#54 Le Potier (Esaïe 64.1-65.5)
Ésaïe fonde sa prière sur l’élection de la grâce qui a fait d’Israël l’héritage de l’Éternel. Certes, Dieu avait promis aux Hébreux qu’ils posséderaient le pays à perpétuité et qu’il les délivrerait de leurs ennemis, mais à condition qu’ils lui demeurent fidèles. Mais comme ils se sont rebellés contre Dieu, ils ont subi sa colère. Le royaume des dix tribus a disparu et les Assyriens ont saccagé Juda. Il faut remarquer que sous l’Ancienne Alliance, Dieu est le père de la nation d’Israël et non pas des individus comme sous le régime de la grâce.
Oh, si tu déchirais le ciel et si tu descendais en secouant les montagnes ! Comme le feu consume le bois mort et fait bouillir l’eau, fais-toi connaître à tes adversaires pour que toutes les nations tremblent devant toi. Si tu accomplissais des actes redoutables inattendus et si tu descendais, les montagnes trembleraient devant toi (Ésaïe 64.1-3 ; cp Exode 19.18 ; Esaïe 13.10, 13 ; 24.18-20 ; Juges 5.5 ; Habacuc 3.6 ; Esaïe 10.17 ; 30.27 ; 33.12, 14 ; Apocalypse 16.15-16).
C’est du fond de ses entrailles qu’Ésaïe crie à Dieu pour qu’il intervienne contre les ennemis de son peuple, et les fasse disparaître comme de la fumée ou de la vapeur d’eau. Dans les Écritures, l’apparition de Dieu est souvent accompagnée d’un chamboulement de la nature, comme lorsqu’il a donné la Loi à son peuple.
Jamais on n’a appris ou entendu, jamais on n’a vu qu’un autre Dieu que toi agir en faveur de ceux qui s’attendent à toi (Ésaïe 64.4 ; cp Deutéronome 4.34 ; 2Samuel 7.23 ; 1Corinthiens 2.9).
Ésaïe et les Israélites pieux sont réconfortés à la pensée des délivrances miraculeuses d’autrefois et en particulier leur sortie d’Égypte qui s’est faite avec perte et fracas pour les Égyptiens.
Tu viens à la rencontre de celui qui aime et pratique la justice et qui, en ton nom, obéit à tes ordonnances. Mais tu t’es irrité car nous vivons dans le péché depuis longtemps. Comment serions-nous sauvés ? (Ésaïe 64.5).
Ésaïe s’identifie au peuple et confesse son état de péché qui empêche l’Éternel d’intervenir.
Nous sommes tous des êtres impurs, tous flétris comme un feuillage, et nos fautes nous emportent comme le vent. Notre justice est comme des linges menstruels souillés. Personne ne t’invoque, nul ne revient à toi. Tu nous as rejetés et nous périssons dans nos péchés (Ésaïe 64.6-7 ; cp Lévitique 15.19-24 ; Philippiens 3.5-8).
À cause de leur état moral et spirituel délabré, les Israélites seront balayés jusqu’à Babylone. Mais cette description très crue de leur état de péché s’applique aussi à vous et à moi, comme l’écrit d’ailleurs l’apôtre Paul. Quant à nos meilleures œuvres et notre conduite pieuse, elles sont souillées par notre péché.
Pourtant, Éternel, tu es notre père. Nous, nous sommes l’argile et tu es le potier qui nous a façonnés : nous sommes tous l’ouvrage de tes mains, Ne sois pas furieux à l’excès, Éternel, et oublie nos fautes ! Daigne porter ton regard miséricordieux sur nous, ton peuple ! (Ésaïe 64.8 ; cp Esaïe 29.16 ; 45.9 ; 63.16).
C’est la troisième fois qu’Ésaïe utilise l’image du potier. Il supplie l’Éternel de pardonner à Israël, parce qu’il l’a choisi pour fils et qu’il est incapable de s’améliorer ; Dieu seul, qui l’a façonné, peut le remodeler.
Je vois tes villes saintes dépeuplées ; Israël est un désert ; Jérusalem est désolée ; notre magnifique Temple saint où nos ancêtres te louaient, est la proie des flammes, et tout ce qui nous était cher est en ruine (Ésaïe 64.9-10 ; cp 2Rois 25.8-10).
Dans son intuition prophétique, Ésaïe voit déjà Israël détruit, ce qui aura lieu environ un siècle plus tard.
Face à tant de misères, comment peux-tu, ô Éternel, demeurer sans rien faire et ne rien dire ? Vas-tu nous affliger au-delà de toute mesure ? (Ésaïe 64.11-12 ; Esaïe 63.15 ; 42.14).
Ésaïe ne comprend pas pourquoi Dieu n’a pas pitié de son peuple et n’interviens pas contre ses agresseurs.
Je me suis laissé consulter par ceux qui n’avaient rien à voir avec moi et je me suis laissé trouver par ceux qui ne me cherchaient pas. J’ai dit : “ me voici, je suis là ! ” aux peuples qui ne m’invoquaient pas. Par contre, j’ai tendu les mains, à longueur de journée, vers un peuple rebelle qui marchait dans une mauvaise voie selon sa propre volonté (Ésaïe 65.1-2 ; Romains 10.20-21 ; Matthieu 21.43 ; Actes 13.46).
L’apôtre Paul applique le premier verset de ce passage aux non-Juifs et le second aux Juifs. S’étant détourné d’Israël, Dieu va au-devant des païens, sans leur adresser de reproche parce qu’ils ne le connaissent pas.
Oui, ce peuple provoque ma colère ouvertement et constamment. Dans les jardins sacrés, il offre des sacrifices aux idoles et sur des autels, il leur brûle des parfums. Ils vont dans les sépulcres pour invoquer les morts ; ils consomment du porc et des aliments impurs (Ésaïe 65.2-5; cp Lévitique 11.7-8 ; Deutéronome 18.10-11).