Lévitique 12.1 – 13.2
Chapitre 12
Introduction
On appelle une naissance « un heureux événement » et pour de bonnes raisons. Quand tout s’est bien passé et que l’enfant et la maman se portent bien, c’est le moment de sabler le champagne. Chez les Hébreux aussi, une naissance était l’occasion d’une célébration, cependant, la loi de Moïse ajoute une autre dimension aux heureux événements et elle n’est pas festive du tout. En effet, la naissance d’un être humain est aussi la venue au monde d’un nouveau pécheur, quelqu’un qui porte dans son bagage l’inclination à mal faire. A ce sujet, le roi David déclare :
Je suis, depuis ma naissance, marqué du péché ; depuis qu’en ma mère j’ai été conçu, le péché est attaché à moi (Psaumes 51.7).
Alors que le chapitre précédent traite de la transmission de l’impureté rituelle par contact, qu’on pourrait appeler « aspect externe du péché », dans le chapitre 12, il est question du péché qui est attaché au cœur humain et à sa nature rebelle à Dieu. Ce passage donne les lois qui gèrent la maternité et ce qui lui est lié. Les règles qui sont énoncées comportent, comme dans le domaine alimentaire, un aspect sanitaire et hygiénique, mais aussi une dimension spirituelle et bien sûr pédagogique. Ce chapitre enseigne le caractère héréditaire du mal et donc, que dès sa plus tendre enfance, le petit de l’homme est un être corrompu. Mais ce concept a été totalement rejeté par notre culture humaniste, surtout après la parution des oeuvres de J.-J. Rousseau. Ce n’est pas que ceux qui disent savoir, n’ont pas essayé d’élucider le mystère du mal que fait l’homme, de la maladie et de la mort, mais leurs belles phrases n’ont rien changé et n’expliquent rien du tout; en attendant, la nature humaine est toujours aussi perverse. L’affirmation des Écritures fait peut-être moyenâgeux et bondir l’homo modernus, mais c’est la seule qui soit cohérente avec la réalité, le journal du matin et les informations à la télé. L’apôtre Paul écrit :
Par un seul homme, le péché est entré dans le monde et par le péché, la mort, et ainsi la mort a atteint tous les hommes parce que tous ont péché (Romains 5.12).
La désobéissance d’Adam et Ève est la source de tout les maux, la maladie, les catastrophes naturelles et la mort. Le petit enfant dans les bras de sa maman est peut-être mignon, mais au lieu d’être innocent comme l’agneau qui vient de naître, c’est un monstre en puissance. Quand Ève a donné naissance à Caïn, elle croyait qu’il serait le sauveur promis par l’Éternel. On connaît la suite; il fut le premier meurtrier de l’histoire humaine et chef de file d’une très très longue liste. Hitler et Staline aussi étaient des bébés souriants et mignons à croquer. Beaucoup de ceux de la génération des 68-tards ont rejeté le principe de la discipline dans l’éducation de leurs enfants parce qu’ils croyaient cultiver une jolie petite fleur, alors qu’en réalité c’est du chiendent. Tous les parents donnent naissance à un enfant entaché par le mal. Ils ne peuvent pas faire autrement parce que eux-mêmes sont souillés par le péché.
Versets 1-2
Je commence à lire le chapitre 12 :
L’Éternel s’adressa à Moïse en ces termes : — Parle aux Israélites : Lorsqu’une femme met au monde un garçon, elle sera rituellement impure durant sept jours, comme lorsqu’elle est isolée à cause de son indisposition menstruelle (Lévitique 11.1-2).
Tout contact avec du sang entraîne une impureté. La femme est donc rituellement impure lors d’une naissance ou à l’occasion des règles. Cela veut dire qu’elle ne doit pas toucher quelque chose de consacrée ni même s’approcher du sanctuaire. Si c’est une femme de prêtre, elle ne peut pas non plus manger les aliments saints qui revenaient aux familles sacerdotales. Sous la loi de Moïse, l’impureté rituelle temporaire de la mère rappelle qu’elle a donné le jour à un être coupable devant Dieu par le simple fait qu’il est né. C’est dur à entendre parce que nous avons l’habitude d’idéaliser la mère et l’enfant comme si c’était la vierge et l’enfant Jésus.
Des prescriptions analogues à celles qui sont présentées dans ce chapitre se trouvent chez beaucoup de peuples anciens. Chez les Hindous par exemple, la naissance d’un enfant souille la mère pour dix jours et le père doit se purifier par un bain rituel. Aujourd’hui en Inde, la maison où est naît un enfant est considérée impure et doit être aspergée d’eau lustrale. Tous ceux qui y habitent doivent se laver, et la mère prendre plusieurs bains. Chez les Perses, les disciples de Zoroastre, un réformateur iranien du 7e siècle av. J-C, et précurseur de l’idée du surhomme de Nietzsche et d’Hitler et donc du génocide juif, chez eux donc, l’accouchée est impure et vit seule pendant quarante jours ; elle ne peut revoir son mari qu’au bout de quarante autres jours. Quant à l’enfant, il souille celui qui le touche et doit aussi être lavé afin d’être rituellement pur. Le Coran enseigne que l’accouchée est impure quarante jours. Chez les Grecs, on évitait de s’approcher du lit de l’accouchée et elle ne pouvait s’approcher d’aucun autel pendant quarante jours. Chez les Romains, c’était pareil et on offrait un sacrifice pour l’enfant le cinquième jour. Chez les peuplades barbares d’Asie, d’Afrique et d’Amérique, l’accouchée, comme la femme qui a son indisposition mensuelle, est considérée impure.
Ces croyances ont sans doute un but hygiénique, mais elles reposent surtout sur le sentiment instinctif que quelque chose de mal est mêlé à tout ce qui concerne la reproduction de l’espèce humaine. Ce sentiment naturel est confirmé par la loi de Moïse.
Versets 3-4
Je continue le texte.
Le huitième jour, on circoncira l’enfant (le garçon). Puis il lui faudra encore attendre trente-trois jours pour être purifiée de son sang ; elle ne touchera aucune chose consacrée ; elle n’ira pas au sanctuaire jusqu’à ce que le temps de sa purification parvienne à son terme (Lévitique 12.3-4).
La circoncision était le rite par lequel le petit garçon entrait dans l’alliance conclue entre l’Éternel et Abraham ainsi que sa consécration à Dieu. Pendant cette phase d’isolement, la seconde, qui dure trente-trois jours, la mère doit toujours s’abstenir de ce qui est rituellement pur et se tenir éloignée du sanctuaire. Il est intéressant de remarquer dans l’évangile selon Luc, que quand Jésus est né, Marie a suivi le mêmes rites que tous les Juifs. Je lis le passage :
Lorsque, huit jours plus tard, arriva le moment de circoncire l’enfant, on lui donna le nom de Jésus : c’était le nom que l’ange avait indiqué avant qu’il ne fût conçu. Puis, une fois passé le temps prescrit par la Loi de Moïse pour leur purification, les parents de Jésus l’emmenèrent à Jérusalem pour le présenter au Seigneur. En effet, il est écrit dans la Loi du Seigneur : Tout garçon premier-né sera consacré au Seigneur. Ils venaient aussi offrir le sacrifice requis par la Loi du Seigneur : une paire de tourterelles ou deux jeunes pigeons (Luc 2.21-24).
Bien que Jésus soit né sans péché, lui et sa mère ont obéi à toutes les règles de la Loi. Dans le Sermon sur la montagne, Jésus a expliqué pourquoi, quand il a dit aux Juifs qui l’écoutaient :
Ne vous imaginez pas que je sois venu pour abolir ce qui est écrit dans la Loi ou les prophètes ; je ne suis pas venu pour abolir, mais pour accomplir (Matthieu 5.17).
C’est d’ailleurs pour cette même raison qu’il a voulu passer par le baptême de Jean-Baptiste qui était pourtant un baptême de repentance (Matthieu 3.13-15).
Verset 5
Je continue le texte.
Si elle donne naissance à une fille, elle sera rituellement impure deux semaines comme au moment de son indisposition, puis il lui faudra encore attendre soixante-six jours pour être purifiée de son sang (Lévitique 12.5).
Pour la naissance d’une fille, le temps d’impureté rituelle de la mère est deux fois plus long que pour un garçon. Tout est double : deux semaines au lieu d’une ; 66 jours au lieu de 33 ; en tout 80 jours au lieu de 40. Pourquoi cette différence ? C’est probablement plus pour des raisons religieuses que médicales. Cela dit, il paraît que dans les contrées méridionales, il faut plus longtemps à une accouchée pour se remettre complètement de la naissance d’une fille que de celle d’un garçon; c’est tout au moins ce qu’affirment Hippocrate et Aristote, qui donnent toutefois des temps de purification un peu moins élevés que ceux de la loi de Moïse.
La circoncision d’un garçon qui est suivi d’un rite de purification abrège aussi le temps d’impureté de sa mère. Il se peut aussi que la loi veut rappeler par ce temps d’impureté rituelle double que le péché a été introduit dans le monde par la femme. En effet, suite au mensonge de Satan déguisé en serpent, le texte de la Genèse dit :
Alors la femme vit que le fruit de l’arbre était bon à manger, agréable aux yeux, et qu’il était précieux pour ouvrir l’intelligence. Elle prit donc de son fruit et en mangea. Elle en donna aussi à son mari qui était avec elle, et il en mangea (Genèse 3.6).
Et l’apôtre Paul écrit :
Ce n’est pas Adam qui a été détourné de la vérité, c’est la femme, et elle a désobéi au commandement de Dieu (1Timothée 2.4).
Ce qu’il y a de sûr, c’est qu’en France, aucune règle permettant d’éviter la transmission de maladies, n’a été adoptée avant la fin du 19e siècle. En 1870 encore, l’infection était le lot de presque toutes les accouchées. À l’Hôtel Dieu, elles étaient trois par lit, le linge sale pendait aux fenêtres et l’air était irrespirable. La mortalité des accouchées était supérieure à 15 %. Dans les hôpitaux universitaires où le médecins étaient formés, on passait de la salle de dissection à celle des malades avec des blouses sales et des mains souillées, sans aucun état d’âme.
Versets 6-8
Je finis le chapitre 12.
Quand les jours de sa purification seront achevés, qu’il s’agisse d’un garçon ou d’une fille, elle apportera à l’entrée de la tente de la Rencontre un agneau dans sa première année pour l’holocauste, et un pigeonneau ou une tourterelle pour le sacrifice pour le péché, et elle les remettra au prêtre. Celui-ci les offrira devant l’Éternel et accomplira le rite d’expiation pour elle, et elle sera rituellement purifiée de sa perte de sang. Telle est la règle concernant la femme qui donne naissance à un garçon ou à une fille. Si elle n’a pas de quoi offrir un agneau, elle prendra deux tourterelles ou deux pigeonneaux, l’un pour l’holocauste et l’autre pour le sacrifice pour le péché ; le prêtre accomplira le rite d’expiation pour elle, et elle sera rituellement pure (Lévitique 12.6-8).
La mère devait éprouver le besoin de se consacrer à nouveau au Dieu qui l’avait délivrée. Un holocauste plus important que celui du soir et matin est demandé, parce que c’est une façon de consacrer à l’Éternel, à la fois la mère et l’enfant. Cependant, avant cet holocauste, il faut d’abord offrir un sacrifice d’expiation parce que la femme a mis au monde un être humain qui est corrompu et doté d’une nature rebelle à l’Éternel. Toutefois, comme il n’y a pas eu de transgression spécifique, ce sacrifice est minime.
Cette loi sur la purification après un accouchement révèle que le péché et le mal sont présents dans le don de la vie. En effet, la nature insoumise de l’homme se transmet dans sa semence. Le pouvoir de faire le mal s’immisce dans toutes les activités de l’existence humaine, y compris dans les fonctions du corps les plus naturelles et les corrompt.
Chapitre 13
Introduction
Nous voici arrivés au chapitre 13 du Lévitique. Au cœur même de ce livre dont le sujet est l’adoration du Dieu saint, se trouve cette longue section sur les impuretés corporelles et en particulier les maladies de la peau. L’Éternel donne les règles qui doivent régir toutes ces affections graves car contagieuses ou malignes. Ces saletés s’attaquent également aux objets, vêtements et maisons sous forme de moisissures ou de lichens. Elles sont aussi appelées lèpre. Les symptômes décrits ici, et le fait qu’ils puissent changer rapidement, semblent indiquer qu’il s’agit de toute une gamme de maladies de la peau et pas seulement de ce qu’on a coutume d’appeler la lèpre et qui est plus spécifiquement la maladie de Hansen, puisque c’est lui qui l’a identifiée. Mais pour simplifier, je les appellerais toutes « lèpre », même si cette terminologie est inexacte. Cet ensemble d’affections est la seule qui soit précisément décrite dans l’Ancien Testament. Les passages bibliques mettent l’accent sur l’importance du diagnostic précoce et de la prévention de la maladie. Les affections de la peau, dont celle de Hansen, étaient très répandues jadis, même en Europe où au 13e siècle il y avait environ 19 000 léproseries. Au 14e siècle, l’Église catholique romaine prit l’initiative de choisir comme principe directeur de prévention, la notion de contagion telle qu’elle était décrite dans l’Ancien Testament, c’est-à-dire, identifier la maladie, isoler la personne impure en l’excluant de la communauté, brûler ses vêtements et nettoyer les objets et habitations qui avaient été contaminés. On assista alors à des résultats spectaculaires et à une éradication systématique de la lèpre. Les mêmes principes furent appliqués avec succès lors des épidémies de peste.
Dans l’ensemble des Textes Sacrés, ces maladies cutanées souvent infectieuses, symbolisent le caractère impur et répugnant du mal qui habite l’homme et que l’Ecriture appelle péché. En effet, quand quelqu’un s’approche de lui, le lépreux doit crier : « impur, impur ! » Ce cri est comme une proclamation qui rappelle à tout un chacun qu’il est lui-même un lépreux au niveau spirituel et moral et a continuellement besoin de la purification divine. Dans les Ecritures, le parallèle entre les symptômes physiques de ces affections cutanées et le péché est très fréquent. Dans un Psaume on lit :
Il n’y a rien de sain dans ma chair à cause de ta colère, Il n’y a plus de vigueur dans mes os à cause de mon péché. Car mes iniquités s’élèvent au-dessus de ma tête ; Comme un lourd fardeau, elles sont trop pesantes pour moi. Mes plaies sont infectes et purulentes, Par l’effet de ma folie. Je suis courbé, abattu au dernier point ; Tout le jour je marche dans la tristesse. Car un mal brûlant dévore mes entrailles, Et il n’y a rien de sain dans ma chair. Je suis sans force, entièrement brisé ; Le trouble de mon cœur m’arrache des gémissements. Car je reconnais mon iniquité, Je suis dans la crainte à cause de mon péché (Psaumes 38.4-9, 19).
La maladie de Hansen est épouvantable et rend difforme. Elle commence par une toute petite tâche de rien du tout, puis petit à petit elle ronge le patient qui ne souffre pas et ne va pas mourir subitement comme quelqu’un qui est frappé d’une crise cardiaque. La première conséquence du diagnostic de lèpre est l’isolement. L’Israélite n’a plus le droit ni d’entrer en contact avec quiconque, ni de participer à la vie religieuse de son peuple. Du jour au lendemain, il devient un paria, un rejeté de sa société. Peu à peu la maladie s’installe; il perd d’abord les sensations des extrémités qui sont inexorablement détruites. Au fil des années, il est rongé de partout jusqu’au jour où il tombe raide mort. Il y a un peu plus d’un siècle, un voyageur de retour de Palestine écrivit ces lignes : Je rencontrai un groupe de lépreux dans les environs de Jérusalem. Ces pauvres mendiants étaient sans yeux, sans nez, sans oreilles, sans dents et sans cheveux. Ils tendaient vers moi des bras sans mains, et des sons incompréhensibles montaient de leur gorge sans palais. C’était tout simplement horrible !
Tout comme la lèpre, le mal spirituel qui afflige l’homme se révèle d’abord de façon presque anodine, déjà dans l’enfant par ses caprices et son refus d’obtempérer. C’est à cause du péché que tout être humain qui vient au monde est de nature ennemi de son Créateur. Si cet état de rébellion qui est dans mon coeur est laissé sans frein, il peut faire de moi un monstre comme tous ceux dont regorgent les livres d’histoire et qui ont à leur actif des millions de morts. Mais même sans aller jusque là, les journaux sont remplis de scandales; dans votre rue, une famille se disloque ou une rixe éclate. Le Nouveau Testament décrit la progression du mal dans le coeur de l’homme; je lis le passage :
Chacun est tenté quand il est attiré et amorcé par sa propre convoitise. Puis la convoitise, lorsqu’elle a conçu, enfante la transgression ; et celle-ci étant consommée, produit la mort (Jacques 1.14-15).
La mort est le point final de tout homme parce qu’il est né avec le péché en lui. Les Textes Sacrés donnent à la fois le remède spirituel à mon péché et des règles détaillées concernant les affections cutanées. Moïse n’a pas légiféré sur d’autres maladies pourtant tout aussi graves et mortelles, car elles n’étaient pas considérées comme sources de souillures. La raison tient au fait que la lèpre est envisagée comme une punition spécifique, comme un jugement de Dieu infligé à l’homme coupable de quelque faute précise. Cette croyance n’était pas limitée aux Hébreux mais était présente chez tous les peuples où la lèpre était endémique, dans l’antiquité comme dans le Moyen-Âge.
D’une manière générale, les Textes Sacrés n’offrent pas de traitement médical. La guérison, comme la maladie elle-même, est censée venir de Dieu. Quand il arrive que le malade est effectivement guéri, il se montre au prêtre qui ordonne alors la cérémonie de purification rituelle. Voilà pourquoi dans tous les préceptes concernant la lèpre, l’Éternel parle à la fois à Moïse et à Aaron, le grand-prêtre. C’est lui en effet, en tant que pontife de Dieu qui doit constater le mal, ordonner l’isolement provisoire ou définitif, ainsi que déclarer la guérison. Aaron est donc mentionné dans ce chapitre parce que ce sont les prêtres qui feront le diagnostic de la lèpre. Ils n’utilisaient que l’examen visuel, ce qui peut nous paraître rudimentaire, cependant, même aujourd’hui, un bon médecin sait reconnaître beaucoup de maladies simplement en examinant le patient et avant d’en avoir confirmation par des tests sophistiqués. Les prêtres voyaient des milliers de cas, ce qui fait qu’à force de pratique ils devenaient capables de différencier les lésions graves des bénignes.
Commentaire biblique radiophonique écrit par le pasteur et docteur en théologie : Vernon McGee (1904-1988) et traduit par le pasteur Jacques Iosti.