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20 août 2026

Jude 1.4

Chapitre 1

Introduction

Jean-Jacques Rousseau (1712-1778) est un homme extraordinaire et très humain, un précurseur dans tous les domaines qu’il a explorés. Cependant, il a aussi des idées qui sont tout à fait contraires à l’enseignement des Écritures et donc à la réalité. Il croit par exemple que nous venons au monde bon, alors qu’en fait c’est l’inverse. Les enfants naissent avec beaucoup de mauvaises dispositions tout simplement parce que leurs parents sont eux-mêmes des pécheurs de la race d’Adam et Ève. Voilà pourquoi le petit de l’homme a besoin d’être éduqué, un processus long et fastidieux qui consiste à essayer de redresser un petit peu tout ce qui est tordu. Dès son plus jeune âge, l’enfant manifeste trois attitudes qu’il faut corriger avec la plus grande fermeté; ce sont la désobéissance, le manque de respect et le mensonge. C’est important parce que les adultes qui sont rebelles, arrogants ou qui aiment la duplicité sont imperméables à la Bonne Nouvelle de la grâce de Dieu en Jésus-Christ. Les trois caractéristiques que je viens de mentionner décrivent bien les enseignants de mensonge qui au premier siècle se sont glissés dans un certain nombre d’assemblées chrétiennes. Agents du diable, leur objectif est de tromper.

Il faut dire que depuis que le monde est monde, la vérité est assiégée et constamment l’objet d’attaques de toutes parts. Dès le jardin d’Éden où l’Éternel a placé l’homme et la femme, Satan déforme la Parole de Dieu et convainc Ève de désobéir à son Créateur (Genèse 3:1-6). Depuis, le diable, dont l’un des titres est « père du mensonge » (Jean 8:44) poursuit inlassablement et avec hargne son offensive contre la vérité de Dieu. Son objectif principal est de résister par tous les moyens à l’avancement du royaume que Dieu veut établir sur terre en la personne de Jésus-Christ le Messie. Dans ce combat, le diable a recours à toutes sortes de tactiques, certaines violentes mais d’autres subtiles et plus efficaces. Les tromperies les plus fourbes consistent à introduire une petite pointe de mensonge à l’intérieur d’une grande vérité. Satan utilise pour sa cause le prestige et l’arrogance des scientifiques, la soif de pouvoir et la cupidité des politiciens, et la séduction de l’argent pour les masses. Il semble qu’à partir du moment où quelqu’un occupe une position d’autorité, pour lui la vérité devient secondaire. Cela dit, le coup de maître du diable est le mensonge de la religion qui lui permet de tenir des milliards d’êtres humains dans le creux de sa main. Si on considère le bourbier politique, social, économique et religieux dans lequel notre monde nage, il faut reconnaître que Satan porte bien son titre de « Malin » car il a un succès fou. Il est très flexible et prêt à se plier en quatre pour accommoder les indigènes qui vivent au rythme des esprits de la forêt mais aussi l’homme moderne qui ne croit en rien sinon en lui-même. Le diable invente constamment de nouvelles devises. Quand j’étais étudiant, on voyait de temps en temps dans le hall du restaurant universitaire, une table de littérature de l’extrême gauche sous une banderole sur laquelle était écrit: « la religion est l’opium du peuple ». Un peu plus loin, une autre banderole disait: « Faites l’amour et pas la guerre ». A cette époque, la mode étudiante est de croire en vrac que Dieu est une lubie, une invention humaine; la religion: un moyen d’échapper à la réalité, l’homme: un singe évolué qui se pose trop de questions et qui réprime trop de pulsions inassouvies, la morale: une affaire de goût personnel qui ne regarde personne, l’amour: un art qui demande à être pratiqué, et la vie: une jungle qu’il faut changer par la force.

Le plus grave cependant, est que Satan arrive aussi à tromper des croyants authentiques en jouant sur leur nature de péché et leurs passions toutes humaines. Cependant, en dépit de ses victoires, les jours du Diable sont comptés car la vérité et la justice triompheront quand le royaume éternel du Christ sera établi (2Pierre 3:13). Alors, le diable et ses acolytes seront mis hors d’état de nuire à tout jamais (Apocalypse 20:10).

Cependant, nous ne sommes pas encore arrivés à cette dernière phase de l’histoire humaine, et en attendant l’heure de Dieu, Satan est toujours bien présent. Il s’en suit que les croyants sont constamment mobilisés, tous sur le pont en quelque sorte; ils ne doivent jamais baisser les bras mais continuer à combattre « pour la foi qui a été transmise une fois pour toutes »; leur mandat est de rester fidèlement attaché à la vérité en s’opposant et en résistant à tout ce qui est contraire à l’enseignement apostolique. Dans sa seconde lettre à Timothée, l’apôtre Paul l’exhorte disant: « Tu as entendu de moi des paroles de vérité_: fais–en ton modèle pour l’appliquer dans la foi et l’amour qui se trouvent dans l’union avec Jésus–Christ. Garde intact, par l’Esprit Saint qui habite en nous, le bien précieux qui t’a été confié » (2Timothée 1.13-14; comparez 1Timothée 6:20, 21). L’ordre de mission transmis à Timothée concerne aussi tous les fidèles à Jésus-Christ et davantage encore les responsables d’assemblées parce que ce sont eux qui ont la charge de veiller et de prendre soin du troupeau de Dieu (1Pierre 5:2; Tite 1.9).

Jude, frère de Jacques et demi-frère de Jésus comprend parfaitement les enjeux de son époque. Comme il sait que la connaissance du Seigneur se répand dans l’empire romain comme une traînée de poudre, il n’est probablement pas surpris d’apprendre que des apostats, des ennemis de la Bonne Nouvelle se sont infiltrés dans certaines assemblées chrétiennes. Il sait qu’un rude combat se prépare parce que dans le cadre de sa longue guerre contre la vérité, Satan a mis au point une nouvelle campagne pour tromper les croyants et freiner la croissance des églises. Pour cette raison, Jude prend sa plume dans le but d’informer ses lecteurs des dangers qui les guettent. Pareil à un officier supérieur qui décrit à ses troupes l’ennemi qu’ils vont devoir affronter, Jude brosse pour ses lecteurs le portrait de leurs adversaires. Je continue de lire dans le livre de Jude.

J’ai été dans la nécessité de vous écrire pour vous exhorter à combattre pour la foi qui a été transmise aux saints une fois pour toutes. Car il s’est glissé parmi vous certains hommes

Verset 4a

Jude ne parle pas ici de possibilité mais de certitude; des gens dangereux, parce qu’ils enseignent des mensonges, sont déjà présents dans certaines assemblées, et ils sont prêts à faire leur sale besogne de destruction.

« Il s’est glissé parmi vous » (pareisedusan) est un seul mot en grec. Le verbe « glissé » n’est employé qu’ici dans le Nouveau Testament. Il signifie « entrer à l’intérieur sur le côté », c’est-à-dire en douce ; c’est se faufiler furtivement avec l’intention évidente de causer des torts. Dans le monde grec, ce mot décrit un avocat véreux qui au moyen de paroles doucereuses parvient à embobiner les membres du tribunal et donc de les tromper au sujet de son client.

Les enseignants de mensonges auxquels Jude fait référence sont entrés dans l’église sans difficulté parce qu’ils utilisent les paroles appropriées, prétendant adhérer sans réserve à la confession de foi apostolique bien qu’en réalité, ils ont une toute autre opinion. Bien évidemment, ils ne déclarent jamais ouvertement leur position doctrinale car leur intention est de tromper les croyants et d’imposer leurs croyances à l’assemblée qu’ils ont noyautée. L’apôtre Paul aussi à maille à partir avec des hérétiques. Dans sa second épître aux Corinthiens, il écrit: « Ces hommes–là sont de faux apôtres, des ouvriers malhonnêtes déguisés en apôtres du Christ. Cela n’a rien d’étonnant_: Satan lui–même ne se déguise–t–il pas en ange de lumière_? Il n’est donc pas surprenant que ses agents aussi se déguisent en serviteurs de ce qui est juste. Mais ils auront la fin que méritent leurs œuvres » (2Corinthiens 11.13-15).

Il va sans dire que dans le monde, les faux prophètes et les menteurs de tout poil sont légions. Ils propagent des inepties tout en s’opposant à Dieu et au Christ. Marc rapporte que Jésus dit à ses disciples: « faites attention à vous–mêmes_: on vous traduira devant les tribunaux des Juifs, on vous fouettera dans les synagogues, vous comparaîtrez devant des gouverneurs et des rois à cause de moi, pour leur apporter un témoignage » (Marc 13:9). Cependant, toutes ces crapules et vendeurs de poudre de perlimpinpin, ne présentent pas de véritables dangers pour l’Église du Christ. Ceux qu’il faut craindre sont les apostats qui ont une position d’autorité reconnue à l’intérieur d’une assemblée et qui portent un masque de carnaval. Les attaques qui proviennent de l’extérieur ont le plus souvent pour seul effet d’unir encore davantage le peuple de Dieu contre les mécréants. Par contre, les enseignants de mensonge répandent un poison insidieux qui est mortel pour l’Église. C’est un peu comme l’eau qu’on chauffe doucement et dans laquelle on a mis le homard. La pauvre bête ne s’aperçoit de rien et s’endort avant de finir dans les assiettes. La fausse doctrine a le même effet et quand quelqu’un tire enfin la sonnette d’alarme, c’est souvent trop tard car le troupeau de Dieu est divisé et dans la plus grande confusion.

Aujourd’hui, les enseignants de mensonges écrivent des livres et enseignent dans des facultés de renom; ils donnent des conférences, prêchent en chaire et séduisent des multitudes. Derrière ces faux frères qui sont déguisés en défenseurs de la vérité (2Corinthiens 11:14) il y a Satan, parce que c’est lui qui sème la mauvaise herbe dans le bon grain (Matthieu 13:24-30).

Jude ne donne aucun renseignement concernant l’identité des apostats ou le contenu de l’enseignement mensonger qu’ils propagent parce qu’il estime ces détails sans importance. Et il a raison car les hérésies vont et viennent; elles suivent des modes. Ce qui compte est de rester fidèle à l’enseignement des apôtres indépendamment des tendances religieuses du moment. Aujourd’hui par exemple, sous nos tropiques ça fait presque chic de se convertir à l’Islam. Je continue le texte.

           Car il s’est glissé parmi vous certains hommes, dont la condamnation est écrite depuis longtemps.

Verset 4b

Le mot pour « écrite depuis longtemps » (progegrammenoi) suggère que le châtiment des apostats a été prononcé de longue date, en fait depuis toujours. Un peu plus loin, Jude rapporte les propos du patriarche Hénoc (v 14-15) de la septième génération après Adam, qui annonce déjà la fin des suppôts de Satan. Et l’un des thèmes commun à presque tous les prophètes de l’Ancien Testament, fidèles à l’Éternel, est la condamnation sévère des faux prophètes (Ésaïe 8.19-22; Jérémie 5.13,14 etc.), enfin, plusieurs passages du Nouveau Testament annoncent leur jugement. L’apôtre Pierre en particulier n’y va pas avec le dos de la cuillère quand dans sa second épître, il écrit: « Par amour de l’argent, ils vous exploiteront avec des histoires de leur propre invention. Mais il y a longtemps que leur condamnation est à l’œuvre et que la perdition les guette. En effet, Dieu n’a pas épargné les anges qui ont péché_: il les a précipités dans l’abîme où ils sont gardés pour le jugement, enchaînés dans les ténèbres. Il n’a pas non plus épargné le monde ancien, lorsqu’il fit fondre le déluge sur ce monde qui n’avait aucun respect pour lui. [..]. Il a condamné à la destruction les villes de Sodome et de Gomorrhe en les réduisant en cendres, pour donner à ceux qui se révoltent contre lui un exemple de ce qui leur arrivera (2Pierre 2:3-6). Comme le verdict de condamnation est déjà prononcé contre les apostas, leur jugement est inéluctable. Je continue le texte.

 

            Car il s’est glissé parmi vous [..] des impies qui n’ont aucun respect pour Dieu, qui changent en dérèglement la grâce de notre Dieu et qui renient notre seul Maître et Seigneur Jésus–Christ

Verset 4c

Il est évident que les apostats de tout temps, que ce soit l’époque de Jude ou la notre, sont caractérisés par l’impiété dans le sens où l’entendent les Écritures, c’est-à-dire que ces faux jetons prétendent servir Dieu alors qu’en réalité, qu’ils en soient conscients ou pas, ils servent leurs propres intérêts, leurs ambitions ou leurs passions. Et il ne faut pas se laisser tromper par les apparences, la pratique de la génuflexion à tours de bras n’est pas une preuve de piété mais de la poudre aux yeux.

Les enseignants de mensonge du temps de Jude ne sont pas aussi subtils que ceux d’aujourd’hui qui eux se préoccupent beaucoup des apparences. En effet, au premier siècle, il semble qu’une fois que les apostats se sentent acceptés dans l’église, ils se comportent ouvertement comme « des impies ». Ce mot (asebeis) est utilisé par les croyants du premier siècle pour désigner les hérétiques. Les enseignants de mensonges jouent à être religieux mais ne possèdent pas la foi qui sauve, ce qui est évident par leur façon de vivre immorale et contraire à toute éthique chrétienne puisqu’ils mènent une vie licencieuse.

Le mot traduit par « dérèglement » (aselgeian) signifie « sensualité, débauche indécent (Galates 5.19; Sem.). Les apostats se laissent aller à leurs passions et désirs charnels, puis ils justifient leur conduite en disant que sous le régime de la grâce tout est permis. A ce sujet, dans son épître aux Romains, l’apôtre Paul écrit: « Que dire maintenant_? Persisterons–nous dans le péché pour que la grâce abonde_? Loin de là_! Puisque nous sommes morts pour le péché, comment pourrions–nous vivre encore dans le péché_? Oui, mes frères, vous avez été appelés à la liberté. Seulement, ne faites pas de cette liberté un prétexte pour vivre comme des hommes livrés à eux–mêmes. Au contraire, par amour, mettez–vous au service les uns des autres (Romains 6.1,2; Galates 5.13).

Le troisième reproche de cette triade que Jude adresse aux apostats est qu’ils « renient notre seul maître et Seigneur Jésus-Christ ». Soit dit en passant que ce double titre souligne bien l’autorité du Christ autant sur son Église que sur l’univers entier. Mais ce n’est pas du tout ainsi que les enseignants de mensonges considèrent Jésus qu’ils refusent de reconnaître comme le Seigneur, le souverain Maître et Dieu le Fils. Ils ne lui accordent pas l’honneur, la déférence et la juste position qui lui revient de droit. Ils confirment ainsi que ce sont des imposteurs religieux. Concernant des faux frères qu’il a dû combattre, dans sa lettre à Tite, l’apôtre Paul écrit: « Ils prétendent connaître Dieu, mais ils le renient par leurs actes, car ils sont détestables, rebelles et se sont disqualifiés pour toute œuvre bonne » (Tite 1:16). Et dans sa première épître, l’apôtre Pierre dit: « Autrefois, il y a eu des prophètes de mensonge parmi le peuple d’Israël_; il en sera de même parmi vous. Ces enseignants de mensonge introduiront subtilement parmi vous des erreurs qui mènent à la perdition. Ils renieront le Maître qui les a rachetés et attireront ainsi sur eux une perdition soudaine. Beaucoup de gens les suivront dans leur immoralité et, à cause d’eux, la voie de la vérité sera discréditée » (1Pierre 2.1,2). Tous les faux frères n’apportent pas la même fausse doctrine car Satan sait très bien qu’il en faut pour tous les goûts. Mais n’ayez crainte, il en a toute une palette qu’il sera heureux de vous présenter et vous pourrez choisir ce qui vous convient le mieux. Pour lui c’est tout du pareil au même car ce qu’il veut est que vous croyiez à un mensonge, peu lui importe lequel, car tous vous condamneront.

Comme je l’ai déjà noté, il est quasi certain que les apostats dont parle Jude sont des précurseurs du mouvement qui se développe au second siècle et qui prend le nom de « gnosticisme ». Dans la conception du monde des gnostiques, tout ce qui est matière, c’est le mal, tandis que tout ce qui émane de l’esprit est bon. Une telle croyance a plusieurs conséquences. Au niveau théologique, ces apostats rejettent la double nature du Christ parce que selon leur perspective, Dieu n’a pas pu s’abaisser à revêtir un corps humain. Dans sa première épître, l’apôtre Jean les condamne sévèrement et les appelle « des antichrists » (1Jean 2.18,22; 4.3; 2Jean 1.7).

La croyance gnostique a non seulement une influence sur la foi mais aussi sur l’éthique. En effet, puisque la façon dont on traite son corps n’a aucune espèce d’importance, on peut en faire ce qu’on veut. Certains gnostiques, influencés par les ascètes grecs, se privent des soins les plus élémentaires; ils ne se lavent jamais et ne mangent pratiquement rien. C’est d’ailleurs ce qu’a aussi fait le Bouddha qui n’était pourtant pas gnostique. A un moment de sa vie et dans sa quête de la vérité, il ne mange qu’un grain de riz par jour, j’ai bien dit un grain, jusqu’à ce qu’il réalise que ce n’est peut-être pas la bonne voie.

Mais au premier siècle, il existe aussi des précurseurs gnostiques qui ne sont pas du tout attirés par une vie de moine pure et dure et qui préfèrent opter pour un style de vie diamétralement opposé. Ce sont des jouisseurs toujours prêts à satisfaire leurs moindres pulsions. Ce sont ceux-là qui ont infiltré les assemblées chrétiennes du premier siècle et que Jude condamne vertement. Je suis en train de penser que ces apostats ont fait beaucoup d’émules car si je ne m’abuse, la plupart de nos contemporains sont comme des gnostiques libertins sauf qu’ils ne s’encombrent d’aucune philosophie; ce sont des jouisseurs, un point c’est tout.

Commentaire biblique radiophonique écrit par le pasteur et docteur en théologie : Vernon McGee (1904-1988) et traduit par le pasteur Jacques Iosti.

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