Matthieu 1.24 – 2.8
Chapitre 1
Introduction
Certains dictons ne sont pas évidents à comprendre comme celui-ci par exemple : On a tant crié, on a tant chanté Noël qu’à la fin il est venu. Cela veut dire que les choses que l’on désire ardemment finissent par arriver. C’est quelques fois vrai, peut-être même assez souvent, mais pas toujours et je suis sûr que vous en conviendrez. Il est exact que pendant 4 000 ans des prophètes ont annoncé aux Israélites la venue du Messie. Pendant tout ce temps, les Juifs pieux ont pris leur mal en patience. Finalement, la promesse de Dieu se réalisait.
Versets 22-23
Je continue à lire dans le premier chapitre de l’Évangile de Matthieu.
Tout cela arriva pour que s’accomplisse cette parole du Seigneur transmise par le prophète : Voici, la jeune fille vierge sera enceinte. Et elle enfantera un fils que l’on appellera Emmanuel, ce qui veut dire : Dieu est avec nous (Matthieu 1.22-23).
Tout au long de l’Évangile, Matthieu va indiquer plusieurs fois que la naissance du Christ était l’accomplissement d’une des 300 prophéties de l’Ancien Testament qui concernent le Messie. Ici, il se réfère spécifiquement à l’une des plus connues. Ce verset a été, comme beaucoup d’autres, un sujet de controverses, parce que le mot traduit par jeune fille vierge peut aussi vouloir dire jeune fille tout court, bien qu’il soit toujours traduit par vierge dans les textes de l’Ancien Testament. Si on replace la prophétie en question dans son contexte, cette naissance devait être un signe miraculeux donné à un roi qui était des plus incrédules. Or pour une jeune fille, de tomber enceinte n’a rien de bien étonnant, ce n’est pas du tout un signe miraculeux, car cela arrive tous les jours, pourrait-on dire, et la prédiction n’aurait aucun sens. Par contre pour une vierge de concevoir un fils, alors là oui, c’est vraiment inhabituel et tient du miracle. C’est la seule façon possible de comprendre ce passage.
De plus, Jésus-Christ et Matthieu ont utilisé la traduction grecque de l’Ancien Testament qui s’appelle la Septante. Elle fut écrite durant la période de 400 ans, qui sépare l’Ancien Testament du Nouveau. Or la Septante traduit le terme hébreu jeune fille par le mot grec parthenos qui veut dire vierge et qui n’admet aucune autre interprétation. En effet, le Parthénon est tiré du mot parthenos, qui est le temple d’Athéna, la déesse vierge de la ville d’Athènes. Ceux qui choisissent de traduire le mot hébreu par jeune fille tout court rejettent la conception miraculeuse du Christ.
Par contre, si on est intellectuellement honnête et rigoureux et qu’on s’en tient aux règles d’interprétation de textes, il ne fait pas de doute que c’est jeune fille vierge qu’il faille lire dans la prophétie. Donc, ce fils qui naîtra d’une vierge va s’appeler Emmanuel ce qui veut dire, Dieu est avec nous. Dans la culture hébraïque, donner un nom à quelqu’un implique une reconnaissance de son caractère ou de sa nature. C’est en cela que Jésus-Christ est Emmanuel, Dieu parmi nous. Cette même idée se trouve également dans une autre prophétie concernant le Messie. Je la cite :
On l’appellera admirable, Conseiller, Dieu puissant, Père éternel, Prince de la paix (Ésaïe 9.5).
Ces termes ne sont pas des noms propres du Christ, mais des descriptions de sa personne.
Le nom Emmanuel, qui est donné à Jésus et qui veut dire Dieu avec nous, implique sa naissance miraculeuse, car s’il avait eu un père comme chacun d’entre nous, il aurait simplement été un être humain comme vous et moi et non Dieu avec nous. Emmanuel donne toute sa valeur au sacrifice de Jésus sur la croix, car Dieu seul pouvait effacer notre immense dette envers Lui. Aucune créature, aussi parfaite soit-elle, n’aurait pu le faire. Jésus devait être Dieu avec nous, afin de devenir mon sauveur et le vôtre, si vous l’acceptez.
Voilà pourquoi il est si important de croire que Jésus est né d’une vierge. Seul un Sauveur issu de la Trinité et venu du ciel pouvait nous tirer d’affaire et la naissance miraculeuse du Christ est une preuve de sa nature divine. Finalement, ce titre Emmanuel, Dieu avec nous, fait écho à l’affirmation de Jésus à la fin de l’Évangile lorsqu’il dit :
Je suis moi-même avec vous chaque jour, jusqu’à la fin du monde (Matthieu 28.20).
Seul Dieu peut être avec chacun des êtres humains qui l’appellent, et cela, du matin au soir.
Versets 24-25
Je continue le texte.
À son réveil, Joseph fit ce que l’ange du Seigneur lui avait commandé : il prit Marie pour femme. Mais il n’eut pas de relations conjugales avec elle avant qu’elle ait mis au monde un fils, auquel il donna le nom de Jésus (Matthieu 1.24-25).
Une fois encore, l’Évangile donne une vue très positive de Joseph. Il est réceptif à Dieu, lui obéissant sans trop poser de questions et pourtant il était face à un problème que personne avant lui n’avait rencontré. Il va prendre Marie pour épouse, même si sa réputation doit en souffrir. Ce qui compte pour lui, c’est la volonté de Dieu et le bien-être de Marie. Puisque je parle d’elle, d’autres passages des Évangiles la concernant sont sujets à controverses. Au fil des siècles, l’idée que Marie soit restée vierge après la naissance de Jésus s’est bien implantée et fait partie du dogme catholique romain.
Précédemment, j’ai lu : mais Joseph n’eut pas de relations conjugales avec elle avant qu’elle ait mis au monde un fils. Ce verset laisse fortement supposer que Joseph et Marie eurent des relations maritales normales après la naissance de Jésus. De plus, si le Nouveau Testament enseigne clairement que Marie était vierge avant la naissance du Christ, aucun passage ne suggère qu’elle le soit restée ensuite. Les 4 évangélistes font souvent référence aux frères et sœurs de Jésus, et ce serait un abus de langage que de les considérer comme de simples cousins et cousines. La doctrine de la virginité perpétuelle de Marie ne trouve pas sa source dans les Textes Sacrés, mais dans les écrits de Jérôme, un père de l’Église du 4e siècle de notre ère.
Chapitre 2
Introduction
Nous voici arrivés au 2e chapitre de l’Évangile dans lequel Matthieu fait le récit de certains événements qu’il a vécus. Il en a choisi deux très contrastés : d’une part, l’arrivée de ceux qui vinrent de très loin pour adorer le Sauveur, et d’autre part, la haine ou l’indifférence de ceux qui vivaient tout près de Jésus. Étant donné que cet Évangile est d’abord écrit pour la nation d’Israël, Matthieu s’attarde sur l’accueil que lui firent le monde païen et les Juifs de l’époque. Il veut aussi montrer que cette naissance miraculeuse du Fils de Dieu était l’accomplissement de prophéties spécifiques de l’Ancien Testament qui annonçaient la venue d’un sauveur. Les 4 prophéties dont il va être question sont : premièrement, le Messie devait naître à Bethléhem au sud de Jérusalem. Deuxièmement, il y aurait des lamentations dans la ville de Rama au nord de Jérusalem à cause de lui. Troisièmement, il devrait quitter l’Égypte où il avait dû se réfugier, et finalement il serait appelé Nazaréen.
La seule façon pour ce petit bébé né dans une crèche de satisfaire en même temps toutes ces prédictions le concernant était d’être lui-même le Messie. À ce jour, il existe encore beaucoup de prophéties concernant la fin du monde et les temps troublés, qui la précéderont, qui n’ont pas vu leur accomplissement, sinon je ne serais pas là pour en parler. Si on les examine toutes ensemble on est confronté à un immense puzzle avec des morceaux fort compliqués dans tous les sens, au point où il paraît impossible de les accorder les uns avec les autres. Pourtant, au moment voulu, quand Dieu décidera que l’humanité arrive à la dernière ligne droite, alors tous les morceaux vont se mettre en place tout seul et d’un seul coup. Mais en attendant, on est encore bien perplexe et c’est ce qui explique que les grandes familles de la chrétienté ne sont pas d’accord concernant les événements de la fin des temps.
C’était exactement le même scénario à l’époque de la naissance du Christ en ce qui concerne un certain nombre de Juifs pieux qui attendaient patiemment la venue du Messie. Ils sondaient les Écritures, étudiaient les prophéties de l’Ancien Testament, mais avaient bien du mal à coller tous les bouts ensemble. Matthieu va montrer avec précision, très naturellement et sans rien forcer, comment les prophéties qui avaient trait à la venue du Sauveur se sont littéralement accomplies en Jésus.
Versets 1-3
Je commence à lire ce 2e chapitre.
Jésus était né à Bethléhem en Judée, sous le règne du roi Hérode. Or, des mages venant de l’Orient arrivèrent à Jérusalem. Ils demandaient : Où est le roi des Juifs qui vient de naître ? Nous avons vu se lever son étoile, et nous sommes venus lui rendre hommage. Quand le roi Hérode apprit la nouvelle il en fut profondément troublé, et tout Jérusalem avec lui (Matthieu 2.1-3).
Ces personnages mystérieux apparaissent d’un coup comme sortis d’un livre de contes de mille et une nuits. On a coutume de dire que trois mages sont venus et on leur a même donné des noms. En fait, selon l’Évangile, on ne connaît ni leur nombre, ni leurs noms, ni d’où ils venaient. Il est probable qu’il s’agissait d’une troupe relativement nombreuse respirant la richesse qui s’est présentée aux portes de Jérusalem pour troubler à ce point Hérode. Ce roi despote était un descendant d’Ésaü, le frère de Jacob, le fondateur de la nation juive. Ces deux hommes étaient frères ennemis héréditaires.
Ayant peur pour son trône, Hérode voulait connaître le fin mot de l’histoire, car il ne tolérait aucun rival. En effet, l’attente des Juifs pieux de cette époque était celle d’un libérateur qui, tel un nouveau David, rétablirait la dynastie de son ancêtre et assurait la paix et la prospérité d’Israël. Hérode le Grand était une brute épaisse réputée pour sa cruauté. Il avait déjà fait mettre à mort plusieurs membres de sa propre famille, dont sa seconde femme Marianne et deux de ses fils, car il soupçonnait un complot. Il avait aussi fait exécuter 45 membres du haut conseil juif. Comme sa devise était : je tire d’abord et je pose les questions ensuite, il avait peu d’adversaires en vie. À la nouvelle que les rois mages viennent de débarquer dans Jérusalem, Hérode se sent très mal. S’il s’agissait seulement de trois chameaux princiers, même avec leurs entourages, personne n’y aurait prêté attention, car il était courant pour de grandes caravanes de faire escale dans la ville sainte.
En tout cas, la situation est très paradoxale ; ceux qui étaient les mieux placés pour reconnaître et honorer le Messie ne semblaient rien savoir et ne s’intéressaient pas à la rumeur comme quoi un personnage important venait de naître. Les érudits juifs qui étaient censés connaître les Écritures et sonder les temps et les saisons n’étaient au courant de rien. De toute manière, ils ne se sentaient pas concernés. À l’opposé, des mages païens qui scrutaient les étoiles savaient que quelque chose de très inhabituel était arrivé. Ils avaient alors entrepris un très long voyage pour honorer ce roi extraordinaire que les astres leur avaient révélé. Les mages se trouvant en Orient, quelque part dans ce qui est l’Irak, ils virent l’étoile dans le ciel d’Occident.
Ces devins païens nous donnent une leçon de ce que sont la vraie foi et la persévérance. Ils croyaient à Jésus-Christ à cause d’une lumière bizarre dans le ciel, alors que les religieux de l’époque, pourtant sur place, restaient incrédules. Quand les mages virent cet enfant, il n’y eut ni miracle, ni aucun signe particulier prouvant sa majesté. Pourtant, dès qu’ils l’aperçurent sur les genoux de Marie, ils savaient qu’ils avaient devant eux le divin Sauveur du monde. Alors, ces païens se prosternèrent devant lui comme devant un souverain tout puissant et ils l’adorèrent.
On peut se demander comment ces sages firent le lien entre une drôle d’étoile et la naissance d’un grand roi. Premièrement, nous savons d’après des textes orientaux que l’étoile était le signe des dieux et des souverains. Deuxièmement, dans un des livres de l’Ancien Testament, on trouve une référence, la seule, qui associe un astre à un roi. Je lis le passage.
Je le vois bien, mais ce n’est pas pour maintenant, je le contemple, mais non de près ; un astre monte de Jacob, un sceptre surgit d’Israël (Nombres 24.17).
En troisième lieu, le prophète Daniel fut déporté à Babylone. Or il était rempli de l’Esprit de l’Éternel et possédait le don d’interpréter les rêves. Grâce à Dieu, il devint le chef des sages de la cour du roi presque 6 siècles avant la naissance du Christ et annonça le moment exact de sa venue. On peut supposer qu’il avait fait des émules qui avaient transmis ses écrits à la génération suivante, et c’est ainsi que ces mages surent le moment de la naissance du Messie.
Versets 4-6
Je continue le texte.
Hérode convoqua tous les chefs des prêtres et les spécialistes de la Loi que comptait son peuple et il leur demanda où devait naître le Messie. À Bethléhem en Judée, lui dirent-ils, car voici ce que le prophète a écrit : « Et toi Bethléhem, village de Judée, tu n’es certes pas le plus insignifiant des chefs-lieux de Juda, car c’est de toi que sortira le chef qui, comme un berger, conduira Israël mon peuple » (Matthieu 2.4-6).
Les mages avaient demandé des renseignements concernant la naissance d’un roi. Hérode a très bien compris la question et s’empresse de trouver la réponse, car il se sent menacé. Il est remarquable que ce tyran croyait en la venue du Messie bien qu’il n’en comprenait pas les implications. La mégalomanie s’accompagne toujours d’aveuglement spirituel. Il est tout aussi extraordinaire que les spécialistes de la Loi ont donné sans hésiter la bonne réponse à Hérode. Les scribes connaissaient bien leur travail.
À l’origine, ces hommes remplissaient le rôle de secrétaires et de comptables dans les cours royales israélites. Puis ils devinrent les interprètes des Textes Sacrés ainsi que les gardiens de la tradition des anciens. Avec les chefs des prêtres, ils étaient la classe religieuse dirigeante. Les scribes étaient avant tout des intellectuels ; leur tâche consistait à savoir. Ils n’étaient pas plus éclairés qu’Hérode, car leur connaissance n’avait aucune influence sur leur mode de vie ou de pensée.
Le texte qu’ils citent provient du livre de Michée dans l’Ancien Testament. Cette prophétie fut émise 700 ans plus tôt. Par sa simplicité et sa clarté, cette affirmation est une prédiction biblique étonnante et une preuve de l’inspiration divine des Écritures.
Versets 7-8
Je continue le texte.
Là-dessus, Hérode fit appeler les mages et se fit préciser à quel moment l’étoile leur était apparue. Puis il les envoya à Bethléhem en disant : Allez là-bas et renseignez-vous avec précision sur cet enfant ; puis, quand vous l’aurez trouvé, venez me le faire savoir, pour que j’aille, moi aussi, lui rendre hommage (Matthieu 2.7-8).
La lumière céleste est restée suffisamment longtemps dans le ciel pour donner aux mages le temps d’arriver jusqu’à Jérusalem. Ils avaient voyagé plusieurs mois et à dos de chameau ce qui n’était pas de tout repos. Hérode veut savoir avec précision quand l’astre avait commencé à se manifester, car malin comme le diable, il avait déjà à l’esprit un plan machiavélique. S’il s’était dit : Je vais envoyer mes soldats pour tuer ce roi qui vient de naître, ils n’auraient pas trouvé l’enfant, car ses parents l’auraient su et se seraient cachés. Il était beaucoup plus rusé de laisser les mages le découvrir et ensuite de leur faire dire où il était sous le faux prétexte d’aller l’adorer.
Il est tout de même surprenant de constater que la bêtise humaine ne connaît aucune limite. Hérode croit que cet enfant est d’origine divine, mais il est totalement incapable d’en tirer les conséquences. Il pense qu’il va pouvoir se débarrasser du Fils de Dieu. Il se fait appeler Hérode le grand, mais c’est un minus qui, aveuglé par sa mégalomanie, semble avoir perdu la raison ou, tout au moins, toute trace de bon sens. C’est comme si quelqu’un disait : Dieu existe, mais comme c’est un empêcheur de tourner en rond on va l’éliminer.
En fait, c’est exactement ce qu’ont fait certains théologiens d’obédience protestante. Se déclarant éclairés, ils ont repris les paroles Dieu est mort que le philosophe Nietzsche fait dire à Zarathoustra et dans leur arrogance, ont créé au début du 20e siècle une organisation intellectuelle qu’ils ont appelée : Dieu est mort. Il va sans dire que ceux qui furent à l’origine de ce mouvement existentialiste religieux sont aujourd’hui tous 6 pieds sous terre. Avis aux amateurs.
Commentaire biblique radiophonique écrit par le pasteur et docteur en théologie : Vernon McGee (1904-1988) et traduit par le pasteur Jacques Iosti.