#15 Dieu évoque son œuvre de création (Job 38.1-39.21)
Job a supplié Dieu de lui répondre. Eh bien le voilà ! Mais il ne lui dit pas un mot concernant le défi du diable. D’ailleurs nous ignorons comment l’auteur l’a appris. Le réquisitoire des quatre derniers chapitres du livre est le plus long de tous les discours solennels de l’Éternel que nous rapportent les Textes Sacrés. Cette exaltation des merveilles de la création est d’une splendeur littéraire inégalée dans le Proche Orient.
Je commence le chapitre 38.
Du sein de la tempête, l’Éternel dit à Job : mais qui est donc celui qui tente de s’opposer à mes objectifs en parlant pour ne rien dire ? Mets ta ceinture, comme un guerrier : je vais te questionner et tu m’enseigneras (Job 38.2-3).
Dans le prologue du livre, Dieu est appelé « l’Éternel » qui est son nom d’alliance avec les hommes. Mais ensuite il est « le Tout-Puissant », le Dieu lointain. Mais dans sa réponse à Job, il est à nouveau le Dieu proche de l’homme. Plusieurs fois, Job a suggéré que Dieu trouverait en lui un combattant digne de ce nom. Dieu le prend au mot et ça va chauffer.
Où étais-tu quand je posai les fondations du monde ? Qui en a fixé les mesures ? Dans quoi les socles de ses colonnes s’enfoncent-ils ? Qui en posa la pierre principale quand les anges de Dieu poussaient des cris de joie ? Qui a enfermé l’océan quand il a jailli, quand je lui ai dit : “ C’est jusqu’ici que s’arrêteront tes flots impétueux ” ? (Job 38.4-11).
Dans l’Antiquité, l’océan est vu comme une menace perpétuelle, mais Dieu manifeste sa puissance en lui fixant des limites. C’est en se moquant gentiment de Job que Dieu souligne son ignorance et son insignifiance. Les scientifiques qui refusent Dieu rejettent l’évidence et n’ont rien de solide à offrir à sa place. Par exemple, ils ne peuvent expliquer pourquoi la terre tourne sur elle-même et selon une trajectoire elliptique autour du soleil, et comment l’univers reste stable alors que tous les astres sont en mouvement.
As-tu, un seul jour de ta vie, commandé au matin, et assigné sa place à l’aube pour que sa lumière éclaire les extrémités de la terre et chasse les méchants ? Es-tu parvenu jusqu’aux sources des mers ? T’es-tu promené dans les profondeurs de l’abîme ? As-tu vu les portes de la mort, et se sont-elles ouvertes devant toi ? As-tu contemplé l’étendue de la terre ? Dis-le, si tu le sais (Job 38.12-18).
Le lever du jour permet de voir les détails et fait fuir ceux qui œuvrent dans les ténèbres. Les questions de Dieu fusent à toute vitesse et couvrent l’univers et le monde invisible. Tout étourdi, Job se voit clouer au pilori, mais gentiment.
Où est le chemin qui conduit à la lumière et où les ténèbres ont-elles leur demeure ? Tu dois le savoir puisque tu sais tout ! As-tu visité les dépôts de grêle que je tiens en réserve pour les temps de détresse et de guerre ? D’où vient le vent d’orient ? Qui provoque les éclairs et l’orage pour que la pluie tombe et fasse pousser la verdure ? Et qui fait naître les gouttes de rosée ? D’où vient la glace et qui enfante le givre ? Qui durcit les eaux et les transforme en pierre ? (Job 38.19-30).
La personnification des éléments naturels était courante en poésie. La grêle et le vent et tous les phénomènes météorologiques dévastateurs font partie de l’arsenal de guerre de l’Éternel. Il se moque de Job mais ne l’écrase pas, et son long discours prouve sa bienveillance envers lui.
Est-ce toi qui gardes attachées les étoiles des Pléiades et peux-tu séparer celles de la constellation d’Orion ? Fais-tu paraître les signes du Zodiaque en leur temps ? Conduis-tu la Grande Ourse et ses petits ? Connais-tu les lois qui régissent le ciel ? Est-ce toi qui ordonnes aux nuages de déverser des trombes d’eau et aux éclairs de partir ? Qui a donné la sagesse aux nuages et l’intelligence aux phénomènes célestes pour que la poussière coule en boue puis se soude en mottes ? (Job 38.31-38).
Environ 500 étoiles constituent les Pléiades. Sept d’entre elles font partie de la constellation du Taureau visible à l’œil nu. La constellation d’Orion a une forme oblongue et l’une des étoiles a une luminosité de 25 000 fois celle du soleil. Je commence le chapitre 39.
Apaises-tu la faim des lionceaux quand ils sont tous tapis au fond de leurs tanières ? Qui prépare au corbeau sa pâture quand ses oisillons affamés crient vers Dieu (cp Luc 12.24) ? Sais-tu quand les bouquetins enfantent ? Observes-tu les biches quand elles mettent bas ? (Job 39.1).
Dieu va mentionner 12 animaux qui se passent complètement de l’homme. Job avait accusé Dieu d’être cruel, mais que ce soit le lion ou le corbeau, ils font l’objet de sa sollicitude. L’Éternel montre bien à Job qu’il n’est pas capable de s’occuper du règne animal.
Qui a donné sa liberté à l’âne sauvage et l’a affranchi de tout lien ? Le buffle veut-il se mettre à ton service ? Compteras-tu sur lui pour moissonner ton grain ? L’autruche laisse ses œufs dans la poussière. Elle est sans cœur pour ses petits parce que Dieu l’a privée de sagesse. Mais quand elle prend son élan, elle dépasse cheval et cavalier. (Job 39.5-21).
L’âne sauvage au pied léger est gracieux et très grand. Le buffle aurochs est une variété d’antilope atteignant la taille d’un bœuf. Dieu est ironique quand il demande à Job s’il croit pouvoir exploiter ces animaux alors qu’ils n’ont jamais pu être domestiqués.