#04 Malheur à la ville sanguinaire (Nahoum 3.1-14)
Dieu va détruire les armes de l’Assyrie, mettre à mort ses jeunes gens et délivrer ses prisonniers. Elle n’enverra plus jamais d’émissaires qui menaçaient les peuples, leur imposaient un lourd tribut et blasphémaient l’Éternel.
Malheur à la ville qui répand le sang, ville où tout n’est que fraude et violences et qui ne cesse jamais ses rapines (Nahoum 3.1).
Tuer et piller étaient les occupations courantes des Assyriens. Leurs annales montrent qu’aucun autre peuple ne fut aussi rapace, tyrannique et cruel. Babylone, et même Jérusalem à un certain moment, seront tout aussi ignobles.
Fouets qui claquent ! Fracas des roues ! Galop des chevaux ! Déferlement de chars ! Charge des cavaliers ! Flamboiement des épées ! Éclairs des lances ! Blessés sans nombre ! Cadavres à perte de vue sur lesquels on trébuche (Nahoum 3.2-3).
Dans sa vision prophétique, Nahoum entend d’abord le bruit lointain des fouets, des roues des chariots et le galop des chevaux. Puis apparaît l’armée conquérante qui déferle comme un tsunami, laissant derrière elle des amas de blessés et de cadavres. Cette scène de bataille est la plus vivide de la littérature hébraïque.
Cela arrive à cause des nombreuses débauches de la prostituée à la beauté si séduisante, experte en sortilèges, et qui asservissait les peuples par ses enchantements (Nahoum 3.4).
Le mot prostitué désigne, d’une part, le temple dédié à Ishtar, la déesse du sexe et de la guerre, et qui comprenait de nombreuses prostituées sacrées, et d’autre part, la fascination que Ninive exerçait par sa puissance, sa splendeur, et aussi sa fourberie, car elle trahissait les nations soumises en vendant ses habitants comme esclaves.
Ainsi parle le Seigneur des armées célestes contre Ninive. Je vais retrousser les pans de ta robe jusque sur ton visage. Je t’exhiberai nue et j’exposerai ta honte devant tous les royaumes. Je jetterai sur toi des masses d’immondices. Je t’avilirai et je te donnerai en spectacle. Ceux qui te verront fuiront loin de toi en criant : “ Ninive est détruite ! Qui la plaindra, qui te réconfortera ? (Nahoum 3.5-7; cp Esaïe 47.1-3).
Ninive subira un traitement infâme et sera dépouillée de tous ses charmes. Elle sera détruite et délestée de toutes ses richesses. Ainsi insultée, elle sera offerte en spectacle aux autres peuples. Et comme ils ont souffert de la cruauté et de la perfidie de Ninive, tous se détourneront d’elle et aucun ne lui viendra en aide.
Vaux-tu mieux que No-Amôn entourée par les eaux, et ayant la mer pour rempart ? L’Éthiopie et l’Égypte constituaient sa force qui était sans limite. Les habitants de Pouth et de la Libye étaient ses alliés. Et pourtant, elle est partie en exil et ses petits enfants ont été écrasés au coin des rues. On a réduit en esclavage les nobles et on se les a partagés et tous les chefs ont été enchaînés. Toi aussi, tu seras enivrée, tu devras te cacher devant tes ennemis (Nahoum 3.8-11).
No-Amôn : maison d’Amôn est le nom égyptien de Thèbes. Amôn était sa principale divinité. Capitale de la Haute Égypte et située à 400 km au sud du Caire, Thèbes était la résidence des pharaons les plus glorieux. Son jugement a été annoncé par les prophètes (Jérémie 46.25 et Ézéchiel 30.14-16) et fut exécuté par le roi assyrien Assourbanipal (en 663). Pourtant, Thèbes avait d’innombrables soldats : Éthiopiens, Égyptiens, Africains et Libyens. Thèbes a été détruite à cause de son idolâtrie et son sort présage celui de Ninive qui devra aussi boire la coupe de la colère de Dieu. Les Assyriens seront tellement terrorisés qu’ils tituberont comme un homme ivre.
Tes forteresses sont comme des figuiers chargés des premières figues : secouées, elles tombent dans la bouche ouverte (Nahoum 3.12 ; cp Esaïe 28.4).
Tout comme les premières figues bien mûres se détachent au moindre coup de vent, les soldats qui gardent les tours fortifiées quitteront leurs postes terrifiés et sans combattre, dès qu’une partie des murailles se sera effondrée.
Tes soldats sont de faibles femmes, les passages à travers ton pays sont grand ouvertes devant tes ennemis et le feu a consumé tes forteresses (Nahoum 3.13 ; cp Esaïe 19.16 ; Jérémie 51.30).
Les Assyriens essuient plusieurs défaites en plaine et doivent se réfugier dans Ninive. Il s’en suit qu’à travers le pays, les accès à la ville ne sont plus gardés, ce qui laisse le champ libre à leurs ennemis. Par ailleurs, dans leurs annales, les Grecs écrivent que la dernière génération assyrienne était efféminée. En tout cas, les soldats assyriens sont impuissants face à leurs ennemis qui pénètrent dans Ninive et l’incendient.
Fais provision d’eau en vue du siège, renforce ta défense. Prends de l’argile, pétris-la et mets en état ton four pour faire sécher les briques ! (Nahoum 3.14).