#16 Seconde conspiration contre Jérémie (Jérémie 18.1-19.9)
La fin du chapitre 17 est consacré au sabbat. L’Israélite qui le respectait, observait aussi toute la Loi. Devant la porte réservée au peuple se trouvait un marché même les jours de Sabbat. Par ailleurs, depuis le règne du roi Saül, le peuple ne laissait pas les terres en jachère l’année sabbatique. Les Israélites croyaient pouvoir violer la Loi en toute impunité, mais après 490 années de désobéissance, en l’an 587 avant Jésus-Christ, l’Éternel est venu visiter son peuple à la tête des armées de Babylone et lui a présenté la facture : 70 années d’exil. On ne trompe pas Dieu impunément ; un jour ou l’autre, nous devrons tous lui rendre des comptes.
L’Éternel dit à Jérémie : va chez le potier. Je me rendis donc chez le potier qui était en train de travailler sur son tour. Mais le récipient qu’il façonne échoue. Alors le potier en refait un autre comme il veut (Jérémie 18.1-4 ; cp Romains 9.20-21).
Jérémie observe le potier. Il fabrique un pot, le rate et recommence. C’est lui qui décide ce que sera l’objet fini car l’argile ne dit jamais rien et se soumet à la volonté du potier. Ainsi en est-il de la souveraineté de Dieu sur ses créatures. Nul ne peut s’opposer à sa volonté, et lui n’a de comptes à rendre à personne.
L’Éternel me dit alors : peuple d’Israël, ne puis-je pas agir à votre égard comme a fait ce potier ? Vous êtes entre mes mains, comme de l’argile ! Parfois, je décide d’anéantir une nation, mais si elle cesse de faire le mal, je renonce à la détruire. Si par contre, je projette d’édifier une nation et qu’elle fait le mal et ne m’écoute pas, je renonce à l’établir (Jérémie 18.5-10).
Si l’homme ne répond pas à sa volonté, Dieu change de moyen ; il semble donc adapter sa conduite à celle de l’homme, mais ce n’est qu’une apparence, car son action entre toujours dans ses décrets éternels.
Dis aux habitants de Juda et de Jérusalem : moi l’Éternel je prépare votre malheur. Abandonnez donc votre mauvaise conduite et agissez bien. Mais ils te répondront : c’est peine perdue car nous en ferons à notre tête et chacun agira selon les penchants de son cœur mauvais. ” La neige n’abandonne pas la chaîne du Liban et les eaux qui en descendent ne tarissent pas. Par contre, mon peuple m’a délaissé et offre des parfums à des idoles. Ils ont quitté le droit chemin pour emprunter leur propre voie qui détruira leur pays. Comme le vent d’orient, je les disperserai ; au jour de leur ruine je leur tournerai le dos (Jérémie 18.11-17).
L’Éternel oppose la permanence des phénomènes naturels à l’inconstance des Israélites, qui déclarent ouvertement qu’ils n’ont aucune intention de changer parce qu’ils se sont endurcis au point de s’interdire tout changement. Comme les menaces de l’Éternel resteront lettre morte, le châtiment est inévitable.
Alors certains dirent : complotons contre Jérémie ! De toute façon, nous avons nos prêtres qui enseignent la loi, nos chefs politiques qui nous dirigent et nos prophètes qui annoncent la parole. Répandons des calomnies sur lui et ignorons tout ce qu’il dit ! (Jérémie 18.18 ; cp Luc 20.29).
C’est la seconde conspiration contre Jérémie. Ses ennemis veulent l’accuser de blasphème pour ensuite l’exécuter, une stratégie que les Pharisiens utiliseront plus tard contre Jésus.
Ô Éternel, écoute ce que disent mes ennemis. En voulant me tuer, ils rendent le mal pour le bien, car je me suis tenu devant toi pour détourner d’eux ta colère ! Livre donc leurs fils à la famine et à l’épée ! Prive leurs femmes de leurs enfants et que leurs maris soient frappés par la peste ! Mais toi, ô Éternel, tu sais qu’ils complotent de me faire mourir. Ne pardonne pas leur forfait et agis contre eux ! (Jérémie 18.19-23).
Jérémie implore la protection de Dieu et prononce une nouvelle imprécation contre ses ennemis.
L’Éternel me dit : prends avec toi quelques chefs du peuple et chefs des prêtres, va chez le potier et achète une jarre en terre cuite. Tu sortiras du côté de la vallée Ben-Hinnom, et tu diras ; écoutez, vous, rois de Juda et habitants de Jérusalem, voici ce que déclare le Seigneur des armées célestes, le Dieu d’Israël : je vais envoyer sur ce lieu un terrible malheur parce qu’ils m’ont abandonné et profané ce lieu en offrant un culte aux idoles. Ils ont rempli ce lieu du sang des innocents et ils ont érigé des sanctuaires à Baal pour brûler leurs enfants en sacrifice, un acte odieux qui ne m’est pas venu à la pensée. C’est pourquoi le jour vient où ce lieu ne sera plus appelé, vallée Ben-Hinnom ou vallée du Tambour, mais “ la vallée du massacre ” (Jérémie 19.1-6 ; cp Jérémie 7.31-32).
Cette vallée maudite servait de dépotoir, mais on y battait aussi du tambour pour couvrir les cris des enfants brûlés vifs. Dieu est indigné par de tels sacrifices strictement interdits par la Loi (Lévitique 18.21 ; Deutéronome 18.10).
J’anéantirai tous vos projets et vous succomberez par l’épée. Je livrerai vos corps en pâture aux bêtes sauvages. Je dévasterai cette ville et tous ceux qui passeront se moqueront de ses ruines. Vous mangerez la chair de vos fils et vos filles, dans les affres du siège et de l’angoisse auxquels vous réduiront vos ennemis (Jérémie 19.7-9 ; cp Deutéronome 28,53-57 ; Lévitique 26.29 ; Lamentations 2.20 ; 4.10 ; Ezéchiel 5.10 ; Josèphe : guerre des Juifs VI.3,4).