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30 août 2024

Psaumes 137.1-7

Psaume 137

Introduction

La lecture du livre des psaumes est comparable à une promenade en voiture sur une petite route de campagne, tranquille et au milieu d’un paysage pittoresque. Nous découvrons de chaque côté des vues magnifiques et même spectaculaires. Chaque début de psaume fait penser à un croisement de routes. On arrive, on regarde distraitement les panneaux et on continue avec une impression de déjà-vu parce qu’il faut bien le reconnaître, les psalmistes expriment souvent les mêmes idées, ce qui fait que de chaque côté de la route, le paysage est à peu près le même. Ces répétitions sont particulièrement vraies à partir du Psaume 120 jusqu’au psaume 134 qui constituent ensemble les 15 « cantiques des montées » chantées lors des trois grandes fêtes religieuses juives de la Pâque, Pentecôte et des Tabernacles.

Nous continuons notre chemin et arrivons maintenant au Psaume 137. À cette intersection, il nous faut vraiment ralentir parce qu’il s’y trouve trois panneaux lumineux qui indiquent : « Stop, Regarde, Écoute ». On s’arrête donc pour constater que le Psaume 137 est différent des autres. C’est à la fois un chant plaintif et un psaume imprécatoire violent qui prononce une malédiction effrayante sur les ennemis d’Israël.

La première strophe, d’une haute poésie, est l’expression parfaite de la douleur patriotique et de la dignité dans le malheur (v. 1-3). Puis la complainte du début fait place à des accents vibrants et menaçants à mesure que le souvenir de Jérusalem se présente plus vivement à l’âme du psalmiste (v. 4-6), parce que réveillé par l’invitation des vainqueurs à chanter les cantiques de Sion, ce qui fait que c’est par une imprécation que se termine le psaume (v. 7-9).

L’épouvantable menace de la fin : « Heureux qui saisira tes nourrissons pour les briser contre le roc ! » (v.9) fait partie des passages des Textes Sacrés qui choquent profondément notre conscience. Cette menace donne la chair de poule et fait penser à un volcan en éruption qui crache un feu de vengeance. À lire de telles paroles, on s’interroge ici encore, comment elles ont pu se faire une place dans les Saintes Écritures.

Bien que ce ne soit pas exprimé clairement dans ce psaume, l’âme du psalmiste est remplie du sentiment qu’une nation comme Babylone qui a commis un tel sacrilège doit disparaître de la face de la terre sans laisser de trace ; d’ailleurs il appelle même de ses vœux un tel jugement. Cependant, le psalmiste n’a pas sombré dans une profonde rage humaine car son esprit de vengeance se termine en une prière, et il n’est jamais suggéré qu’il avait l’intention de passer aux actes ; il s’en remet à Dieu.

Néanmoins, ce psaume nous donne l’occasion de reconnaître combien l’esprit apporté au monde par Jésus-Christ est nouveau. La justice de Dieu subsiste, et l’apôtre Paul exprime dans toute sa simplicité les menaces du psalmiste quand il dit : « Si quelqu’un détruit son temple, Dieu le détruira. Car son temple est saint, et vous êtes ce temple. » (1Corinthiens 3:17). Cependant, en nous révélant les profondeurs de notre péché, ainsi que la hauteur de la sainteté de Dieu et l’immensité de sa grâce, la croix de Jésus arrête dans notre cœur et sur nos lèvres les jugements et les menaces, et nous fait désirer la repentance et le salut des coupables.

Cela dit, il faut rappeler que lorsqu’un auteur du Nouveau Testament cite un passage imprécatoire de l’Ancien Testament, il le considère comme l’Écriture dans laquelle « le Saint-Esprit, par l’intermédiaire de David, a parlé à l’avance de Judas, qui a servi de guide à ceux qui ont arrêté Jésus. (Actes 1:16 ; Psaume 69) ; Judas étant la cible du psalmiste dans le psaume 69. Cela signifie que, d’une part, la colère de Dieu exprimée par le Saint-Esprit, est une réalité et que certains hommes ou certaines nations, méritent tout à fait d’être la cible de cette colère, et d’autre part, il y a des gens chargés par Dieu de l’exprimer en langage humain.

La plupart de ceux qui lisent une imprécation passent très vite dessus comme s’ils n’avaient rien remarqué et continuent plus loin. Mais si on veut être honnête avec le texte, il n’y a pas moyen d’arrondir les angles d’une telle malédiction afin d’en adoucir la brutalité. Bien sûr, on peut toujours rejeter ce verset comme le font certains théologiens d’obédience libérale sous prétexte que le psalmiste n’aurait pas dû dire des choses aussi méchantes et dures à entendre. Mais cette attitude est intellectuellement malhonnête et hautement arrogante, car ces théologiens ont la prétention d’avoir en eux-mêmes l’autorité de décider ce qui dans les Textes Sacrés est bon à prendre et inspiré de Dieu, et ce qui ne l’est pas.

En prenant uniquement ce qui les arrange et en délaissant le reste, ils me font penser au paysan un peu simplet qui achète une vache laitière pour se faire de l’argent. Mais il se rend vite compte que nourrir le devant de la vache coûte cher. Or, comme il recueille le lait en dessous et à l’arrière, il décide de pomper cette partie lucrative de la vache et de ne pas trop s’occuper de l’autre. Mais la collecte de lait ne fait que baisser puis s’arrête. Ensuite, la vache amaigrie tombe malade et meurt. C’est un peu ce que font ces théologiens d’obédience libérale qui acceptent bien l’amour de Dieu, mais refusent d’entendre parler de sa sainteté et justice. Mais ce ne sont pas les seuls à être dénués d’intelligence spirituelle ; il y a aussi ceux qui disent croire à tout l’enseignement des Textes Sacrés, mais sans le connaître. Ça n’a pas de sens. La seule démarche honnête est d’accepter la totalité des Écritures et de faire tout son possible pour les comprendre. Pour en arriver là, aucun raccourci n’est possible ; je dois observer avec soin les règles d’interprétation qui s’appliquent à n’importe quel écrit, comme par exemple tenir compte du vocabulaire, des tournures de phrases, des circonstances de l’auteur et de ce qu’il cherche à communiquer. C’est ce que je vais faire avec le Psaume 137.

Le premier signal lumineux est : « Stop » ; le second est : « Regarde », et considère la situation d’Israël quand cette complainte fut écrite. Tous les Israélites sont alors captifs de Babylone. Les livres historiques des Rois et des Chroniques de l’Ancien Testament nous amènent jusqu’à la prise de Jérusalem par Nabuchodonosor, mais ne parlent pas des années d’exil. Puis les livres suivants d’Esdras et de Néhémie continuent le récit d’Israël, mais seulement après les années de captivité, une fois qu’une partie du peuple est retournée en Palestine. Quant aux prophètes qui ont exercé un ministère durant la période d’exil, ils parlent très peu des conditions de vie des Israélites. C’est le grand vide, 70 ans de silence, comme si l’horloge des cieux s’était arrêtée au moment de la prise de Jérusalem. C’est là qu’intervient le Psaume 137 qui a la particularité de faire la transition, d’établir un pont sur les 70 années de captivité. Ce psaume est comparable à un petit détour de route qui conduit jusqu’à un point de vue surplombant la vallée.

Après Stop et Regarde, le 3e signal lumineux est : « Écoute ». On tend l’oreille, mais au lieu de chants joyeux, on entend une complainte, car les captifs disent : « Comment peut-on chanter les chants de l’Éternel sur un sol étranger ? (V.4) ».

Le Psaume 137 rapporte l’expérience tragique mais touchante du peuple hébreu déporté, dans lequel le psalmiste manifeste des sentiments très forts et même violents. D’une part, il exprime la haine farouche des patriotes israélites contre leurs ennemis, et d’autre part, l’amour profond qu’ils nourrissent pour Jérusalem, la ville que l’Éternel a choisie comme lieu de résidence.

Verset 1

Je commence à lire le psaume 137.

Au bord des fleuves de Babylone, nous nous étions assis et nous pleurions en pensant à Sion (Psaumes 137.1).

Alors que la majorité des psaumes louent l’Éternel, expriment la foi et l’espérance des fidèles, et leur joie d’être le peuple de Dieu, le Psaume 137 va à contre-courant car c’est un long cri de douleur. Ce cantique a été composé à Babylone pendant l’exil entre 587 et 539 avant J-C. Les fleuves sont le Tigre et l’Euphrate, leurs affluents, ainsi qu’un réseau de canaux très dense creusés pour irriguer le pays. Les prophètes Ézéchiel et Daniel reçurent les révélations de Dieu respectivement au bord des fleuves Kébar et Oulaï (Ézéchiel 1.1 ; Daniel 8.2).

C’est en bordure des canaux qu’ils ont creusés et où ils travaillent que dans leurs moments de loisir, les exilés israélites cherchent la solitude pour méditer. Mais le murmure des flots ne calme pas leurs angoisses. Au contraire, ce temps de réflexion sur leur triste état d’esclaves loin de leur patrie, ravive leur douleur. Le psalmiste décrit une grande détresse. En pensant à la gloire passée de Jérusalem, les Israélites ont mal au cœur et pleurent à chaudes larmes.

Le peuple juif sait ce que signifie être exilé loin de son pays. La nation est née dans la province de Goshen en Égypte, mais les Hébreux aboutissent dans les chantiers du pharaon où, au rythme des coups de fouet, ils fabriquent des briques. 9 siècles plus tard, Ils sont déportés à Babylone, ensuite ils sont opprimés par les Grecs puis les Romains et ainsi de suite jusque dans les ghettos d’Europe. Au mieux, ils sont esclaves et au pire, ils finissent dans les camps de la mort.

Mais qu’est-ce que le peuple de Dieu a fait pour se trouver à Babylone, dans une plaine desséchée, au lieu d’être à Jérusalem sur le sommet d’une colline bercée par une douce brise ? Ce n’est évidemment pas par choix qu’ils sont en terre étrangère, mais parce qu’ayant été infidèles à l’Éternel, ils ont été vaincus par leurs ennemis et emmenés en captivité. Les prophètes les avaient pourtant maintes fois avertis, mais en vain. Quand finalement, Dieu précise le jugement brutal qui va tomber sur son peuple, il choisit Jérémie, un prophète au cœur tendre qui pleure en même temps qu’il annonce les catastrophes qui vont s’abattre sur Israël : la destruction de Jérusalem et l’exil du peuple. Dans les Lamentations, Jérémie écrit :

Pour tout cela, je pleure ; j’éclate en longs sanglots, Mes fils sont tous plongés dans la désolation, car l’ennemi a été le plus fort. Sion étend les mains, mais nul ne la console. L’Éternel a donné des ordres, aux adversaires de Jacob, de l’entourer de toutes parts (Lamentations 1.16-17).

L’Éternel avait promis aux Israélites de leur donner le pays de Canaan et qu’ils prospéreraient tant qu’ils lui demeureraient fidèles. Mais s’étant rebellés contre Dieu, ils ont été punis.

Verset 2-3

Je continue le Psaume 137.

Aux saules de leurs rives, nous avions suspendu nos harpes. Ceux qui nous avaient déportés, nous demandaient des chants, nos oppresseurs voulaient des airs joyeux : “ Chantez-nous, disaient-ils, quelque chant de Sion ! ” (Psaumes 137.2,3).

Dans la région de Babylone, on trouve en abondance une espèce d’olivier (populus euphratica) très semblable aux saules de nos rivières et ruisseaux.

Les Israélites ont pris leurs harpes en mains dans l’intention de jouer, mais leur envie a été coupée par la présence d’étrangers incapables de comprendre ce qu’ils ressentent, qui leur demandent de chanter un cantique joyeux comme si tout allait bien. Ils n’ont pas le cœur à se réjouir, mais bien plutôt à pleurer. Alors, ces instruments de musique destinés à louer l’Éternel pendent désormais aux branches des saules pleureurs.

Cette complainte exprime la douleur patriotique des Israélites. Maintenant qu’ils sont exilés, les Babyloniens voudraient profiter de leurs talents musicaux et assister à un concert.

Dans tout le Proche-Orient ancien, les Israélites étaient renommés pour leurs chants, parce qu’ils étaient composés pour louer l’Éternel, le Créateur du ciel et de la terre, dont le Temple se trouve à Jérusalem.

David avait d’ailleurs établi des chantres, créé des orchestres et des chœurs. Il y avait de très nombreux chanteurs à sa cour. Durant les 3 fêtes obligatoires, des milliers de pèlerins se massent dans la cour autour du Temple et chantent à la gloire de Dieu.

On a souvent reproché aux Juifs le trafic de l’argent, mais c’est oublier qu’ils ont été obligés de devenir banquiers par l’antisémitisme du Moyen-Âge. En effet, à cette époque la société regarde d’un mauvais œil tous ceux qui sont engagés dans des professions liées à la finance parce qu’on les croit réprouvées de Dieu ; alors bien sûr on a refilé ces occupations aux Juifs.

En second lieu, les reproches adressées aux Juifs sont injustes parce que c’est oublier qu’à travers les siècles, beaucoup d’entre eux furent des musiciens de talent, depuis David, le « doux chantre d’Israël », jusqu’à Meyerbeer, Offenbach, Fritz Kreisler, Félix Mendelssohn, George Gershwin, Paul Whiteman, Irving Berlin, etc.

Les particularités du culte d’Israël étaient connues dans tout le bassin méditerranéen et au-delà jusqu’au cœur de l’Afrique. Au temps de Salomon, la reine de Séba vient lui rendre visite pour vérifier que tout ce qu’elle a entendu dire le concernant et au sujet d’Israël est bien vrai. Quand des étrangers viennent à Jérusalem, ils côtoient un peuple, qui au lieu d’adorer des idoles, sert le Dieu vivant et vrai, et lui offrent des sacrifices qui leur valent le pardon des péchés. Alors, pour exprimer leur reconnaissance, ils célèbrent leur Dieu au moyen d’instruments de musique et de nombreux cantiques comme les psaumes. Il est probable que les Israélites captifs à Babylone en font encore usage, continuant sinon à les chanter, au moins à les réciter, sous forme de prières domestiques et liturgiques, dans leurs maisons et dans des lieux de culte. Ce qui a changé est qu’ils ne veulent pas les chanter avec accompagnement d’instruments sacrés, quand leurs maîtres païens ne voient là qu’un moyen de se distraire et de s’égayer.

Verset 4

Je continue le Psaume 137

Comment peut-on chanter les chants de l’Éternel sur un sol étranger ? (Psaumes 137.4).

C’est avec un sanglot dans la voix, qu’ils ont dit quelque chose comme : « Nous avons perdu l’envie de chanter. Vous vous moquez de nous quand vous nous demandez de vous chanter un cantique de Sion. Jérusalem est en ruines, réduite en cendres. Nous ne pouvons chanter nulle part ailleurs. » Les Israélites sont tout à fait dans leur droit de ne pas chanter publiquement en terre étrangère. Les cantiques de Sion sont destinés à être chantés à Jérusalem, la ville de l’Éternel et pas à Babylone. Ce qui est saint n’a pas sa place dans un lieu profane, et comment peuvent-ils louer Dieu dans un endroit où son nom est blasphémé par les païens ? Cela ne signifie évidemment pas que l’Éternel est confiné à l’intérieur des frontières de Canaan, mais bien plutôt que son peuple se sent rejeté et banni par Dieu sur cette terre étrangère.

Quand, 9 siècles plus tôt, les Hébreux ont quitté l’Égypte, ils étaient dans une grande joie. À la tête du cortège se trouvent les Lévites qui portent le coffre sacré, et ils chantent à tue-tête. Après les Lévites on a Juda, la tribu royale dont le nom veut dire « louange. » Les Hébreux célèbrent l’Éternel pour sa miséricorde. Pareillement, les psalmistes exhortent les fidèles du Seigneur, que ce soit sous l’Ancienne Alliance ou sous la Nouvelle, à pousser des cris de joie et acclamer Dieu (Psaumes 66.1 ; 81.1 ; 95.1 ; 98.4, 6 ; 100.1).

Mais pour une raison ou pour une autre, tous les croyants n’ont pas le cœur à chanter. D’abord, cela dépend du tempérament de la personne ; certains ont la chance d’être presque toujours joyeux indépendamment des circonstances de la vie, tandis que d’autres sont mélancoliques et pessimistes de nature, alors chanter pour eux tient de l’exploit. Il y a même des groupes ethniques et des races qui chantent spontanément. Les noirs par exemple, ont la musique dans la peau, la danse est pour eux comme une seconde nature, et ils sont presque toujours joyeux. Un jour on a demandé à une Africaine quel était son secret. Elle a répondu : « Quand je travaille, je bosse dur ; quand je me repose, je me laisse complètement aller, et quand je me fais du souci, je m’endors ». Qu’est-ce que j’aimerais être comme ça et aller déposer mes ennuis dans les bras de Morphée !

La seconde raison pour laquelle certains ne chantent pas est le découragement. C’est vrai qu’il y a des personnes qui ont davantage d’ennuis que les autres. Les familles maudites, ça existe, et il y a des gens, quoiqu’ils fassent, ils semblent attirer la poisse.

La prochaine fois que vous serez assis à la terrasse d’un café en ville, regardez les visages des passants et essayez de deviner leur état d’âme. Il est quasi certain que vous verrez quelqu’un d’immensément triste ou marqué par la douleur, une personne en train de vivre une tragédie.

La 3e raison pour laquelle certains ne chantent pas est qu’ils sont rongés par le remords. Quand David a confessé sa faute, il s’est écrié : « Rends-moi la joie de ton salut (Psaumes 51.14) ». Mais avant qu’il ne se repente, il ne pouvait pas chanter car il dit : « Tant que je taisais ma faute, je m’épuisais à gémir sans cesse, à longueur de jour (Psaumes 32.3) ».

Jésus n’était pas comme l’ont peint les artistes du Moyen-Âge : un homme austère et sombre. Il est raisonnable de penser qu’étant en parfaite harmonie avec Dieu son Père, il était toujours joyeux tout au long de son ministère jusqu’à ce qu’il soit saisi par les angoisses de la mort avant d’aller à la croix. Quand il a porté nos péchés, les vôtres et les miens, Jésus n’avait pas le cœur à chanter, loin s’en faut car il s’est écrié : « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? (Matthieu 27.46). »

Si les Israélites sont exilés à Babylone loin de Jérusalem et de leur patrie, c’est à cause de leurs péchés et de ceux de leurs ancêtres. Ils paient l’addition tout entière, et c’est une bonne raison pour ne pas avoir envie de chanter.

Versets 5-6

Je continue le Psaume 137.

Si jamais je t’oublie, Jérusalem, que ma main droite perde sa force ! Oui, que ma langue se colle à mon palais si je ne pense plus à toi, Jérusalem, si je ne te mets plus avant toute autre joie (Psaumes 137.5-6).

L’invitation des Babyloniens à chanter les cantiques de Sion a réveillé le souvenir de Jérusalem dans l’esprit des Israélites venus méditer au bord du fleuve. La complainte du début fait maintenant place à la révolte. C’est avec violence que le psalmiste s’adresse à lui-même ces imprécations.

Pour celui qui aime Jérusalem, il n’y a pas de joie possible tant qu’elle est en ruines. On distingue ici un rayon d’espoir parce que cette affirmation est le premier pas des Israélites vers la repentance. Ils ont compris la leçon et se disent prêts à obéir à l’Éternel quand il les aura ramenés dans leur pays.

Verset 7

Je continue.

Souviens-toi, Éternel, des Édomites qui en ce jour du malheur de Jérusalem, criaient bien fort : “ Rasez-la donc, rasez-la jusqu’aux fondations ! ” (Psaumes 137.7).

Penser à Jérusalem, c’est se rappeler ce qu’a souffert la ville, et réclamer justice. Lors de sa destruction, les Édomites, descendants d’Ésaü, frère jumeau de Jacob, ont manifesté d’une manière ignoble leur joie de voir tomber leur rival. Cette attitude est d’autant plus odieuse que leurs ancêtres respectifs sont frères. Pour cette raison, les prophètes Jérémie (49.7-22) et Ézéchiel (25.12-14 ; 35.14) annoncent contre Édom un châtiment particulièrement sévère.

Si le psalmiste ne manifeste pas un esprit de pardon, c’est parce qu’il fonctionne sous la loi du talion : œil pour œil et dent pour dent, assimilable à la loi de la jungle. Par contre, sur la croix, Jésus a fait exactement le contraire. En disant : « Père, pardonne-leur parce qu’ils ne savent pas ce qu’ils font » (Luc 23.34), il a intercédé pour ses bourreaux. Cependant, ce pardon, ne concerne que la croix. À leur mort, les hommes responsables de la crucifixion du Christ, qu’ils soient juifs ou romains, ont été jugés pour tous les péchés de leur vie à l’exception de cet acte odieux.

Quand Étienne, le premier martyr de l’ère chrétienne a prié Dieu en disant : « Ne les charge pas de ce péché (Actes 7.60) », il a eu la bonne attitude qui doit être celle des croyants. Dans son épître aux Romains, l’apôtre Paul écrit :

Mes amis, ne vous vengez pas vous-mêmes, mais laissez agir la colère de Dieu (Romains 12.19) ».

Il est juste qu’un croyant persécuté désire être vengé à condition qu’il s’en remette à Dieu qui lui, fera justice. Dans le livre de l’Apocalypse, l’apôtre Jean écrit :

Ceux qui avaient été égorgés à cause de leur fidélité à la Parole de Dieu et du témoignage qu’ils avaient rendu s’écrièrent d’une voix forte : — Maître saint et véritable, jusques à quand tarderas-tu à juger les habitants de la terre et à leur demander compte de notre mort ? (Apocalypse 6.9-10).

Quelle est la mesure de ma haine vis-à-vis du mal ? Si vous aimez vos enfants, vous haïrez un chien enragé qui les menace, et si vous pouvez, vous le tuerez.

Concernant Jésus, un psaume messianique dit :

Tu aimes la justice, tu détestes le mal (Psaumes 45.8).

Nul ne peut aimer la justice sans détester le mal. Je ne peux aimer ce qui est bon, droit, loyal et vrai sans haïr ce qui est abusif, mauvais, injuste et faux.

Commentaire biblique radiophonique écrit par le pasteur et docteur en théologie : Vernon McGee (1904-1988) et traduit par le pasteur Jacques Iosti.

déc. 03 2024

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