#27 Le jour des Rameaux (Matthieu 21.6-41)
Le Jour des Rameaux, Jésus n’entre pas dans Jérusalem pour prendre le pouvoir mais pour offrir le royaume de Dieu. C’est pourquoi, quand Matthieu cite la prophétie de Zacharie (9.9), il omet de mentionner la victoire militaire du roi et les acclamations de Jérusalem, car se sont des événements encore lointains.
« Les disciples amenèrent l’ânesse et l’ânon, mirent sur eux leurs vêtements, et firent asseoir Jésus dessus. Ceux qui précédaient et suivaient Jésus criaient : hosanna au Fils de David, le prophète de Nazareth en Galilée ! » (Matthieu 21.6-11).
Cette entrée dite « triomphale » n’en est pas une puisqu’elle se termine sur une croix.
« Jésus entra dans le temple, chassa tous les vendeurs et acheteurs, renversa les tables des cambistes et dit : il est écrit ma maison sera appelée une maison de prière. Mais vous, vous en faites une caverne de voleurs ! » (Matthieu 21.12-13).
Jésus entre dans le temple comme le maître des lieux pour nettoyer le trafic honteux et frauduleux qui s’y fait, mais qui rapporte un argent fou, et je pèse mes mots, aux chefs religieux.
« Des aveugles et des boiteux s’approchèrent de lui et il les guérit. Mais les prêtres et les scribes indignés à la vue des prodiges et des enfants qui criaient hosanna au Fils de David ! lui dirent : entends-tu ce qu’ils disent ? Oui ! N’avez-vous jamais lu ces paroles : tu as tiré des louanges de la bouche des enfants ? » (Matthieu 21.14-16; comparer avec Psaume 8.2).
Jésus accueille dans sa maison ceux qui d’habitude sont interdits d’accès. Les religieux le haïssent car il se proclame le Messie et assoit son autorité sur le temple qui est leurs plates-bandes.
« Le matin, en retournant à la ville, il eut faim. Voyant un figuier, il s’en approcha mais n’y trouvant que des feuilles, il lui dit : que jamais fruit ne naisse de toi ! Et à l’instant le figuier sécha » (Matthieu 21.18-19).
C’est le seul miracle de Jésus qui annonce un châtiment, celui d’Israël souvent symbolisé par le figuier. Les Juifs ont un abondant feuillage de cérémonies rituelles et de traditions, mais cette apparente piété cache une religion sèche jusqu’aux racines et qui donc ne produit aucun fruit.
« Les disciples très étonnés dirent : comment ce figuier est-il devenu sec en un instant ? Jésus répondit : je vous l’assure, si vous avez la foi et ne doutez pas, quand vous direz à cette montagne ôte-toi de là et jette-toi dans la mer, cela se ferait. Si vous priez avec foi, tout ce que vous demanderez, vous l’obtiendrez » (Matthieu 21.20-22).
Les disciples demandent comment Jésus a fait ce prodige ; or, il ne ré-pond jamais aux questions de pure curiosité mais profite de cette occasion pour rappeler que par une foi ferme « au nom de Jésus » et sous la conduite de son Esprit, ils feront eux aussi des prodiges extraordinaires.
« Jésus alla au Temple pour enseigner. Les chefs des prêtres et du peuple l’interpellèrent : qui t’a donné le droit de faire cela ? Jésus répondit : j’ai aussi une question à vous poser. Si vous me répondez, je vous dirai de quel droit je fais cela. De qui Jean tenait son mandat pour baptiser, de Dieu ou des hommes ? Alors ils se mirent à raisonner : si nous disons « De Dieu », il va dire : « Pourquoi alors n’avez-vous pas cru en lui ? ». Mais si nous répondons : « Des hommes », nous devons craindre la foule car elle tient Jean pour un prophète. Ils répondirent donc : nous ne savons pas. Alors, il leur dit : eh bien, je ne vous dirai pas de quel droit j’agis comme je le fais » (Matthieu 21.23-27).
Tel est pris qui croyait prendre. Les religieux sont forcés de faire un aveu humiliant. Ce qui compte pour eux est un dossier bien ficelé et agréé par eux, le pouvoir en place. Ils contestent Jésus uniquement parce qu’ils sont jaloux. Cet incident révèle l’autorité et la sagesse extraordinaires de Jésus dans une situation de grande hostilité.
« Que vous en semble ? Un homme a deux fils. Il dit au premier : va travailler dans ma vigne. Mais il répond : je n’irai pas ; puis il se repent et y va. L’homme dit la même chose à l’autre. Il répond : je veux bien mais n’y va pas. Lequel des deux a fait la volonté du père ? Ils répondent : le premier ! Oui, et je vous l’assure, les mécréants et les prostituées vous devanceront dans le royaume de Dieu. Jean-Baptiste a vécu une vie juste et vous n’avez pas cru en lui, mais les mécréants et les prostituées ont cru en lui ; et malgré cela vous ne vous êtes pas ensuite repentis pour croire en lui » (Matthieu 21.28-32).
Quelle terrible insulte faite aux religieux. D’abord il les oblige à dire qu’ils n’ont pas la compétence de le juger, et maintenant il les force à prononcer leur propre condamnation.
Voilà maintenant une nouvelle parabole où « le maître » est Dieu, « la vigne » est Israël, « le fils » est Jésus, « les vignerons » sont les chefs du peuple, et « les serviteurs » sont les prophètes. Je la lis.
« Le maître d’un domaine plante une vigne, l’entoure d’une haie, y creuse un pressoir, bâtit une tour, puis la confie à des vignerons et quitte le pays. Au moment de la récolte, il envoie ses serviteurs pour recevoir une part du produit de sa vigne. Mais les vignerons battent l’un, tuent l’autre et lapident le troisième. Il envoie alors son fils, croyant qu’ils le respecteront. Mais les vignerons se disent : tuons l’héritier et emparons-nous de la vigne. Et c’est ce qu’ils font. Quand le maître viendra, que fera-t-il à ces vignerons ? Il fera périr ces misérables et confiera la vigne à d’autres vignerons » (Matthieu 21.33-41).