étrangères et à leurs rois (Actes 9.15).
Le Seigneur donnait ainsi à Paul l’occasion de témoigner de lui devant plusieurs des grands dirigeants de l’Empire.
Versets 1-3
Je commence à lire le chapitre 25.
Trois jours après avoir pris ses fonctions à la tête de la province, Festus se rendit de Césarée à Jérusalem. Les chefs des prêtres et les notables juifs se présentèrent devant lui pour porter plainte contre Paul. Ils lui demandèrent avec insistance, comme une faveur spéciale, de faire transférer l’accusé à Jérusalem. Ils avaient déjà fait leurs plans : sur le trajet, ils voulaient lui dresser une embuscade et le tuer (Actes 25.1-3).
Le nouveau gouverneur connaît la nature explosive de Jérusalem agitée de soubresauts et de conflits qui n’en finissent pas. Et puis il a hérité du prisonnier Paul, une histoire qui traîne depuis deux ans maintenant et qu’il voudrait bien régler dans les plus brefs délais. Alors voulant tirer cette affaire au clair, il se rend sur place pour prendre la température de la ville et rencontrer les autorités religieuses qui derrière la scène tirent toutes les ficelles.
Dès leur première rencontre avec le nouveau gouverneur, les membres du Grand-Conseil saisissent la première occasion qui s’offre à eux pour porter violemment plainte contre Paul. Cette attitude montre qu’ils ont toujours la haine au ventre contre lui. Ils espèrent obtenir une concession de Festus, mais sachant fort bien qu’ils n’ont pas d’arguments valables à présenter contre l’apôtre, ils optent pour la manière forte et expéditive; ils ont déjà mis sur pied un nouveau projet meurtrier.
Versets 4-7
Je continue.
Mais Festus leur répondit : — Paul est en prison à Césarée, et je ne vais pas tarder à retourner moi-même dans cette ville. Il y a parmi vous des hommes compétents : qu’ils m’y accompagnent, et si cet homme a commis quelque irrégularité, qu’ils portent plainte contre lui ! Festus ne resta pas plus de huit à dix jours à Jérusalem, puis il redescendit à Césarée. Le lendemain de son retour, il alla siéger au tribunal et y fit comparaître Paul. À peine celui-ci fut-il entré, que les Juifs venus de Jérusalem l’entourèrent et portèrent contre lui un grand nombre de graves accusations, mais ils ne pouvaient pas les prouver (Actes 25.4-7).
Les religieux sont déçus. Festus prend la bonne décision, probablement parce qu’il se doute du complot que trament les Juifs. En tout cas, il refuse net leur demande. Le gouverneur païen, inspiré par les principes du droit romain, est plus juste que les chefs d’Israël corrompus et remplis de haine. Tout ce que leur promet Festus est d’ouvrir à nouveau le dossier de Paul, mais à Césarée, la capitale romaine de la province, et non à Jérusalem. Les Juifs acceptent l’invitation de Festus et c’est rebelote; voilà qu’on rejoue la mauvaise scène qui a marqué les procès antérieurs ; les Juifs lancent à nouveau des accusations sérieuses, sans doute les mêmes qu’auparavant, mais toujours sans aucune preuve.
Versets 8-9
Je continue.
Paul, quant à lui, disait pour sa défense : — Je n’ai commis aucune faute ni contre la loi juive, ni contre le Temple, ni contre César. Mais Festus voulait se concilier la faveur des Juifs ; il demanda donc à Paul : — Acceptes-tu de retourner à Jérusalem pour y être jugé sur cette affaire sous ma présidence ? (Actes 25.8-9).
Festus ne veut pas commencer dans sa nouvelle fonction en se mettant à dos les autorités juives; il préférerait au contraire prouver sa bonne volonté à leur égard. De toute façon, il ne sait pas trop que faire avec cette histoire religieuse sur les bras. Alors, il opte pour un compromis et se propose d’envoyer Paul à Jérusalem pour un procès en bonne et due forme mais sous son autorité et sa protection. C’était dans la capitale religieuse que se jugeaient les violations de la loi juive, mais Paul étant Romain, il relève de la justice de l’empereur et Festus n’a pas le droit, sans son consentement, de l’envoyer dans la forteresse de ses ennemis.
Versets 10-11
Je continue.
— Non, répliqua Paul, je me tiens ici devant le tribunal de l’empereur, et c’est devant ce tribunal que je dois être jugé. Quant aux Juifs, je ne leur ai fait aucun tort, tu as pu fort bien t’en rendre compte par toi-même. Si je suis coupable et si j’ai commis un crime passible de la peine de mort, je ne refuse pas de mourir. Mais si les accusations de ces gens-là sont sans aucun fondement, nul n’a le droit de me livrer entre leurs mains. J’en appelle à l’empereur ! (Actes 25.10-11).
Le disque est rayé. Paul croit faire un cauchemar; il se rend compte qu’avec le nouveau gouverneur, il est encore et toujours dans le même guêpier. L’apôtre en appelle au tribunal de César parce qu’il est innocent à l’égard des Juifs; il peut donc récuser leur juridiction. Il sait très bien que le gouverneur croit qu’il est innocent car il ne laisserait pas libre de choisir ses juges un homme qu’il soupçonne d’être coupable. Et puis qui sait si ce Festus ne va pas lui aussi recevoir des pots-de-vin et autres dessous de table pour fermer les yeux sur une injustice. Comme un homme averti en vaut deux, Paul ne se fait aucune illusion. Même s’il arrive vivant à Jérusalem, la possibilité d’y subir un procès équitable est quasiment nulle. Alors, il interprète la suggestion de Festus d’aller à Jérusalem comme un arrêt de mort, car il sait fort bien que les membres du Grand-Conseil n’auront de repos que lorsqu’ils l’auront éliminé. Les religieux avaient déjà voulu l’assassiner une première fois deux ans plus tôt. Plus de 40 hommes avaient alors juré de lui faire la peau à force d’imprécations contre eux-mêmes. Ils s’étaient jurés de ne pas manger ni boire jusqu’à ce qu’ils aient assassiné Paul. On ne sait pas ce qu’ils sont devenus, mais s’ils ont tenu parole, ils sont tous morts depuis longtemps.
Paul a de bonnes raisons de penser que cette bande de chacals essaiera encore une fois. De plus, les accusations politiques portées contre lui sont suffisamment graves pour lui valoir la peine de mort. Tout bien considéré, sa situation présente ne lui est plus favorable. Certes, il a eu des occasions en or d’annoncer la Bonne Nouvelle de Jésus-Christ tout autour de lui, et même à des personnages importants de l’empire mais il y a un temps pour tout et ce temps est révolu. Maintenant que Paul a épuisé ces opportunités, il se dit que ce n’est plus la peine de moisir plus longtemps au fond d’un cachot sans bonne raison. Alors, ayant la conviction qu’il doit aller à Rome, il saute sur cette occasion pour s’offrir une croisière en mer gratuite. Il va entreprendre un voyage qui le conduira dans la capitale de l’Empire aux frais de la princesse. En effet, selon la loi, chaque citoyen peut s’il le désire en appeler à César lui-même et à la cour impériale. Ce droit est garanti dans toutes les provinces romaines ; il était essentiel pour être protégé des gouverneurs véreux.
Moi, je suis en admiration devant la grandeur d’âme de l’apôtre Paul. Son choix d’aller en prison ou d’en sortir ne repose pas du tout sur ce qu’il peut considérer comme ses intérêts personnels, mais dépend uniquement et entièrement des opportunités qu’une telle situation présente pour lui d’annoncer la Bonne Nouvelle de Jésus-Christ.
Commentaire biblique radiophonique écrit par le pasteur et docteur en théologie : Vernon McGee (1904-1988) et traduit par le pasteur Jacques Iosti.