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15 juin 2022

Matthieu 5.17-30

Chapitre 5

Verset 17

Sous l’ancien régime, la vraie loi était la seule volonté du roi. C’est lui qui faisait la pluie et le beau temps d’où le dicton : si veut le roi, si veut la loi. De nos jours, la situation est moins chaotique encore que comme l’a si bien dit Honoré de Balzac : les lois sont des toiles d’araignées à travers passent les grosses mouches et où restent les petites. La loi est censée être la même pour tous, mais en réalité son application est encore très arbitraire, même dans les pays démocratiques. Je me console en sachant qu’il n’en sera pas ainsi dans le royaume du Christ. Dans son Sermon sur la Montagne et après avoir énoncé 8 béatitudes, Jésus explique le rapport entre les principes moraux de Dieu, la Loi de Moïse et les traditions.

Je continue à lire dans le chapitre 5 de Matthieu.

Ne vous imaginez pas que je sois venu pour abolir ce qui est écrit dans la Loi ou les prophètes ; je ne suis pas venu pour abolir, mais pour accomplir (Matthieu 5.17).

La Loi et les prophètes est une expression qui désigne tout l’enseignement contenu dans l’Ancien Testament. Jésus réaffirme l’autorité des Écritures tout en expliquant comment les interpréter et les appliquer maintenant qu’il est venu pour offrir aux Juifs le rétablissement du royaume de David sur terre. Une des idées relativement répandues est que les préceptes de Jésus étaient différents de ceux de Moïse. Au contraire, Jésus affirma catégoriquement sa soumission à toutes les Écritures qui existaient à son époque, l’Ancien Testament.

Le conflit n’est pas entre le Christ et Moïse, mais entre la Loi et la tradition des Anciens. Chaque fois que Jésus dit : Moi je vous dis, il oppose la vraie interprétation de la Loi aux pratiques rituelles contraignantes que la classe religieuse avait manipulées ou fabriquée, et auxquelles il se réfère quand il dit : il a été dit aux anciens ou : vous avez appris. Par son enseignement, Jésus proclamait que sa parole faisait loi et autorité sur tout ce que pouvaient bien raconter les spécialistes de la Loi, les scribes et les pharisiens. Personne hormis Jésus n’a jamais été capable d’obéir en tout à la Loi de Moïse. En disant être venu pour l’accomplir ainsi que le reste des Écritures, Jésus déclare occuper la position-clé dans l’histoire du salut de l’humanité. En d’autres mots, il se proclame le Messie, le Fils de Dieu qui devait venir et qui avait été annoncé par l’Ancien Testament.

L’enseignement de Jésus n’était pas seulement didactique ; non ! Dans tout ce qu’il est, sa personne, ses actes et son enseignement, Il proclamait et prouvait qu’il était l’aboutissement du message de la Loi de Moïse et des prophètes. Jésus a accompli les Écritures de 4 manières différentes.

  1. En obéissant parfaitement à la Loi morale, à tous les commandements de l’Ancien Testament. Il l’a fait au nom et pour le bénéfice de tous ceux qui croient en lui, car comme je le dis sans cesse, cela nous était totalement impossible.
  2. En réalisant en sa personne tous les rituels de la partie cérémoniale de la Loi avec ses nombreux sacrifices et les protocoles complexes qui annonçaient de façon figurative sa venue.
  3. En accomplissant toutes les prophéties messianiques qui concernaient sa naissance, vie, mort et résurrection.

Et 4. En devenant l’Agneau pascal de Dieu sacrificiel qui a porté et expié sur la croix toutes les fautes de l’humanité et qui a pris sur lui les jugements que la Loi avait prononcés contre nous tous.

Comme Jésus est à la fois Dieu et parfait, les bénéfices de la mort qu’il a subie sont infinis. Ils peuvent donc être appliqués à un nombre illimité d’individus, spécifiquement à chaque croyant de tous les temps. Devant la personne de Jésus, face à ses enseignements et à ce qu’il a fait, on ne peut pas simplement conclure qu’Il était un brave garçon, un philosophe remarquable, un autre Confucius, où qui sais-je encore ! Ça n’a pas de sens, car il a dit lui-même sans l’ombre d’un détour qu’il était le personnage central de la Loi et des prophéties de l’Ancien Testament.

En conséquence, chacun d’entre nous est confronté à un choix. Soit Jésus disait vrai, soit il se méprenait sur lui-même, soit il était un imposteur. Mais ces deux dernières options, quoique théoriquement possibles, sont totalement incohérentes avec tout ce que les Écritures et la littérature antique disent de lui, de sa vie et de ses enseignements. À moins d’avoir déjà pris résolument parti contre le Christ, je n’ai pas vraiment d’autres alternatives que de croire qu’Il est vraiment ce qu’il disait être, le Fils unique de Dieu. Mais alors, je suis confronté à un autre choix encore plus critique. Soit, je l’accepte avec toutes les conséquences que cela implique et qui sont considérables ; soit, je l’écarte de ma route, j’oublie tout et continue à vaquer à mes occupations quotidiennes comme si de rien n’était. Mais en jouant à l’autruche proverbiale qui cache sa tête dans le sable afin d’échapper à ce qui la dérange, je ne fais rien d’autre que de rejeter le Christ et tout ce qu’il représente.

Verset 18

Je continue le texte.

Oui, vraiment, je vous l’assure : tant que le ciel et la terre resteront en place, ni la plus petite lettre de la loi, ni même un point sur un i n’en sera supprimé jusqu’à ce que tout se réalise (Matthieu 5.18).

Jésus se réfère au iota, la lettre i qui est la plus petite de l’alphabet grec. C’est l’équivalent du iod en hébreu, lui aussi à peine plus gros qu’une virgule. Pour Jésus, tout ce qui est écrit, même les traits de lettre les plus insignifiants, est important, car inspiré de Dieu. Il déclare donc sans ambages que toutes les Écritures, jusqu’aux plus menus détails, sont la Parole de Dieu et s’accompliront.

Verset 19

Je continue.

Par conséquent, si quelqu’un n’obéit pas à un seul de ces commandements, même s’il s’agit du moindre d’entre eux, et s’il apprend aux autres à faire de même, il sera lui-même considéré comme le moindre dans le royaume des cieux. Au contraire, celui qui obéira à ces commandements et qui les enseignera aux autres, sera considéré comme grand dans le royaume des cieux (Matthieu 5.19).

La charte du roi exige une entière obéissance aux commandements de la Loi. La grâce que Dieu exerce à l’égard de ceux qui se reconnaissent spirituellement pauvres et en banqueroute, ne les dispense pas de l’observation des enseignements de la Loi morale de l’Ancien Testament tels que Jésus les interprète. Sera honoré celui qui communique et met en pratique tout le conseil de Dieu contenu dans les Écritures. À l’époque du Christ, les religieux avaient mis en place un système de valeurs qu’ils appliquaient aux commandements de la Loi, mais Jésus déclare qu’ils sont tous importants.

La Loi forme un tout et celui, qui est sous sa coupe, n’a pas le loisir de choisir quels préceptes il estime essentiels et ceux qu’il peut laisser de côté, car il est écrit :

Maudit est quiconque n’observe pas tout ce qui est écrit dans le livre de la Loi (Galates 3.10).

Le disciple de Jésus-Christ n’est pas sous cette Loi, mais sous le régime de la grâce. Cette faveur non méritée que Dieu lui a faite le conduit en retour à aimer Dieu et à désirer obéir à toutes ses directives, même si c’est très imparfaitement. Par contre, celui qui n’accepte pas Jésus comme son Maître est sous la Loi par défaut. Alors malheur à lui ; il est maudit parce qu’il est impossible à quiconque de lui obéir en tout point.

Verset 20

Je continue le texte.

Je vous le dis : si vous n’obéissez pas à la Loi mieux que les spécialistes de la Loi et les Pharisiens, vous n’entrerez pas dans le royaume des cieux (Matthieu 5.20).

Les religieux juifs avaient considérablement tordu le sens des préceptes de Moïse et y avaient rajouté des rituels à n’en plus finir. Afin de se conformer aux formes extérieures et bien visibles de certaines exigences de la Loi, ils faisaient des torsions et des contorsions devant le bas peuple qui leur vouait une grande admiration ce dont ils étaient très fiers. Les religieux étaient bien plus corrompus que le Juif moyen. Ils avaient fait de l’hypocrisie un art dont ils étaient passés maîtres et leur apparente, mais fausse, dévotion à Dieu est la raison pour laquelle le Christ les a maudits. Obéir à la Loi selon Jésus, revient en finalité à reconnaître son incapacité à le faire et donc se tourner vers Lui, le seul qui la respecta dans son intégralité. Quand quelqu’un accepte Jésus comme Maître de sa vie, il est revêtu de justice comme d’un manteau dont le tissu serait constitué des mérites que Jésus-Christ a obtenus pour la race humaine en obéissant à toute la Loi. C’est ainsi que, bien qu’injuste en moi-même, je peux devenir juste par Son entremise.

Maintenant, Jésus va comparer son enseignement non aux commandements donnés par Dieu, mais à l’interprétation qu’en faisaient les scribes et les Pharisiens. Comme je l’ai dit, la pratique de la Loi prônée par la classe dominante des religieux avait confiné les préceptes de l’Ancien Testament à des comportements purement extérieurs faits de rituels vides de sens. Jésus va utiliser l’enseignement traditionnel des anciens concernant certains commandements pour donner le vrai sens de la Loi et exposer la superficialité hypocrite des Pharisiens.

Versets 21-22

Je continue le texte.

Vous avez appris qu’il a été dit à nos ancêtres : « Tu ne commettras pas de meurtre, si quelqu’un a commis un meurtre, il en répondra devant le tribunal ». Eh bien moi, je vous dis : Celui qui se met en colère contre son frère sera traduit en justice. Celui qui lui dit « imbécile » passera devant le tribunal, et celui qui le traite de fou est bon pour le feu de la Géhenne (Matthieu 5.21-22).

Nulle part dans la Loi, il n’est dit que le meurtre conduisait au tribunal ; c’est une pure invention des religieux. Dans l’Ancien Testament, assassiner avec préméditation entraînait automatiquement la peine capitale. Jésus va plus loin que l’acte lui-même en déclarant que non seulement les comportements méritent d’être jugés, mais également les attitudes du cœur qui en sont les causes. Il est faux de ne considérer que la lettre de la Loi qui condamne le meurtre ; c’est l’obéissance à l’esprit du commandement qui compte. Cela veut dire ne pas entretenir de haine à l’égard d’autrui, ne pas entrer dans le cycle de la colère et se garder d’insulter ou blesser son prochain par ses paroles. Toute personne qui nourrit en son cœur de l’animosité envers autrui est déjà coupable devant Dieu et mérite d’être punie.

Le mot géhenne se réfère à une dépression située au sud de Jérusalem. Certains des rois de Juda y avaient fait construire des autels pour offrir des enfants en sacrifice aux idoles, un peu comme dans le film d’Indiana Jones, le temple maudit. Mais un roi fidèle à l’Éternel accéda au trône et durant son règne fit répandre des immondices dans cette vallée afin qu’elle ne puisse plus être utilisée pour de telles abominations. Depuis lors, cette dépression servait de décharge publique qui brûlait en permanence. Dans la littérature juive, cet endroit est une image de la condamnation éternelle. Il est évident d’après ce contexte et par l’utilisation du mot Géhenne dans d’autres passages, que Jésus décrit un jugement bien plus terrible que la simple mort physique.

Versets 23-26

Je continue.

Si donc, au moment de présenter ton offrande devant l’autel, tu te souviens que ton frère a quelque chose contre toi, laisse là ton offrande devant l’autel, et va d’abord te réconcilier avec ton frère ; puis tu reviendras présenter ton offrande. Si quelqu’un porte des accusations contre toi, dépêche-toi de t’entendre avec ton adversaire pendant que tu es encore en chemin avec lui. Sinon, ton adversaire remettra l’affaire entre les mains du juge, qui fera appel aux huissiers de justice, et tu seras mis en prison. Et là, vraiment, je te l’assure : tu n’en sortiras pas avant d’avoir remboursé jusqu’au dernier centime (Matthieu 5.23-26).

L’affirmation de Jésus : va d’abord te réconcilier, est d’autant plus frappante que sa mise en pratique impliquait un voyage à pied dans la poussière de Jérusalem jusqu’au village pour aller trouver celui qu’on avait offensé. Néanmoins, si on considère l’alternative présentée par le Christ, le jeu en vaut la chandelle. En développant les implications de son enseignement pour ses disciples, Jésus leur donne deux bonnes raisons de rechercher une réconciliation rapide.

D’abord, toute affaire non résolue est un obstacle à ma relation avec le Père céleste. Si je ne veux pas me réconcilier avec mon frère, Dieu n’est pas prêt non plus à accepter mon adoration ou mon service. La relation du disciple avec le Seigneur ne peut pas être conçue indépendamment des rapports entretenus par les disciples entre eux. En second lieu, toute offense qui n’est pas réglée est un piège, c’est comme un feu qui couve. L’atmosphère est empoisonnée ce qui conduira éventuellement à des problèmes plus graves encore.

À cette époque, il était fréquent que des problèmes d’argent soient à l’origine d’une dispute. Il arrivait alors que le débiteur soit emprisonné jusqu’à ce que ses proches aient payé sa dette ce qui risquait de causer de méchantes affaires de famille. L’illustration de Jésus a pour but de souligner la nécessité urgente d’une réconciliation quand elle est possible.

Versets 27-28

Je continue.

Vous avez appris qu’il a été dit : « Tu ne commettras pas d’adultère ». Eh bien, moi je vous dis : Si quelqu’un jette sur une femme un regard et la désire, il a déjà commis adultère avec elle dans son cœur (Matthieu 5.27-28).

Jésus associe le 10e commandement : « Tu ne convoiteras pas » au 7e : « Tu ne commettras pas d’adultère », ce que les pharisiens auraient approuvé. Mais il ne traite pas ici de la théorie de la relation coupable ; il interroge ses auditeurs sur l’état de leur cœur et leur attitude à l’égard de la femme en général. À l’époque, les Juives mariées devaient se couvrir la tête pour ne pas susciter la convoitise et certains écrits mettaient en garde contre le danger qu’elles représentaient.

Mais Jésus tourne la table et inverse les responsabilités : le coupable est celui qui convoite et non celle qui est convoitée. Le désir de s’approprier sexuellement une femme, la chosifie ce qui est une attaque contre Dieu. Jésus élève l’enseignement de la Loi de Moïse à un niveau beaucoup plus haut que la simple lettre de la loi. Il se place dans la position d’un législateur plus grand que Moïse, d’un interprète de la Loi plus compétent que les scribes, rendant ainsi caduque toute leur activité qui consistait surtout à couper les cheveux en quatre.

Jésus se présente également comme un juge habilité à sanctionner les fautes. En tant que Fils de Dieu, il en avait parfaitement le droit. C’est de façon très simple, avec deux exemples tirés des 10 commandements que Jésus a expliqué ce que signifiait obéir à l’esprit de la Loi. La suite va révéler que les disciples et le peuple qui l’écoutaient ont très bien compris son enseignement et donc ce qu’il attendait d’eux.

Commentaire biblique radiophonique écrit par le pasteur et docteur en théologie : Vernon McGee (1904-1988) et traduit par le pasteur Jacques Iosti.

nov. 14 2024

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