#14 Job, face à face avec Dieu (Job 36.1-37.24)
La plupart des verbiages d’Élihou sont inutiles, mais pas tous.
Je commence le chapitre 36.
Accepte que je t’enseigne car je n’ai pas épuisé les arguments qui plaident pour Dieu. Je m’adresse à toi avec un savoir sûr (Job 36.1-4).
Un peu téméraire sur les bords, Élihou se fait l’avocat du Tout-Puissant. Mais il nous donnera aussi une explication plausible aux malheurs de Job.
Dieu est grand et ne rejette personne mais il ne permet pas que vive le méchant et il fait droit aux malheureux. S’il afflige les justes c’est pour dénoncer leurs mauvaises actions et leur orgueil. Il les instruit et les exhorte à se détourner du mal. S’ils se soumettent, ils finissent leurs jours dans le bonheur, mais s’ils n’écoutent pas, ils périront. Mais les impies dans leur colère rejettent Dieu et ne crient pas à lui quand il les enchaîne. Aussi, leur vie s’éteint en pleine fleur de l’âge. Mais Dieu délivre l’affligé par son affliction même, et c’est par la souffrance qu’il le dispose à l’écouter (Job 36.5-15).
Bien qu’il fasse des généralisations à l’emporte-pièces, Élihou émet aussi une nouvelle idée importante. Contrairement aux trois amis, il dit que le juste peut connaître le malheur, qui est comme un coup de semonce ayant valeur pédagogique. Alors, la souffrance du juste a pour but de le purifier de toute racine du péché qui est en lui et de le préserver de toute chute. Le péché du juste est souvent l’orgueil et par la souffrance Dieu attire son attention et l’oblige à sonder son cœur. Cette nouvelle vision des choses est la bonne réponse aux questions de Job.
Ne sois pas aigri contre Dieu et ne te décourage pas à cause de ta détresse, et garde-toi de te révolter contre lui car la souffrance t’y dispose. Dieu est souverain par sa puissance. Souviens-toi de célébrer ses œuvres. Vois combien Dieu est grand mais sa grandeur nous échappe (Job 36.16-26).
Élihou tente de diriger les pensées de Job vers la grandeur insondable de Dieu. Comme il est impossible à l’homme de comprendre sa puissance et sa gloire, au lieu de se révolter contre lui et de l’accuser d’injustice, Job devrait se soumettre à lui, voire l’adorer du sein de sa détresse, et surtout ne pas se complaire dans le purin de sa propre justice. Élihou va terminer ses longs discours en décrivant la puissance de Dieu au travers des phénomènes naturels. Au chapitre 37 il commence par dire : « Écoutez, écoutez » parce qu’il semble qu’une tempête approche et c’est de son sein que Dieu répondra à Job.
Écoutez, écoutez tous ces grondements qui sortent de sa bouche et qui vont rouler dans l’étendue du ciel. Il tonne de sa voix majestueuse. Il dit à la neige : tombe sur la terre et paralyse l’activité humaine. Les animaux aussi se terrent dans leur gîte. Des profondeurs astrales des vents amènent la froidure. Sous le souffle de Dieu les étendues d’eau se figent en glace. Puis le beau temps revient. Job, arrête-toi et réfléchis aux merveilles de Dieu. Sais-tu comment Dieu fait jaillir l’éclair des nuages, comment ils se maintiennent en l’air ? Nous ne pouvons rien apprendre à Dieu, alors que peut-on lui dire ? Le Tout-Puissant dépasse notre compréhension. Suprême en puissance et riche en justice, il ne viole pas le droit. Voilà pourquoi les hommes doivent le révérer. Mais il ne s’intéresse pas à ceux qui se croient sages (Job 37.2-24).
Comme l’homme ne peut pas comprendre les merveilles du Créateur, il est absurde de le critiquer, et pourtant dans son insolence, Job exige que Dieu lui rende des comptes. Vers la fin du discours d’Élihou, une tempête s’annonce, ce qui fait fuir ceux qui assistent au débat. Mais Job est toujours assis sur la cendre quand tout à coup une voix se fait entendre. C’est l’Éternel. Job a frappé avec insistance à la porte céleste, suppliant le ciel de lui répondre. Il a réclamé à grands cris un arbitre, un médiateur, un avocat, qui défendrait sa cause. Sa supplique a été entendue mais la réponse ne correspond en rien à ce qu’il espérait. Il voulait aller devant une cour de justice afin de prouver qu’il est intègre et que Dieu est dans ses torts. Mais l’Éternel ne va pas répondre aux charges que Job fait peser sur lui, ni expliquer pourquoi il l’a frappé. Par contre il va l’interroger sur de nombreux aspects du règne animal et de la nature en général. Les questions fusent et vont des constellations aux bêtes sauvages en passant par les oiseaux. Job est décontenancé car le voilà au banc des accusés et il a la tête qui tourne devant ce barrage de questions, environ 70 auxquelles il ne sait que répondre. Pourtant, il a obtenu ce qu’il voulait, il est face à face avec Dieu.
En révélant sa puissance et sa sagesse, l’Éternel montre à Job son ignorance et sa folie. Comment peut-il vouloir avoir son mot à dire concernant les voies de Dieu et débattre avec lui alors qu’il ne peut répondre à une seule question ? Job est réduit au silence le plus complet et il se repent la face contre terre en mordant la poussière. Puisque l’Éternel gère parfaitement sa création, n’a-t-il pas le droit d’agir comme il le veut envers les hommes ? Essayer de comprendre Dieu est un exercice cérébral qui ne mène nulle part. Par contre, l’admirer et l’adorer est ce qu’il désire de moi. Gardons à l’esprit que Dieu n’a pas à répondre au questionnement des êtres humains ni justifier ses actions, par contre, chacun d’entre nous devra lui rendre des comptes.