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24 mai 2023

Juges 19.1 – 21

Chapitre 19

Versets 1-30

Quand on descend une pente raide en luge, à ski, en courant ou en roulade, plus on va vite et moins on contrôle la situation. Par contre, il est facile de se laisser aller mais alors bonjour les dégâts. Eh bien c’est pareil au niveau moral et le livre des Juges en est la démonstration. Avec les derniers chapitres, on avance toujours plus loin dans l’horreur car de l’apostasie spirituelle dont il a été question jusqu’à présent, on passe maintenant à la décadence morale totale. Le pire dans tout ça est que dans la réalité historique de la période des Juges, la déchéance morale a commencé très tôt et fut suivie, plutôt que précédée, par l’apostasie spirituelle. C’est pareil pour les croyants, ils commencent par flirter avec le péché et ensuite, ils quittent l’église et coupent les ponts avec le christianisme biblique. L’histoire racontée au chapitre 19 des Juges a eu lieu non pas des lustres après l’installation d’Israël dans le pays de Canaan, mais peu de temps après la disparition de Josué. Cela ressort du fait que premièrement, c’est Phinées, fils d’Éléazar, qui est le grand-prêtre (Juges 20.28), or son père était contemporain de Josué. Deuxièmement, on constate qu’un lien étroit unit encore les tribus (Juges 19.29; 20.1; 21.3) ce qui n’existe déjà plus au temps du juge Débora. Je lis le chapitre 19 en compressant.

À cette époque où il n’y avait pas de roi en Israël, un lévite qui résidait dans l’arrière-pays de la région montagneuse d’Éphraïm prit pour épouse de second rang, une femme de Bethléhem en Juda. Mais celle-ci se livra à la prostitution et le quitta pour retourner chez son père. Son mari alla la trouver pour lui parler et la persuader de revenir chez lui. Ils partirent et arrivèrent près de Guibea, une ville de la tribu de Benjamin, quand le soleil se couchait. Le lévite entra dans la ville et s’arrêta sur la place, mais personne ne leur offrit l’hospitalité pour la nuit dans sa maison. Finalement, un vieillard rentra tard dans la soirée de son travail des champs. Il dit alors : La paix soit avec toi ! Sois le bienvenu ! Laisse-moi pourvoir à tous tes besoins, tu ne vas pas passer la nuit sur la place. Pendant qu’ils se donnaient du bon temps, des hommes de la ville, une bande de vauriens, encercla la maison. Ils frappaient violemment à la porte et criaient au vieillard, propriétaire de la maison : Fais sortir l’homme que tu as reçu chez toi pour que nous en jouissions. Le maître de la maison sortit vers eux et leur dit : Non, mes amis, ne commettez pas de mal, je vous prie ! Puisque cet homme est l’hôte de ma maison. Écoutez : j’ai une fille qui est encore vierge, l’homme a une épouse de second rang avec lui, je vous les amènerai, vous pourrez en disposer et les traiter comme vous jugerez bon. Mais ne commettez pas une action si infâme envers cet homme. Alors le lévite prit son épouse et la fit sortir vers eux. Ils la violèrent et abusèrent d’elle toute la nuit jusqu’au matin. Le matin venu, son mari se leva, ouvrit la porte de la maison et sortit pour continuer son voyage, quand il vit cette femme, affalée à l’entrée de la maison, il lui dit : Lève-toi et partons ! Mais il n’y eut pas de réponse. Alors le mari la chargea sur l’un de ses ânes et se remit en route pour rentrer chez lui. Arrivé dans sa maison, il saisit un coutelas, prit le corps de la femme et le découpa membre par membre en douze morceaux, qu’il envoya dans tout le territoire d’Israël. À tous ceux qui voyaient cela, les émissaires demandaient : A-t-on jamais vu un crime aussi horrible depuis que les Israélites sont sortis d’Égypte ? Réfléchissez, consultez-vous, et prenez une décision ! (Juges 19.1-30).

Les Benjaminites sont aussi dégénérés que les Cananéens, non, ils sont pires. Déjà, ils ont failli au devoir sacré de l’hospitalité et ils ont méprisé la dignité du lévite. Mais le pire c’est que l’homosexualité est devenue rampante. Le scénario a des relents de ce qui s’est passé à Sodome (Genèse 19.6) qui fut détruite en partie à cause de ces pratiques contre nature. Le caractère sordide de l’épisode est accru par le fait que deux hommes livrent cyniquement deux femmes aux pires supplices pour sauver leur honneur; ça se passe de commentaires. L’envoi du corps dépecé aux douze tribus est la preuve qu’un fort sentiment d’unité existe encore. C’est à Israël en tant que nation que ce lévite en appelle pour venger le crime de l’un de ses membres. Sous le roi Saül, ce sont les morceaux d’un boeuf qui sont envoyés aux 12 tribus pour leur signifier qu’ils doivent partir en guerre ou voir leurs animaux subir le même sort (1Samuel 11:7).

Chapitre 20

Versets 1-10

Cette histoire ignoble continue dans le chapitre 20 où une énorme quantité de sang est versée. Je lis ce chapitre en compressant.

Tous les Israélites vinrent depuis Dan jusqu’à Beer-Sheva et jusqu’au pays de Galaad, et l’assemblée se réunit comme un seul homme devant l’Eternel à Mitspa. Les chefs de tout le peuple, de toutes les tribus d’Israël, prirent part à cette assemblée du peuple de Dieu composée de quatre cents « milliers » de fantassins portant l’épée (Juges 20.1-10).

« Depuis Dan jusqu’à Beersheva » signifie : de l’extrême nord à l’extrême sud du pays de Canaan à l’ouest du Jourdain. Cette expression apparaît ici pour la première fois, mais elle est très fréquente dans les livres suivants.

Le mot « l’assemblée » témoigne du lien étroit qui existe alors entre les tribus; les Israélites ont encore un profond sentiment d’unité nationale (Josué 22.12). L’assemblée est l’autorité judiciaire suprême dans les situations de crises (Nombres 15:33; 35:24; Josué 20:6). Ce terme est fréquent dans les cinq livres de Moïse, dans Josué et les chapitres 20 et 21 du livre des Juges, mais il apparaît très rarement dans les autres livres de l’Ancien Testament. Je continue le texte jusqu’à la fin du chapitre 20 toujours en compressant.

Versets 11-48

Tous les hommes d’Israël se rassemblèrent pour marcher contre la ville de Guibéa, unis comme un seul homme. Les différentes tribus envoyèrent d’abord des messagers dans toute la tribu de Benjamin pour leur dire : Maintenant, livrez-nous sans tarder ces vauriens qui sont à Guibéa pour que nous les exécutions et que nous fassions disparaître le mal du milieu d’Israël ! Mais les Benjaminites ne voulurent pas écouter leurs compatriotes israélites. Au contraire, ils quittèrent leurs villes et se rassemblèrent à Guibéa pour partir en guerre contre les Israélites. Dans cette troupe, il y avait sept « centaines » de soldats d’élite gauchers, tous capables de toucher un cheveu, sans le manquer, avec une pierre de leur fronde. L’armée d’Israël sans Benjamin comptait quatre cents « milliers » d’hommes maniant l’épée et tous aguerris. Les hommes de Benjamin sortirent de Guibéa et ils tuèrent ce jour-là sur le champ de bataille 22 000 hommes d’Israël. Le lendemain donc, les Israélites attaquèrent une seconde fois ceux de Benjamin, qui sortirent de Guibéa pour les affronter et massacrèrent encore ce jour-là sur le terrain 18 000 soldats d’Israël portant l’épée. Alors tous les Israélites montèrent en foule à Béthel. Ils restèrent là, assis devant l’Eternel, pleurant et jeûnant jusqu’au soir, et ils offrirent des holocaustes et des sacrifices de communion devant l’Eternel. Phinéas, fils d’Eléazar et petit-fils d’Aaron, était en fonction devant le coffre à cette époque. Il demanda : – Devons-nous à nouveau aller combattre nos frères de la tribu de Benjamin ou cesser les hostilités ? L’Eternel répondit : – Allez-y, car demain je vous donnerai la victoire sur eux. La bataille fut acharnée. Les Benjaminites ne se doutaient pas du désastre qui allait fondre sur eux. L’Eternel battit Benjamin devant Israël et, ce jour-là, les Israélites leur tuèrent 25 100 hommes, tous sachant manier l’épée. Les hommes d’Israël cachés se précipitèrent sur Guibéa et y massacrèrent les habitants. Six cents hommes Benjaminites qui s’étaient enfuis au désert restèrent durant quatre mois sur le rocher de Rimmôn. Entre-temps, les Israélites se tournèrent contre les Benjaminites et exterminèrent de ville en ville les hommes, les bêtes et tout ce qui leur tombait sous la main. Après quoi, ils mirent le feu à toutes les villes de la région (Juges 20.11-48).

Benjamin est essentiellement une tribu guerrière (Genèse 49.27) et ses hommes ne redoutent  ni une guerre ni un combat inégal. Elle compte non seulement des archers mais aussi des frondeurs expérimentés capables de lancer une pierre de 500 grammes à la vitesse de 150 km heure et avec la précision d’une arme à feu. D’ailleurs l’usage de la fronde et l’habileté à s’en servir viennent de Palestine et donc probablement de la tribu de Benjamin. La guerre civile éclate. Tout d’abord, les 11 tribus subissent deux défaites successives et perdent la bagatelle de 40 000 hommes. De toute évidence et contrairement aux Benjaminites, les Israélites étaient mal préparés à faire la guerre. L’Éternel permet cet échec sanglant pour conduire les onze tribus à une sincère repentance, car dans le fond, ils ne valent pas mieux que leurs frères coupables. C’est ce qui se passe, car ce n’est qu’après sa double défaite que le peuple s’humilie réellement devant l’Éternel. A côté d’une indignation et d’un empressement louables, les Israélites ont été très présomptueux alors qu’ils auraient dû s’humilier avant de se faire l’instrument de la justice divine. L’Éternel ne les rend donc vainqueur qu’après qu’ils aient confessé leurs fautes et cherché en lui leur force.

Finalement, la totalité de l’armée de Benjamin est exterminée à l’exception de 600 hommes qui se réfugient dans une forteresse du désert. C’est tout ce qu’il reste de cette tribu, parce que les Israélites leur ont infligé le traitement prévu pour les Cananéens dont ils ont adopté les mœurs. Toutes les villes de Benjamin sont détruites et leurs populations massacrées : hommes, vieillards, femmes, enfants et animaux, tout ce qui respire est anéanti. Décidément, ils n’y allaient pas de main morte à cette époque et ça me donne le vertige.

Chapitre 21

Versets 1-12

Nous arrivons au chapitre 21, le dernier du livre des Juges, qui continue cette sordide histoire avec un nouveau massacre et des rapts. Je commence à le lire.

A Mitspa, les hommes avaient fait le serment qu’aucun d’entre eux ne donnerait sa fille en mariage à un Benjaminite. Puis les Israélites se demandèrent les uns aux autres quel groupe, parmi toutes les tribus d’Israël, n’était pas venu à l’assemblée tenue devant l’Eternel. Car on s’était solennellement engagé par serment à mettre à mort quiconque ne viendrait pas à Mitspa devant l’Eternel. Ils découvrirent que personne de Yabesh en Galaad n’était venu au camp et à l’assemblée. L’assemblée envoya contre eux douze mille soldats en leur donnant les ordres suivants : – Allez massacrer tous les habitants de Yabesh en Galaad, y compris les femmes et les enfants. Vous tuerez tout homme et toute femme qui a déjà vécu avec un homme. Ces soldats trouvèrent quatre cents jeunes filles vierges qui n’avaient pas été touchées par un homme. Ils les amenèrent au camp de Silo dans le pays de Canaan (Juges 21.1-12).

Les Israélites sont maintenant confrontés à un nouveau problème dû à leur serment irréfléchi de ne pas donner leurs filles aux Benjaminites. Si on ne trouve pas une solution, les 600 hommes restant de cette tribu prendront des Cananéennes pour femmes et ce sera la fin de Benjamin. Comment faire pour que survive cette tribu quasi anéantie ? Pas de problème, car les Israélites ont fait un second vœu qui va réparer le premier. Puisque les hommes de Yabéch, une ville à l’est du Jourdain, ne sont pas venus à la fête, on extermine tous ses habitants mais on récupère les jeunes filles vierges. Aussitôt dit, aussitôt fait.

Versets 13-24

Je continue et finis le chapitre 21 tout en compressant le texte.

Toute l’assemblée envoya des messagers auprès des Benjaminites pour faire la paix avec eux. Ceux-ci retournèrent aussitôt chez eux. On leur donna les filles qui avaient été épargnées à Yabéch en Galaad, mais il ne s’en trouva pas assez pour eux tous. Ils dirent alors qu’on allait bientôt célébrer comme chaque année la fête de l’Éternel à Silo, alors ils ordonnèrent aux Benjaminites : Allez vous mettre en embuscade dans les vignes. Lorsque vous verrez les filles de Silo sortir de la ville pour danser leurs rondes, vous surgirez des vignes, chacun de vous enlèvera une fille et l’emmènera dans le pays de Benjamin pour en faire sa femme. Si leurs pères ou leurs frères viennent se plaindre à nous, nous leur répondrons : “ Soyez compréhensifs envers eux, puisque nous n’avons pas pris une femme pour chacun d’eux lors de l’expédition contre Yabéch. D’ailleurs vous n’êtes pas coupables de parjure, puisque ce n’est pas vous qui les leur avez données. ” Les Benjaminites suivirent ce conseil, ils prirent le nombre de femmes voulues parmi les jeunes filles qui dansaient. Ils les enlevèrent et partirent avec elles dans leur territoire. Ils rebâtirent leurs villes et s’y établirent. Les autres Israélites quittèrent ces lieux pour regagner leurs tribus et leurs familles ; de là, chacun rentra dans son territoire (Juges 21.13-24).

La destruction de Yabéch n’a pas suffi car il y a encore 200 jeunes hommes Benjaminites à pourvoir en femmes. Pas de problème. Il suffit d’enlever de force des jeunes filles parmi celles qui viendront danser lors d’une fête en l’honneur de l’Éternel. En agissant ainsi, les pères ne se rendent pas coupables de rompre leur serment de ne pas donner leurs filles en mariage aux Benjaminites. De toute façon, dans cette affaire, l’assemblée décide et puis tout le monde est obligé de suivre. C’est l’anarchie. La période des Juges est une époque de décadence qui fait suite à un passé noble ce que souligne bien la dernière phrase du livre qui est :

En ces temps-là, il n’y avait pas de roi en Israël. Chacun faisait ce qu’il jugeait bon (Juges 21.25).

Commentaire biblique radiophonique écrit par le pasteur et docteur en théologie : Vernon McGee (1904-1988) et traduit par le pasteur Jacques Iosti.

avril 19 2024

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