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03 déc. 2025

Hébreux 12.1-2

Chapitre 12

Introduction

Un enseignement efficace utilise des images de la vie de tous les jours afin d’établir un pont entre ce qui est connu et le nouveau savoir. Les textes bibliques aussi contiennent beaucoup de langage figuré et de métaphores, et Jésus parle souvent au moyen de paraboles. Par exemple, l’apôtre Paul compare la vie chrétienne à une lutte (1Corinthiens 9.26 ; Éphésiens 6.11 ; 2Timothée 2.3 ; 4.7) et à une course (1Corinthiens 9.24 ; Galates 5.7 ; Philippiens 2.16), ce que fait également l’auteur de l’épître aux Hébreux au début du chapitre douze que je commence de lire.

Verset 1

C’est pourquoi, nous aussi qui sommes entourés d’une telle foule de témoins, débarrassons-nous de tout fardeau, et du péché qui nous cerne si facilement de tous côtés, et courons avec endurance l’épreuve qui nous est proposée (Hébreux 12.1).

Au début de cette épître, dans le chapitre 2, l’auteur a dit à ses lecteurs :

Nous devons prendre encore plus au sérieux les enseignements que nous avons reçus afin de ne pas être entraînés à la dérive. Comment pourrons-nous échapper nous-mêmes au châtiment si nous négligeons un si grand salut ? (Hébreux 2.1, 3).

L’auteur met alors les Hébreux en garde contre le danger de se laisser entraîner loin de la vérité en retournant aux pratiques du judaïsme. Maintenant il les avertit aussi contre les dangers de l’immobilisme, car certains d’entre eux hésitent à continuer dans la voie de la foi en Jésus-Christ.

Quand un explorateur se perd dans le Grand Nord, il court le risque de mourir de froid ; il commence d’abord par s’endormir, ce qui est très dangereux parce qu’une fois gagné par le sommeil, le corps s’engourdit et ne réagit plus, sa température tombe puis les fonctions vitales s’arrêtent entraînant la mort. L’explorateur perdu ne doit absolument pas s’assoupir et pour éviter l’endormissement, il faut qu’il bouge constamment. Dans le domaine spirituel, c’est pareil, le croyant doit rester éveillé et persévérer dans la marche de la foi.

Dans le présent passage, « courons » est au mode impératif et s’adresse aux Hébreux qui sont croyants ou qui ont un réel intérêt pour le Christ, et par déférence, l’auteur utilise la première personne du pluriel afin de s’identifier à eux (comparez Hébreux 4.1, 14, 16 ; 6.1 ; 10.23, 24). Ces Juifs ont reconnu Jésus comme le Messie, mais sont léthargiques dans leur engagement pour lui.

Cette exhortation concerne tous ceux qui se disent croyants mais qui n’ont pas l’air de faire partie de la course chrétienne parce qu’ils sont sur la touche ; certains marchent lentement et d’autres se traînent. Pourtant, tous les auteurs du Nouveau Testament et Paul en particulier enseignent que ceux qui disent avoir placé leur foi en Jésus doivent courir ou au moins marcher d’un bon pas, car la vie chrétienne n’est pas une promenade dominicaine où on cueille des pâquerettes ; elle exige une discipline semblable à celle que pratiquent les athlètes qui font tout pour gagner l’épreuve sportive dans laquelle ils sont engagés. Dans ce but, dit l’auteur, « nous devons courir « avec endurance l’épreuve qui nous est proposé ».

Le mot pour « épreuve » (agôn) a donné « agonie » en français, c’est tout dire. Les croyants sont appelés à participer activement à une course qui est difficile. Cela étant bien établi, il me faut quand même tempérer mes dires, car même ceux qui traînent la grolle, par la grâce de Dieu, arriveront malgré tout au but et obtiendront la vie éternelle. En effet, ce n’est pas la vitesse à laquelle quelqu’un court qui détermine s’il sera sauvé, puisque le salut s’obtient gratuitement par le moyen de la foi. Même ceux qui ne courent pas ou qui sont dans les gradins et qui regardent les autres se démener seront sauvés parce qu’ils sont au moins entrés dans le stade par la porte étroite. Cependant, ils n’auront évidemment pas droit ni à une médaille, ni aux félicitations du jury. Par contre, il n’existe aucun espoir pour ceux qui sont engagés dans une autre course et qui courent après un faux dieu, que ce soit une idole ou l’argent ou les plaisirs ou que sais-je encore. En effet, Matthieu rapporte que Jésus a parlé de deux directions diagonalement opposées quand il a dit :

Entrez par la porte étroite ; en effet, large est la porte et facile la route qui mènent à la perdition. Nombreux sont ceux qui s’y engagent (Matthieu 7.13).

L’auteur précise que nous devons courir l’épreuve avec « endurance ». Ce dernier mot (hupomonê) veut dire « être déterminé à continuer même quand on en peut plus et qu’on voudrait s’arrêter ou au moins ralentir ». La vie de la foi n’est pas un sprint mais une course de fond, comme un marathon où il faut tenir la distance.

Étant donné que je passe le plus clair de mon temps devant un écran, je fais régulièrement de l’exercice physique dont le jogging. Maintenant un peu moins, mais pendant bien des années je courrai l’équivalent d’un marathon par semaine. J’avais de l’entraînement, et pourtant, chaque fois que je partais faire mon tour, je souffrais. Il n’y a pas de secret, tout coureur sérieux connaîtra des moments d’agonie.

Dans l’Église de Jésus-Christ, il y a toujours des croyants qui au début sont tout feu tout flamme, puis ils s’éteignent aussi vite qu’un feu de paille. Ils ont fourni un gros effort mais qui a été de courte durée, car la routine ou les difficultés ont coupé leur élan. Mais ce que le Seigneur désire, ce sont des fidèles qui persévèrent coûte que coûte jusqu’au bout pour gagner et décrocher le prix, la couronne du vainqueur.

Parmi les Hébreux auxquels cette épître est adressée, certains ont adhéré au christianisme après avoir vu des miracles ; c’est vrai que les spectacles extraordinaires font toujours une forte impression. Mais dès qu’ils ont dû faire face aux persécutions, leur enthousiasme initial s’est évaporé. Alors, quelques-uns commencent à lorgner du côté du temple de Jérusalem, attirés qu’ils sont par les pratiques du judaïsme avec lesquelles ils sont très familiers puisqu’elles font partie de leur culture. Ayant faibli dans leur foi en Jésus-Christ, ils font désormais du sur-place et on ne sait plus trop de quel côté de la barrière ils se trouvent.

Aux Galates, une église qui est en panne, l’apôtre Paul dit :

Vous couriez si bien ! Qui vous a détournés de l’obéissance à la vérité ? (Galates 5.7).

Et dans sa première épître aux Corinthiens, il écrit :

Ne savez-vous pas que, sur un stade, tous les concurrents courent pour gagner et, cependant, un seul remporte le prix ? Courez comme lui, de manière à gagner. Tous les athlètes s’imposent une discipline sévère dans tous les domaines pour recevoir une couronne, qui pourtant sera bien vite fanée, alors que nous, nous aspirons à une couronne qui ne se flétrira jamais (1Corinthiens 9.24-25).

Les athlètes dignes de ce nom ne font pas de la figuration ; ils ne participent pas à une rencontre sportive pour faire bien mais pour gagner. C’est aussi l’optique de l’apôtre Paul ; il ne cherche pas à gravir les marches du podium de la notoriété ou les échelons de la position sociale ; il se désintéresse de l’argent, des plaisirs et même de son confort personnel. N’ayant en ce bas monde aucune ambition personnelle, il n’a en vue que le prix de la course, et dans cette perspective, dans sa première épître aux Corinthiens, il écrit :

Je traite durement mon corps, je le maîtrise sévèrement, de peur que… je ne me trouve moi-même disqualifié (1Corinthiens 9.27).

La vie chrétienne est comme une épreuve cycliste contre la montre. Le seul adversaire à battre c’est soi-même, ses faiblesses, sa lassitude et sa mollesse. Précédemment, l’auteur a écrit :

Il vous faut de la persévérance, afin qu’après avoir accompli la volonté de Dieu vous obteniez ce qu’il a promis (Hébreux 10.36).

Seulement la persévérance ne tombe pas du ciel toute cuite, il faut se faire violence et garder devant soi les promesses de Dieu par la foi. La vie chrétienne est la seule épreuve sportive au monde où tous les participants peuvent recevoir le prix et s’entendre dire à l’arrivée :

“ Très bien, tu es un bon serviteur en qui l’on peut avoir confiance. Tu t’es montré fidèle en peu de choses. C’est pourquoi je t’en confierai de plus importantes. Viens partager la joie de ton maître ! ” (Matthieu 25.21).

L’auteur dit que « nous sommes entourés d’une telle foule de témoins ». Cette foule se compose des héros de la foi des siècles passés qui sont catalogués dans le chapitre précédent. Ils nous sont donnés en exemple afin de nous motiver à aller de l’avant, à garder confiance en Dieu et à ne jamais abandonner quelles que soient les épreuves à traverser ou le prix à payer. Rien n’est plus encourageant que la réussite de quelqu’un qui nous a précédés. Moïse renonce aux privilèges de la cour du pharaon et choisit de s’identifier à son peuple. Par la foi, il s’oppose alors au pharaon, il fend les eaux de la mer Rouge et guide les Hébreux vers la Terre promise. Par la foi, la deuxième génération sortie d’Égypte fait le tour de Jéricho et les murailles de la ville s’effondrent d’elles-mêmes. Par la foi Gédéon, Jephté et Barak remportent la victoire contre les ennemis d’Israël. Samson défait les Philistins, Daniel ferme la gueule des lions et ses trois compagnons ne sont pas atteints par le feu d’une fournaise ardente. Par la foi, des croyants voient leur mort ressusciter ; d’autres sont torturés, méprisés, fouettés, emprisonnés, lapidés. Le prophète Ésaïe est scié en deux. Ces héros ont agi, se sont battus, ont résisté et persévéré parce qu’ils avaient « en vue les promesses de Dieu ». L’auteur dit à ses lecteurs : « Vous pouvez en faire autant ; bougez-vous ! » Comme l’Éternel accompagne, précède et entoure les héros d’antan qui croient en lui, il est tout aussi présent pour soutenir les Hébreux du premier siècle et il est prêt à nous aider au 21e siècle, car il entend et est proche de ceux qui l’invoquent. Le Dieu d’hier, d’aujourd’hui et de demain est le même ; il ne change pas. Comme ils ont couru, nous pouvons courir.

Le croyant doit marcher dans la voie que Dieu lui trace, et mentalement, il doit tenir ferme comme un soldat face à l’ennemi et courir comme l’athlète qui veut absolument remporter le prix de la course. Et un jour, il s’envolera vers les cieux.

« C’est pourquoi, nous aussi qui sommes entourés d’une telle foule de témoins, débarrassons-nous de tout fardeau… » Dans les sports où la vitesse et l’endurance sont importantes, les athlètes se pèsent tous les jours, car ça leur permet de voir s’ils sont dans la fourchette idéale pour atteindre leur performance maximale. Le coureur le plus rapide ne réussira même pas les épreuves éliminatoires s’il a pris un peu d’embonpoint. Il suffit d’une petite relâche dans la discipline de vie, un peu trop manger, un peu moins s’entraîner, et c’est des kilos en plus. Celui qui dérive un peu trop de son poids idéal doit adopter un régime strict jusqu’à ce qu’il retrouve sa forme optimale sinon il sera sur un banc avant de finalement être expulsé de l’équipe.

Le mot pour « fardeau » (onkos) veut dire « une masse quelconque », qui n’est pas forcément mauvaise en soi, mais toute masse est pesante ce qui fait que le coureur qui la porte sur le dos est forcément ralenti. La musculation c’est bien, mais si je veux gagner le prochain marathon, c’est une mauvaise idée parce qu’on n’a jamais vu Monsieur muscle gagner une course internationale de fond.

Dans le domaine spirituel, il faut être très prudent à l’égard de tout ce qui peut distraire le croyant de sa marche avec Dieu par la foi, car même certains centres d’intérêt, qui en soi n’ont rien de mal, peuvent entraver sa marche en l’écartant de sa vraie vocation. Comme nous sommes seulement de passage ici-bas, il ne faut pas nous y incruster.

Un uniforme élaboré et ample qui en jette est très bien pour un défilé, mais c’est un handicap dans une course où il faut plutôt un vêtement léger, souple et qui tienne bien au corps. Si je me soucie plus des apparences que de ma vitalité spirituelle, je limite considérablement mon impact pour Dieu.

Cela dit, le fardeau spécifique auquel l’auteur se réfère consiste à suivre les rites de l’Ancienne Alliance avec son cérémonial lourd et complexe. Ils ont été prescrits par l’Éternel pour une époque, mais qui est désormais révolue. Non seulement ils ont dépassé leur utilité, mais ils constituent désormais une sérieuse entrave à la marche avec Dieu. Les croyants ou demi-croyants, si je peux parler ainsi, qui sont encore englués dans les pratiques du judaïsme gaspillent leur temps et leur énergie.

La religion avec son apparat, sa musique sacrée, les peintures de scènes religieuses, les vitraux multicolores flatte l’âme. Quand je voyage, j’aime encore bien visiter une cathédrale surtout si on y joue de l’orgue. C’est une expérience agréable que j’apprécie pour son côté émotionnel et esthétique comme tout bon spectacle son et lumière, mais ça n’a guère de valeur spirituelle.

Le judaïsme est une grosse épine dans le pied de l’apôtre Paul car il doit souvent combattre des faux frères judaïsants qui noyautent les églises et arrivent même à convaincre certains de ses membres de retourner aux rites du système lévitique. Ces pratiques reviennent ni plus ni moins à rejeter la grâce de Dieu en Jésus-Christ puisque comme il l’écrit aux Galates :

Si c’est l’obéissance à la Loi qui permet d’être déclaré juste, alors le Christ est mort pour rien ! (Galates 2.21). Ô Galates insensés ! Après avoir commencé par l’Esprit, voulez-vous maintenant finir par la chair ? (Galates 3.3 ; LSG). Comment se peut-il (alors) que vous retourniez à ces principes élémentaires sans pouvoir ni valeur, pour en devenir à nouveau les esclaves ? (Galates 4.9).

Ces croyants ont commencé la vie chrétienne par la foi et puis ils ont fait fausse route en se mettant à pratiquer les rites du judaïsme, ce qui est un fardeau énorme qu’ils s’imposent, surtout qu’ils sont d’origine païenne. C’est un peu comme faire une course de montagne en portant un sac à dos rempli de cailloux.

Il faut non seulement « se débarrasser de tout fardeau », dit l’auteur, mais aussi « du péché qui nous cerne si facilement de tous côtés ». Le péché en général est déjà une grosse masse nuisible dans la marche chrétienne, mais comme l’auteur utilise l’article défini, il fait référence à une faute spécifique. À la lumière du contexte et en particulier la foi des héros d’antan, ce qu’il condamne ici est l’incrédulité. Non seulement ce péché freine, mais il arrête carrément quelqu’un dans sa course et le fait même tomber.

Malheureusement, je met parfois en doute la présence de Dieu à mes côtés, sa bonté, sa grâce et sa bienveillance. Chaque fois que je me laisse aller à de telles pensées, je suis en panne en tant que chrétien. L’exercice physique est une nécessité, mais une bonne hygiène mentale est tout aussi nécessaire. Quand la crainte et le désarroi m’envahissent, je dois lire, réciter et méditer des textes bibliques qui me rappellent que mes doutes ne sont pas fondés, mais sont le produit du péché qui habite toujours en moi.

Verset 2a

Je continue le texte.

Gardons les yeux fixés sur Jésus, qui nous a ouvert le chemin de la foi et qui la porte à la perfection (Hébreux 12.2a).

Celui qui court avec l’intention de gagner ne doit pas regarder ses pieds ou en direction des spectateurs. Il doit porter ses regards droit devant lui. Dans la vie chrétienne, c’est pareil. Si je me préoccupe de moi-même ou trop de ce que pensent les autres, ça me distrait, et donc ralentit ma course. L’ordre de marche est d’avoir les yeux fixés sur Jésus parce qu’alors j’aurai une perspective du monde qui est conforme à la réalité.

Littéralement, le texte dit que « Jésus est le chef de la foi », c’est à dire : « celui qui est à son origine, le pionnier, l’initiateur ». Il est aussi « l’objet de notre foi », celui vers qui on regarde et que l’on prend pour modèle, car il a mené une vie de foi parfaite en dépendant totalement de son Père. Jean rapporte qu’il a dit :

Pour moi, je ne peux rien faire de mon propre chef ; je juge seulement comme le Père me l’indique. Et mon verdict est juste, car je ne cherche pas à réaliser mes propres désirs, mais à faire la volonté de celui qui m’a envoyé. – Sachez-le, je ne suis pas venu de ma propre initiative. C’est celui qui est véridique qui m’a envoyé. – Je ne suis pas venu de ma propre initiative, c’est lui qui m’a envoyé. – Car je n’ai pas parlé de ma propre initiative : le Père, qui m’a envoyé, m’a ordonné lui-même ce que je dois dire et enseigner. – Ce que je vous dis, je ne le dis pas de moi-même : le Père demeure en moi et c’est lui qui accomplit ainsi ses propres œuvres (Jean 5.30 ; 7.28 ; 8.42 ; 12.49 ; 14.10).

Jésus n’essaie jamais de contourner la volonté de son Père, au contraire, il s’attend à lui pour tout et en tout. Même sur terre, le Fils est un avec le Père. Jésus a vécu et est mort pour accomplir la volonté du Père, car pour lui, c’est tout ce qui compte.

Non seulement Jésus est « le chef qui nous a ouvert le chemin de la foi », mais il « la porte à la perfection », c’est-à-dire qu’il a gardé la foi jusqu’au bout ; coûte que coûte, il a continué à faire confiance à son Père jusqu’à ce que sur la croix, il puisse dire :

Tout est accompli ! Père, je remets mon esprit entre tes mains (Jean 19.30 ; Luc 23.46 ; LSG).

Si un compositeur meurt alors qu’il est en train d’écrire une symphonie, son travail est terminé mais non achevé. Une fois Jésus mort sur la croix, son œuvre est parfaite, terminée et parachevée, menée jusqu’à la perfection absolue.

Commentaire biblique radiophonique écrit par le pasteur et docteur en théologie : Vernon McGee (1904-1988) et traduit par le pasteur Jacques Iosti.

avril 19 2024

Émission du jour | Esther 8.1-17

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