#03 L’appel à la conversion (Sophonie 1.17-2.9)
Sophonie accumule les expressions les plus énergiques que possède la langue hébraïque pour décrire les Chaldéens qui pénètrent dans Jérusalem, pour détruire, conquérir, tuer et piller. « Jour de fureur » (Dies iræ) est le titre d’un chant de la fin du 12e siècle qui a pour thème la colère de Dieu. Il fait partie de la messe de Requiem. Verdi et Mozart ont aussi exprimé la colère de Dieu dans la musique de leur requiem.
Je plongerai les hommes dans la détresse, et comme des aveugles ils marcheront en titubant, parce qu’ils ont péché contre l’Éternel. Leur sang sera versé comme de la poussière, et leurs entrailles seront répandues comme du fumier. Leur argent et leur or ne pourront les sauver au jour de la fureur de l’Éternel, lorsqu’il consumera la terre tout entière par le feu de son amour bafoué. Son action sera épouvantable, car il détruira totalement les habitants de la terre (Sophonie 1.17-18; cp Job 15.14 ; Psaume 79.1-3 ; Esaïe 59.10 ; Ezéchiel 7.19-21).
Les habitants hagards et terrorisés cherchent en vain à échapper aux Chaldéens mais sont massacrés. Sophonie termine la destruction de Juda en l’élargissant à toute la terre. Il s’agit du jugement universel apocalyptique de la fin des temps. Il va sans dire que, face au châtiment de Dieu, les richesses sont inutiles.
Examinez-vous, repentez-vous, païens sans honte, avant que le décret soit exécuté et que le jour de l’Éternel passe, comme la balle du grain battu passe au vent, avant que vienne sur vous l’ardeur de la furie du jour de l’Éternel (Sophonie 2.1-2).
Sophonie lance un dernier appel à la repentance à ses compatriotes, qu’il accuse d’être insensibles et endurcis comme des païens, car une fois le jugement enclenché, il sera trop tard, rien ne l’arrêtera.
Cherchez donc l’Éternel, vous les humbles du pays, vous qui faites ce qui est droit, poursuivez la justice et l’humilité ! Peut-être serez-vous épargné au jour de la colère de l’Éternel (Sophonie 2.3 ; cp Psaume 27.5).
Les humbles sont les Israélites pieux qui sont bien disposés à l’égard de Dieu, et qui cherchent à lui plaire en obéissant à ses commandements. Mais ils doivent continuer à être fidèles à l’Éternel afin de faire partie des petites gens qui seront épargnées lors de la prise de Jérusalem.
Gaza sera abandonnée et Askalon dévastée, Ashdod sera chassé à l’heure de midi, et Ekrôn déracinée. Malheur aux habitants des côtes de la mer, au peuple venu de la Crète ! L’Éternel parle contre toi, Canaan, pays des Philistins ! Je te dévasterai et je te viderai de tous tes habitants ” (Sophonie 2.4-5 ; cp Jérémie 47.4-5 ; Ezéchiel 25.15-17).
Le pays des Philistins est appelé Canaan car ses habitants se conduisent comme des Cananéens. Babylone a détruit ses villes et leur sort est décrit par des jeux de mots (assonance) intraduisibles, du genre : Gaza sera gaspillée, Ékrôn sera écrasée. Le pays des Philistins est une plaine de 55 km de long et de 16 à 26 km de large. Comme le prophète Amos, Sophonie cite quatre des cinq principales villes philistines. Il manque Gath, probablement parce qu’elle est alors vassale de Juda (2Chroniques 26.6 ; 2Rois 18.8). On sait que tous les habitants de Gaza furent déportés. Repeuplée, rasée, reconstruite, la ville a donné son nom à la bande de Gaza. Aujourd’hui, Askalon est un monceau de ruines, Ekrôn est un petit village d’Israël, et près d’Ashdod, les Israéliens ont construit un port, une raffinerie de pétrole ainsi que de nombreuses habitations.
La région de la mer servira de pâturages, de grottes pour les bergers et de parcs pour les troupeaux. Elle appartiendra aux survivants de Juda. Ils y mèneront leurs troupeaux, et le soir, ils se reposeront dans les maisons à Askalon, car l’Éternel leur Dieu interviendra et ramènera leurs captifs (Sophonie 2.6-7).
La ville d’Askalon désigne tout le pays des Philistins. Après le passage des Chaldéens, il y aura si peu d’habitants qu’il sera simplement annexé par les Israélites survivants et pauvres autorisés à rester au pays. Sophonie prophétise à la fois l’exil des habitants de Juda et leur retour au pays (cp Joël 4.1 ; Michée 4.10).
J’ai entendu les insultes des Moabites et des Ammonites qui s’agrandissaient aux dépens de mon peuple (Sophonie 2.8 ; cp Genèse 19.30-38 ; Esaïe 16.6 ; 25.10-11 ; Jérémie 48.29 ; Ezéchiel 25.1-3, 6 ; Amos 1.13).
Les Moabites et les Ammonites sont issus d’une relation incestueuse de Lot, le neveu d’Abraham, avec ses deux filles. Ces deux peuples haïssent Israël dont ils sont jaloux.
Aussi vrai que je vis, déclare l’Éternel, le Seigneur des armées célestes, dieu d’Israël : Moab et Ammon seront comme Sodome et Gomorrhe, un pays couvert d’orties, une mine de sel, et une terre dévastée à perpétuité. Le reste de mon peuple les pillera et en prendra possession. Ces deux nations seront punies à cause de leur orgueil, car ils ont insulté le peuple de l’Éternel, et se sont agrandis à ses dépens. Avec eux, l’Éternel se montrera terrible, car il anéantit tous les dieux de la terre, et toutes les nations et îles se prosterneront devant lui (Sophonie 2.9 ; cp Esaïe 14.1-2 ; 19.18-19 ; Abdias 19, 21 ; Michée 7.11 ; Malachie 1.11 ; Zacharie 10.10).