#37 Souffrances et gémissements (Lamentations 2.8-3.18)
L’Éternel avait dessiné les plans du Temple et ordonné à Salomon de le construire, mais il l’a détruit comme si c’était une vulgaire cabane. Sur son emplacement, au lieu du son joyeux des jours de fête, on entend les cris de triomphe des ennemis. Ce ne sont pas les rites religieux qui arrêtent le jugement mais la repentance.
L’Éternel a résolu d’abattre les murs de Jérusalem et il a tout détruit. Le rempart mène le deuil ; ses portes sont enfouies sous les décombres ; il les a fracassés. Son roi et ses ministres sont exilés. Il n’y a plus de Loi, et ses prophètes ne reçoivent plus de révélations (Lamentations 2.8-9).
La Loi et les prophètes sont les deux amarres du Judaïsme et le temple était le lieu de la présence de Dieu, mais tout a disparu, et porte donc à croire que l’Éternel a abandonné son peuple.
Les vieillards sont assis par terre en silence. Ils portent des habits de deuil faits de toile de sac et les jeunes filles de Jérusalem courbent la tête. Mes yeux brûlent à force de verser des larmes et l’émotion m’étrangle. Tout courage m’a quitté à cause des malheurs qui ont frappé mon peuple, à cause des petits enfants qui meurent dans les rues de la ville, et qui demandent à leurs mamans : “ Où y a-t-il du pain ? ” Ils tombent comme blessés, et rendent leur dernier souffle sur le sein de leurs mères (Lamentations 2.10-12).
Se rappelant les derniers jours du siège de Jérusalem, Jérémie est déchiré de l’intérieur ; il revoit une scène atroce qui le hante : des petits enfants affamés en train de mourir dans les bras de leur mère.
A qui te comparer pour te consoler, ô peuple de Jérusalem ? Ton désastre est immense. Qui te guérira ? Tes prophètes t’ont menti ; ils n’ont pas dénoncé tes fautes pour t’éviter l’exil. Les passants se moquent de toi, toi qu’on appelait « beauté parfaite, joie de toute la terre ». Tous tes ennemis te dévorent, ils sifflent, ils grincent des dents et disent : “ Nous l’avons engloutie, c’est le jour que nous attendions. Enfin nous y sommes ! ” L’Éternel a accompli la parole qu’il avait prononcée depuis longtemps. Il a tout démoli sans aucune pitié. Il a réjoui tes ennemis et a exalté leur puissance (Lamentations 2.13-17 ; cp Deutéronome 28.15-68).
Les peuples voisins, ennemis héréditaires d’Israël, se réjouissent de la ruine de Jérusalem. Mais Dieu avait averti son peuple que s’il se rebellait, il le punirait sévèrement, et c’est ce qu’il a fait.
Le peuple crie vers le Seigneur. Et toi Jérusalem, pleure jour et nuit sans relâche. Que tes supplications s’élèvent dans la nuit ! Épanche ton cœur devant le Seigneur ! Lève les mains vers lui pour la vie de tes enfants qui meurent de faim dans les rues. Éternel, qui as-tu traité de la sorte ? Des femmes dévorent les bébés qu’elles ont choyés, prêtres et prophètes sont tués jusque dans le temple. Les enfants et les vieillards jonchent les rues. Mes jeunes gens sont tombés par l’épée. Tu les as abattus au jour de ta colère, tu les as égorgés sans pitié. Tu as convoqué des peuples redoutables comme en un jour de fête. Terreurs de toutes parts. Nul n’a échappé. L’ennemi a exterminé ceux que j’avais choyés (Lamentations 2.18-22).
Les rescapés et Jérusalem personnifiée se lamentent, à cause des atrocités qui ont eu lieu vers la fin des 18 mois de siège de la ville, un châtiment qui faisait partie des malédictions de la Loi (Lévitique 26.29 ; Deutéronome 28.53, 56).
Je suis l’homme qui a vu la souffrance sous les coups de la colère de l’Éternel. Contre moi, il étend constamment sa main. Il a usé ma chair, ma peau, il a brisé mes os. Il a dressé contre moi des remparts d’amertume. Comme les morts, il m’a fait habiter dans les ténèbres. Il m’a enfermé et chargé de lourdes chaînes. J’ai beau crier et implorer : il ne m’écoute pas (Lamentations 3.1-8).
Le chapitre 3 comprend 22 strophes par groupe de trois versets. Le premier groupe commence par la première lettre de l’alphabet hébreu, le deuxième par la seconde lettre et ainsi de suite. Les 18 premiers versets sont une longue plainte désespérée sans la moindre lueur d’espoir. Jérémie parle au nom de l’Israélite fidèle, mais abandonné par Dieu, car il porte sur lui le poids du péché et du malheur national.
Il a barré tous mes chemins avec d’énormes pierres, il rend ma route impraticable. Il m’a épié comme un ours aux aguets, un lion en embuscade. Il m’a mis en pièces et fait de moi une terre dévastée. Il m’a pris pour cible avec son arc et m’a percé les reins avec ses flèches. Je suis constamment la risée de mon peuple. Il m’a gavé d’herbes amères et m’a abreuvé d’absinthe. Il m’a brisé les dents en me faisant broyer du gravier ; il m’a couvert de cendre. Je suis dégoûté de la vie faute de paix et je ne sais plus ce qu’est le bonheur. Alors j’ai dit : je n’ai plus de force et plus d’espérance loin de l’Éternel (Lamentations 3.9-18).