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04 avril 2022

Genèse 6.14 – 7.3

Chapitre 6

Introduction

Pendant d’interminables siècles, l’enseignement religieux dirigeait et imprimait tous les mouvements de la vie du peuple français, grands et petits. C’est durant cette période que le langage populaire a retenu un certain nombre de dictons comme Après moi le déluge ! Ces paroles sont quelques fois attribuées à Louis XV, mais en réalité elles ont probablement été prononcées par la marquise de Pompadour, sa favorite et qui habita le palais de l’Élysée. Cette femme qui a eu une grande influence sur la politique de la France se moquait de ce qu’il adviendrait après elle ; c’est la signification de cette plaisanterie.

En fait, le déluge a bel et bien eu lieu et il fut universel au point de détruire tout ce qui respire à une exception près.

Versets 8-13

Je continue la lecture du chapitre 6 de la Genèse.

Mais Noé obtint la faveur de l’Éternel. Voici l’histoire de la famille de Noé. Noé était un homme juste et irréprochable au milieu de ses contemporains. Il conduisait sa vie sous le regard de Dieu. Aux yeux de Dieu, les hommes s’étaient corrompus et avaient rempli la terre d’actes de violence. Dieu observait ce qui se passait sur la terre, il vit que le monde était corrompu, car toute l’humanité suivait la voie du mal. Alors Dieu dit à Noé : J’ai décidé de mettre fin à l’existence de toutes les créatures, car, à cause des hommes, la terre est remplie d’actes de violence. Je vais les détruire ainsi que la terre (Genèse 6.8-13).

Dieu a passé une sentence de jugement sur le monde antédiluvien ; nous sommes à un carrefour de l’histoire. La généalogie d’Adam comporte deux parties distinctes : la première est une liste sélective de ses descendants par son fils Seth jusqu’au déluge et qui sont appelés les fils de Dieu ; trois personnages en ressortent : Seth, Hénoc et Noé, à cause de leur intégrité. La seconde lignée, avec Caïn comme chef de file, souligne l’évolution tragique de l’humanité. Celle-ci a atteint un point de non-retour et va être anéantie.

L’Éternel avait fait la promesse qu’un Sauveur viendrait, mais en attendant pour s’approcher de Lui, il était nécessaire de lui faire des offrandes et en particulier des animaux sacrifiés à cause du péché. Tout ce rituel fort complexe sera détaillé dans la Loi de Moïse. Cependant, à l’exception de Seth, Hénoc et quelques autres, personne ne prend garde à Dieu. La corruption du cœur de l’homme l’a inéluctablement entraîné au meurtre, à commencer par Caïn qui égorgea son frère Abel et ainsi de suite, jusqu’à remplir toute la terre de violence.

C’est alors que Noé entre sur scène ; à l’image de son arrière-grand-père Hénoc, il est juste et intègre. À la base de la vie de Noé est une confiance en Dieu ; c’est en tout cas ce que dit le Nouveau Testament que je cite :

Par la foi Noé a construit une arche pour sauver sa famille : il avait pris au sérieux la révélation qu’il avait reçue au sujet d’événements qu’on ne voyait pas encore. En agissant ainsi, il a condamné le monde. Et Dieu lui a accordé d’être déclaré juste en raison de sa foi (Hébreux 11.7).

En effet, il a fallu beaucoup de foi à Noé pour construire un bateau loin de la mer et de tout point d’eau à une époque où il n’y avait encore jamais eu de pluie sur la terre. La situation de l’époque antédiluvienne est similaire à la nôtre aujourd’hui sur plusieurs points.

Le chapitre 6 de la Genèse s’ouvre sur le fait que les hommes s’étaient multipliés sur la terre ; le texte donne l’impression d’un important essor démographique comme celui qui a eu lieu tout au long du 20e siècle et qui se poursuit au 21e sans que rien ne semble pouvoir l’arrêter. En second lieu, les hommes d’alors étaient méchants et pervertis comme aujourd’hui et ils étaient religieux puisque l’idolâtrie était rampante, mais ils ne se souciaient pas du vrai Dieu.

De nos jours, c’est pareil avec l’athéisme et l’adoration de la science, qui occupent le champ du savoir en Occident. Il est intéressant de noter que Jésus lui-même fait un parallèle entre le temps de Noé et celui de la fin des temps. Je cite le passage :

À l’époque qui précéda le déluge, les gens étaient occupés à manger et à boire, à se marier et à marier leurs enfants, jusqu’au jour où Noé entra dans l’arche. Ils ne se doutèrent de rien, jusqu’à ce que vienne le déluge qui les emporta tous (Matthieu 24.38-39).

Versets 14-16

Je continue le texte de la Genèse.

Toi Noé, construis un grand bateau en bois résineux. Tu en diviseras l’intérieur en compartiments, et tu l’enduiras intérieurement et extérieurement de goudron. Voici comment tu le feras : tu lui donneras cent cinquante mètres de longueur, vingt-cinq mètres de largeur et quinze mètres de hauteur. Tu ménageras une ouverture dans le haut du bateau : un espace de cinquante centimètres entre les côtés et le toit que tu fixeras par-dessus. Tu mettras la porte du bateau sur le côté. À l’intérieur, tu disposeras trois étages (Genèse 6.14-16).

Dieu explique à Noé le travail titanesque qui l’attend. Pour quelqu’un dont le nom veut dire repos, c’est pour le moins paradoxal, car il ne va pas être en vacances. En tout cas, ce bon Noé n’était pas fait pour la vie contemplative. Homme de foi obéissant, il a cru que Dieu allait juger la terre et que le refuge pour lui et sa famille serait cette arche qu’il s’apprête à construire.

Pour compliquer un peu plus sa tâche, il est probable que Noé a dû affronter un tollé de protestations mêlées de railleries, surtout lorsque, pour appuyer ses dires en tant que prédicateur de la justice, il commença à utiliser hache, scie et marteau pour assembler l’arche. Il est sûr que les moqueurs ne se privèrent pas de le narguer, parce que son chantier naval était la terre sèche.

Mais cet homme intègre persévéra dans sa construction et prédication. Il avait pour estrade la charpente de ce gigantesque navire, et entre deux coups de marteau il rappelait à ses spectateurs les raisons pour lesquelles son ouvrage devenait si urgent. Néanmoins, aucun des concitoyens de Noé ne prêta l’oreille à son message. Les hommes d’alors se sont condamnés eux-mêmes par le refus délibéré d’admettre leur culpabilité et la pertinence du message de Noé.

 

Pour ce qui est des détails techniques de l’ouvrage, la première chose évidente est que, contrairement à une idée répandue, cette arche n’est pas une petite coquille de bois. Conçu pour flotter avec un fond de cale plat, c’est un navire d’un volume de 56 000 m3, ce qui correspond en gros à dix trains de marchandises de 50 wagons chacun, ou à un paquebot moderne de taille moyenne. Ce n’est qu’en 1858 qu’un navire plus imposant que l’arche fut construit. Jusqu’à cette date, le plus grand bâtiment flottant s’appelait l’Himalaya et faisait en volume à peu près la moitié du bateau de Noé.

Les proportions données par le Créateur sont idéales surtout pour ce qui est du centre de gravité de l’ensemble. La longueur fait 6 fois la largeur ce qui assure une stabilité maximum pour flotter parallèlement aux vagues. Les navires de ligne conçus pour se déplacer rapidement ont un rapport d’environ 8, les tankers géants de pétrole, qui sont lents, mais avancent tout de même, ont un rapport longueur/largeur de 7. L’autre ratio important est celui de la largeur/hauteur qui était de 5/3. Ce rapport permettait à l’arche de se coucher sur son flanc jusqu’à 90 degrés et de se redresser d’elle-même.

Comment Noé fut-il capable de réaliser une embarcation aussi parfaite ? Ce n’est pas difficile puisque Dieu lui a donné les plans.

Ensuite, et puis contrairement à une autre idée répandue, les premiers êtres humains étaient non seulement aussi intelligents que vous et moi, mais sans doute bien davantage.

En effet, ils n’avaient pas encore subi des milliers d’années de dégénérescence comme nous, suite aux conséquences de la faute de nos premiers parents.

En troisième lieu, Noé n’a pas cherché à construire un navire de ligne capable de se diriger contre vents et marées dans une direction précise tout en affrontant de plein fouet des vagues de 20 mètres. Pas du tout ! Tout ce dont il avait besoin était une arche qui navigue et qui serve d’abri aux êtres humains et animaux qui s’y étaient réfugiés. Il suffisait donc à ce bateau de résister aux ouragans et tornades qui allaient frapper la terre tout en se laissant aller au gré du vent et des flots.

Je continue la description de ce navire. À cause de tous les passagers, hommes et animaux, il fallait beaucoup d’air frais donc une grande ouverture. Dans le texte, le mot utilisé pour fenêtre, veut dire : plein midi ; quelque chose d’éclatant, ou splendeur du ciel. En conséquence, cette bouche d’aération et de lumière de 50 cm de largeur courait tout du long en haut sur un côté du navire, un peu comme dans certains gymnases modernes. Cette fenêtre était munie d’un battant ou d’une sorte de volet pour partiellement la fermer lorsque la tempête battait son plein.

Par-dessus l’ensemble venait le toit en forme de voûte qui débordait sur les côtés afin d’offrir une protection supplémentaire contre les eaux et ainsi éviter qu’elles ne pénètrent dans cette ouverture longitudinale. Un petit dessin serait plus parlant, mais à la radio ce n’est pas possible.

Les trois étages et le fond de cale de cette arche étaient divisés en alvéoles afin d’accommoder les humains ainsi que tous les animaux. Même jeunes, ceux-ci sont de tailles différentes ce qui laisse supposer que leurs compartiments respectifs devaient être de dimensions variables afin que chaque espèce s’y trouve à l’aise sans pour autant gaspiller de la place.

 

Finalement, cet immense bâtiment n’a qu’une seule entrée ; soit on pénètre par cette porte-là, soit on reste dehors. Cette caractéristique me rappelle une parole du Christ qui a dit :

Vraiment, je vous l’assure : je suis la porte par où passent les brebis (Jean 10.7).

Effectivement, à l’époque de Jésus, les enclos à brebis n’avaient qu’une seule entrée et la nuit le berger s’y couchait en travers ce qui forçait n’importe quelle bête sauvage, ayant un appétit pour une brebis, de passer d’abord, et littéralement, sur le corps du berger.

Versets 17-22

Je finis le chapitre 6 de la Genèse.

Et moi je vais faire venir le déluge d’eau sur la terre pour détruire, sous le ciel tout être animé de vie. Tout ce qui est sur la terre périra. Mais j’établirai mon alliance avec toi et tu entreras dans le bateau, toi, tes fils, ta femme et tes belles-filles avec toi. Tu feras aussi entrer dans l’arche un couple de tous les êtres vivants, c’est-à-dire un mâle et une femelle de tous les animaux, pour qu’ils restent en vie avec toi, De toutes les sortes d’oiseaux, de quadrupèdes et d’animaux qui se meuvent à ras de terre, un couple viendra vers toi pour pouvoir rester en vie. Procure-toi aussi toutes sortes d’aliments et fais-en provision pour vous en nourrir, toi et eux. Noé obéit et fit tout comme Dieu le lui avait ordonné (Genèse 6.17-22).

Noé n’est évidemment pas parti en chasse pour récupérer un couple de chaque espèce d’animaux. On sait que lorsque ceux-ci sentent le danger, leur comportement change et ils n’ont plus peur de l’homme ; en fait, ils cherchent un refuge auprès de lui. De plus, la suite laisse entendre que c’est Dieu qui a dit à chaque couple d’animaux d’entrer dans l’arche.

Il est intéressant de noter que le Créateur aurait pu recréer des animaux après le déluge, mais il respecte l’œuvre de ses mains pour ainsi dire, et a voulu préserver ce qu’il avait fait. À un niveau très pratique, le fait que tous les animaux et l’homme étaient végétariens allait éviter les problèmes comme entre le lion et le zèbre par exemple.

 

Le jugement va frapper l’ensemble de la création terrestre à cause de la méchanceté de l’homme, mais Noé et sa famille avec un couple représentant chaque espèce animale sont conservés en vie. C’est ici la première fois qu’apparaît le mot alliance qui reviendra souvent par la suite.

 

La fin du passage comme en appendice dit :

Et Noé obéit et fit tout comme Dieu le lui avait ordonné (Genèse 6.22).

Cette obéissance de la foi est à nouveau soulignée au chapitre suivant. Une exécution, à la fois globale et minutieuse, se prolongeant pendant des décennies et une persévérance infatigable font de Noé un exemple à suivre. S’il n’avait rien construit, sa famille aurait été perdue engloutie par les eaux du déluge.

En sauvant les siens, Noé sauva le monde puisque toute la population actuelle du globe est issue de ses trois fils. Tout comme le récit de la création, celui du déluge fait partie des traditions de beaucoup de peuples un peu partout dans le monde.

En fait, cet événement est mentionné 272 fois dans la littérature antique et se trouve dans toutes les civilisations et cultures, y compris chez les Incas et les Aztèques d’Amérique. Certes, il s’y trouve des éléments ridicules ou incorrects ; ainsi, les Babyloniens attribuaient le déluge à un conflit entre différentes divinités. Néanmoins, le simple fait que ces histoires existent, reflètent le souvenir déformé d’événements qui eurent lieu et dont nous l’original se trouve ici dans la Genèse.

Chapitre 7

Versets 1-3

Nous arrivons maintenant au chapitre 7 de ce livre que je lis :

Puis l’Éternel dit à Noé : Entre dans le bateau, toi et toute ta famille, car je ne vois que toi qui sois juste au milieu de tes contemporains. Pends sept couples de chaque sorte d’animaux purs, sept mâles et sept femelles de chaque sorte, et un couple de tous les animaux impurs, un mâle et une femelle. Prends aussi sept couples de chaque sorte d’oiseaux pour en perpétuer la race sur toute la terre (Genèse 7.1-3).

L’Éternel dit à Noé : je ne vois que toi qui sois juste. Comme je l’ai déjà dit, cela signifie que Noé avait foi en Dieu et que c’est grâce à cette foi qu’il fut déclaré un homme juste. Plus tard, il en sera exactement de même pour Abraham, l’ancêtre des Juifs. Selon les Écritures, de la première page à la dernière, la foi est le seul moyen par lequel quelqu’un devient acceptable devant Dieu. Maintenant que nous sommes sous le régime de la grâce, c’est la foi en la personne de Jésus-Christ qui justifie le coupable.

 

Noé entasse donc les animaux dans l’arche. Combien se sont pressés devant la porte et y avait-il assez de place dans ce grand bateau pour accommoder au moins un couple et quelques fois 7 de chaque espèce d’êtres vivants ? Il faut bien voir que ce sont des représentants de familles d’animaux qui sont entrés dans l’arche. Ainsi, un couple de chiens représentait la famille des canidés par exemple. Et puis les espèces marines ne sont évidemment pas entrées dans le navire ; Dieu en a miraculeusement préservé au moins quelques spécimens. De plus, beaucoup de créatures terrestres sont des insectes ; ils n’ont donc occupé qu’une place restreinte. Il reste pour finir environ 8 000 couples d’oiseaux et 3 500 de mammifères à caser. Il faut donc compter aux alentours de 35 000 vertébrés.

Quelle que soit la façon de compter, il y a suffisamment de place pour accommoder tout le monde ainsi que la nourriture. Et puis il est probable que ce sont des jeunes animaux qui sont venus prendre place dans l’arche et pas deux rhinocéros de 6 mètres de haut. Si on considère que tous les animaux qui sont entrés dans l’arche avaient la taille moyenne d’un mouton, la faune occuperait tout au plus 200 wagons à 3 niveaux sur les 500 dont nous disposons ; il y a donc de quoi faire.

De plus, comme il devait faire quand même très sombre dans le bateau surtout au plus fort de la tempête, il y a tout à parier que la majorité de ces animaux se sont mis en hibernation ce qui a réduit la quantité de nourriture qui leur était nécessaire, et permis à Noé et à sa famille de s’occuper de ce zoo flottant sans trop faire d’heures supplémentaires.

 

Quand Dieu dit à Noé : Entre dans le bateau, il sous-entend : pour être en sécurité, à l’abri de la catastrophe. Ce n’est pas sans rappeler les paroles de Jésus lorsqu’il dit aux foules :

Venez à moi vous tous qui êtes accablés sous le poids d’un lourd fardeau, et je vous donnerai du repos. Prenez mon joug sur vous et mettez-vous à mon école, car je suis doux et humble de cœur, et vous trouverez le repos pour vous-mêmes (Matthieu 11.28-29).

Ces paroles pleines de réconfort sont pour vous et pour moi, pour tous ceux qui ont besoin d’aide et qui reconnaissent qu’ils ne sont pas suffisamment forts pour tout assumer et se débrouiller seuls dans la vie. Je crois que chacun d’entre nous a besoin d’un abri, d’une arche pour s’y réfugier, surtout quand la tempête gronde, quand il faut affronter la maladie, une séparation, ou le deuil.

Commentaire biblique radiophonique écrit par le pasteur et docteur en théologie : Vernon McGee (1904-1988) et traduit par le pasteur Jacques Iosti.

avril 19 2024

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