Matthieu 8.23 – 9.8
Chapitre 8
Introduction
Je me souviens que Houdini, le fameux et peut-être le plus grand des prestidigitateurs, était capable des plus grandes prouesses, des prodiges même. D’autres se sont rendus célèbres parce qu’ils étaient en contact avec l’au-delà ou prétendaient posséder le don de guérir les malades. Mais à ce que je sache, personne n’a jamais affirmé pouvoir commander à la nature. Jésus non plus d’ailleurs, car la parole est facile, mais il l’a fait.
Versets 23-24
Je continue à lire dans le chapitre 8 de Matthieu.
Jésus monta dans une barque et ses disciples le suivirent. Tout à coup, une grande tempête se leva sur le lac et les vagues passaient par-dessus la barque. Pendant ce temps, Jésus dormait (Matthieu 8.23-24).
L’Évangile de Marc ajoute que plusieurs autres barques accompagnaient celle de Jésus. La mer de Galilée, située à 208 mètres au-dessous du niveau de la mer et entourée de montagnes est connue pour être balayée par de brusques et violentes tempêtes. Le danger était sérieux puisque leur petit bateau commençait à prendre de l’eau et ces hommes pourtant aguerris et pêcheurs professionnels pour la plupart, ont pris peur. Cette panique à bord contraste avec la sérénité de Jésus. Homme dans tout le sens du terme, il était épuisé et dormait. Mais comme il dépendait de son Père en qui il avait toute confiance, il ne se faisait pas le moindre souci à cause des éléments déchaînés. Parfaitement tranquille, il jouissait continuellement d’une paix profonde. Dans un Psaume de l’Ancien Testament, David écrit :
Dans la paix, je me couche et m’endors aussitôt ; grâce à toi seul, ô Éternel, je demeure en sécurité (Psaumes 4.9).
Il est possible que cette soudaine tempête ait été provoquée par Satan, nous ne savons pas et peu importe. De toute façon, Jésus dort du sommeil du juste.
Verset 25
Je continue :
Les disciples s’approchèrent de lui et le réveillèrent en criant : — Seigneur, sauve-nous, nous sommes perdus ! (Matthieu 8.25).
Ces hommes habitués à la mer font appel à un charpentier pour les aider dans leur détresse, mais il est aussi le Seigneur du ciel de la terre, et de la mer. Ces disciples avaient foi en Jésus et le suivaient dans ses voyages. Mais dans l’œil du cyclone, ils perdirent tous leurs moyens et leur confiance en lui. Il leur faudra apprendre que, lorsque Christ est dans leur barque, ils sont en parfaite sécurité, quelle que soit la sévérité des éléments.
Versets 26-27
Je continue.
— Pourquoi avez-vous si peur ? leur dit-il. Votre foi est bien petite ! Alors il se leva, parla sévèrement au vent et au lac, et il se fit un grand calme. Saisis d’étonnement, ceux qui étaient présents disaient : — Quel est donc cet homme pour que même les vents et le lac lui obéissent ? (Matthieu 8.26-27).
Malgré la faiblesse de leur confiance en Jésus-Christ, il répond immédiatement à leur appel au secours. Il musela alors les vents et la mer comme on le ferait d’un chien furieux. L’Évangile de Marc rapporte que Jésus a dit aux éléments : Silence ! Tais-toi. Dire que Son autorité sur la mer leur fit une profonde impression est très loin de la réalité. Ils étaient ébahis, en état de choc. Ils connaissaient bien la puissance des tempêtes alors ils sont époustouflés. On retrouve cette maîtrise des tempêtes par l’Éternel dans l’Ancien Testament. Je lis quelques extraits :
Qui a enfermé l’océan par une porte à deux battants quand il a jailli, bondissant du sein maternel de la terre, quand je lui imposai ma loi pour briser son élan, quand je plaçai verrous et portes en lui disant : « C’est jusqu’ici que tu iras, et pas plus loin, ici s’arrêteront tes flots impétueux » ? Il calme le bruit des mers, tout le fracas de leurs vagues, et le tumulte des peuples. D’autres s’étaient embarqués sur la mer et ils travaillaient sur les eaux immenses. Là, ils ont vu ce que fait l’Éternel, et ses miracles sur la haute mer. D’un mot, il fit lever une tempête et les flots de la mer se soulevèrent. Tantôt ils étaient portés jusqu’au ciel, tantôt ils retombaient dans les abîmes. Ils étaient saisis d’effroi et d’angoisse. Pris de vertige, ils titubaient comme ivres, toute leur adresse avait disparu. Dans leur détresse, ils ont crié à l’Éternel, et il les délivra de leurs angoisses. Il réduisit la tempête au silence, et il apaisa la furie des vagues. Ce calme fut pour eux cause de joie et Dieu les guida au port désiré (Job 38.8, 10-11 ; Psaumes 65.7 ; 107.24-30).
Verset 28
Je continue le texte.
Quand il fut arrivé de l’autre côté du lac, dans la région de Gadara, deux hommes qui étaient sous l’emprise de démons sortirent des tombeaux et vinrent à sa rencontre. Ils étaient si dangereux que personne n’osait plus passer par ce chemin (Matthieu 8.28).
Ces possédés habitaient dans des cavernes naturelles ou artificielles creusées dans le roc sur le flanc de la colline qui servaient de tombeaux et d’abri pour ces deux hommes, un peu comme le cimetière géant du Caire. Ces lieux étaient rituellement impurs selon la Loi de Moïse et à cette époque considérés comme des repères de démons. Ce récit montre que cette possession démoniaque n’était pas simplement une maladie mentale, mais que de mauvais esprits peuvent réellement contrôler les actions et les paroles de leurs pauvres victimes. Parallèlement à la création physique, il existe un monde troublant et mystérieux peuplé d’anges déchus qui ont des titres différents selon leur niveau d’autorité. Je cite un passage écrit par l’apôtre Paul :
Car nous n’avons pas à lutter contre des êtres de chair et de sang, mais contre les Puissances, contre les Autorités, contre les Pouvoirs de ce monde des ténèbres, et contre les esprits du mal dans le monde céleste (Éphésiens 6.12).
L’auteur de la trilogie Le Seigneur des anneaux Tolkien, était un catholique pratiquant. Il semble qu’il ait tenu compte des hiérarchies démoniaques lorsqu’il a créé les orcs et le Balrog, les Trolls et les Ourouks, des êtres tous aussi méchants les uns que les autres. Jésus et ses disciples se trouvent dans la région de Gadara au sud-est du lac de Galilée. Les habitants descendaient de la tribu de Gad et élevaient des pourceaux, ce qui était interdit par la Loi de Moïse, mais il y avait bien longtemps qu’ils se conduisaient en purs païens. Selon le récit parallèle de Luc et de Marc, ces hommes étaient habités par de nombreux démons.
Je continue le texte : Et voici qu’ils se mirent à crier : — Que nous veux-tu, Fils de Dieu ? Es-tu venu nous tourmenter avant le temps ? (Matthieu 8.29).
Ce sont les démons qui s’expriment et non les hommes. La première phrase : Que nous veux-tu, Fils de Dieu ? est une formule idiomatique qui veut dire : Pourquoi te mêles-tu de nos affaires ? Il est intéressant de noter que celui qui parle est venu de lui-même devant du Seigneur et l’appelle Fils de Dieu. Ils témoignent immédiatement de la divinité du Christ, mais se tiennent à distance. Ils savent très bien à qui ils ont à faire et sont conscients du caractère inéluctable du jugement qui leur est réservé. Les démons sont étonnés de cette soudaine présence du Fils de Dieu, leur juge au dernier jour. Ils se demandent si l’heure de leur châtiment vient déjà de sonner d’où la question : Es-tu venu nous tourmenter avant le temps ? Ces démons croyaient tout à fait en l’historicité de Jésus, mais pour eux cela signifiait le jugement. Ce n’est pas la connaissance cérébrale qui compte devant Dieu, bien au contraire. Je cite un passage du Nouveau Testament :
Tu crois qu’il y a un seul Dieu ? C’est bien. Mais les démons aussi le croient, et ils tremblent. Tu ne réfléchis donc pas ! Voici la preuve que la foi sans les actes ne sert à rien ? (Jacques 2.19).
La foi intellectuelle qui n’est pas suivie d’actions dignes d’un changement intérieur, est tout à fait inutile.
Versets 30-31
Je continue le texte :
Or, il y avait, à quelque distance de là, un grand troupeau de porcs en train de paître. Les démons supplièrent Jésus : — Si tu veux nous chasser, envoie-nous dans ce troupeau de porcs (Matthieu 8.30-31).
Sachant que Jésus allait les chasser, les mauvais esprits demandent l’autorisation de posséder les porcs. Ils craignent pour des raisons non spécifiées, de se trouver sans demeure physique. Selon un passage parallèle, ils supplient Jésus de ne pas les envoyer dans l’abîme. Cet endroit est mentionné dans l’Apocalypse comme étant une prison pour Satan. La demande des démons montre que le diable et les autres anges déchus ne peuvent que se soumettre au Seigneur malgré leur révolte contre lui.
Verset 32
Je continue :
Allez ! leur dit-il. Les démons sortirent de ces deux hommes et entrèrent dans les porcs. Aussitôt, tout le troupeau s’élança du haut de la pente et se précipita dans le lac, et toutes les bêtes périrent noyées (Matthieu 8.32).
Jésus accède à la demande des démons, mais les porcs rendus fous furieux par ces hôtes indésirables se sacrifient. Les personnes adonnées aux pratiques occultes, qui entretiennent des relations avec le monde des ténèbres, finissent souvent de mort violente, dont le suicide. Le mal travaille à sa propre destruction. Comme je l’ai dit, les porcs étaient des animaux impurs. Qu’ils aient été gardés par des Juifs ou des païens, c’était de toute façon une violation de la loi de Moïse pour le pays d’Israël. Cette destruction du troupeau est un jugement contre les habitants de cette contrée.
Versets 33-34
Je finis le chapitre 8.
Les gardiens du troupeau s’enfuirent, coururent à la ville et allèrent raconter tout ce qui s’était passé, en particulier comment les deux hommes qui étaient sous l’emprise de démons avaient été guéris. Là-dessus, tous les habitants de la ville sortirent à la rencontre de Jésus et, quand ils le virent, le supplièrent de quitter leur territoire (Matthieu 8.33-34).
Cette fin d’histoire est surprenante. Ici a lieu la première résistance au ministère du Seigneur et pour des raisons de gros sous. Les gens ne veulent pas du Christ, car ils craignent quelqu’un qui a un tel pouvoir, mais surtout par peur de perdre davantage de troupeaux. Ils considéraient que leur trafic illicite était préférable à la guérison de ces pauvres démoniaques. La présence de Dieu inquiète notre monde bien davantage que la puissance de Satan pourtant l’ennemi juré des hommes qui ne veut que dominer et dégrader leur corps et leur esprit. Le Seigneur, invité à quitter ces lieux, n’y est plus jamais retourné.
C’est une leçon pour nous. Il est possible de rejeter Dieu au point où il ne reviendra plus frapper à votre porte. Pour ce qui est de cette région, tout en partant, Jésus laissa un témoignage sur place puisque selon un passage parallèle, l’un des démoniaques guéris devint un prédicateur fidèle du Christ dans le pays de Gadara. Je lis ce passage :
L’homme qui avait été libéré des esprits mauvais lui demanda s’il pouvait l’accompagner, mais Jésus le renvoya en lui disant : Rentre chez toi, et raconte tout ce que Dieu a fait pour toi ! Alors cet homme partit proclamer dans la ville entière tout ce que Jésus avait fait pour lui (Luc 8.38-39).
Chapitre 9
Versets 1-2
Nous voici arrivés au chapitre 9 de l’Évangile selon Matthieu. L’auteur a commencé par raconter 6 miracles de Jésus où il maîtrise la maladie, la nature et les démons. Par sa puissance et son autorité, il a prouvé sans l’ombre d’un doute qu’il est au minimum un très grand prophète. Matthieu va maintenant décrire six autres miracles et révéler que Jésus possède le plus grand des pouvoirs, celui de pardonner les offenses commises contre Dieu. Je commence à lire :
Jésus monta dans une barque, traversa le lac et se rendit dans sa ville. On lui amena un paralysé couché sur un brancard. Lorsqu’il vit quelle foi ces gens avaient en lui, Jésus dit au paralytique : — Prends courage, mon enfant, tes péchés te sont pardonnés (Matthieu 9.1-2).
Jésus est chez lui dans sa maison et enseigne. Luc donne les détails de cette histoire. Je lis le passage :
Un jour, il était en train d’enseigner. Des pharisiens et des scribes enseignants de la Loi étaient assis dans l’auditoire. Ils étaient venus de tous les villages de Galilée et de Judée ainsi que de Jérusalem. La puissance du Seigneur se manifestait par les guérisons que Jésus opérait. Voilà que survinrent des hommes qui portaient un paralysé sur un brancard. Ils cherchaient à le faire entrer dans la maison pour le déposer devant Jésus, mais ils ne trouvèrent pas moyen de parvenir jusqu’à lui, à cause de la foule. Alors ils montèrent sur le toit en terrasse, ménagèrent une ouverture dans les tuiles et firent descendre le paralysé sur le brancard en plein milieu de l’assistance, juste devant Jésus (Luc 5.17-19).
Ce paralytique avait de vrais amis qui possédaient une grande foi. Ils étaient prêts à affronter tous les obstacles sans se laisser décourager afin d’amener cet infirme couché sur un lit devant Jésus pour qu’Il le guérisse. Mais les premiers mots qui sortent de la bouche du Christ sont totalement inattendus. Les amis du paralytique sont stupéfaits. Ils attendaient une guérison et voilà que Jésus parle de toute autre chose. En disant : tes péchés te sont pardonnés, le Seigneur prétend posséder un pouvoir qui n’appartient qu’à Dieu seul. Je lis un texte de l’Ancien Testament :
Que tout mon être loue l’Éternel. Car c’est Lui qui pardonne tous tes péchés (Psaumes 103.2-3).
En fait, Jésus se proclame Dieu. L’autre possibilité est qu’il bluffe ou se méprend sur lui-même, mais ce n’est pas compatible avec son enseignement ou ses miracles.
Verset 3
Je continue le texte.
Là-dessus, quelques scribes pensèrent en eux-mêmes : « Cet homme blasphème ! » (Matthieu 9.3).
Jésus utilise un mot pour pardonner qui est exclusivement réservé à Dieu et qui concerne uniquement les fautes dont les hommes sont coupables envers Lui. Les religieux étaient venus de toutes parts pour fureter dans les enseignements de Jésus, cherchant à y redire. Maintenant, ils en ont l’occasion et ils sont scandalisés. Si le Christ n’est qu’un simple homme, même prophète, ils ont raison de penser que Jésus blasphème. C’est ici que commence l’opposition de la caste religieuse à Jésus. Elle se terminera à la croix. Le conseil suprême de la nation juive le condamnera à mort en l’accusant de blasphème.
Verset 4
Je continue.
Mais Jésus connaissait leurs pensées. Il leur dit : — Pourquoi avez-vous ces mauvaises pensées en vous-mêmes ? (Matthieu 9.4).
Pas un mot n’avait été prononcé, le fait que Jésus connaisse leurs pensées est une preuve supplémentaire qu’il n’est pas un simple homme. Juger sur les apparences est intellectuellement stupide et un acte orgueilleux, car la plupart d’entre nous cachons nos pensées derrière une façade sans fissure. Il est bien plus judicieux de reconnaître ses fautes devant le Seigneur, car il est écrit que :
Dieu jugera par Jésus-Christ tout ce que les hommes ont caché (Romains 2.16).
Les scribes avaient de toute façon pris parti contre le Christ. Quoi qu’il fasse ou dise, les dés étaient jetés. Les religieux sentaient que leur pouvoir sur les masses était menacé par Jésus, qu’il s’effritait au fil des miracles, alors ils étaient prêts à tout pour défendre leurs privilèges, même à tuer cet homme innocent.
Versets 5-6
Je continue le texte.
Qu’est-ce qui est le plus facile ? Dire : « Tes péchés te sont pardonnés » ou dire : « Lève-toi et marche » ? Eh bien, vous saurez que le Fils de l’homme a, sur la terre, le pouvoir de pardonner les péchés. Alors il dit au paralysé : — Je te l’ordonne : lève-toi, prends ton brancard et rentre chez toi (Matthieu 9.5-6).
Jésus se donne à nouveau le titre Fils de l’homme, un terme qui souligne son appartenance à l’humanité. Lui seul le fait et personne ne l’appelle jamais ainsi. Ce titre apparaît 83 fois dont 82 dans les écrits des évangélistes. Jésus l’emploie pour dire qu’il est l’archétype humain de la perfection, de la souffrance et de la gloire lorsqu’il reviendra sur terre pour régner. Si ces religieux avaient été sincères, ils auraient reconnu que n’importe qui pouvait dire Tes péchés te sont pardonnés, car c’est impossible à vérifier. À l’inverse, un paralytique qui est guéri, tout le monde le voit.
Versets 7-8
Je continue.
Le paralysé se leva et s’en alla chez lui. En voyant cela, les foules furent saisies de frayeur et rendirent gloire à Dieu qui avait donné aux hommes un si grand pouvoir (Matthieu 9.7-8).
Jésus a prouvé qu’il possédait l’attribut divin de pardonner les péchés. Il a le pouvoir d’effacer toutes les conséquences du mal. Ce paralytique guéri et pardonné est au bénéfice des bénédictions qui avaient été prophétisées dans l’Ancien Testament et que le Messie apporterait. Le peuple est rempli d’une crainte respectueuse, mais se réjouit, car il comprend que Dieu a envoyé un messager revêtu de la puissance divine pour les aider à porter leur misère. Cependant, dans les coulisses se trame déjà un complot machiavélique. Les instances religieuses ont décidé de supprimer Jésus-Christ. Les disciples ont encore un long chemin spirituel à faire, mais ils commencent néanmoins à croire pour de vrai que Jésus est le Messie.
Commentaire biblique radiophonique écrit par le pasteur et docteur en théologie : Vernon McGee (1904-1988) et traduit par le pasteur Jacques Iosti.