Jacques 2.6-19
Chapitre 2
Versets 6b-7
Que pensait l’intelligentsia romaine du christianisme au second siècle de notre ère ? Eh bien, un certain Celse, philosophe de son état, prend violemment à parti les chrétiens (en 178), déclarant que ce sont des traîne-misère sans instruction. Dans sa diatribe, il les traite de « vulgaires » et les compare à une nuée de chauves-souris, à des fourmis rampantes qui sortent de leur nid, et à des grenouilles réunies en colloque dans un marais boueux. Tout ça parce qu’une majorité de croyants sont effectivement de condition humble.
Mais le vrai scandale éclate quand dans les assemblées de croyants, certains méprisent les plus pauvres tout en usant de favoritisme envers les riches dans le but de leur soutirer quelque denier. On peut les imaginer faisant des courbettes et beaucoup de chichis. Remarquez bien que de telles minauderies sont toujours en vogue. Je continue de lire dans le second chapitre de l’épître de Jacques.
Ce sont pourtant les riches qui vous oppriment et qui vous traînent en justice devant les tribunaux. Ce sont encore eux qui outragent le beau nom que l’on a invoqué sur vous (Jacques 2.6b-7).
Le verbe pour « oppriment » (katadunasteuô) signifie « tyranniser ». Les gens riches ont en effet les moyens d’utiliser la loi pour saisir le peu de biens que possèdent les misérables, trop pauvres pour pouvoir se défendre. Pire encore, ils « outragent », littéralement, « blasphèment » « le beau nom » ; il s’agit bien sûr de Jésus-Christ que les ennemis de l’Évangile diffament.
Sous l’Ancienne Alliance, quand le nom de l’Éternel est invoqué sur un homme, il devient la possession de Dieu. Le nom de Jésus est donc hautement significatif pour des chrétiens, et ce sont surtout les riches et les puissants qui se moquent de Jésus et des croyants, et qui sont à l’origine de l’hostilité envers les chrétiens.
À cette époque, ceux qui font partie de la classe des Sadducéens sont de riches aristocrates très sécularisés sous un vernis religieux. Comme ils persécutent l’Église primitive (Actes 4.1-3 ; 5.17-18), il est fort possible que Jacques les a dans son collimateur. Les Sadducéens prétendent adhérer à la loi de Moïse mais c’est de la frime car en réalité ils ne croient ni à l’existence des anges ni à la résurrection (Matthieu 22.23) ni à l’immortalité de l’âme ni au jugement et ni au ciel.
Versets 8-9
Je continue.
Si, au contraire, vous vous conformez à la loi du royaume de Dieu, telle qu’on la trouve dans l’Écriture : Tu aimeras ton prochain comme toi-même, alors vous agissez bien. Mais si vous faites des différences entre les personnes, vous commettez un péché et vous voilà condamnés par la Loi, parce que vous lui désobéissez (Jacques 2.8-9).
Un jour, un hypocrite de première catégorie tend un piège au Seigneur en lui demandant :
Maître, quel est, dans la Loi, le commandement le plus grand ? Jésus lui répondit : – Tu aimeras le Seigneur, ton Dieu, de tout ton cœur, de toute ton âme et de toute ta pensée. C’est là le commandement le plus grand et le plus important. Et il y en a un second qui lui est semblable : Tu aimeras ton prochain comme toi-même. Tout ce qu’enseignent la Loi et les prophètes est contenu dans ces deux commandements (Matthieu 22.36-40 ; comparez Deutéronome 6.5 ; Lévitique 19.18).
Dans son épître aux Galates (5.14), l’apôtre Paul écrit que « la Loi se trouve accomplie tout entière par l’obéissance à cette seule parole : Aime ton prochain comme toi-même », et aux Romains il écrit :
Celui qui aime ne cause aucun mal à son prochain. Aimer son prochain, c’est donc accomplir toute la Loi (Romains 13.10 ; comparez Romains 13.9 ; Jean 13.34 ; 1Jean 4.7-8, 11).
L’amour pour Dieu et du prochain sont les deux commandements qui résument toute la loi.
Contrairement à une certaine psychologie narcissique en vogue, je ne dois pas commencer par m’aimer moi-même avant de pouvoir aimer mon prochain, car s’aimer soi-même est propre à la nature humaine ; c’est inné et instinctif. Aux Éphésiens (5.29), l’apôtre Paul écrit que « personne n’a jamais haï sa propre chair ; au contraire, chacun la nourrit et l’entoure de soins ». En effet, tout croyant qui accepte le verdict des Écritures sait très bien qu’il n’est qu’un vil et misérable pécheur qui ne mérite que la condamnation, et que ce n’est qu’en vertu de la grâce et de l’amour incommensurables de Dieu et du sacrifice de Jésus, qu’il est sauvé et destiné à régner dans le royaume des cieux.
Celui qui fait des différences entre les personnes, c’est-à-dire qui montre du favoritisme envers les riches, prouve au minimum qu’il n’a pas d’amour pour les pauvres et au pire qu’il les méprise ; il transgresse donc la loi (Deutéronome 1.17 ; 16.19). La forme grammaticale de la phrase décrit un favoritisme flagrant et systématique tel qu’on le trouve chez les non-croyants.
Verset 10
Je continue le texte.
En effet, celui qui désobéit à un seul commandement de la Loi, même s’il obéit à tous les autres, se rend coupable à l’égard de toute la Loi (Jacques 2.10).
Jacques est conscient que certains de ses lecteurs pensent que leurs préjugés sont un simple manque de courtoisie mais qu’ils ne transgressent pas la Loi. Pourtant, dit Jacques, il ne s’agit pas d’une petite offense mais d’un péché grave. En effet, la Loi forme un tout indivisible qu’on peut comparer à une chaîne faite de maillons ; vous en brisez un et tout la chaîne est détruite. Certes, il est des fautes qui sont plus graves que d’autres, cependant il me suffit de désobéir au moindre des commandements de Dieu pour briser l’unité de sa Loi sainte, et ainsi devenir un transgresseur de toute la Loi. Aux Galates, l’apôtre Paul écrit :
Ceux qui comptent sur leur obéissance à la Loi tombent sous le coup de la malédiction, car il est écrit : Maudit soit l’homme qui n’obéit pas continuellement à tout ce qui est écrit dans le livre de la Loi (Galates 3.10).
Verset 11
Pour étayer son argumentation, Jacques cite des paroles de Moïse (Exode 20.13-14 ; Deutéronome 5.17-18) et dit :
Car celui qui a dit : Tu ne commettras pas d’adultère, a dit aussi : Tu ne commettras pas de meurtre. Si donc, tout en évitant l’adultère, tu commets un meurtre, tu désobéis bel et bien à la Loi (Jacques 2.11).
Jacques choisit deux péchés pour lesquels le châtiment est la peine capitale pour bien souligner que ceux qui usent de favoritisme envers les riches aux dépens des pauvres sont grandement coupables devant Dieu.
Les Juifs considèrent la Loi comme une série de commandements indépendants les uns des autres. Ceux auxquels ils obéissent leur donnent bonne conscience, une bonne note en somme, et les commandements qu’ils violent leur donne une mauvaise note. Ils croient que si leur solde est positif, ils sont en règle avec Dieu, mais s’il est négatif, ils sont rejetés. Il faut donc essayer de faire pencher la balance du bon côté. On trouve cette manière de penser dans tous les systèmes religieux. La substantifique moelle de cette croyance est que l’homme devient juste par sa façon de se comporter, et Dieu le juge selon sa conduite morale.
Mais Dieu n’est pas un marchand de tapis avec qui on fait du troc. La loi qu’il a donnée aux Juifs doit être obéie dans sa totalité ; il n’y a pas d’exception et aucune entorse n’est tolérée. Il n’existe pas de petits péchés sans conséquence et toute violation entraîne un châtiment. La Loi est comme une clôture ; quel que soit l’endroit où je la franchis, toute la clôture est franchie.
Verset 12
Je continue le texte.
Parlez et agissez donc comme des personnes appelées à être jugées par la loi qui donne la liberté (Jacques 2.12).
Puisque montrer du favoritisme est une faute grave, Jacques termine ce sujet en avertissant ses lecteurs du danger d’être jugé par Dieu afin qu’ils renoncent à ce péché. Il veut qu’ils se mettent en règle avec Dieu et se comportent comme de vrais croyants, sauvés par sa grâce et qui seront jugés en fonction de leur conduite envers les faibles et les démunis. Ce jugement peut déjà commencer ici-bas, mais de toute façon il y en a un autre dans l’au-delà. Dans sa seconde épître aux Corinthiens, l’apôtre Paul écrit :
Nous aurons tous à comparaître devant le tribunal du Christ, et chacun recevra ce qui lui revient selon les actes, bons ou mauvais, qu’il aura accomplis par son corps (2Corinthiens 5.10).
Au moment de ce grand règlement de compte, ce qui est décidé n’est pas l’obtention du salut puisqu’il dépend uniquement de la foi en l’œuvre accomplie une fois pour toutes par Jésus-Christ sur la croix. Ce jugement détermine qui reçoit ou pas des récompenses et combien (1Corinthiens 3.15).
« La loi qui donne la liberté » est l’ensemble des règles morales et spirituelles auquel tout croyant doit se conformer. Ceux qui placent leur confiance en Jésus-Christ et qui lui obéissent sont affranchis de l’esclavage du péché, du châtiment éternel, et sont rendus capables d’obéir à Dieu. L’homme régénéré désire lui plaire et la loi lui montre ce qu’il souhaite accomplir. Le chrétien n’est pas comme un chien lié au char de Zeus car il choisit joyeusement de suivre sans être « lié » ; il est donc véritablement libre et les exigences de la vie chrétienne envers ceux qui ont accepté Jésus comme leur Sauveur, s’appelle à juste titre une loi de liberté.
Obéir à la loi n’est pas une contrainte ; si demain on supprimait l’obligation d’obéir au Code de la route, je resterais chez moi car j’aurais perdu la liberté de circuler en toute tranquillité.
Verset 13
Je continue le texte.
Dieu jugera sans pitié celui qui n’a témoigné aucune pitié aux autres ; mais la pitié triomphe du jugement (Jacques 2.13).
Tout comme l’amour triomphe des préjugés, « la miséricorde triomphe du jugement » (Matthieu 5.7). Ici, Jacques s’adresse à des Juifs qui de toute évidence ne sont pas croyants. Leur vie consiste à manipuler leur prochain, c’est-à-dire à favoriser les riches pour leur soutirer quelque avantage. En contrepartie, ils sont durs et sans pitié envers les pauvres. Égocentriques, ils ne reflètent pas l’amour et la bonté de Dieu envers ceux qui sont dans le besoin. Montrer du favoritisme est incompatible avec l’amour de Dieu, avec l’amour pour Dieu et son prochain. La foi authentique est attestée par une miséricorde désintéressée. Mais celui qui ne l’exerce pas ainsi n’a pas l’amour de Dieu en lui.
Verset 14
Je continue.
Mes frères, à quoi servirait-il à un homme de dire qu’il a la foi s’il ne le démontre pas par ses actes ? Une telle foi peut-elle le sauver ? (Jacques 2.14).
L’emploi de l’expression « Mes frères » indique un changement de thème. Jacques commence par poser une question dont la réponse ne peut être que « non ». Il ne parle pas ici de quelqu’un qui a la foi mais qui dit l’avoir et n’en donne jamais la preuve. Jacques dénonce donc une fausse confession de foi et l’hypocrisie d’une croyance doctrinale qui est peut-être correcte, mais qui ignore la nécessité de s’engager à la suite du Maître. Jean rapporte que Jésus a dit à ceux qui déclarent croire en lui :
Si vous vous attachez à la Parole que je vous ai annoncée, vous êtes vraiment mes disciples (Jean 8.31).
La foi authentique en Jésus est attestée par ce que le prétendu croyant fait, plutôt que par ce qu’il dit. Si sa façon de vivre n’honore pas son Maître, c’est un faux, un imposteur.
Cela dit, il faut encore rappeler que le salut s’obtient exclusivement par la foi. Dans son épître aux Galates, l’apôtre Paul déclare sans équivoque :
nous avons compris que l’on est déclaré juste devant Dieu, non parce que l’on accomplit les œuvres que commande la Loi, mais uniquement par la foi en Jésus-Christ. C’est pourquoi nous avons, nous aussi, placé notre confiance en Jésus-Christ pour être déclarés justes par la foi et non parce que nous aurions accompli ce qu’ordonne la Loi. Car, comme le dit l’Écriture :Personne ne sera déclaré juste devant Dieu parce qu’il aura accompli ce qu’ordonne la Loi (Galates 2.16 ; LSG ; comparez Romains 3.28 ; Tite 3.5).
L’homme ne peut pas acquérir le statut de juste et la vie éternelle en obéissant, même parfaitement à la loi de Dieu parce qu’il en est absolument incapable. Et il ne lui est pas possible d’obtenir le salut par une obéissance partielle car Dieu ne peut pas accepter autre chose que la perfection même. Ce n’est pas non plus en ajoutant à sa foi une certaine quantité de bonnes œuvres qu’on peut être sauvé.
Voilà pourquoi il fallait que Jésus prenne sur lui les péchés de l’homme condamné, et lui donne sa justice en échange. Le salut est par la foi, mais si elle est authentique, elle produit inévitablement des bonnes œuvres, ce que tous les auteurs du Nouveau Testament mentionnent, et fréquemment (Luc 19.8 ; Actes 19.18-19 ; Galates 5.6, 6.9 ; Éphésiens 2.8-9 ; 1Thessaloniciens 1.9 ; Tite 1.16, 2.7).
Comme je l’ai déjà dit, Paul et Jacques ne s’opposent pas dans leur enseignement, mais se tiennent dos à dos pour lutter contre deux ennemis. Paul se bat contre le légalisme qui consiste à essayer d’être juste devant Dieu en obéissant à une loi, et Jacques s’oppose à la croyance, à la confession de foi qui n’est que verbale et stérile, et qui n’engage pas la vie quotidienne de la personne qui prétend avoir la foi.
Versets 15-16
Je continue le texte.
Supposez qu’un frère ou une sœur manquent de vêtements et n’aient pas tous les jours assez à manger. Et voilà que l’un de vous leur dit : “ Au revoir, mes amis, portez-vous bien, restez au chaud et bon appétit ”, sans leur donner de quoi pourvoir aux besoins de leur corps, à quoi cela sert-il ? (Jacques 2.15-16).
L’apôtre Jean pose à peu près la même question quand dans sa première épître, il écrit :
Si un homme riche voit son frère dans le besoin et lui ferme son cœur, comment l’amour de Dieu peut-il être présent en lui ? (1Jean 3.17).
Après avoir simplement dit qu’une foi sans œuvres est vaine (Jacques 2.14), Jacques précise sa pensée avec une illustration hypothétique mais réaliste. Ici encore, il prend la situation d’un miséreux parce qu’ils sont nombreux parmi les croyants du premier siècle, et lui se soucie beaucoup de leur bien-être. Pour celui qui manque de l’essentiel pour vivre, les vœux pieux comme la salutation juive « Shalom : Allez en paix », ou de dire : « Que Dieu vous bénisse ! » non seulement ne servent à rien, mais de tels vœux sont absurdes et insultants pour quelqu’un qui manque de vêtements et qui n’a pas de quoi se nourrir convenablement.
La forme grammaticale des expressions : « portez-vous bien, restez au chaud et bon appétit » (voix passive moyenne) exprime une attitude sarcastique et cruelle qu’on peut traduire par : « chauffez-vous vous-même et rassasiez-vous vous-même », ce qui est une autre manière de dire : « Débrouillez-vous ; faites donc le nécessaire et laissez-moi tranquille ».
Au temps lointain où la royauté était la mode en Europe, une reine laisse son cocher assis dehors en plein hiver pendant qu’elle assiste à une représentation théâtrale. La pièce qu’elle regarde est tellement touchante qu’elle pleure tout au long du spectacle. Quand elle revient à son carrosse, elle découvre que son cocher est mort de froid. Indifférente à son sort et furieuse, elle ne verse pas une larme. Elle avait été bouleversée par une tragédie fictive, mais elle est totalement insensible à une vraie tragédie qui la concerne pourtant puisque elle en est directement responsable. Il n’est pas rare que quelqu’un soit profondément affecté en regardant une histoire émouvante à la télé, mais reste de marbre devant la détresse de quelqu’un qu’il rencontre, comme le clodo qui fait la manche et qu’il voit tous les jours dans la bouche du métro. Jean rapporte que Jésus a dit :
À ceci, tous reconnaîtront que vous êtes mes disciples : à l’amour que vous aurez les uns pour les autres (Jean 13.35).
Et aux Romains, l’apôtre Paul écrit :
Ne restez redevables de rien à personne, sinon de vous aimer les uns les autres. Car celui qui aime l’autre a satisfait à toutes les exigences de la Loi (Romains 13.8).
Verset 17
Je continue le texte.
Il en est ainsi de la foi : si elle reste seule, sans se traduire en actes, elle est morte (Jacques 2.17).
La foi seule sauve, mais la foi qui sauve ne reste pas seule. La foi qui a le temps de s’exprimer par des œuvres, mais qui n’en saisit pas les occasions est improductive et stérile ; ce n’est pas la vraie foi mais une croyance morte et donc inutile. On peut toujours affirmer avec fanfare et trompette retentissante qu’un mort est revenu à la vie, mais s’il ne bouge pas et ne montre aucun signe vital, s’il n’a ni pouls ni battement de cœur, il est toujours mort. L’évidence contredit les fausses affirmations ronflantes.
Verset 18
Je continue.
Mais quelqu’un dira : Toi, tu as la foi ; et moi, j’ai les œuvres. Montre-moi ta foi sans les œuvres, et moi, par mes œuvres, je te montrerai ma foi (Jacques 2.18).
Un personnage imaginaire se joint à la conversation. C’est en fait Jacques qui se dédouble et qui s’adresse à quelqu’un qui prétend que la foi se suffit à elle-même. Jacques lui lance un défi et lui dit : « Toi tu prétends que tu as la foi et moi je pratique des œuvres. Alors montre-moi ta foi sans les œuvres si tu peux mais j’en doute, et moi, par mes œuvres, je te montrerai ma foi ».
En réalité, il n’est pas possible de prouver la foi sans des actes concrets qui en sont la manifestation pratique et visible. La foi réelle donne toujours des preuves de son authenticité. Comme Jacques l’a déjà dit, si la foi reste seule sans se traduire en actes, elle est morte, c’est-à-dire qu’elle est fausse et n’existe pas.
Verset 19
Je continue.
Tu crois qu’il y a un seul Dieu ? C’est bien. Mais les démons aussi le croient, et ils tremblent (Jacques 2.19).
Jacques sort l’artillerie lourde et tire un argument canon. La déclaration « c’est bien » est un sarcasme dirigé contre une orthodoxie morte comme celle des Juifs. En effet, ils connaissent tous par cœur « la shema » qui sont les deux premiers mots du passage du livre du Deutéronome qui dit :
Écoute, Israël, l’Éternel est notre Dieu, il est le seul Éternel (Deutéronome 6.4).
Eh bien, les démons aussi peuvent réciter « la shema » par cœur et leur doctrine est exacte. Aucun esprit ne doute qu’il y a un seul vrai Dieu et tous savent que les Écritures sont la Parole de Dieu, que Jésus est le Fils de Dieu (Marc 1.24 ; Luc 4.41 ; Actes 19.15), qu’il est mort pour expier les péchés des hommes, qu’il a été enseveli et est ressuscité, qu’il est monté au ciel et est maintenant assis à la droite du Père et que le salut s’obtient uniquement par grâce au moyen de la foi (Actes 16.17). Ils savent aussi qu’il y aura un jugement. Ils connaissent tout cela et bien d’autres choses sur le bout des doigts. Mais toute cette orthodoxie, aussi importante soit-elle, ne leur est d’aucune utilité ; au contraire, ils tremblent de peur parce qu’ils savent aussi que la rédemption accomplie par le Christ n’est pas pour eux. Contrairement aux êtres humains qui vivent dans le temps, les esprits existent hors du temps. Alors, ceux qui ont choisi de suivre Satan, sont devenus des démons et leur sort éternel est scellé de manière irrévocable.
« Les démons tremblent ». Ce verbe (phrissô) n’apparaît qu’ici dans le Nouveau Testament, mais il est couramment utilisé dans le monde gréco-romain pour décrire l’effet produit par la peur. Les démons ont au moins le bon sens de craindre Dieu, car ils savent que le jugement les attend (Matthieu 8.29-31 ; Marc 5.7). À cet égard, ils sont bien plus réalistes et sensés que les humains qui croient pouvoir échapper au jugement de Dieu sans posséder la foi authentique qui sauve.
Commentaire biblique radiophonique écrit par le pasteur et docteur en théologie : Vernon McGee (1904-1988) et traduit par le pasteur Jacques Iosti.