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24 mai 2022

Genèse 47.27 – 48.2

Chapitre 47

Introduction

Dans les pays nantis comme en Occident, la plupart des gens travaillent pour s’assurer une place au soleil, pour jouir de la vie et se préparer des vieux jours confortables. Nous passons le plus clair de notre temps à essayer d’amasser des richesses avec plus ou moins de succès. Mais la dure réalité de la vie est qu’on peut tout perdre en peu de temps. Le roi Salomon a écrit :

J’ai vu sous le soleil une calamité affligeante : il arrive que les richesses viennent à se perdre à cause de quelque malheur. Voilà quelqu’un à qui Dieu a donné richesses, biens et honneurs, si bien qu’il ne lui manque rien de ce qu’il désire. Mais Dieu ne lui donne pas la possibilité d’en profiter, et c’est un autre qui en profitera (Ecclésiaste 5.12-13 ; 6.2).

C’est exactement ce qui est arrivé aux Égyptiens qui, pour survivre une famine sans précédent, ont dû tout vendre au pharaon. Mais grâce à Joseph qui témoigne d’une habileté surnaturelle pour gérer cette situation dramatique, le pays va prospérer à nouveau.

Versets 23-26

Je continue à lire dans le chapitre 47 de la Genèse.

Joseph dit au peuple : Je vous ai achetés aujourd’hui, vous et vos terres, pour le compte du pharaon. Voici des grains : ensemencez vos champs ! Mais vous donnerez le cinquième de vos récoltes au pharaon, les quatre autres parts seront à vous pour ensemencer les champs et pour vous nourrir, vous, vos enfants et tous ceux qui seront sous votre toit. Ils dirent : Tu nous as sauvé la vie ! Puisque nous avons obtenu ta faveur, nous serons les esclaves du pharaon. Joseph fit de cette disposition une loi pour toute l’Égypte — loi qui est encore aujourd’hui en vigueur — imposant le versement du cinquième de la récolte au pharaon. Seules les terres des prêtres ne passèrent pas en propriété au pharaon (Genèse 47.23-26).

On est presque au bout des 7 années de famine, alors Joseph ordonne au peuple de reprendre le soc et la charrue pour recommencer le cycle normal des semis-récoltes. Joseph est un gérant avisé, un visionnaire, il ne règle pas les situations d’urgence au coup par coup comme les pompiers éteignent les incendies. Il sait que pour que le pays fonctionne il faut que les greniers de pharaon continuent à être approvisionnés alors il prévoit. Il continue la même disposition que lors des sept années d’abondance, un impôt qu’il fixe en nature, à 20 % du revenu des terres qui maintenant appartiennent au roi. Joseph est extrêmement équitable. Son objectif est de préserver l’État, tout en permettant aux Égyptiens devenus métayers de prospérer. Il ne voulait pas les écraser d’impôts, violer leur dignité en les asservissant comme le furent les serfs du Moyen Âge.

Joseph donne une leçon d’économie. La population ne croule donc pas sous les taxes et les habitants du pays se montrent fort satisfaits de ces mesures ; ils sont reconnaissants à Joseph et le portent dans leur cœur. Les étudiants des grandes écoles d’administration se porteraient mieux si on leur enseignait la gestion selon Joseph avec pour première leçon : Tu ne tueras pas la poule aux œufs d’or ! C’est pour avoir enfreint ce principe élémentaire que la série des rois Louis de France s’est achevée de façon brusque avec le #16 qui a perdu la tête. Le texte continue en donnant un bref aperçu de la vie du clan de Jacob.

Versets 27-31

Je continue jusqu’à la fin du chapitre.

Israël s’installa en Égypte, dans la région de Gochên. Ils y acquirent des propriétés. Ils eurent des enfants et devinrent très nombreux. Jacob vécut 17 ans en Égypte. La durée totale de sa vie fut de 147 ans. Quand le jour de sa mort fut proche, il appela son fils Joseph et lui dit : Si tu es d’accord de me faire une faveur, place, je te prie, ta main sous ma cuisse et promets-moi d’agir envers moi avec amour et fidélité en ne m’enterrant pas en Égypte. Quand j’aurai rejoint mes ancêtres décédés, tu me transporteras hors d’Égypte pour m’ensevelir dans leur tombeau. Joseph dit : J’agirai comme tu me l’as demandé. Mais son père insista : Jure-le-moi. Et il le lui jura. Alors Israël se prosterna appuyé sur son bâton (Genèse 47.27-31).

Plusieurs raisons expliquent pourquoi Jacob voulait être enterré dans le pays de Canaan. Se sachant à la fin de son pèlerinage terrestre, il s’est fait à l’idée qu’il ne retournera jamais en Canaan ; c’est en Égypte qu’il va mourir. Le succès de Joseph l’inquiète peut-être, car il se dit que ses descendants risquent de se sentir trop confortables dans la province de Gochên et ne jamais vouloir retourner dans le pays promis. Ce serment rappellera aux Israélites qu’ils ne sont que de passage en Égypte. Jacob n’imagine pas qu’un jour ils seront asservis par le pharaon d’une autre dynastie, ni comment Dieu va les en faire sortir sous la conduite de Moïse. Le patriarche veut que ses os soient enterrés dans la terre promise.

Sa demande à Joseph de mettre sa main sous la cuisse de son père est un geste solennel et une preuve de sa foi. Jacob croit aux promesses que l’Éternel a conclues avec Abraham et ensuite confirmées à Isaac et lui-même. Celles-ci stipulent que la vraie patrie des enfants d’Israël est le pays de Canaan qui deviendra la Palestine. Elle appartiendra aux descendants d’Abraham par Isaac et Jacob à tout jamais et leurs descendants deviendront un peuple aussi nombreux que les étoiles du ciel.

Abraham croyait qu’un jour il ressusciterait des morts, c’est pourquoi il avait voulu être enterré dans le pays que Dieu lui avait promis. Isaac possédait cette même foi et maintenant Jacob exprime une confiance inébranlable dans les promesses de Dieu. Depuis le jour où il s’est enfui de chez lui pour aller se réfugier chez son oncle Laban, Jacob a vraiment évolué dans sa foi en Dieu. Il est devenu Israël, celui qui croit en l’Éternel. Le tournant décisif de sa vie eut lieu lorsqu’il lutta avec l’Ange de l’Éternel qui le blessa à la hanche. Depuis ce jour fatidique, il lui faut s’appuyer sur un bâton pour marcher. Cette canne, chaque fois qu’il la prend, lui rappelle cette rencontre en tête à tête avec Dieu. C’est un peu dommage que cette croissance spirituelle ait mis si longtemps à mûrir chez Jacob. Mais même s’il lui a fallu subir de nombreux coups durs pour progresser dans sa confiance en Dieu, il est encourageant de constater qu’à la longue, grâce à la persévérance et à la bienveillance de l’Éternel à son égard, il est devenu un homme de foi. Pareillement, nous pouvons compter sur cette même patience de Dieu à notre égard.

Les trois patriarches avaient une ferme espérance en leur résurrection. Ils voulaient donc être inhumés en Palestine dans la caverne du champ de Makpéla qu’Abraham avait acheté aux Hittites, en attendant le jour où l’Éternel les ramènerait à la vie. Ce désir d’être enterré en cet endroit et pas ailleurs est important à un autre titre. Ce qui caractérise le mieux la qualité d’être humain, c’est l’existence de sépultures. Humbles ou décorées, ornées de coquillages, de colliers ou des restes de queues d’écureuil, ces tombes témoignent à l’orée de la conscience humaine que même nos lointains ancêtres étaient des hommes. Ils savaient qu’ils étaient mortels, et attendaient, de façon plus ou moins confuse, que quelque chose se passe après leur mort grâce à une puissance qui viendrait d’En-Haut.

L’être humain prouve qu’il a une origine divine par son attitude face à la mort et par ses rites religieux. L’homme est un roseau pensant, illimité dans son esprit, assoiffé d’éternité, avide d’immortalité et sans cesse en quête de vie. Cependant, il est frustré par une fin incompréhensible qu’il ne peut éviter. Cette dure réalité suscite la colère qui se traduit de plusieurs façons : d’abord, le refus de l’idée de la mort, comme le montre la formule suivante tirée d’une rubrique nécrologique : Aimant trop la vie pour s’attacher aux rites de la mort, Monsieur X. refuse toute forme d’hommages après son décès. À l’opposé, certains, surtout dans les pays latins, veulent se prolonger au-delà la tombe par toutes sortes de cérémonies et de monuments dont nos cimetières sont des expositions constantes.

J’ai un jour découvert un petit tract intitulé : Le vieux prédicateur, qui exprime bien la situation singulière et fâcheuse de l’être humain. En voici quelques extraits : Il est un prédicateur de l’ancienne école qui parle aujourd’hui aussi fort et aussi distinctement que jamais. Il n’est pas populaire ; cependant, le monde entier est sa paroisse. Il voyage par toute la terre et parle toutes les langues sous le soleil. Il visite les pauvres, il passe chez les riches ; on le rencontre dans l’asile des indigents et il se promène dans les rangs de la société la plus distinguée. Il prêche aux catholiques et aux protestants, aux musulmans et aux hindous, à tous ceux qui ont une religion et à ceux qui n’en ont point et, quel que soit son texte, la substance de son sermon ne varie pas. Il est éloquent ; souvent il réveille des sentiments qu’aucun autre orateur ne pourrait atteindre ; il fait venir les larmes aux yeux de ceux qui ont un cœur de pierre. Il s’adresse à l’intelligence, à la conscience et aux sentiments de son auditoire. Nul n’a jamais pu réfuter ses arguments. Il n’y a personne qui à un moment donné soit resté tout à fait indifférent devant ses puissants appels ou n’ait tremblé en sa présence.

Tout le monde le déteste, mais il trouve le moyen de faire entendre sa voix à tous. Il n’est ni cultivé, ni poli. Sans gêne, il interrompt les arrangements publics. Il vient quand on anticipe sa venue avec crainte, mais se présente aussi subitement au milieu des plaisirs de la vie privée quand on s’y attend le moins. Il est aux aguets près des portes du théâtre et de la salle de danse ; son ombre tombe quelquefois sur la table de la salle à manger et il peut parler à toute une ville à la fois. Il fréquente le magasin, le café, le bureau et l’atelier ; il possède un passe-partout, de sorte qu’il peut entrer où bon lui semble. Il fait son apparition au milieu des hommes d’État et des réunions religieuses. Ni la ville, ni le palais ne l’arrêtent par leur grandeur et il n’y a pas une ruelle si pauvre dont il ne s’occupe. Il s’appelle la mort.

Toute pierre tombale lui sert de chaire, le journal du matin lui réserve une place. Il s’est adressé à moi, lors du départ subit de ce voisin, des adieux solennels de ce cher parent, de la perte de cet ami intime. Tous ces événements ont été des appels et des rappels puissants et solennels de la part du vieux prédicateur :

Prépare-toi à la rencontre de ton Dieu ! (Amos 4.12).

Un jour, peut-être sous peu, vous lui fournirez vous-même le cadre de son texte. Au milieu de votre famille affligée et sur votre tombe, il fera entendre sa voix.

Le message du vieux prédicateur est résumé dans le chapitre 5 de la Genèse. Ce passage, qui commence par Voici le livret de l’histoire de la famille d’Adam, est appelé Le livre des nations, car il donne la répartition de l’humanité à partir du premier homme. Mais tout au long du chapitre, c’est toujours la même rengaine qui revient : Adam vécut tant d’années, puis il mourut à l’âge de… Seth vécut tant d’années puis il mourut à l’âge de… Enosh, Kénan, Jéred et tous les autres vécurent tant d’années puis inéluctablement chacun d’entre eux mourut à l’âge de…

Cette mort à laquelle je ne peux échapper me rend conscient de ma finitude de façon brutale. Je peux ignorer tant que je veux le message du vieux prédicateur, je peux réfuter avec force tous les enseignements des Textes Sacrés et me moquer sans retenue de ses avertissements, je peux faire comme si la Parole de Dieu ne m’était pas adressée et rejeter le Sauveur en l’ignorant. Mais comment vais-je me débarrasser du vieux prédicateur qui, indifférent aux événements ou aux opinions des hommes, continue avec le même message depuis des milliers d’années ? Comment puis-je l’arrêter dans ses voyages et éviter qu’il ne vienne frapper à ma porte ?

Les progrès de la science vont-ils le mettre à la retraite ? Au 19e siècle, un politicien et avocat du nom d’Ingersoll se rendit célèbre par son zèle à combattre le christianisme. Véritable propagandiste de l’athéisme, il prononça sur la tombe de son frère une homélie dont l’extrait suivant : La mort est une vallée étroite entre les sommets arides et ténébreux de deux éternités. Nous hurlons à pleins poumons et la seule réponse est l’écho plaintif de notre cri ! Pour ce qui est d’exprimer cette angoisse existentielle, Ingersoll est en bonne compagnie. Napoléon Bonaparte qui était poète à ses heures, aurait dit : Je meurs avant mon heure et mon corps va retourner à la terre et devenir la nourriture des vers. Tel est le sort qui attend le grand Napoléon !

Dans un des livres poétiques de l’Ancien Testament, Job, probablement un contemporain de Jacob écrit :

L’homme né de la femme, il naît, il est coupé comme une fleur. Il fuit, il disparaît comme une ombre. Un arbre a de l’espérance. Quand on le coupe il repousse. Mais l’homme meurt et il perd sa force. Ah ! Si l’homme mort pouvait revivre ! (Job 14.1, 2, 7, 10).

Ce soupir de l’âme, cette langueur, cette aspiration profonde à vivre, l’auteur lui-même y répond quelques chapitres plus loin lorsqu’il dit :

Je sais que mon rédempteur est vivant. Quand ma peau sera détruite, quand je n’aurai plus de chair, je verrai Dieu et il me sera favorable. De mes propres yeux je le contemplerai. Ah mon cœur se consume d’attente au fond de moi ! (Job 19.25-27).

Le Nouveau Testament confirme maintes fois la réalité de la résurrection et de la vie éternelle. Je lis deux passages :

Jésus lui dit : Je suis la résurrection et la vie. Celui qui place toute sa confiance en moi vivra même s’il meurt. Notre cité à nous est dans les cieux d’où nous attendons comme sauveur le Seigneur Jésus Christ qui transformera notre corps misérable pour le rendre semblable à son corps glorieux par le pouvoir qu’il a de tout soumettre à son autorité (Jean 11.25 ; Philippiens 3.20-21).

Les ethnologues ont constaté que la croyance en l’au-delà fait partie de toutes les sociétés humaines qu’elle que soit l’époque ou l’endroit. Le célèbre anthropologue Claude Lévi Strauss a noté que toutes les civilisations ont certains critères moraux communs, toutes ont un langage, toutes ont des institutions et toutes ont des croyances religieuses. L’aspiration à la vie éternelle est la quête universelle de tout être humain. Dans la perspective de la vie après la mort, les patriarches Abraham, Isaac et Jacob, comme les croyants de l’Ancien Testament, ont manifesté concrètement leur foi aux promesses de l’Éternel et leur espérance en la vie éternelle par leur désir d’être ensevelis en Palestine.

Plus tard, Joseph demandera également que ses ossements soient transférés en Canaan ce qui sera fait lors de l’Exode, quand la nation d’Israël quittera l’Égypte sous la conduite de Moïse. Tout compte fait, mon lieu de sépulture importe peu, puisque Dieu est suffisamment puissant pour me ramener à la vie, où que soient mes restes, sur terre, au fond de la mer ou dans le ventre d’un requin. Pour celui qui a mis sa confiance personnelle en Jésus-Christ, l’endroit où reposent ses poussières ou ses cendres n’a pas d’importance. En effet, tous les croyants décédés seront ressuscités et enlevés dans les airs pour y rencontrer le Seigneur Jésus-Christ. C’est leur espérance et leur vocation célestes. Dans le Nouveau Testament, l’apôtre saint Paul décrit cet événement qu’il appelle l’enlèvement de l’Église. Je lis le passage :

Voici, en effet, ce que nous pouvons vous certifier en nous appuyant sur une parole du Seigneur : Au commandement de Dieu, sitôt que la voix de l’archange et le son de la trompette divine retentiront, le Seigneur en personne redescendra du ciel ; alors ceux qui sont morts dans la foi en Jésus-Christ se lèveront les premiers. Après quoi, les croyants vivants restés sur terre seront enlevés avec eux et emportés à travers les airs, par-delà les nuées, pour rencontrer le Seigneur. Ainsi nous serons unis au Seigneur pour être avec lui pour l’éternité (1Thessaloniciens 4.15).

Une telle espérance est le privilège de tous les vrais croyants, peu importe où se situe leur dernière demeure. Tous ceux qui ont reconnu en la personne de Jésus-Christ le sauveur dont ils avaient besoin possèdent la vie éternelle.

Commentaire biblique radiophonique écrit par le pasteur et docteur en théologie : Vernon McGee (1904-1988) et traduit par le pasteur Jacques Iosti.

sept. 22 2023

Émission du jour | 2 Rois 1.1 – 2.24

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