#05 Ninive est déserte (Nahoum 3.15-19)
Sarcastique, Nahoum exhorte les Assyriens à défendre leur capitale dans laquelle ils se sont enfermés comme un oiseau dans sa cage. Ninive bénéficiait de l’eau d’un affluent du Tigre qui la traversait, mais les assiégeants pouvaient en détourner le cours ; il fallait donc se constituer des réserves d’eau, ainsi que d’un stock de briques pour réparer les brèches faites aux murailles. Quand Nahoum prononce ses oracles (en 645), l’armée assyrienne vient d’écraser Thèbes et ne craint personne, pourtant, trente ans plus tard elle sera décimée.
Le feu te consumera et l’épée t’exterminera. Elle te dévorera bien que tu sois aussi nombreux que des sauterelles ! Tes commis voyageurs surpassent en nombre les étoiles du ciel. Ils sont comme les sauterelles qui se répandent sur le sol puis prennent leur envol. Tes inspecteurs pullulaient comme des sauterelles et tes officiers grouillaient comme des essaims de criquets qui se posent sur une haie par un jour de froidure et qui s’envolent dès que le soleil brille. Les voilà disparus on ne sait où (Nahoum 3.15-17).
Tandis que le feu détruit la ville de Ninive, l’épée des Mèdes et des Babyloniens dévore les habitants, que Nahoum compare à des sauterelles. Celles-ci arrivent soudainement par millions, croquent et dévorent absolument tout ce qui est vert puis disparaissent. Ninive regorgeait de marchands, hommes d’affaires, bureaucrates et fonctionnaires. Mais dès les premières défaites militaires assyriennes, ils s’enfuirent comme des rats. Il faut savoir que Ninive était un poumon économique car les grandes routes qu’empruntaient les caravanes convergeaient vers cette ville et les représentants de commerce assyriens parcouraient le Moyen-Orient pour exporter leurs produits manufacturés.
Roi d’Assyrie, tes généraux et tes capitaines sont tués. Tes troupes sont dispersées dans les montagnes et personne ne les rassemble. Ton désastre est irréversible ! Ta plaie est mortelle. Tous ceux qui apprendront ce qui t’est arrivé se réjouiront, car qui n’a pas subi ta cruauté sans bornes ? (Nahoum 3.18-19 ; cp Psaume 76.6 ; Sophonie 2.13-15).
Nahoum termine ses oracles contre Ninive par un court hymne funèbre. Il s’adresse au roi parce qu’il personnifie l’empire assyrien et tout le mal qu’il a causé. Les chefs étant morts au combat, les soldats assyriens, livrés à eux-mêmes, s’enfuient dans toutes les directions, et Ninive est rayée de la carte. Son agonie a commencé lorsque les armées assyriennes sont vaincues en plaine par les Mèdes. Ceux-ci font alors le siège de Ninive mais échouent et leur chef est tué. Son fils Cyaxare continue la lutte mais doit retourner dans son pays pour le défendre contre les Scythes. Il les combat, s’en fait des alliés, puis il refait le siège de Ninive avec son allié chaldéen Nabopolassar, père de Nabuchodonosor. Le siège dure trois ans, et la ville n’est prise que suite à la crue du Tigre qui emporte une partie des remparts. Ce désastre a un retentissement immense que mentionne d’ailleurs le prophète Ézéchiel (31.11-16 ; 32.22-23). Les prophéties de Nahoum enseignent à Juda qu’il ne doit pas magouiller avec la puissance du moment mais demeurer fidèle à sa vocation de peuple de Dieu.