#10 Le silence de Dieu (Job 22.21-27.23)
Après avoir descendu Job en flammes, Éliphaz change subitement de ton et termine sur une note positive car c’est son dernier discours.
Fais la paix avec Dieu et prends à cœur ses paroles, alors tu connaîtras le bonheur. Si tu reviens au Tout-Puissant, si tu t’éloignes du péché, tu seras rétabli. Si tu jettes l’or dans la poussière, le Tout-Puissant sera ta richesse. Tu feras de lui tes délices ; tu le prieras et il t’exaucera, tu auras du succès et tes chemins brilleront de lumière (Job 22.21-28).
Ce passage très vrai, s’applique pratiquement à tout le monde sauf à Job.
Et si quelqu’un est abattu, tu le relèveras, car Dieu vient au secours de qui baisse les yeux. Il délivrera même celui qui est coupable et c’est grâce à toi que cet homme sera sauvé (Job 22.29-30).
Éliphaz ne se doute pas qu’il prédit ce qui va se passer quand Job devra intercéder pour ses trois amis afin qu’ils reçoivent le pardon pour les faussetés qu’ils ont dites sur Job et sur Dieu.
Je commence le chapitre 23 où Job cherche désespérément Dieu.
Maintenant encore, ma plainte est une révolte. Oh ! si je savais où le trouver, je plaiderais ma cause devant lui et je connaîtrais sa réponse. Il me prêterait attention car c’est un homme droit qui s’explique avec lui. Alors je serais absous par mon juge. Mais où que j’aille, à l’est, à l’ouest, au nord, au sud, je ne le trouve pas. Il sait que j’ai marché sur la voie qu’il a prescrite et que j’ai gardé ses commandements (Job 23.1-12).
Cette lamentation d’un homme qui souffre sans comprendre est très émouvante. Job soupire après le Dieu de grâce mais il est frustré par son silence. Cependant, il croit que s’il pouvait converser avec lui, tout s’arrangerait, car Dieu sait qu’il est intègre.
La volonté de Dieu est arrêtée et nul ne peut s’y opposer. Il accomplira donc ce qu’il a résolu à mon égard et je suis terrorisé. Ce ne sont pas mes ténèbres qui me remplissent d’effroi, mais Dieu (Job 23.15-17).
Job sait bien que ses malheurs sont décrétés par Dieu et c’est la mort dans l’âme qu’il se soumet à son destin tragique.
Le chapitre 24 continue ses lamentations.
Pourquoi n’y a-t-il pas un temps réservé pour le jugement des impies, et pourquoi les justes ne le voient-ils pas ? On vole en toute impunité, l’orphelin et la veuve sont lésés. On écarte les pauvres, on force les malheureux à se cacher et ils se couchent tout nus, faute de vêtements. On arrache de force l’orphelin au sein de sa mère et on dépouille la femme sans défense. Mais Dieu ne prend pas garde à ces atrocités. Le meurtrier assassine le pauvre et la nuit il devient voleur. Selon vous, le méchant est emporté par le jugement. Sur terre son domaine est maudit et le voilà englouti par le séjour des morts. La vermine en fait ses délices et on l’oublie. Non, Dieu prolonge les jours des violents. Il leur donne la sécurité et les protège. Ils s’élèvent puis meurent comme tous les hommes. Qui me démentira (Job 24.1-25).
Tout en dressant la liste de graves péchés commis dans le monde, Job se lamente parce que, contrairement à ce que ses amis prétendent, les impies prospèrent car Dieu les laisse faire.
Le chapitre 25 rapporte le troisième et dernier discours de Bildad, mais il est plat, insignifiant et ultra court, car le pauvre est à court d’idées et les quelques lapalissades qu’il dit ont déjà été dites par Éliphaz.
À partir du chapitre 26, commence le 8e et le plus long discours de Job.
Ah, comme tu sais bien aider l’homme sans force ! Quel bon conseil tu donnes ! Mais à qui donc s’adressent tes discours ? Les morts tremblent au-dessous des mers car le shéol est à nu devant Dieu. Il suspend la terre au-dessus du néant. Il enserre les eaux dans des nuages et pourtant ils n’éclatent pas sous leur poids et par sa force Dieu soulève la mer. Mais tout ça n’est là qu’une infime partie de ce qu’il accomplit, ce dont nous ne percevons qu’en tant qu’un murmure léger (Job 26.1-14).
Job commence son discours par un sarcasme mordant adressé à Bildad mais il change vite de sujet et parle de la grandeur de Dieu qu’il connaît tout aussi bien que ses amis. On apprend que les anciens savaient déjà que la terre repose sur rien et que les nuages chargés de tonnes d’eau, ne les déversent que sous certaines conditions. Et il est bien vrai que nous ignorons encore aujourd’hui la plus grande partie des œuvres de Dieu.
À partir du chapitre 27 Job change de ton car la bataille de mots est terminée et il a remporté la victoire.
Par le Dieu vivant qui refuse de me rendre justice et par le Tout-Puissant qui m’a rempli d’amertume, tant que je vivrai, je ne dirai rien de faux. Jamais je ne vous donnerai raison. Jusqu’à mon dernier souffle, je proclamerai mon innocence car ma conduite est juste (Job 27.1-11)
C’est avec le plus solennel des serments que Job jure qu’il est un modèle de vertu. On pourrait le lui reprocher, mais comme son intégrité est sa seule raison d’être, qui lui jettera la pierre ?
Que peut espérer l’impie quand il est retranché ou quand la détresse fond sur lui ? Voici son lot : ses fils périront et s’il amasse l’argent, il sera pour les justes et sa maison pour les teignes. Il se couche riche et se réveille dépourvu de tout. On applaudit sa ruine et on se moque de lui (Job 27.13-23).
Après avoir contesté l’opinion de ses amis comme quoi les impies sont immédiatement et toujours châtiés par Dieu, il accepte aussi qu’ils sont parfois châtiés.