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18 sept. 2026

Zacharie 1.18-2.10

Chapitre 2

Introduction

Dans mon jeune temps, comme aujourd’hui d’ailleurs, il y avait des chansonnettes que les enfants chantaient pour se moquer de l’un d’entre eux. Dans l’une, c’est l’expression « les cornes, les cornes » qui est dite et qui veut dire : « honte à toi ». Dans les Écritures, par contre, « la corne » n’a rien à voir avec la honte, bien au contraire car c’est un symbole de force et de la puissance militaire d’une nation (Psaumes 75.4, 5 ; BBA ; Daniel 8.8 ; Amos 6.13 en hébreu). Parfois, « la corne » désigne aussi un souverain et son royaume. Dans les livres de Daniel et de l’Apocalypse, on lit :

Les dix cornes représentent dix rois qui surgiront de ce royaume. Un autre roi se lèvera après eux, il sera différent de ses prédécesseurs. Il renversera trois rois (Daniel 7.24). Les dix cornes que tu as vues sont dix rois qui ne sont pas encore parvenus au pouvoir. Mais ils recevront pendant une heure l’autorité royale et ils l’exerceront en commun avec la bête (Apocalypse 17.12).

Verset 1

Je commence de lire le chapitre deux du livre de Zacharie.

Je regardai et je vis quatre cornes (Zacharie 2.1).

Quatre est le chiffre de l’universalité comme les points cardinaux par exemple. Ici, les cornes représentent les nations des quatre coins du monde qui sont hostiles au peuple de Dieu. Il est probable que ces cornes appartiennent à quatre animaux mais Zacharie ne les distingue pas ou très mal. Dans la première vision, le prophète a vu que les nations qui se dressent contre Israël seront jugées par Dieu. Maintenant, dans la seconde vision qui est très proche de la précédente, il voit l’exécution de cette menace.

Verset 2

Je continue.

Je demandai à l’ange qui me parlait : – Que représentent ces cornes ? Et il me répondit : – Ces cornes représentent les puissances qui ont dispersé les habitants de Juda, d’Israël et de Jérusalem (Zacharie 2.2).

Le livre de Daniel mentionne quatre empires païens auxquels tour à tour Israël est soumis (Daniel 2 ; 7) ; il s’agit de Babylone, l’alliance des Mèdes et des Perses, la Grèce, et Rome. Mais ici, le verbe est au passé, ce qui signifie que Zacharie parle de « puissances qui ont (déjà) dispersé Israël ». Il s’agirait alors de l’Égypte, l’Empire assyrien, Babylone, et l’alliance des Mèdes et des Perses. Cependant, comme rien dans le texte ne permet d’épouser cette perspective, il est préférable de prendre le chiffre quatre comme un nombre symbolique qui représente simplement des nations du monde qui dans le passé et dans le futur s’opposent au peuple de Dieu. De ce nombre font évidemment partie les empires que j’ai cités.

La mention « de Juda, d’Israël et de Jérusalem » fait référence à l’ensemble des douze tribus (en réalité treize), avec « Juda » qui occupe la place d’honneur et qui inclut la tribu de Benjamin ainsi que les descendants de Siméon. « Israël » représente les 10 tribus du Nord dont la tribu de Lévi bien qu’il y ait aussi des Lévites en Juda. « Jérusalem » est le centre du culte de l’Éternel et du gouvernement politique de la nation.

Versets 3-4

Je continue.

Puis l’Éternel me fit voir quatre artisans (auteur). – Que viennent-ils faire ? demandai-je. Il me répondit : – Ils sont venus pour faire trembler les nations qui ont dispersé Juda, de sorte que personne n’osait plus relever la tête. Ils abattront les cornes de ces nations qui ont levé leurs cornes contre Juda pour en disperser la population (Zacharie 2.3-4).

Le mot hébreu traduit par « artisans » décrit un ouvrier qualifié qui travaille le bois, la pierre et le métal. Ces artisans au service de l’Éternel sont des instruments qui représentent les moyens humains qui vont être employés pour renverser les nations hostiles au peuple de Dieu. Leur nombre est le même que celui des cornes, ce qui montre qu’ils sont capables, qu’ils ont la puissance nécessaire pour exécuter l’ordre qui leur a été donné.

Des commentateurs ont essayé de voir dans ces quatre artisans un certain nombre de personnages bibliques ou historiques comme Esdras, Néhémie, Zorobabel et Josué, ou Nabuchodonosor, Cyrus, Cambyse et Alexandre le Grand, ou encore les quatre évangélistes, mais aucune de ces possibilités n’est vraiment satisfaisante. Un interprète que je respecte beaucoup (Merril Unger) établit un lien entre cette vision de Zacharie et le livre de Daniel (Daniel 2.31-45 ; 7.2-13) et considère que les cornes sont les quatre empires successifs de Babylone, l’alliance mède et perse, la Grèce, et Rome.

Selon ce point de vue, les quatre artisans seraient donc des puissances que Dieu va utiliser pour abattre ses ennemis. Trois des quatre cornes deviennent des artisans qui détruisent l’empire qui le précède. La quatrième et dernière corne est anéantie par le royaume de Dieu établi par Jésus-Christ quand il reviendra sur terre ; il est symbolisé par la petite pierre qui se détache toute seule et qui fracasse la statue que Nabuchodonosor voit en rêve et que Daniel interprète (Daniel 2.34).

J’imagine que vous êtes perdu mais c’est en fait très simple et voilà ce que ça donne : Babylone, la première corne, est conquise par la seconde corne qui est l’alliance mède et perse. Ce faisant, cette seconde corne est le premier artisan. Ensuite, les Mèdes et les Perses sont conquis par la troisième corne qui est la Grèce. Ce faisant, la troisième corne devient le second artisan.

Ensuite, la Grèce est renversée par la quatrième corne qui est Rome. Ce faisant, la troisième corne devient le troisième artisan. Il reste Rome. Or cet empire n’a pas été conquis par une puissance extérieure comme les précédents ; il est tombé tout seul comme un fruit pourri à cause de sa corruption interne.

À la fin des temps, Rome se transformera en une confédération de dix cornes dirigée par l’Antichrist. Elle sera détruite par le quatrième artisan qui est le royaume de Dieu, à la fin de la période historique appelée la Tribulation, et qui est la première phase du « Jour de l’Éternel ». Cette perspective des quatre cornes et quatre artisans que je viens de présenter est séduisante mais un peu tirée par les cheveux. Ici, il me semble préférable de ne pas essayer de deviner ce que le texte ne nous dit pas.

Dans ses prophéties, quand Zacharie mentionne Israël, Juda ou Jérusalem, il parle du peuple élu et de personne d’autre. Aujourd’hui, nous vivons sous le temps de la grâce qui est un régime très différent des régimes de l’Ancien Testament. Sous le temps de la grâce, sont élus ceux qui placent leur confiance en Jésus-Christ indépendamment de leur héritage ethnique, état civil, couleur de peau ou condition sociale. Parce que Dieu œuvre sur terre au travers de l’Église de Jésus-Christ, être juif ne procure aucun avantage particulier.

Comme l’écrit l’auteur de l’Épître aux Hébreux, nous, les croyants, attendons « la cité aux fondements inébranlables dont Dieu lui-même est l’architecte et le constructeur » (Hébreux 11.10). Ce n’est qu’après l’enlèvement de l’Église que l’Éternel reprendra son programme avec les descendants d’Abraham qui constituent le peuple choisi.

Dans les visions de Zacharie, comme d’ailleurs dans toutes les prophéties de tous les prophètes de l’Ancien Testament, la nation d’Israël est le centre du monde. Dans le plan éternel de Dieu pour l’humanité, c’est Israël qui tient toujours le devant de la scène. Quant aux cornes et artisans, ce sont simplement des instruments au service du Seigneur du ciel et de la terre.

Les empires naissent et disparaissent à cause d’Israël. Ils sont le bâton de Dieu pour punir le peuple élu, ou une arme que Dieu utilise pour venger son peuple ou bien les deux. Non seulement la paix du monde dépend de la paix de Jérusalem, mais c’est aussi Israël qui fait toute l’histoire du monde. Les grandes puissances actuelles n’ajoutent aucune créance aux prophéties de l’Ancien Testament mais quiconque choisit d’ignorer la Parole de Dieu le fait à ses propres risques et périls.

Nous arrivons maintenant à la troisième vision de Zacharie qui prolonge bien la précédente puisque le jugement des nations païennes va être suivi d’un agrandissement de Jérusalem placé sous la protection de Dieu.

Versets 5-6

Je continue donc le texte.

Je regardai et je vis un homme qui portait un cordeau d’arpenteur. Je lui demandai : – Où vas-tu ? Il me répondit : – Je vais mesurer Jérusalem pour en déterminer la largeur et la longueur (Zacharie 2.5-6).

« L’homme qui portait un cordeau d’arpenteur » n’est pas identifié mais il est possible que ce soit l’Ange de l’Éternel, la seconde personne de la Trinité, donc Jésus-Christ avant son incarnation.

La ville sainte est en train d’être reconstruite. L’homme au cordeau détermine ses limites actuelles afin de prévoir son extension. Jérémie qui fut chargé d’annoncer la destruction de Jérusalem a également prophétisé qu’elle serait rebâtie et même agrandie. Je lis le passage :

Mais des jours vont venir, l’Éternel le déclare, où cette ville sera de nouveau rebâtie pour l’Éternel, depuis la tour d’Hananéel jusqu’à la Porte de l’Angle. On étendra encore le cordeau d’arpentage en ligne droite jusqu’à la colline de Gareb, puis on tournera vers Goath (Jérémie 31.38-39).

Dans les prophéties de Jérémie et de Zacharie, Jérusalem se confond avec la ville sainte du millénium. Comme c’est très souvent le cas dans leurs visions, les prophètes ne voient pas le temps qui sépare deux scènes semblables, ce qui fait que pour eux elles se télescopent et se confondent en une seule. Ce que voit Zacharie a partiellement été accompli par Hérode Agrippa, mais ne se réalisera pleinement que pendant le millénium.

Versets 7-8 a

Je continue le texte.

Comme l’ange qui me parlait s’en allait, un autre ange vint à sa rencontre et lui dit : – Cours dire à ce jeune homme là-bas (Zacharie 2.7-8 a).

Le terme « jeune homme » pourrait indiquer quelqu’un qui n’a pas encore trente ans, mais il sert aussi à désigner un homme de Dieu, un serviteur ou un disciple sans définir son âge. Mais qui est-il ? Les avis divergent. Il semble cependant que ce soit Zacharie lui-même parce que c’est lui le prophète qui pose les questions et qui reçoit les révélations de Dieu afin de les partager avec son peuple.

L’ange-interprète, qui apparemment est visible et se tient à côté de Zacharie, s’en va à la rencontre d’un autre ange qui est d’un rang supérieur. Puis ce dernier dit au premier : « Cours dire à ce jeune homme là-bas ». L’ange-interprète doit courir parce que le message qu’il doit porter à Zacharie est une très bonne nouvelle, alors autant qu’il l’entende le plus rapidement possible. Il est bien vrai que toutes ces mises en scène avec déplacements d’anges sont assez fastidieuses à décrire et qu’il serait bien plus facile de les rendre au cinéma que par écrit.

Verset 8 b

Je continue le texte.

Il y aura un jour tant d’habitants et de bêtes dans Jérusalem que la ville restera ouverte (Zacharie 2.8 b).

Le mot traduit par « ville ouverte » (perazoth) est rendu par « localités des campagnes » (SEM) ou « villes sans murailles » (LSG) dans le livre d’Esther (9.19) et par « pays ouvert » dans une prophétie d’Ézéchiel (38.11). L’idée est que dans l’avenir Jérusalem sera comme les villages de la plaine, ouverte de tous côtés. Elle sera tellement peuplée qu’elle débordera et que les gens habiteront autour et à l’extérieur des limites de la ville, dans les campagnes. Ces paroles ont pour but d’encourager les colons juifs apeurés de cette époque.

Les historiens antiques nous apprennent qu’après le retour d’exil, la ville de Jérusalem devient beaucoup plus grande qu’elle ne l’était auparavant. Cependant, l’accomplissement littéral de cette prophétie n’aura lieu que pendant le millénium sous le règne de Jésus-Christ le Messie. Ésaïe a déjà dit des paroles semblables quand s’adressant à Jérusalem (Sion) personnifiée, il écrit :

Déjà tes fils accourent […]. Porte les yeux autour de toi, regarde : ils se rassemblent tous, et ils viennent vers toi. […] ton pays en ruines, désert et dévasté, deviendra trop étroit pour tous tes habitants (Ésaïe 49.17-19 ; comparez Ésaïe 54.2, 3).

Verset 9

Cette ouverture de la ville sous-entend non seulement son élargissement mais aussi qu’elle est en parfaite sécurité, ce qui est expliqué dans le verset suivant qui est :

Moi, l’Éternel, je serai pour elle comme une muraille de feu tout autour d’elle – l’Éternel le déclare – et je serai sa gloire au milieu d’elle (Zacharie 2.9).

Ces paroles sont similaires à celle du prophète Ésaïe qui écrit :

L’Éternel va créer sur toute l’étendue de la montagne de Sion et sur tous ceux qui s’y assembleront, une nuée le jour, et la nuit la fumée et l’éclat de flammes de feu. Et au-dessus de toutes choses sa gloire sera comme un dais (Ésaïe 4.5 ; comparez Ésaïe 60.1, 2, 19).

Les colons juifs possèdent très certainement le livre d’Ésaïe, mais cela fait bien 170 ans (en 690) qu’il est mort. Ils ont donc besoin d’entendre de vive voix des paroles d’encouragement, et c’est Zacharie qui est chargé par l’Éternel de leur mettre du baume au cœur.

La future Jérusalem est sans mur d’enceinte et grande ouverte afin qu’une foule nombreuse puisse y affluer (Aggée 2.7). En second lieu, elle n’a besoin d’aucune protection car l’Éternel en personne lui sert de rempart. Troisièmement, Dieu révélera sa gloire par les œuvres majestueuses qu’il accomplira dans la ville sainte et par l’attention bienveillante qu’il lui prodiguera.

Les paroles de tous les prophètes concernant la future gloire de Jérusalem ne s’appliquent que très imparfaitement à la ville qui fut reconstruite après l’exil. Les termes de la vision de Zacharie débordent largement l’éclat que connaît alors la ville sainte. Certes, dans les siècles qui suivent, Jérusalem est d’une manière remarquable, l’objet de la protection divine ; elle échappe comme par miracle aux catastrophes que connaissent les peuples voisins.

La ville sainte parvient à un si haut degré de beauté et de prospérité qu’elle devient de loin la plus célèbre des villes de l’Orient. C’est du moins ce que dit Pline l’Ancien dans sa monumentale encyclopédie intitulée : « Histoire naturelle ». Cependant, c’est bien plus loin dans l’avenir, pendant le règne millénaire de Jésus-Christ, qu’il faut aller pour voir se réaliser pleinement les promesses des prophètes.

Dans l’une de ses visions, Ézéchiel décrit l’arrivée du Messie dans le Temple de Jérusalem par la porte est. Aujourd’hui, cette porte est cloisonnée mais en face d’elle se trouvent des milliers de tombes d’Israélites qui veulent alors être enterrés ici parce qu’ils croient qu’ils seront ressuscités quand la prophétie d’Ézéchiel s’accomplira. Je la lis :

La gloire de l’Éternel entra dans le Temple par la porte orientale. L’Esprit m’enleva et me transporta dans le parvis intérieur : la gloire de l’Éternel remplissait le Temple. […] j’entendis quelqu’un qui me parlait depuis l’intérieur de la maison. Il me dit : – Fils d’homme, c’est ici le lieu de mon trône, le lieu où je poserai mes pieds et où j’habiterai pour toujours au milieu des Israélites (Ézéchiel 43.4-7).

Verset 10

Je continue la vision de Zacharie.

Allons ! Allons ! Fuyez ! Partez de ce pays du nord (comparez Ésaïe 48.20) – l’Éternel le déclare – car je vous avais dispersés aux quatre vents du ciel, l’Éternel le déclare (Zacharie 2.10).

Babylone et sa province qui est la Babylonie, sont la région où les Israélites de Juda furent exilés. Bien que géographiquement située au nord-est de la Palestine, elle est désignée par « pays du nord » parce que c’est du nord que les ennemis d’Israël envahissent leur pays (Jérémie 1.14 ; 4.6 ; 23.8).

À partir d’ici (Zacharie 2.10-13), Dieu prononce un oracle qui tire la conséquence pratique des trois premières visions. Puisque l’Éternel va détruire les nations ennemies et rétablir Jérusalem, il faut que les Juifs de la diaspora quittent leur pays d’exil et rentrent en Judée.

En effet, Zorobabel était retourné en Judée avec une caravane d’environ 50 000 personnes, ce qui veut dire que la grande majorité des Israélites sont restée en Babylonie tout simplement parce qu’ils y sont bien établis et ont prospéré, certains devenant même très riches. Cependant, il ne faut pas leur en vouloir parce qu’ils n’ont fait qu’obéir à l’exhortation du prophète Jérémie qui a dit à leurs pères :

Construisez des maisons et installez-vous y, plantez des jardins et mangez-en les fruits, mariez-vous et ayez des enfants ; mariez vos fils et donnez vos filles en mariage et qu’elles aient des enfants ! Multipliez-vous là-bas, et ne laissez pas diminuer votre nombre. Recherchez la prospérité de la ville où je vous ai déportés et priez l’Éternel en sa faveur, car de sa prospérité dépend la vôtre (Jérémie 29.5-7 ; comparez Jérémie 29.28).

Il faut se mettre à la place des Juifs de Babylonie ; alors qu’ils ont suivi les consignes du prophète de l’Éternel, maintenant comme ça, on leur demande de tout plaquer, d’échanger une situation présente très confortable pour un avenir incertain dans leur pays natal en ruines. Or, ils savent compter et préfèrent donc suivre l’adage : « Un tiens vaut mieux que deux tu l’auras ».

Le prophète Zacharie les exhorte à quitter leur pays d’exil parce qu’il va être jugé par l’Éternel et c’est ce qui est arrivé. On sait en effet que sous le règne de Darius 1er la ville de Babylone est investie à deux reprises (en 519 et 514) et qu’une grande partie de la population est massacrée. « Un tiens » vaut peut-être mieux que deux « tu l’auras », mais obéir à la Parole de Dieu est de loin bien préférable.

Commentaire biblique radiophonique écrit par le pasteur et docteur en théologie : Vernon McGee (1904-1988) et traduit par le pasteur Jacques Iosti.

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