Lévitique 13.3-46
Chapitre 13
Introduction
Certains groupes religieux rejettent la médecine en bloc ou en partie pour des raisons diverses et variées, mais ça se résume toujours à de la bêtise humaine. De plus, c’est oublier que les progrès de la médecine moderne sont un don de Dieu aux hommes (comparer Jacques 1.17) et qu’il ne faut donc pas cracher dessus.
Versets 1-2
Je commence à lire le chapitre 13 du Lévitique :
L’Éternel parla à Moïse et à Aaron en ces termes : Si une boursouflure, une dartre ou une tache sur la peau de la chair de quelqu’un devient une plaie qui fait suspecter une maladie de peau évolutive, du genre lèpre, on le présentera au prêtre Aaron ou à l’un de ses descendants (Lévitique 13.1-2).
« La peau de sa chair » situe le siège du mal dans la chair mais il se remarque sur la peau. Une tumeur est une élévation de la peau, et le dartre produit un écoulement. Une tache est une partie plus claire de la peau, ce qui se remarque encore mieux chez les Orientaux au teint foncé. « Boursouflure, dartre ou tache », sont les trois symptômes importants. Si l’un d’entre eux se produit sans cause apparente ou par contagion sur des parties de la peau dénuées de cheveux ou de barbe, il faut aller voir le prêtre.
Verset 3
Je continue.
Celui-ci examinera cette affection de la peau. Si, à l’endroit malade, les poils sont devenus blancs et si la plaie forme une dépression dans la peau, c’est bien un cas de maladie de peau évolutive. Sur la base de l’examen, le prêtre déclarera cette personne impure (Lévitique 13.3).
Deux signes permettent de diagnostiquer la lèpre :
- les poils de la peau qui blanchissent et
- la tumeur qui a creusé la peau.
Verset 4
Je continue.
Mais si la tache blanche ne forme pas de dépression visible de la peau, et si le poil n’est pas devenu blanc, le prêtre isolera le sujet pendant sept jours (Lévitique 13.4).
Le prêtre veille à ne pas tirer une conclusion trop vite. Il isole donc le malade par une simple proclamation, en vertu de laquelle celui-ci ne doit pas entrer en contact avec quiconque.
Verset 5
Je continue.
Le septième jour, il l’examinera. S’il constate que le mal est resté stationnaire sans s’étendre sur la peau, il isolera le malade une deuxième semaine (Lévitique 13.5).
Ce nouvel examen ne donne pas nécessairement un diagnostic définitif. Dans le meilleur des cas, la personne est à nouveau isolée une semaine supplémentaire. Cette précaution pour une anomalie physique illustre la façon noble dont je devrais me conduire vis-à-vis de quelqu’un dont je ne comprend pas le comportement ou qui m’interpelle; je ne dois pas passer un jugement trop hâtif. Un vieux proverbe des Indiens d’Amérique dit : Ne juge pas ton frère avant d’avoir parcouru deux km dans ses mocassins. En d’autres mots, soyons prudent et ne jugeons pas notre prochain à l’emporte-pièces de manière à être juste à son égard.
Verset 6
Je continue le texte.
Puis il (le prêtre) procédera à un nouvel examen. Si la partie malade s’est estompée, et ne s’est pas étendue sur la peau, le prêtre déclarera cet homme pur ; c’est une simple dartre. La personne lavera ses vêtements et sera pure (Lévitique 13.6).
À la fin de la deuxième semaine, si la partie malade ne s’est pas étendue et n’est plus brillante, c’est-à-dire, s’est comme éteinte en devenant pale, c’est une simple dartre et non la lèpre. Le malade déclaré pur doit laver ses vêtements, car, dit la tradition, la lèpre soupçonnée est elle aussi impure; c’est comme si l’idée même de cette terrible maladie, la simple possibilité que cette anomalie ait pu être la lèpre, a souillé le patient. En attendant, quelle bonne nouvelle pour cette personne qui est déclarée pure, c’est encore mieux que guérie ! Ce n’était qu’une fausse alerte ! Je me mets à sa place : bonjour l’angoisse pendant 15 jours en attendant le verdict, qui tel un couperet aurait pu d’un coup d’un seul supprimer tout ce qui fait bon vivre. Comme je l’ai déjà souligné, être lépreux, ce n’est pas une vie mais la misère noire. Cela dit, les règles d’isolement imposées par la Loi de Moïse sont tout de même extraordinaires et d’avant-garde quand on songe qu’en France, jusqu’à la fin du 18e siècle, le choléra, la dysenterie, et la typhoïde étaient très répandus parce qu’il n’y avait pas d’hygiène : les excréments étaient jetés dans la rue et les mouches pullulaient. En 1830, l’épidémie de choléra plongea l’Europe dans la désolation, et ce n’est qu’après, que des premières mesures de quarantaine furent prises à Paris contre la peste, le choléra et la fièvre jaune.
Versets 7-8
Je continue le texte.
Mais si la dartre s’étend sur la peau après que le prêtre a examiné la personne et l’ait déclarée pure, celle-ci retournera se faire examiner par le prêtre. Si celui-ci constate une extension de la dartre sur la peau, il déclarera la personne impure : c’est une maladie de peau évolutive (Lévitique 13.7-8).
En cas d’extension du mal, même si le poil ne devient pas blanc, et la partie malade n’est pas déprimée par rapport à la peau qui l’entoure, c’est quand même une affection grave de la peau. Les prêtres prennent beaucoup de précautions pour ne pas commettre d’erreur en prononçant le terrible verdict. Mais quand le doute n’est plus possible, il faut prévenir la transmission de cette terrible maladie afin de protéger la communauté. Alors, la sentence d’impur, tel un gigantesque coup de massue, est prononcée par le prêtre. Les conséquences pour la personne et sa famille sont effroyables, bien pires encore que le cancer aujourd’hui. Le malade est exclu de tout ce qui fait sa vie et il commence alors à mener une existence pitoyable de pestiféré.
Versets 9-11
Je continue le texte.
Lorsqu’un homme sera atteint d’une maladie de peau évolutive, on l’amènera au prêtre qui l’examinera. S’il constate une boursouflure blanche sur la peau qui ait fait blanchir le poil et qu’il y ait un bourgeonnement de chair vive dans la tumeur, c’est une maladie de peau infectieuse et chronique. Le prêtre déclarera cet homme impur ; il ne sera pas nécessaire de l’isoler, car il est manifestement impur (Lévitique 13.9-11).
Cette situation est différente parce que la maladie est évidente. La période d’incertitude est révolue; le poil a blanchi, la dépression autour de la plaie de chair vive est réelle et apparente. L’excroissance se compose d’ulcères ouverts, largement crevassés, sur les bords desquels s’élèvent des bourrelets tuméfiés. C’est une lèpre déjà établie. Il est inutile d’isoler le malade pour confirmer la maladie, car elle saute aux yeux.
Si on fait une analogie entre une lèpre déclarée et le mal qui habite le cœur de l’homme, celui qui s’adonne à des vices ou qui commet des crimes grossiers, est plus facile à convaincre de sa culpabilité vis-à-vis de Dieu, que Monsieur M’as-tu vu, ou Madame Sainte-ni-touche, qui se cache derrière des faux-semblants, ses œuvres de charité, ou sa bonne réputation.
Versets 12-13
Je continue le texte.
Mais si cette affection s’étend sur toute la peau du malade et le couvre de la tête aux pieds, où que porte le regard du prêtre, celui-ci procédera à un nouvel examen. S’il constate que l’éruption couvre tout le corps du malade, il le déclarera pur : puisqu’il est devenu complètement blanc, il est pur (Lévitique 13.12-13).
Ce passage à priori curieux est également riche en informations, parce qu’ici est faite la distinction entre un malade contagieux et un qui ne l’est pas. Si l’éruption vient à s’étendre sur toute la peau, c’est-à-dire que le malade devient tout blanc et qu’il n’y a plus de plaie vive, cela prouve que l’affection s’est portée à l’extérieur et donc que le malade est en voie de guérison. Si cet état se maintient, il faut en conclure que la force vitale du malade, c’est à dire son système immunitaire, ou bien un miracle, a triomphé du mal et l’a expulsé hors de l’organisme où il n’avait pénétré que provisoirement.
Dès que la chair vive ou la plaie purulente a complètement disparu, le malade est déclaré pur, c’est-à-dire non contagieux. Il peut alors réintégrer son cercle familial participer à nouveau à la vie sociale et religieuse de la communauté. Comme il y a de l’espoir pour le lépreux, il y en a aussi pour celui qui a commis le plus horrible des crimes. En effet, Dieu est prêt à pardonner au plus vil, quoi qu’il ait fait. Un prophète de l’Ancien Testament écrit :
Malheur à la nation pécheresse, au peuple chargé d’iniquités, À la race des méchants, aux enfants corrompus ! Venez et plaidons ! dit l’Éternel. Si vos péchés sont comme le cramoisi, ils deviendront blancs comme la neige ; S’ils sont rouges comme la pourpre, ils deviendront comme la laine (Ésaïe 1.4, 18).
Versets 14-17
Je continue le texte.
Toutefois, le jour où l’on apercevra sur lui de la chair vive, il devient impur. Après avoir constaté la présence de cette chair vive, le prêtre déclarera la personne impure : la chair vive est impure : c’est une maladie de peau évolutive. Si la chair vive redevient blanche, la personne retournera auprès du prêtre qui l’examinera. S’il constate que la plaie est effectivement devenue blanche, il déclarera la chair pure, et la personne sera en état de pureté (Lévitique 13.14-17).
C’est un peu fastidieux tout ça! Le signe principal d’une maladie infectieuse de la peau est cette chair vive dont il est sans arrêt question. Dans le cas d’une affection physique, le mot « chair » a donc une connotation très négative. Mais en fait, ce terme est utilisé dans l’ensemble des Textes Sacrés pour désigner la nature intrinsèquement mauvaise et rebelle à Dieu que l’homme porte en lui. Je cite deux petits passages du Nouveau Testament qui font mention de la chair dans ce sens :
Nous tous aussi nous vivions autrefois selon les convoitises de notre chair, accomplissant les volontés de la chair et de nos pensées, et nous étions par nature des enfants de colère, comme les autres. Le péché habite en moi. Ce qui est bon, je le sais, n’habite pas en moi, c’est-à-dire dans ma chair : j’ai la volonté, mais non le pouvoir de faire le bien. Car je ne fais pas le bien que je veux, et je fais le mal que je ne veux pas (Éphésiens 2.3 ; Romains 7.17-19; LSG).
Versets 18-20
Je continue le texte.
Si quelqu’un avait sur la peau un abcès qui a guéri, mais qu’à la place de cet abcès apparaisse une boursouflure blanche ou une tache d’un blanc rougeâtre, cette personne se fera examiner par le prêtre. Si celui-ci constate un creux dans la peau et un blanchissement du poil, il déclarera cette personne impure : c’est une affection de peau infectieuse qui est en train de bourgeonner dans l’abcès (Lévitique 13.18-20).
Le mot abcès peut aussi se traduire par ulcère, furoncle, tumeur ou même inflammation. À cette époque où la médecine était très très rudimentaire, un seul mot voulait dire toutes sortes d’affections. Quoiqu’il en soit, si les deux symptômes classiques et fâcheux de la lèpre sont présents : un creux dans la peau et un blanchissement du poil, ce n’est qu’une question de temps avant que le diagnostic funeste ne soit prononcé.
Versets 21-23
Je continue.
Mais si, à l’examen, le prêtre constate qu’il n’y a pas de poil blanc à cet endroit, ni de creux dans la peau et que la tache s’est estompée, il isolera le malade pendant sept jours. Si la tache s’étend sur la peau, il le déclarera impur : il a une maladie. Mais si la tache est restée stationnaire, sans s’étendre, ce n’est que la cicatrice de l’abcès ; alors le prêtre le déclarera pur (Lévitique 13.21-23).
Si l’anomalie est localisée dans le voisinage immédiat de l’ancien mal, ce n’est qu’une petite inflammation, comme celle qui accompagne toute cicatrisation, donc tout va bien.
Versets 24-30
Dans la suite du texte, il est question d’une brûlure due à des braises ou à des cendres incandescentes. Si le poil a viré au blanc dans la brûlure et qu’il y a une dépression dans la peau, c’est une infection et la personne est déclarée impure. Le prêtre est donc amené à faire la différence entre une cicatrice normale et une qui s’est infectée. Ce sont toujours les mêmes processus qui sont répétés et qui doivent être suivis à la lettre. Puis le texte traite les affections de la peau aux endroits où il devrait y avoir des cheveux ou de la barbe, mais où les poils ont disparu et sont remplacés par une plaie vive. Si on retrouve les deux symptômes fâcheux : la dépression dans la peau et des poils clairsemés ou dont la couleur a viré au jaunâtre, il s’agit alors d’une affection localisée mais grave et contagieuse.
Verset 31
Je continue le texte plus loin.
Mais si le prêtre constate, à l’examen, qu’il n’y a pas de dépression visible de la peau, sans toutefois qu’il y ait de poil noir, il isolera le sujet pendant sept jours (Lévitique 13.31).
Si un seul des deux symptômes sinistres est présent, c’est-à-dire ici l’absence de poil noir, le doute subsiste, d’où la nécessité d’une isolation d’une semaine.
Versets 32-33
Je continue.
Le septième jour, s’il constate que l’éruption ne s’est pas étendue, qu’elle ne renferme pas de poil de couleur douteuse et que la plaie ne semble pas plus profonde que la peau, le malade se rasera, sauf à l’endroit de la plaie, et le prêtre l’isolera de nouveau pour sept jours. Le septième jour, il examinera le mal. Si le mal ne s’est pas étendu sur la peau et s’il ne forme pas de dépression visible, il le déclarera pur ; le sujet lavera ses vêtements et il sera pur (Lévitique 13.32-33).
Si la plaie n’a pas évolué, il faut à nouveau isoler le malade. Tant que subsiste un doute, le prêtre doit attendre avant de se prononcer. Si après une nouvelle semaine, la plaie n’a toujours pas évolué, il ne s’agit pas d’une affection grave et transmissible; le malade est en bonne santé.
Les explications continuent avec beaucoup de détails concernant la couleur des poils et ce qu’il faut faire, mais je vous en ferai grâce.
Versets 38-39
Je continue un peu plus loin.
Si un homme ou une femme a des taches blanches sur la peau, le prêtre l’examinera ; si les taches sont d’un blanc pâle, c’est une éruption bénigne : le sujet est pur (Lévitique 13.38-39).
Cette tache blanche (exanthème) est sans gravité. Les arabes l’appellent bohak, ce qui signifie simplement « être blanc ». Elle peut durer jusqu’à deux ans mais n’est pas gênante.
Verset 40
Je continue.
Lorsqu’un homme perd ses cheveux, c’est une calvitie ; il est pur (Lévitique 13.40).
La perte de cheveux n’est pas une maladie et n’engendre pas d’impureté rituelle.
Versets 42-46
Je continue.
Mais si une plaie d’un blanc rougeâtre apparaît dans la partie chauve sur la tête ou sur le front, c’est une maladie de peau infectieuse qui s’est déclarée dans la partie chauve. Si, à l’examen, le prêtre constate que la plaie provoque une boursouflure d’un blanc rougeâtre sur le crâne ou sur le front chauve, et qu’elle a l’aspect d’une maladie évolutive de la peau, l’homme a une maladie infectieuse, il est impur, et le prêtre doit le déclarer impur. La personne atteinte d’une telle maladie de la peau portera des vêtements déchirés et aura la tête décoiffée ; elle se couvrira la partie inférieure du visage et criera : “ Impur ! Impur ! ” Tant qu’elle a ce mal, elle est impure. Elle habitera à l’écart, à l’extérieur du camp (Lévitique 13.42-46).
Ici est décrite la condition terrible du lépreux qui n’est pas sans rappeler celle des Juifs déportés dans les camps de la mort. Les vêtements déchirés, la tête nue et les cheveux ébouriffés étaient des signes de deuil, tout comme se couvrir la barbe jusqu’à la lèvre supérieure. Sous le régime de l’Ancien Testament c’étaient souvent les marques d’un homme frappé par Dieu. Le lépreux doit crier « Impur, impur !» aussi longtemps qu’il est malade.
La notion d’impureté désigne deux aspects : d’abord l’infection au sens médical du terme, qui se transmet par contact ou par l’air; elle pénètre dans un récipient ouvert mais pas s’il est fermé. En second lieu, l’impureté est une corruption morale et spirituelle, car dans la vision de l’homme des Hébreux, les notions physique, morale et spirituelle forment un tout.
Voici terminée la vue d’ensemble des maladies de la peau qui rendent rituellement impur, et sont aussi des affections visibles et évolutives qui défigurent le corps. Elles évoquent ainsi également le péché qui corrompt l’homme. Les lois concernant la lèpre rappellent que la maladie en tant que principe actif, est une conséquence de la présence du mal dans le monde selon le récit du livre de la Genèse. Je lis le passage :
Dieu dit à la femme : – Je rendrai tes grossesses très pénibles, et tu mettras tes enfants au monde dans la souffrance. Ton désir se portera vers ton mari, mais lui te dominera. Il dit à Adam : – Puisque tu as écouté ta femme et que tu as mangé du fruit de l’arbre dont je t’avais défendu de manger, le sol est maudit à cause de toi. C’est avec beaucoup de peine que tu en tireras ta nourriture tout au long de ta vie. Il te produira des épines et des chardons. Et tu mangeras des produits du sol. Oui, tu en tireras ton pain à la sueur de ton front jusqu’à ce que tu retournes au sol dont tu as été tiré, car tu es poussière et tu retourneras à la poussière (Genèse 3.16-19).
Tout au long des Textes Sacrés, on rencontre certaines personnes qui sont frappées par de telles affections en châtiment pour une faute grave, ce qui montre bien que l’offense contre Dieu rend rituellement, moralement et spirituellement impur. Cependant, et il faut bien le noter, en général, la maladie est rarement la conséquence directe d’une faute personnelle, mais la manifestation de la malédiction dont l’Éternel a frappé l’homme.
Commentaire biblique radiophonique écrit par le pasteur et docteur en théologie : Vernon McGee (1904-1988) et traduit par le pasteur Jacques Iosti.