Jacques 3.9-18
Chapitre 3
Verset 9
Un couteau est un objet tranchant qui est fort utile pour accomplir d’innombrables tâches comme préparer les repas, couper ses aliments, dépecer un animal, écailler un poisson, tailler une branche. Mais c’est aussi une arme qui peut tuer. Pareillement, la langue est un organe que je peux utiliser pour faire le bien ou le mal. Je continue de lire dans le chapitre 3 de l’épître de Jacques.
Nous nous en servons (de la langue) pour louer le Seigneur notre Père, et nous nous en servons aussi pour maudire les hommes, pourtant créés à l’image de Dieu (Jacques 3.9 ; Autre).
Le titre pour Dieu, « le Seigneur notre Père », n’est utilisé qu’ici dans le Nouveau Testament. Le « nous » de Jacques montre qu’il ne se place au même niveau que tous les hommes et donc qu’il ne vaut pas mieux.
Ici, il compare la langue humaine à la langue fourchue d’un serpent car d’un côté elle est capable de rendre gloire à Dieu, et de l’autre elle crache du venin, des malédictions à l’encontre des hommes. De nature, la langue humaine est hypocrite, pleine de duplicité, toujours prête à tromper afin de tirer quelque avantage d’une situation. Les Juifs en général et donc ceux à qui Jacques écrit, sont habitués de louer l’Éternel car cet acte religieux fait partie de leur culture. Le roi David est célèbre pour les psaumes de louange qu’il a écrits et mis en musique. À une occasion, après avoir recueilli du peuple les offrandes destinées à la construction du temple, David a commencé une longue action de grâces. Dans le premier livre des Chroniques, on lit :
Loué sois-tu à tout jamais, ô Éternel, Dieu de notre ancêtre Israël ! (1Chroniques 29.10).
Puis à la fin de sa prière, David dit à tout Israël :
Louez l’Éternel, votre Dieu ! Alors toute l’assemblée loua l’Éternel, le Dieu de ses ancêtres. Ils s’inclinèrent et se prosternèrent devant l’Éternel et devant le roi (1Chroniques 29.10, 20).
Au premier siècle, tous les Juifs louent l’Éternel régulièrement ; chaque jour ils récitent dix-huit louanges qui se terminent par : « Sois béni, ô Dieu ! » Malheureusement, ces mêmes Juifs utilisent aussi leur langue pour dire du mal, pour mal dire, maudire et blasphémer. Pour cette raison, Jacques dit :
Verset 10
De la même bouche sortent bénédiction et malédiction. Mes frères, il ne faut pas qu’il en soit ainsi (Jacques 3.10).
L’expression : « il ne faut pas » est une forme négative très appuyée qui n’apparaît qu’ici dans le Nouveau Testament. C’est comme si au lieu de taper du poing sur la table, Jacques prend une masse. En d’autres mots, il dit qu’un croyant ne doit jamais dire de paroles méchantes ni faire de compromis avec la vérité, car de tels comportements sont incompatibles avec une vie droite. Jacques explique cette vérité en s’appuyant sur plusieurs illustrations tirées de la vie quotidienne, avec lesquelles ses lecteurs sont familiers.
Versets 11-12
À l’exemple de Jésus qui a dit : « Est-ce que l’on cueille des raisins sur des buissons d’épines ou des figues sur des ronces ? » (Matthieu 7.16), Jacques demande :
Avez-vous déjà vu de l’eau douce et de l’eau salée jaillir d’une même source par la même ouverture ? Un figuier, mes frères, peut-il porter des olives, ou une vigne des figues ? Une source salée ne peut pas non plus donner de l’eau douce (Jacques 3.11-12).
Bien sûr que non ! est évidemment la bonne réponse à toutes ces questions qu’on peut qualifier de « lapalissades ». Jacques ne parle évidemment pas d’une situation extrême où suite à un cataclysme quelconque, un cours d’eau est pollué. Il affirme qu’en temps normal, la même source ne peut donner qu’une seule sorte d’eau et aucune personne sensée ne s’avisera de dire le contraire. Matthieu rapporte que Jésus a dit :
Un bon arbre ne peut pas porter de mauvais fruits, ni un mauvais arbre de bons fruits (Matthieu 7.18).
Verset 13
Je continue le texte.
Y a-t-il parmi vous quelqu’un de sage et d’érudit ? Qu’il en donne la preuve par sa bonne conduite, c’est-à-dire par des actes empreints de l’humilité qui caractérise la véritable sagesse (Jacques 3.13 ; autre).
Jacques s’adresse maintenant aux enseignants car ils sont identifiés aux sages. Il les somme de prouver par une bonne conduite que leur connaissance n’est pas seulement de la théorie, brutalement jetée à la figure des âmes simples. Leur enseignement ne doit pas consister à remettre les gens à leur place et à s’engager dans des controverses.
Les mots traduits par « érudit et sage » ont des sens très voisins. Les philosophes de l’antiquité accordent beaucoup d’importance à la sagesse (sophos) et les Grecs utilisent ce mot pour parler d’une théorie, une façon de voir. Pour les Juifs par contre, le mot « sage » signifie l’application méthodique à la vie de tous les jours, de la vérité qu’ils ont acquise par le discernement et la connaissance.
Les mots « sages et sagesse » apparaissent environ trois cents fois dans l’Ancien Testament dont une centaine de fois rien que dans le livre des Proverbes et le plus souvent sous la plume de Salomon. Ce roi est célèbre pour la sagesse exceptionnelle qu’il a reçue de l’Éternel, et aussi parce qu’il fait de la sagesse la quête de toute sa vie. Dans le premier livre des Rois, on lit :
Dieu donna à Salomon une sagesse exceptionnelle, une très grande intelligence et une large ouverture d’esprit qui le fit s’intéresser à des questions aussi nombreuses que les grains de sable au bord de la mer (1Rois 5.9). Le roi Salomon surpassa tous les rois de la terre par sa richesse et sa sagesse. Tous les gens de la terre cherchaient à le rencontrer pour se mettre à l’écoute de la sagesse que Dieu lui avait donnée (1Rois 10.23-24).
Environ neuf siècles après Salomon, Cicéron (106-43 av. J-C), philosophe romain du premier siècle avant Jésus-Christ, dit que la sagesse est le meilleur don des dieux. Pour lui comme pour Salomon, la plus noble et la plus précieuse possession de l’homme sur terre est la sagesse. Si pour les Hébreux, la sagesse est le bien suprême, le pire des insensés est celui qui connaissant la vérité ne la met pas en pratique.
« Y a-t-il parmi vous quelqu’un de sage et d’érudit ? Qu’il en donne la preuve par sa bonne conduite. » Le mot pour « érudit » (Epistémôn) n’apparaît qu’ici dans le Nouveau Testament. Il évoque l’idée d’une connaissance spécialisée dans un domaine particulier. « Qu’il en donne la preuve », est au mode impératif ce qui est bien rendu en français. Tout comme la foi (Jacques 2.17), si la sagesse et l’expérience ne se voient pas dans des actes pieux, elles sont sans valeur. Par ailleurs, ces bonnes œuvres doivent être « empreintes de l’humilité qui caractérise la véritable sagesse », précise Jacques. Ceux qui se croient sages sans l’être sont généralement imbus d’eux-mêmes et arrogants. Mais celui qui est réellement sage selon Dieu est humble (prautés) et affable, ce qui ne veut pas du tout dire « faible », mais bien plutôt « qui maîtrise sa puissance ». Un cheval dompté, utile à son maître, lui est forcément soumis. Dans le livre des Nombres (12.3), on lit que « Moïse était un homme très humble, plus que tout autre homme sur la terre ». Or et comme chacun sait, Moïse est très loin d’être efféminé ou de se comporter comme un paillasson. Provoqué, il réagit vite mais en se contrôlant parfaitement, du moins dans la plupart des cas. Il est vrai qu’une fois, il s’est emporté (Nombres 20.11-12) et Dieu l’a sévèrement puni puisqu’il ne lui a pas permis d’entrer en Terre promise.
L’humilité, la tempérance, la douceur doivent caractériser tout enfant de Dieu. Matthieu rapporte que Jésus a dit de lui-même : « Je suis doux et humble de cœur » (Matthieu 11.29 ; comparez Matthieu 21.5) et il l’a prouvé. Comme j’ai déjà eu l’occasion de le dire, dans sa première épître, l’apôtre Pierre dit de Jésus :
Injurié, il ne ripostait pas par l’injure. Quand on le faisait souffrir, il ne formulait aucune menace, mais remettait sa cause entre les mains du juste Juge (1Pierre 2.23).
Verset 14
Je continue le texte du chapitre 3 de l’épître de Jacques.
Mais si votre cœur est plein d’amère jalousie, si vous êtes animés d’un esprit querelleur, il n’y a vraiment pas lieu de vous vanter ; ce serait nuire à la vérité (Jacques 3.14 ; Autre).
Les motivations de l’homme proviennent toujours de son cœur. Dans le livre des Proverbes, le sage écrit :
Par-dessus tout : veille soigneusement sur ton cœur, car il est à la source de tout ce qui fait ta vie (Proverbes 4.23).
« Si votre cœur est plein d’amère jalousie ». Le mot pour « amère jalousie » (pikron) signifie « pointu, affilé, épineux, piquant ou jaillissant ». Jacques a déjà utilisé ce mot quand il a dit :
Avez-vous déjà vu de l’eau douce et de l’eau salée jaillir d’une même source (Jacques 3.11).
Ici, il s’agit d’une métaphore qui décrit un arriviste au zèle mordant, qui comme un jeune loup non seulement ne fait aucun cas des autres, mais il est prêt à les écraser.
Le nom traduit par « esprit querelleur » (erithian) signifie « rivalité factieuse », et le verbe de la même racine veut dire « fabriquer de la laine, la filer et confectionner un vêtement », c’est-à-dire travailler pour son propre gain, pour l’avancement de sa petite personne. On affuble de ce mot ceux qui par ambition personnelle ont soif de pouvoir et cherchent à dominer les autres. Cette élévation de soi est donc aux antipodes du comportement du croyant authentique qui doit être humble, désintéressé, généreux et aimable.
« Si votre cœur est plein d’amère jalousie, il n’y a vraiment pas lieu de vous vanter » dit Jacques. Au premier siècle, le mot « vanter » (Katakauchaomai) a une connotation positive car c’est ce qu’on attend d’un général ou d’un athlète victorieux, ou encore d’un homme qui réussit dans les affaires. Par contre, celui qui se vante est souvent « plein d’amère jalousie et possède un esprit querelleur » ; c’est un imposteur. Sa conduite est indigne d’un croyant et sa vie un mensonge qui contredit sa confession de foi.
Verset 15
Je continue le texte.
Une telle sagesse ne vient certainement pas du ciel, elle est de ce monde, de l’homme livré à ses seules ressources, elle est démoniaque (Jacques 3.15).
Celui qui est jaloux et querelleur est corrompu car animé par l’esprit de ce monde, dont le prince est Satan ; c’est lui qui bat la mesure et qui mène le bal.
Jacques présente ici les trois caractéristiques fondamentales de la sagesse « qui ne vient pas du ciel ».
Premièrement, cette sagesse provient de ce monde, c’est à dire qu’elle se limite au présent, à l’ici et maintenant, et elle est confinée au bocal espace-temps constitué par l’univers.
Deuxièmement, cette sagesse provient de l’homme charnel livré à lui-même, qui, dit l’apôtre Paul dans sa première épître aux Corinthiens : « ne reçoit pas ce qui vient de l’Esprit de Dieu ; à ses yeux, c’est “ pure folie ” et il est incapable de le comprendre » (1Corinthiens 2.14). Cette sagesse se limite à ce que l’homme peut comprendre et accomplir par ses propres moyens ; elle est motivée par des intérêts personnels et l’élévation de soi : moi d’abord, ce que je veux, comme je veux, et quand je veux.
Troisièmement, cette sagesse est diabolique parce qu’elle tire sa raison d’être de Satan « le tentateur et le Prince de ce monde » (Jean 12.31 ; 14.30 ; 16.11). Dans le jardin d’Éden, le diable a trompé nos premiers parents en leur disant :
Vous ne mourrez pas ! Seulement Dieu sait bien que le jour où vous en mangerez, vos yeux s’ouvriront et vous serez comme Dieu, choisissant vous-mêmes entre le bien et le mal (Genèse 3.4b-5).
Cet amalgame de mensonges et de demi-vérités a convaincu Ève puis Adam qui transgressent alors l’ordre divin en mangeant le fruit défendu. Le châtiment suit et ce monde avec tout ce qu’il contient est maudit. Aujourd’hui, Satan continue son rôle destructeur. Vous pouvez être assuré qu’il ne se présente jamais avec une longue queue et des cornes. Au contraire, il se déguise en ange de lumière et en promoteur de la justice (2Corinthiens 11.13-15). Puis il convainc les hommes qu’il faut mettre la Parole de Dieu en doute et accepter la sienne, et il réussit plutôt bien (1Timothée 4.1). Pour les sages selon ce monde, ce qui inclut les philosophes et les scientifiques, les Textes sacrés ne sont qu’un vieux livre poussiéreux dépassé, de vieilles reliques d’une ère préscientifique révolue où l’homme avait recours à la superstition pour expliquer ce qu’il ne comprenait pas. Mais la sagesse des hommes ne vaut pas un clou. Dans sa première épître aux Corinthiens, l’apôtre Paul écrit :
Où est-il, le sage ? Où est-il, l’homme cultivé ? Où est-il, le raisonneur de ce siècle ? Dieu n’a-t-il pas frappé de folie la sagesse du monde ? (1Corinthiens 1.20 ; JER).
Le roi Salomon, qui comme je l’ai dit, a reçu de Dieu le discernement et la vraie sagesse, utilise ces dons pour sonder la sagesse humaine. Il se livre à toutes sortes de plaisirs et de divertissements, à la joie et au vin, à des extravagances sans fin comme les mille femmes qui sont à son service. Il entasse des richesses sans fin, accumule les connaissances, entreprend des plantations, d’immenses constructions et agrandi son empire. Mais au final, il découvre que la sagesse humaine est vaine et futile, car elle conduit à la frustration et à l’absurdité. Dans le livre de l’Ecclésiaste, il écrit :
“ Voici, j’ai fait augmenter et progresser la sagesse plus qu’aucun de ceux qui ont régné avant moi à Jérusalem. J’ai acquis beaucoup de sagesse et de connaissance. ” Je me suis, en effet, appliqué à connaître la sagesse, ainsi que ce qui est fou et ce qui est stupide. Et je me suis aperçu que cela aussi, c’est comme courir après le vent. Car, plus on a de sagesse, plus on a de sujets d’affliction. En augmentant sa connaissance, on augmente ses tourments (Ecclésiaste 1.16-18 ; comparez Ecclésiaste 2.1-11, 17-23).
Verset 16
Je continue le texte.
Car là où règnent la jalousie et l’esprit de rivalité, là aussi habitent le désordre et toutes sortes de pratiques indignes (Jacques 3.16).
Il existe une relation de cause à effet entre la jalousie et la rivalité d’une part, et le désordre d’autre part car la jalousie et la rivalité se perpétuent elles-mêmes à la fois comme causes et comme résultats.
Le mot pour « désordre » (akatastasia) veut dire « instable, confus, tumultueux, inconstant et anarchique ». Jacques a déjà utilisé ce terme deux fois quand il a dit qu’un homme « qui doute est inconstant dans toutes ses entreprises et que la langue est un mal (anarchique) qu’on ne peut réprimer » (Jacques 1.8 ; 3.8).
Le mot pour « indignes » (phaulos) veut dire « mauvais » dans le sens de « vain et futile », c’est-à-dire qui n’a aucun intérêt et n’en aura jamais. Ce mot est utilisé plusieurs fois dans le Nouveau Testament pour établir un contraste avec ce qui est « bien, bon ou utile ». L’apôtre Paul écrit que « nous aurons tous à comparaître devant le tribunal du Christ, et chacun recevra ce qui lui revient selon les actes, bons ou mauvais, qu’il aura accomplis par son corps » (2Corinthiens 5.10 ; comparez Jean 5.29 ; Romains 9.11).
Verset 17
Je continue le texte.
Au contraire, la sagesse qui vient d’en haut est en premier lieu pure ; de plus, elle aime la paix, elle est modérée et conciliante, pleine de bonté ; elle produit beaucoup de bons fruits, elle est sans parti pris et sans hypocrisie (Jacques 3.17).
« La sagesse qui vient d’en haut » est bien entendu la sagesse que Dieu accorde à ceux qui placent leur confiance en son Fils Jésus-Christ. Les caractéristiques de cette sagesse selon Dieu sont très proches de celles de l’amour (1Corinthiens 13) ou du fruit de l’Esprit (Galates 5.22-23). En fait, dans l’épître de Jacques, l’Esprit, et « la sagesse qui vient d’en haut » sont pratiquement synonymes.
Dans le livre qui porte son nom, Job demande :
Mais, quant à la sagesse, où peut-on la trouver ? Où donc l’intelligence a-t-elle sa demeure ? (Job 28.12).
Et plus loin, il répond lui-même à sa question et dit :
Révérer le Seigneur, voilà la vraie sagesse ! Se détourner du mal, voilà l’intelligence ! (Job 28.28 ; comparez Proverbes 9.10).
Dans le Sermon sur la montagne, Jésus dit :
Celui qui écoute ce que je dis et qui l’applique, ressemble à un homme sensé (c’est-à-dire sage) qui a bâti sa maison sur le roc (Matthieu 7.24).
Et l’apôtre Paul écrit que : « en Jésus-Christ se trouvent cachés tous les trésors de la sagesse et de la connaissance » (Colossiens 2.3 ; comparez 1Corinthiens 1.24, 30).
« La sagesse qui vient d’en haut est en premier lieu pure » (Hagnos), au sens moral et spirituel. Quelqu’un de sage selon Dieu reconnaît en toute sincérité son état de pécheur et il tente de contrôler ses pensées. Que ce soit sous le régime de l’Ancienne ou de la Nouvelle Alliance, aucun rite ne peut rendre pur ou sage. Dans le psaume 59, David supplie Dieu en disant :
Purifie-moi du péché avec un rameau d’hysope, et je serai pur ! Lave-moi et je serai plus blanc même que la neige. Ne regarde plus mes fautes ! Tous mes torts, efface-les ! Ô Dieu, crée en moi un cœur pur ! Fais renaître en moi un esprit bien disposé (Psaumes 51.9, 11-12).
En second lieu, cette sagesse est « pacifique », ce qui correspond à la septième béatitude de Jésus qui est :
Heureux ceux qui répandent autour d’eux la paix, car Dieu les reconnaîtra pour ses fils (Matthieu 5.9 ; comparez Philippiens 2.1-4).
Troisièmement, le sage est « modéré », c’est-à-dire « équitable et juste », mais il n’insiste pas pour que ses droits soient reconnus ou que la Loi soit appliquée à la lettre.
Quatrièmement, le sage est « conciliant », c’est-à-dire « humble, soumis et fidèle » ; il ne s’enferme pas dans un cadre étroit mais considère tout argument digne d’être écouté.
Cinquièmement, la sagesse est « pleine de bonté », ce qui correspond à la cinquième béatitude qui est :
Heureux les miséricordieux ; car ils obtiendront miséricorde (Matthieu 5.7 ; LSG).
L’homme « miséricordieux » pardonne quand on l’offense et il vient en aide à ceux qui sont dans le besoin (Luc 10.30-37 ; 1Jean 3.16-18 ; 4.7, 8, 11).
Sixièmement, le sage « produit beaucoup de bons fruits » (Jacques 2.14-20) parce que « il a faim et soif de la justice », ce qui correspond à la quatrième béatitude de Jésus (Matthieu 5.6).
Septièmement, le sage est « sans parti pris », c’est-à-dire « exempt de duplicité ». Le mot ainsi traduit (Adiakritos) ne se trouve qu’ici dans le Nouveau Testament. Il signifie littéralement « non séparé, non divisé ». Il s’agit de quelqu’un qui fait ce qu’il dit et qui ne change pas d’avis en cours de route. Il est conséquent et impartial dans ses convictions et ses actions.
Finalement, le sage est « exempt d’hypocrisie » ; c’est le péché que Jésus a le plus condamné (Matthieu 6.2, 5, 16 ; 7.5 ; Luc 12.1 ; Matthieu 22.18 ; 23.27-28 ; 24.50-51 ; 1Pierre 2.1).
Verset 18
Je finis de lire le chapitre trois.
Ceux qui travaillent à la paix sèment dans la paix une semence qui aura pour fruit ce qui est juste (Jacques 3.18).
Cette « semence » est « la sagesse qui vient d’en haut ». Jacques établit ici une relation directe entre d’une part, la sagesse selon Dieu, et d’autre part, la paix et la justice. L’homme manifeste la sagesse en menant une vie juste, désintéressée et pacifique. Et un jour au début du Millénium, la terre entière ne sera peuplée que par des gens sages. Dans une vision prophétique, dans le psaume 85, le psalmiste voit que « l’amour et la vérité vont se rencontrer, et la justice et la paix se donneront l’accolade » (Psaumes 85.11).
Pour atteindre la maturité spirituelle, devenir juste et manifester une sainteté pratique, le croyant doit acquérir la sagesse qui vient d’en haut. Dans le livre des proverbes, on lit l’exhortation suivante :
Voici le début de la sagesse : acquiers la sagesse, procure-toi le discernement au prix de tout ce que tu possèdes (Proverbes 4.7). Acquiers la vérité, la sagesse, l’instruction et le discernement, et ne t’en dessaisis pas (Proverbes 23.23).
Le sage sait maîtriser sa langue parce qu’il contrôle ses pensées (Philippiens 4.8) parce qu’il est pur, parce qu’en toute humilité il reconnaît ses péchés devant Dieu.
Commentaire biblique radiophonique écrit par le pasteur et docteur en théologie : Vernon McGee (1904-1988) et traduit par le pasteur Jacques Iosti.