#02 Le mauvais comportement de Juda (Esaïe 1.2-14)
Une partie du ministère d’Ésaïe est liée à trois événements qui affectent Juda : une invasion (en 734) par le roi de Syrie et le roi du royaume israélite des 10 tribus du nord, qui veulent remplacer Ahaz (742-727) parce qu’il est pro-assyrien. Le 2e événement est l’invasion de Juda (701 av. J-C) par le roi assyrien Sennachérib sous le règne d’Ézéchias (727-698), qui est un bon roi. Ésaïe l’exhorte alors à tenir ferme dans sa foi, à ne pas accepter la capitulation exigée par les Assyriens, et il annonce leur destruction par l’Éternel, ce qui a lieu la nuit suivante (700 av. J-C ; Ésaïe 10.5, 12, 16, 24-25, 32 ; 14.25 ; 31.8 ; 41.12 ; 2Rois 19.32-36).
Le troisième événement significatif est l’arrivée à Jérusalem d’une délégation babylonienne, qui vient pour féliciter Ézéchias de sa guérison d’une grave maladie (chapitre 38). Mais le véritable objectif de cette ambassade est de conclure une alliance avec Ézéchias contre l’Assyrie mais elle échoue. Malheureusement, dans un accès d’orgueil, Ézéchias fait le beau (chapitre 39.1-2) et dévoile aux Babyloniens ses trésors et son arsenal militaire. Suite à ce fiasco, Ésaïe annonce au roi le futur exil du peuple de Juda à Babylone (en 586 av. J-C ; chapitre 39.6-7). Je continue le texte.
Cieux, écoutez, terre, tends l’oreille, c’est l’Éternel qui parle : J’ai nourri des enfants, je les ai élevés, mais ils se sont révoltés contre moi. Le bœuf connaît son maître et l’âne sait qui le nourrit, mais Israël ne veut rien savoir. Mon peuple est stupide (Ésaïe 1.2-3 ; cp Deutéronome 4.26 ; 32.1).
L’introduction au livre est un réquisitoire qui dénonce l’impiété et l’immoralité des Israélites qui se couvrent sous le manteau d’un formalisme religieux. Ésaïe fait ce discours sous le règne d’Ézéchias lors de l’invasion de Juda par l’Assyrie. L’Éternel fait un procès à son peuple. Il fait appel au ciel et à la terre personnifiée, pour qu’ils témoignent que sa colère est justifiée à cause de la gravité des fautes des habitants de Juda. Puis Dieu se moque du peuple de Juda car sa conduite montre qu’il est moins intelligent que le bœuf et l’âne.
Malheur à toi, nation coupable, peuple chargé de crimes, race de malfaiteurs et enfants corrompus ! Vous avez abandonné l’Éternel, méprisé le Saint d’Israël (Ésaïe 1.4 ; cp Esaïe 6.3).
L’expression « Le Saint d’Israël » apparaît 25 fois dans Ésaïe pour souligner que la sainteté est le principal attribut de Dieu. La sainteté exprime, d’une part, la perfection dans le domaine moral et de la justice, et d’autre part, le rapport privilégié que l’Éternel entretient avec son peuple, à condition qu’Israël devienne une nation sainte et manifeste la sainteté de Dieu au monde. Mais comme la nation est infidèle, l’Éternel dresse un acte d’accusation contre elle. Dieu est le juge du ciel et de la terre à commencer par son peuple. Il punit toute iniquité et ne laisse rien passer. D’ailleurs, plusieurs fois dans les Écritures l’Éternel est décrit comme une flamme ardente (Exode 3.2 ; Daniel 10.6-9 ; Apocalypse 1.14 ; 2.18 ; 19.12).
Tout au long de son histoire, le gros péché d’Israël a été l’idolâtrie, qui était inévitablement suivie de corruption morale, de l’anarchie politique et du déclin économique. Mais presque chaque fois qu’une catastrophe atteignait Israël, au lieu de se repentir, le peuple demandait un changement politique.
Où vous frapper encore à cause de votre rébellion ? Des pieds à la tête ce ne sont que blessures, contusions et plaies qui n’ont pas été soignées avec de l’huile. Votre pays est désertique, vos villes sont détruites et vos campagnes ravagées par des étrangers. L’envahisseur a tout dévasté (Ésaïe 1.5-7 ; cp Lévitique 26 ; Deutéronome 28).
Il s’agit de l’invasion assyrienne sous le règne d’Ézéchias. Juda est comparé à un homme tellement meurtri qu’il n’offre plus un seul endroit où il peut encore être frappé. C’est par ces images frappantes qu’Ésaïe décrit les fruits amers que le peuple recueille à cause de son idolâtrie sous le roi Ahaz.
Jérusalem est comme une tour de garde entourée d’ennemis. Si le Seigneur des armées célestes, ne nous avait laissé un faible reste, nous serions devenus comme Sodome et Gomorrhe (Ésaïe 1.8-9 ; cp Romains 9.29).
Lors de l’attaque assyrienne, seule Jérusalem a résisté. Les Israélites ont subi ce châtiment parce que leurs actions étaient tout aussi graves que les habitants des villes maudites citées. « Le Seigneur des armées célestes » est une expression fréquente qui souligne la souveraineté de l’Éternel sur tout l’univers. Les Écritures font une grande différence entre les descendants d’Abraham selon la chair et l’Israël de Dieu appelé « faible ou petit reste » et composé des personnes fidèles à l’Éternel.
Écoutez bien ce que dit l’Éternel, vous, chefs de Sodome, et vous peuple de Gomorrhe, Que m’importe tous vos sacrifices ? Je suis rassasié des holocaustes de béliers, de la graisse des veaux et des sacrifices de taureaux, agneaux et boucs (Ésaïe 1.10-11 ; cp Amos 5.21-25 ; Osée 6.6 ; Matthieu 5.23-24 ; 9.13).
De toutes les critiques de l’hypocrisie religieuse par les prophètes, celle-ci est la plus virulente. Comme d’autres prophètes et Jésus, Ésaïe condamne la corruption spirituelle et morale de ses contemporains ainsi que leur religion formaliste, car ils s’imaginent bien à tort, qu’elle satisfait l’Éternel.
Qui vous a demandé de profaner mes parvis ? Cessez de m’apporter des offrandes de mensonge. J’ai horreur de l’encens. Je déteste vos assemblées cultuelles mêlées au péché, et vos fêtes sont un fardeau pour moi ; je suis las de les supporter (Ésaïe 1.12-14 : cp Exode 23 ; Lévitique 16 ; 23).