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04 mars 2022

Introduction générale à la série d’études – 4

Épisode 4

LE CONTENU DE LA BIBLE À GRANDS TRAITS COMMENT LES TEXTES SACRÉS FURENT CHOISIS: CONSTITUTION DU CANON; LA PRÉSERVATION MIRACULEUSE DE L'INTÉGRITÉ DES MANUSCRITS

Il n’y a pas longtemps, j’ai lu une citation amusante d’Alphonse Daudet. Il dit ceci : Que de gens sur la bibliothèque desquels on pourrait écrire « usage externe » comme sur les fioles de pharmacie ! Il m’a fallu quelques instants pour comprendre ce que Daudet voulait dire par là, mais il a raison. Quelques fois, on entre dans un salon dont les murs sont tapissés d’ouvrages variés qui sont là comme tape à l’œil, car le maître des lieux n’en a lu que très peu voire aucun. Il en est de même pour la Bible qui est en fait composée de 66 livres. Certains en possèdent une énorme et impressionnante, tandis que d’autres en ont de très anciennes, mais ils n’ont lu aucun des textes. Pourtant, ce n’est pas le choix qui manque. J’ai déjà fait le tour de l’Ancien Testament. Dans le Nouveau Testament, les Évangiles sont suivis par les Actes des Apôtres, un ouvrage qui n’est en fait que la continuation du troisième Évangile par le même auteur saint Luc. C’est un livre charnière qui relate le début d’une nouvelle institution dans l’histoire humaine : l’Église chrétienne, et son expansion vers l’ouest depuis la Palestine jusqu’à Rome. Sous la plume d’un médecin fait historien, Luc est rigoureux, mais effacé puisqu’il n’apparaît nulle part. Il retrace en 28 chapitres les trente premières années de la chrétienté. Quelle admirable brièveté qui est pourtant si riche d’informations ! Luc était héritier de la tradition des historiens grecs ; il a composé ses écrits après de minutieuses recherches afin que ses lecteurs se rendent bien compte de la solidité des enseignements qu’ils avaient reçus sur les origines du christianisme, mais il a aussi insufflé dans son livre un tel sentiment de compassion humaine que beaucoup ont été amenés, avec Ernest Renan, le grand penseur rationaliste français du 19e siècle, à proclamer son œuvre le plus beau livre qui n ’ ait jamais été écrit. Avec la naissance du christianisme, l’humanité se divise désormais en trois groupes : les Juifs, les non-croyants et les chrétiens. De même qu’Israël est central dans le plan de Dieu depuis l’appel d’Abraham jusqu’à la résurrection du Christ, c’est l’Église qui occupera les devants de la scène à partir des Actes des Apôtres jusqu’au début du dernier livre du Nouveau Testament, l’Apocalypse.

 

Le reste du Nouveau Testament se compose de 21 lettres ; 13 ont l’apôtre Paul pour auteur dont 9 sont adressées à des Églises disséminées dans l’ancien empire romain et 4 à des individus. Sur les 8 lettres qui restent, l’Épître aux Hébreux est anonyme, une fut écrite par Jacques et une par Jude, tous deux demi-frères de Jésus, deux Épîtres sont de l’apôtre Pierre et trois de l’apôtre Jean qui a aussi écrit le livre de l’Apocalypse, qui clôt le Livre Saint et qui explique le jugement de notre monde actuel et des non-croyants, ainsi que le triomphe de Jésus-Christ et la création de nouveaux cieux et d’une nouvelle terre. C’est ainsi que les Écritures comptent 66 livres.

 

Mais la question se pose de savoir comment il se fait que certains textes ont été déterminés comme étant inspirés, c’est-à-dire reconnus comme venant de Dieu et faisant donc partie de ce qu’on appelle le canon. À l’origine, ce mot voulait dire instrument de mesure et c’est au Moyen Âge qu’il a commencé à désigner le tube de métal réglant la trajectoire de projectiles.

 

L’histoire des textes canoniques montre qu’une conviction mystérieuse a guidé Israël puis l’Église primitive à choisir les écrits sacrés qu’il s’agissait de rassembler et de préserver afin de faire connaître au monde entier le seul vrai Dieu. Et c’est ainsi qu’Israël reçut un discernement et un attachement indéfectibles pour la parole divine. En effet, et cela est étonnant, depuis Moïse jusqu’au dernier prophète de l’Ancien Testament, et ce pendant un peu plus de 1 000 ans, les prophètes ont accusé les Juifs des pires fautes imaginables, mais il n’y a jamais eu la moindre référence à une quelconque altération, mutilation ou adjonction au Texte Sacré. Les Juifs ont pourtant commis tous les crimes de droit commun et sacro religieux qu’il leur était possible de faire — ce pour quoi ils ont d’ailleurs été sévèrement jugés. Par contre, ils n’ont jamais, et je répète, pas une seule fois attaqué ou diffamé le canon de l’Ancien Testament au fur et à mesure que celui-ci se constituait. Tout s’est passé comme si une main invisible les en avait empêchés. Le processus fut similaire pour le Nouveau Testament ; les 4 Évangiles ont rapidement été rassemblés en une collection dès la composition du 4e par saint Jean. Cet ensemble de 4 ouvrages était connu comme l’Évangile au singulier en 4 récits différenciés selon l’auteur.

En l’an 180 de notre ère, Irénée, évêque de Lyon, en parle comme d’un fait établi au même titre que les quatre points cardinaux. En même temps que se constituait le recueil des 4 Évangiles, tous les écrits de l’apôtre Paul qui a presque rédigé la moitié du Nouveau Testament, furent assemblés et acceptés comme venant de Dieu. La rédaction des livres du Nouveau Testament fut achevée avant la fin du 1er siècle et ils étaient largement répandus, lus et commentés au cours du 2e siècle. Néanmoins, des doutes demeuraient concernant certains d’entre eux. Mais il est très remarquable que déjà 50 ans après la mort du dernier apôtre, c’est-à-dire Jean, on trouve dans les écrits qui circulaient des citations des 7/8e du canon du Nouveau Testament. De plus, comme la Bonne Nouvelle de Jésus-Christ se répandait rapidement dans tout l’empire romain, gagnant des hommes de races et de langues très diverses, on éprouva le besoin de faire des traductions. Vers la fin du 2e siècle, on mentionne une version Vieille Latine en Afrique du Nord, et la version syriaque, c’est-à-dire araméenne, des chrétiens d’Orient. À cette même époque, un Père de l’Église, Clément d’Alexandrie écrit déjà un commentaire sur le Nouveau Testament. C’est en l’an 367 en Occident et en 508 en Orient que le canon du Nouveau Testament tel qu’il est aujourd’hui fut universellement accepté comme inspiré de Dieu dans toutes les Églises. Cela s’est fait en bon ordre dans le temps et de façon si naturelle qu’on peut parler d’intervention miraculeuse de l’Esprit de Dieu.

Pour conclure, je voudrais mentionner qu’à aucun moment le canon n’a été fixé par voie d’une autorité quelconque ; tout au contraire ! Des ouvrages suscités par une inspiration surnaturelle se sont imposés sous la direction du Saint-Esprit à toute la chrétienté. Il n’y eut ni heurt ni polémique alors que les Églises soutenaient déjà une lutte terrible contre plusieurs hérésies. En effet, dès la naissance de l’Église il s’y glissait régulièrement de faux enseignements, des croyances erronées, des mensonges perpétrés par de faux chrétiens. Pour la petite histoire, sachez qu’il s’est tenu 18 conciles d’Église contre les hérésies au 3e siècle de notre ère, 86 au 4e siècle et 80 au 5e. À cet égard, je voudrais dire quelques mots concernant la fragmentation actuelle des protestants de par le monde. C’est vrai qu’il y a beaucoup de groupes indépendants les uns des autres, même lorsqu’ils ont la même confession de foi. Cet état de fait est très déroutant pour l’observateur non averti et généralement considéré comme une tare du mouvement. Certes, il est des divisions dont l’origine est un réel sujet d’embarras et de tristesse. Cependant, cette fragmentation a en filigrane un avantage en ce qu’elle est la meilleure défense contre l’apostasie, contre les faux prophètes et les hérésies qu’ils sont capables de répandre par leur charisme ou autre moyen de déception.

 

À l’origine, il y avait une seule Église puis deux : celle d’Orient et celle de Rome. L’une puis l’autre ont fait fausse route et c’est ce qui a déclenché le Mouvement de la Réforme. J’ajouterais aussi que beaucoup d’organisations d’origine protestante ont fait plus que fausse route et sont devenues en plus de vraies plaies sociales. Ces dérapages me conduisent à parler un peu plus en détail de ces textes supplémentaires appelés apocryphes. L’Église catholique romaine a décidé de les rajouter aux 39 livres de l’Ancien Testament en 1546 lors du concile de Trente. Par la même occasion, ce même concile a déclaré et je cite : recevoir avec la même affection et révérence que la Sainte Écriture, ses traditions concernant la foi et les mœurs.

 

À partir du 16e siècle donc, l’immense répertoire des décrets synodaux, des écrits des Pères de l’Église et autres enseignements officiels faisait foi au même titre que les Saintes Écritures. Parmi ces nouveaux textes, il y en a deux qui portent le nom de Maccabées. Je les mentionne, car ils donnent des renseignements de valeur historique intéressants. Les autres contiennent des légendes étranges, mais aussi des erreurs dans tous les domaines. L’historien juif Josèphe écrit vers l’an 100 de notre ère : Quant aux autres livres composés depuis les temps d’Artaxerxés, ils ne sont point regardés comme dignes d’une foi semblable. Il dit en substance que les apocryphes, des livres rédigés depuis le temps du roi perse Artaxerxés qui régna de l’an 464 à 424 av. J-C, ne sont pas reconnus comme inspirés de Dieu au même titre que les 39 autres textes de l’Ancien Testament. Or depuis toujours, ce sont les Juifs qui reçurent la charge divine de déterminer le canon de l’Ancien Testament. Un des Pères vénérés de l’Église catholique du nom de Jérôme rajouta les apocryphes à la Vulgate, sa traduction de la Bible en latin. Mais lui-même a déclaré sans ambages qu’il ne les considérait pas inspirés comme les autres 66 livres.

 

D’ailleurs comme le souligne l’historien Josèphe, ces textes non canoniques ne furent jamais reconnus par les Juifs au même titre que les 39 autres de l’Ancien Testament. En outre, le Nouveau Testament contient plus de 300 citations de l’Ancien, mais aucune ne provient des apocryphes. Même si on accepte que le canon inspiré soit de 66 livres, celui-ci concerne bien sûr les manuscrits originaux. Or, nous ne possédons aucun d’entre eux, mais seulement des copies de copies. Alors, qu’est-ce qui prouve que la version française que j’ai devant mes yeux est conforme à ce qui fut écrit en hébreu et en grec entre 1900 av. J-C et la fin du premier siècle de notre ère ? Doit-on douter de l’intégrité du texte ? C’est effectivement une critique fréquente et valable, car les plus anciens manuscrits de l’Ancien Testament en notre possession datent de 900 ans ap. J-C. Cependant, il faut savoir que les Juifs avaient une telle vénération pour l’Écriture Sainte que les copistes étaient particulièrement méticuleux. Ils comptaient le nombre de lettres de la copie qu’ils venaient de réaliser et le comparaient avec leur original ; si ça ne correspondait pas, ils ne cherchaient pas l’erreur, mais la détruisaient. Lorsque les parchemins étaient trop vieux et usés pour servir à la lecture ordinaire, on les retirait de la circulation les conservant dans un local sous clé, appelé cachette, attenant à la synagogue en attendant de les enterrer respectueusement. Par chance ou plutôt par bienveillance divine, au 19e siècle on a découvert plusieurs sources importantes de manuscrits de l’Ancien Testament. Par exemple aux Indes, les Juifs noirs de Malabar avaient en leur possession 37 peaux teintées en rouge de 15 m de long et 60 cm de large ; seule manque une partie des livres de Moïse.

 

En 1947, ce fut la découverte des manuscrits de la Mer Morte d’une extraordinaire valeur, car elle fit taire une école de critique textuelle particulièrement opposée au message évangélique. Ainsi, on a maintenant un texte en parfait état du prophète Ésaïe qui date du 2e siècle av. J-C. Or, Ésaïe, plus que tout autre, avait subi des assauts virulents répétés des théologiens libéraux. De telles découvertes permirent de faire un bond en arrière de 1 000 ans et de comparer mot pour mot, lettre après lettre, ces nouveaux parchemins avec ceux qui étaient déjà en notre possession. Et effectivement, on trouve des différences, mais elles sont si minimes qu’elles ne changent pas l’interprétation d’un quelconque passage de l’Ancien Testament tel qu’il était connu. Pour ce qui est du Nouveau, nous possédons actuellement plus de 4 000 manuscrits en grec ; la liste est longue. Certains remontent au début du 2e siècle, c’est-à-dire quelques années seulement après la mort de l’apôtre Jean aux alentours de l’an 100. Le British Museum en conserve plusieurs très importants. Le principal est le Codex Sinaïticus ; le gouvernement britannique l’a acheté aux Soviétiques le jour de Noël 1933 pour cent mille livres.

 

Sir George Kenyon, qui fut en son temps directeur et chef bibliothécaire du British Museum a dit ceci : « Grâce à tous ces manuscrits, n’importe quel lecteur de la Bible peut être assuré de l’intégrité du texte. À part quelques altérations verbales sans importance, ce qui est tout à fait normal pour des livres retranscrits à la main, nous sommes assurés que le Nouveau Testament nous est parvenu intact. Nous pouvons être convaincus que ce que nous avons en notre possession est aussi proche des manuscrits originaux qu’il est possible. » À côté de ceux qui sont à Londres, il est bien d’autres manuscrits tout aussi importants qui sont exposés en différents lieux publics de par le monde, comme au Vatican, à l’université de Cambridge ou à la Bibliothèque Nationale de Paris. En plus, on possède de nombreuses traductions dont 8 000 en latin. La grande masse des manuscrits du Nouveau Testament nous a été transmise presque sans variations et on peut affirmer que le texte sacré est digne de foi. Aucun enseignement qu’il soit doctrinal ou moral n’est affecté. Seuls deux passages, quelques versets dans l’Évangile de Jean et de Marc sont mis en doute. En fait, les preuves de l’authenticité des écrits du Nouveau Testament sont nettement plus solides que celles des textes classiques profanes que personne n’a jamais songé à remettre en question. Par exemple, nous ne possédons que 10 manuscrits utilisables de La guerre des Gaules de César rédigé dans les années 50 av. J-C et le plus récent date de l’an 900. Il est vrai que tout livre sacré est d’emblée suspect ; et c’est normal de vouloir des preuves et des confirmations pour un Livre qui se veut la Parole de Dieu et qui donc engage de façon absolue et pour l’éternité. De plus, la personne et les actes du Christ sont tellement extraordinaires que nous voulons autant que possible nous assurer de leur véracité.

 

D’accord, beaucoup de gens disent du bien des Textes Sacrés et de Jésus, mais qu’en est-il de ses ennemis juifs, ceux qui l’on fait crucifier ? Eh bien, le portrait qu’ils dressent de lui est exactement celui qu’on pouvait attendre, mais ils attestent également la véracité des Évangiles. En effet, selon l’opinion des anciens rabbins, Jésus était un transgresseur de la Loi d’Israël qui pratiquait la magie et faisait fi des sentences des sages. Ils disent aussi que ses disciples, dont 5 sont mentionnés nommément, guérissaient les malades en son nom. Ils appellent Jésus Ben Panthera, ce qui veut dire Fils de la vierge une référence bien sûr à sa naissance miraculeuse telle qu’elle est relatée dans le Nouveau Testament. Nous avons par contre peu de témoignages païens.

 

Au British Museum, il y a une lettre, d’un père à son fils Sérapion, écrite vers la fin du 1er siècle et dans laquelle il fait remarquer que ceux qui persécutent les sages finissent toujours par subir les revers de la fortune. Il mentionne alors Socrate, Pythagore et le Roi Sage exécuté par les Juifs. Il écrit que la conséquence de cet acte meurtrier fut l’abolition de leur royaume par les Romains et leur dispersion. Ces choses se sont effectivement passées en l’an 70 de notre ère quand la ville de Jérusalem fut rasée. Le juif historien Josèphe qui vivait à Rome, passa ses loisirs à écrire l’histoire de sa nation. Ses pages, où nous retrouvons bon nombre de personnages mentionnés dans le Nouveau Testament, permettent de mieux apprécier et comprendre le contexte, les us et coutumes du premier siècle de notre ère. Dans ses écrits, il atteste bien que Jésus vécut à l’époque mentionnée par les Évangiles ; qu’il était réputé pour ses miracles ; qu’il fut crucifié sous Ponce Pilate à l’instigation des autorités juives ; qu’il affirmait être le Messie, ce que lui, Josèphe, ne croyait pas ; qu’il était le fondateur de la secte des chrétiens ; et que certains croyaient qu’il était ressuscité des morts. Le plus grand historien de l’empire romain fut un dénommé Tacite. En tant que gendre du gouverneur de Bretagne, il pouvait facilement accéder à tous les documents officiels, dont le rapport qu’aurait dû faire Pilate à César. Effectivement, dans son histoire du règne de Néron il parle des chrétiens et dit : L’auteur de ce nom, Christ, avait été mis à mort par le Procurateur Ponce Pilate. Si vous ouvrez les Textes Sacrés, vous pouvez être convaincu que vous avez devant vous la Parole de Dieu.

Commentaire biblique radiophonique écrit par le pasteur et docteur en théologie : Vernon McGee (1904-1988) et traduit par le pasteur Jacques Iosti.

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