Genèse 46.29 – 47.26
Chapitre 46
Introduction
Les fêtes, surtout celles de fin d’année sont pour beaucoup de gens l’occasion de se retrouver en famille et de festoyer ensemble. C’est un peu pareil pour les anniversaires des enfants. Et si pour une raison ou pour une autre la séparation a été longue, les retrouvailles n’en sont que plus douces et joyeuses. C’est justement la situation de Joseph, qui à 17 ans disparut, parce qu’il fut vendu par ses frères. Le temps a passé, lui et son père ne se sont pas revus depuis 23 ans. Le patriarche est âgé de 130 ans tandis que son fils Joseph est maintenant le grand vizir d’Égypte. Le clan de Jacob arrive au pays et s’installe à proximité de la Méditerranée dans la région fertile de Gochên dans le delta du Nil.
Versets 28-29
Je continue à lire dans le chapitre 46 de la Genèse :
Jacob envoya Juda au-devant de lui vers Joseph, afin qu’il le précède dans la région de Gochên. Quand ils y furent arrivés, Joseph attela son char et partit rendre visite à Israël, son père, en Gochên (Genèse 46.28-29).
C’est à nouveau Juda, le représentant et porte-drapeau du clan qui va voir Joseph pour l’informer que leur père et toute sa maisonnée sont arrivés sains et saufs à Gochên. On imagine qu’à la nouvelle, Joseph a laissé de côté toutes ses affaires courantes, a sauté dans son char et accompagné de sa garde personnelle il a foncé à bride abattue impatient de revoir son cher père après toutes ces longues années de séparation.
Versets 29-30
Je continue.
Quand Joseph vit son père, il se jeta à son cou et pleura longuement sur son épaule. Puis Israël dit à Joseph : Maintenant je peux mourir, puisque je t’ai revu et que tu vis encore ! (Genèse 46.29-30).
Quelle émotion lorsque le père et le fils se retrouvèrent après toutes ces années de séparation forcée ! Quelles merveilleuses retrouvailles ! Ce n’était pas une simple poignée de main, mais une étreinte, une embrassade, une empoigne, tellement cette rencontre était intense. On comprend que Joseph ait pleuré toutes les larmes de son corps ; il avait 23 ans d’émotions et de serrement de cœur comprimés dans ses entrailles. Jacob aussi est ému. Il a fait la paix avec lui-même et avec ses 12 fils ; il est prêt à quitter ce monde et rejoindre ses ancêtres dans l’au-delà, dans ce que Jésus appelle le sein d’Abraham. Il est probable que toutes les émotions et l’angoisse provoquées par les allez-venues de ses fils entre l’Égypte et le pays de Canaan aient affaibli le patriarche au point où il se sente proche de la mort. Mais l’annonce que Joseph était encore en vie et la perspective de le revoir lui accordèrent un sursis, lui donnèrent un second souffle et renouvelèrent ses forces. En fait, Jacob va encore vivre 17 ans en Égypte avant de décéder.
Versets 31-34
Je finis le chapitre.
Joseph dit à ses frères et à la famille de son père : je vais aller prévenir pharaon, et lui dire : « Mes frères et la famille de mon père qui habitaient le pays de Canaan sont arrivés auprès de moi. Ce sont des bergers ; ils élèvent des troupeaux, et ils ont amené avec eux leurs moutons, leurs chèvres et leurs bœufs ainsi que tout ce qui leur appartient. » Quand le pharaon vous convoquera et qu’il vous demandera : « Quelles sont vos occupations ? » vous lui répondrez : « Tes serviteurs ont toujours élevé du bétail, depuis leur jeunesse jusqu’à ce jour ; tout comme nos ancêtres ». De cette manière, il vous fera habiter dans la région de Gochên, car les bergers sont une abomination pour les Égyptiens (Genèse 46.31-34).
Bien que Joseph soit le numéro 2 du royaume, le clan Jacob doit quand même se plier à certaines formalités et formellement se faire introduire auprès du pharaon pour pouvoir s’installer tranquillement dans sa nouvelle patrie. Pour moi, c’est pareil. Si je veux m’installer à l’étranger sans devenir un sans-papier comme on les appelle, il me faut montrer patte blanche et faire une demande de carte de séjour en bonne et due forme aux services d’immigration. Bien sûr, avec Joseph comme chef de tous les services administratifs du royaume, ça va faciliter la tâche ! À cette époque, toutes les démarches se faisaient oralement et quelques fois avec serment ; sur ce point au moins, la vie était plus simple qu’aujourd’hui.
Le fait que l’occupation principale du clan de Jacob était l’élevage tombe à pic, car les Égyptiens n’appréciaient pas du tout ce genre de travail. Cette antipathie pour les bergers est confirmée par divers documents anciens. Quand j’étais à l’école et que mes résultats n’étaient pas brillants, mon père me passait un savon disant que j’allais finir cantonnier ou chiffonnier. Ce n’est pas si mal. Le premier est aujourd’hui une profession plutôt recherchée ; il semblerait que la moitié de la population aimerait travailler pour la ville. Quant aux ferrailleurs de tout poil, ceux que j’ai connus ont peut-être commencé avec une brouette, mais à ce que je sache, ils ont tous fait fortune.
Jacob et tout son clan vivront donc à l’écart du peuple local. Ça tombe à merveille, car c’est exactement ce que Dieu désirait, ne voulant pas que les Israélites subissent l’influence de l’idolâtrie polythéiste qui sévissait dans tout le Proche-Orient ancien. Ce mépris des Égyptiens à l’égard de l’élevage de bétail me fait penser au Christ qui est appelé le bon berger, le grand berger et le souverain berger. Lui aussi est haï et une abomination aux yeux d’un grand nombre de personnes de par le monde pour des raisons diverses.
Chapitre 47
Introduction
Nous voici rendus au chapitre 47 du livre de la Genèse, un texte qui souligne plus que tout autre les progrès spirituels du patriarche. S’il avait voulu écrire ses Mémoires et les vendre, c’est le temps passé en Égypte qu’il lui aurait fallu développer. Le début de sa vie fut marqué par une série d’entourloupettes et de démêlés avec son frère, son père et son oncle. Maintenant, grâce à la patience de l’Éternel à son égard, il est devenu un homme de foi. À cause de la bénédiction divine promise à Abraham, la fortune a souri au clan de Jacob puisque les voilà dans le grenier à blé du Moyen-Orient alors qu’une famine de plus en plus forte sévit partout.
Versets 1-6
Je commence à lire.
Joseph alla donc informer le pharaon et lui dit : Mon père et mes frères sont arrivés du pays de Canaan avec leurs moutons, leurs chèvres, leurs bœufs et tout ce qui leur appartient ; et ils sont dans la région de Gochên. Il avait emmené avec lui cinq de ses frères qu’il présenta au pharaon. Le pharaon leur demanda : Quelles sont vos occupations ? Ils répondirent : Tes serviteurs sont bergers comme l’étaient nos ancêtres. Et ils ajoutèrent : Nous sommes venus séjourner dans le pays, car la famine sévit durement au pays de Canaan et il n’y a plus de pâturage pour les troupeaux de tes serviteurs là-bas. Permets donc à tes serviteurs de s’installer dans la région de Gochên. Le pharaon dit à Joseph : Ton père et tes frères sont venus te rejoindre ; le pays est à ta disposition. Installe-les dans la meilleure province du pays : qu’ils habitent dans la région de Gochên. Et si tu sais qu’il y a parmi eux des hommes capables, tu les établiras comme responsables de mes troupeaux (Genèse 47.1-6).
La moitié des frères se rend auprès du pharaon pour satisfaire le protocole d’usage, ils font ce qu’on appellerait les démarches administratives. Ils se présentent pour formaliser l’installation du clan de Jacob dans la région de Gochên à l’écart des centres urbains. En homme d’affaires avisé, le roi saisit l’aubaine pour confier ses propres troupeaux aux Israélites, puisque c’est leur spécialité et qu’il a du mal à trouver des Égyptiens qui acceptent de faire ce travail. Dans ma jeunesse, le bas de l’échelle sociale incluait non seulement le cantonnier et le chiffonnier comme je l’ai déjà dit, mais aussi le balayeur et le manœuvre. Mais les temps ont changé.
Versets 7-12
Je continue.
Joseph fit aussi venir son père Jacob pour le présenter au pharaon. Jacob salua respectueusement le pharaon. Celui-ci lui demanda : Quel âge as-tu ? Jacob répondit : Le nombre de mes années de migrations est de cent trente. Les jours de ma vie ont été peu nombreux et mauvais et je n’atteindrai pas le nombre des années qu’ont duré les migrations de mes ancêtres. Puis Jacob bénit encore le pharaon et se retira. Joseph installa son père et ses frères et leur donna une propriété dans la meilleure partie d’Égypte, dans la contrée de Ramsès, comme le pharaon l’avait ordonné. Il procura à son père, à ses frères et à toute la famille de son père les vivres dont ils avaient besoin selon le nombre des personnes à leur charge (Genèse 47.7-12).
Les chefs se rencontrent : Jacob vient faire connaissance du roi qui lui offre gracieusement l’hospitalité. Le patriarche ne se met pas en valeur alors que pharaon lui en donne l’occasion, mais résume sa vie en très peu de mots. Il n’est pas fier de lui et de ses accomplissements. Les années de son pèlerinage, de ses migrations de lieux en lieux furent mauvaises. C’est une allusion à son mode de vie et à celui de ses pères qui furent nomades, à son long séjour de 20 ans chez son oncle, et au fait qu’il est étranger partout, même dans le pays de Canaan et maintenant en Égypte.
Jacob fait aussi référence à toutes ses épreuves : la fuite précipitée de chez ses parents, les luttes avec son frère et son oncle ; ses fils qui lui mentaient, la mort de Rachel sa femme bien-aimée, la mort de Rébecca sa mère qu’il n’a jamais revue après son départ, la disparition de Joseph suite à un gros conflit familial dû à la jalousie de ses autres fils. Et puis, juste avant de quitter le pays de Canaan, il sentait qu’il avait déjà un pied dans la tombe, ce qui le pousse à dire qu’il n’atteindra pas les 175 ans d’Abraham son grand-père et encore moins les 180 ans d’Isaac son père.
Cela dit, revoir Joseph qu’il croyait mort lui a fait le même effet que si ce dernier était ressuscité des morts. Ces retrouvailles donnèrent à Jacob un sursis, qui ajouta 17 années à sa vie tout en lui procurant une fin de retraite paisible. À la suite de son entretien avec le pharaon, Jacob prononça une bénédiction sur lui au nom de l’Éternel. En tant que patriarche et le représentant de Dieu sur terre, il en avait le pouvoir. Quoiqu’il ait dit ce jour-là, il est certain que cela s’est accompli.
Suite à cette rencontre avec le roi du pays, Jacob fait une installation en bonne et due forme à Gochên ; cette région sera plus tard appelée Ramsès à la gloire de ce fameux pharaon qui régna plusieurs siècles après l’époque de Joseph et qui opprima les Israélites. Mais en attendant, cette histoire finit bien. Joseph fut l’instrument divin grâce auquel l’Éternel poursuit son œuvre de salut. Les promesses que Dieu a confirmées à Jacob alors qu’il était en route pour l’Égypte commencent à se réaliser. Son clan a échappé à la famine et s’installe dans la région riche et fertile du delta du Nil où il va prospérer.
En lui donnant cette terre de Gochên à l’écart des centres urbains, Dieu veille à ce que cette modeste famille composée de 70 membres du sexe masculin ne soit pas assimilée au peuple égyptien. C’est ce qui permettra à ce noyau de la future nation de conserver son identité, sa vocation spécifique de porteur de la promesse, et de devenir une bénédiction pour toute l’humanité. Pendant son long séjour en Égypte, étape nouvelle et importante de son histoire, Israël va connaître une explosion démographique extraordinaire. Le récit continue en se concentrant à nouveau sur la famine et sur la gestion du pays par Joseph.
Versets 13-22
Je lis la suite.
La famine était si grande en Égypte et en Canaan qu’on ne trouvait plus nulle part de quoi manger, et les habitants dépérissaient de faim. En échange du blé qu’il vendait, Joseph recueillit tout l’argent qui se trouvait en Égypte et en Canaan, et en remplit les caisses du pharaon. Quand il n’y eut plus d’argent en Égypte et en Canaan, tous les Égyptiens vinrent trouver Joseph et lui dirent : Donne-nous de quoi manger ! Pourquoi devrions-nous mourir là sous tes yeux parce que nous n’avons plus d’argent ? Joseph répondit : Si vous n’avez plus d’argent, donnez-moi votre bétail, et je vous fournirai de la nourriture en échange de vos troupeaux. Ils amenèrent donc leur bétail à Joseph qui leur donna de quoi manger en échange de leurs chevaux, de leurs ânes, et de leurs troupeaux de moutons, de chèvres et de bœufs. Cette année-là, il leur assura la nourriture en échange de tous leurs troupeaux. L’année suivante, ils revinrent le trouver et lui dirent : Mon seigneur n’est pas sans savoir que nous n’avons plus d’argent, nos troupeaux appartiennent à mon seigneur, nous n’avons plus rien à présenter à mon seigneur que nos corps et nos terres. Pourquoi péririons-nous là sous tes yeux, nous et nos terres ? Achète-nous, avec nos terres, en échange de vivres, et nous deviendrons, avec nos terres, esclaves du pharaon. Donne-nous aussi du grain à semer pour que nous puissions survivre, au lieu de mourir, et que notre terre ne devienne pas un désert. Alors Joseph acquit toutes les terres d’Égypte pour le compte du pharaon, car les Égyptiens vendirent chacun son champ, contraints par la famine, tant elle était rigoureuse. Ainsi le pays devint la propriété du pharaon. Quant aux habitants, il les déplaça dans les villes, d’un bout à l’autre de l’Égypte. Les seules terres que Joseph n’acheta pas étaient celles des prêtres, car il existait un décret du pharaon en leur faveur et ils se nourrissaient de ce que le pharaon leur fournissait ; c’est pourquoi ils n’eurent pas à vendre leurs terres (Genèse 47.13-22).
Les membres du clergé constituaient la noblesse d’Égypte, la classe instruite et dirigeante. En tant que tels, ils étaient dispensés de travail, et logés blanchis nourris par le roi. C’est pourquoi ils purent conserver leurs terres. Seulement, l’Égypte et le pays de Canaan sont mentionnés comme souffrant de la faim, parce que ceux-ci seuls nous intéressent. Mais si une telle famine sévissait en Égypte, c’est que le Nil n’apportait plus d’eau d’Afrique Centrale, car il ne pleuvait pas là-bas non plus. Cette calamité climatique s’étend donc sur une immense région.
Mais sous la dictée de l’Éternel et en gérant compétent, Joseph a tout prévu. Il avait emmagasiné l’excédent de céréales des années de vaches grasses dans des silos à grain présents ou construits dans tous les centres urbains. Maintenant, il déplace et installe la population rurale à proximité des réserves établies afin que ces gens puissent s’approvisionner de façon efficace. Il va subvenir aux besoins des Égyptiens et bien sûr du clan de Jacob. En tant qu’intendant de pharaon, cette opération ne lui rapporte rien et c’est dans les caisses royales que vont s’amasser toutes ces richesses.
Tout d’abord, Joseph vend le blé contre des espèces sonnantes et trébuchantes. Mais maintenant, il n’y a plus d’argent et la famine continue. On peut comprendre la dureté de cette disette de la façon suivante. Dans l’espace sidéral, lorsqu’une étoile s’affaisse sur elle-même elle devient ce qui s’appelle un trou noir, un abysse infernal d’une prodigieuse force gravitationnelle qui engloutit tout ce qui est dans son champ d’influence, y compris la lumière. C’est exactement l’effet qu’a eu cette famine de 7 ans ; elle est terrible et d’une telle envergure qu’elle consume toutes les ressources des Égyptiens : d’abord leur argent, ensuite leurs troupeaux, puis leurs terres, et enfin tous les biens immobiliers. Comme la grande majorité des terres cultivables devient des fiefs royaux, les anciens propriétaires égyptiens sont obligés de se mettre au service du roi tout comme les serfs du Moyen Âge travaillaient pour le seigneur du coin.
Cette situation produisit un transfert de la quasi-totalité des richesses du pays au profit du pharaon. Mais c’était dans le plan de Dieu pour le bien-être d’Israël. En effet, c’est sur la fortune du pharaon que s’asseyait la puissance de l’Égypte, son pouvoir économique, sa pérennité et donc la sécurité du peuple. En conséquence, les descendants de Jacob vont connaître la paix et une tranquillité qui leur permettront de prospérer et de se multiplier. Ainsi, ils deviendront eux-mêmes puissants et une grande nation, exactement comme l’Éternel l’avait promis à Abraham, Isaac et Jacob.
Commentaire biblique radiophonique écrit par le pasteur et docteur en théologie : Vernon McGee (1904-1988) et traduit par le pasteur Jacques Iosti.