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13 mai 2022

Genèse 41.17-49

Chapitre 41

Introduction

Peut-être avez-vous entendu le dicton : songes sont mensonges. D’un autre côté, dans son roman Paul et Virginie, Bernardin de Saint-Pierre écrit : Cette opinion, que la vérité se présente quelquefois à nous pendant le sommeil, est répandue chez tous les peuples de la terre. Les plus grands hommes de l’Antiquité y ont ajouté foi. L’Ancien et le Nouveau Testament nous fournissent quantité d’exemples de songes qui se sont réalisés. Effectivement, plusieurs grands personnages de l’Ancien Testament sont connus autant pour leur foi en l’Éternel que pour leur capacité d’interpréter des rêves prémonitoires.

Le premier d’entre eux est Joseph, esclave en Égypte, qui sera suivi 13 siècles plus tard par le prophète Daniel. Ce dernier était captif à Babylone à la cour de Nabuchodonosor. Or ce roi a un songe prémonitoire, mais comme il est très méfiant vis-à-vis de ses mages et devins, il leur demande à la fois de quoi il a rêvé et son interprétation. Ce à quoi ses magiciens-prêtres lui répondent :

Il n’est personne sur la terre qui puisse dire ce que demande le roi ; aussi jamais roi, quelque grand et puissant qu’il ait été, n’a exigé une pareille chose d’aucun magicien, astrologue ou Chaldéen. Il n’y a personne qui puisse le dire au roi, excepté les dieux, dont la demeure n’est pas parmi les hommes (Daniel 2.10-11).

En gros, ils disent au roi qu’il n’est pas raisonnable ce qui va sans dire le rend furieux au point où il ordonne l’exécution de tous ses sages. Entre en scène Daniel, qui après avoir prié, reçoit de Dieu dans une vision à la fois le contenu du rêve et son explication. Le lendemain matin au saut du lit, il se présente à Nabuchodonosor et lui dit :

Ce que le roi demande est un secret que les sages, les astrologues, les magiciens et les devins, ne sont pas capables de révéler au roi. Mais il y a dans les cieux un Dieu qui révèle les secrets, et qui a fait connaître au roi ce qui arrivera dans la suite des temps. Voici ton songe et les visions que tu as eues sur ta couche (Daniel 2.27-28).

Tout comme le roi de Babylone, pharaon a eu un rêve qui le tourmente et que personne ne peut interpréter. Il fait alors sortir en toute hâte Joseph de prison.

Versets 15-16

Je continue à lire dans le chapitre 41 de la Genèse.

Pharaon dit à Joseph : J’ai fait un rêve et personne n’est capable de l’interpréter. Or, j’ai entendu dire qu’il te suffit d’entendre raconter un rêve pour pouvoir l’interpréter. Joseph répondit au pharaon : Ce n’est pas moi, c’est Dieu qui donnera au pharaon l’explication qui convient (Genèse 41.15-16).

Pharaon a eu le souffle coupé lorsque son échanson lui a dit que cet esclave hébreu qui moisissait dans son cachot possédait la clé des songes. Dans son étonnement, il veut que Joseph confirme qu’il est capable de donner l’explication des rêves, sous-entendu sans temps de réflexion, imprécations, sans micmacs quoi ! Joseph tout comme le prophète Daniel a soin de préciser que c’est l’Éternel Dieu et pas lui qui décrypte les rêves. C’est aussi une manière indirecte de dire que prêtres, devins, et toutes les divinités égyptiennes sont incompétents, que seul le Dieu du ciel et de la terre a un réel pouvoir.

Joseph n’a pas froid aux yeux dans sa façon de corriger la vision spirituelle erronée du pharaon qui a le pouvoir de le faire découper en rondelles sur le champ ; mais sa foi inébranlable en l’Éternel lui donne une assurance sans pareille. Le pharaon ne relève pas le coup de patte de Joseph ; ce qu’il veut est une explication de ses rêves qu’il raconte à Joseph.

Versets 17-32

Je continue.

Dans mon rêve, je me tenais debout sur le bord du Nil. Sept vaches grasses et belles sortirent du fleuve et se mirent à paître sur la rive. Puis sept autres vaches surgirent derrière elles, maigres, laides et décharnées ; elles étaient si misérables que je n’en ai jamais vues de pareilles dans tout le pays d’Égypte. Ces vaches décharnées et laides dévorèrent les sept vaches grasses, qui furent englouties dans leur ventre sans que l’on remarque qu’elles avaient été avalées : les vaches maigres restaient aussi misérables qu’auparavant. Là-dessus, je me suis réveillé. Puis j’ai fait un autre rêve : Je voyais sept épis pleins et beaux pousser sur une même tige. Puis sept épis secs, maigres et desséchés par le vent d’orient poussèrent après eux. Les épis maigres engloutirent les sept beaux épis. J’ai raconté tout cela aux magiciens, mais aucun d’eux n’a pu me l’expliquer. Joseph dit au pharaon : Ce que le pharaon a rêvé constitue un seul et même rêve. Dieu a révélé au pharaon ce qu’il va faire. Les sept belles vaches représentent sept années, tout comme les sept beaux épis ; c’est un seul et même songe. Les sept vaches décharnées et laides qui ont surgi derrière les premières représentent aussi sept années, et les sept épis maigres et desséchés par le vent d’orient seront sept années de famine. Comme je l’ai dit au pharaon : Dieu a révélé au pharaon ce qu’il va faire. Il y aura d’abord sept années de grande abondance dans toute l’Égypte. Elles seront suivies de sept années de famine qui feront oublier toute cette abondance en Égypte, tant la famine épuisera le pays. Le souvenir même de l’abondance dont le pays aura joui s’effacera à cause de cette famine, car elle sévira très durement. Si le rêve du pharaon s’est répété par deux fois, c’est que Dieu a irrévocablement décidé la chose et qu’il va l’exécuter sans délai (Genèse 41.17-32).

À cette époque, les famines étaient relativement courantes. Les archéologues ont trouvé des textes d’origine phénicienne et égyptienne qui mentionnent des disettes qui duraient jusqu’à sept ans. Bien qu’il pleuve très peu en Égypte même dans une bonne année, de si longues périodes de dénuement, fréquentes ailleurs, étaient rares à cause des crues régulières du Nil. Ce fleuve apporte en abondance de l’eau originaire d’Afrique Centrale ainsi que des sédiments très riches qui fertilisent le sol en permanence.

Joseph donne donc au pharaon la clé de ses songes à la volée sans avoir à réfléchir ou consulter des augures ; il est le canal de la révélation divine. Le chiffre 7 revient fréquemment dans les Écritures ; il signifie un maximum, un raz-bord en quelque sorte. Le pays va donc connaître une période de surabondantes récoltes suivie d’un temps de misère noire totale. L’Éternel ordonne ces deux périodes de 7 années chacune sans nous en préciser les raisons, mais les rêves prémonitoires et la capacité de Joseph d’en donner l’explication vont le catapulter au plus haut niveau de l’État. Les 7 premières années de vaches grasses sont une expression de la bienveillance divine ; les 7 de vaches maigres seront un jugement de Dieu sur toute la région.

De plus comme le précise bien Joseph, la sentence divine est sans appel et devient immédiatement exécutoire. Mais dans sa grâce, l’Éternel commence le cycle de 14 ans par les vaches grasses, ce qui annule en quelque sorte la malédiction de la famine pour l’Égypte ce qui va permettre à Dieu de préserver le clan de Jacob.

Versets 33-36

Je continue.

Maintenant donc, que le pharaon choisisse sans tarder un homme avisé et sage et qu’il le mette à la tête du pays. Que le pharaon agisse ainsi : Qu’il nomme dans tout le pays des commissaires qui prélèveront le cinquième de toutes les récoltes d’Égypte durant les sept années qui viennent, ils emmagasineront le blé dans les villes sous l’autorité du pharaon, et le garderont comme réserve de vivres. Ces provisions serviront de réserve pour le pays, en prévision des sept années de famine qui s’abattront sur l’Égypte. Ainsi les habitants du pays ne mourront pas de faim (Genèse 41.33-36).

L’Éternel a écarté de sa route les mages, les sages et les devins pour faire sortir Joseph de l’ombre de son cachot. Après avoir donné l’explication des rêves, il continue sur sa lancée, toujours sous l’inspiration divine, disant au pharaon exactement ce qu’il doit faire. Chaque année, les prêtres fixaient l’impôt en nature d’après les rendements probables. Ils étaient fonction de l’importance de la crue du Nil, car elle déterminait la fertilité du sol. Puisque Joseph sait maintenant que les sept prochaines années seront exceptionnellement fertiles, il fixe l’impôt à 20 % du revenu. Les céréales seront emmagasinées dans les entrepôts royaux qui existaient dans toutes les villes. Comme l’Égypte était une grosse exportatrice de blé, cette contribution était supportable.

William Gladstone, qui fut plusieurs fois premier ministre britannique durant la deuxième moitié du 19e siècle, était profondément croyant. Interrogé un jour sur la marque d’un véritable homme d’État, il répondit que c’était de comprendre la direction vers laquelle Dieu conduirait les événements dans les 50 années à venir ; avec Joseph, le pharaon avait trouvé un tel homme.

Versets 37-44

Je continue.

Cette proposition plut au pharaon et à tous ses hauts fonctionnaires. Alors le pharaon leur dit : Trouverions-nous un homme aussi compétent que celui-ci en qui habite l’Esprit de Dieu ? Le pharaon dit à Joseph : Puisque Dieu t’a fait connaître toutes ces choses, il n’y a personne qui soit aussi avisé et aussi sage que toi. Tu seras donc à la tête de mon royaume, et tout mon peuple obéira à tes ordres. Moi-même je ne serai au-dessus de toi que par le trône. Ainsi, lui dit-il, je te mets à la tête de toute l’Égypte. Et le pharaon retira son anneau de sa main et le passa au doigt de Joseph ; il le fit revêtir d’habits de fin lin et lui suspendit un collier d’or au cou. Il le fit monter sur son deuxième char et, sur son parcours, on cria : À genoux ! C’est ainsi qu’il le mit à la tête de toute l’Égypte. Le pharaon dit encore à Joseph : Je suis le pharaon. Mais sans ton ordre, personne dans tout le pays ne lèvera le petit doigt ni ne se déplacera (Genèse 41.37-44).

Joseph est allé en Égypte dans les chaînes à l’âge de 17 ans et voilà que 13 ans plus tard il est après pharaon l’homme le plus puissant du pays. Sa foi en l’Éternel, sa patience et son intégrité ont été récompensées. Donc, Joseph explique la signification des rêves puis donne la solution au problème qu’ils posent ; le pharaon et ses grands écoutent. Au fur et à mesure qu’il parle, ils se rendent compte que cet esclave hébreu est le porte-parole providentiel du Dieu Très-haut.

De nos jours, les gouvernements essaient de parer au plus pressé sans grande vision de l’avenir ; on prend des mesures d’urgence, on met des compresses sur les problèmes et dès que ça s’arrête de saigner on oublie la plaie qui s’infecte à nouveau, et on recommence. Pharaon était un despote de l’ancien Proche-Orient au même titre que Nabuchodonosor dont j’ai parlé ou Abimélek le roi des Philistins que nous avons rencontrés.

Et pourtant, il est capable de discerner que quelqu’un jouit de la faveur du Dieu des cieux et il a la sagesse de le prendre à son service. Aujourd’hui, les tyrans sont tellement arrogants qu’ils s’entourent uniquement de ceux qui leur chatouillent les oreilles, ce qui est parfaitement stupide et cause éventuellement leur perte. Pharaon par contre se dit : quelle aubaine, les dieux sont avec moi !, et il nomme Joseph grand vizir, premier ministre, celui qui gouverne le pays. Il lui donne la carte du parti, le badge, le costume et autres signes d’investiture du pouvoir royal. Joseph porte désormais l’anneau qui servait à imprimer sur la cire le cachet du pharaon ; c’est lui qui va signer tous les documents officiels.

Ainsi donc, après avoir appris la gestion d’entreprise pendant 10 ans dans la maison de Potiphar son premier maître, puis en prison, Joseph est promu # 2 du royaume au pouvoir à peu près illimité avec droit de vie et de mort sur tous les habitants. Potiphar et sa teigne de femme n’ont qu’à bien se tenir, mais ils ont la chance que Joseph avait un cœur tendre et savait pardonner, des vertus pratiquement inconnues en ce temps-là. Ainsi, en l’espace de quelques jours, Joseph est catapulté de chef d’un trou à rats à la splendeur et gloire d’un prince. Ce récit me fait penser à la parole de l’Évangile qui dit :

Les premiers seront les derniers et les derniers seront les premiers (Matthieu 19.30).

Joseph a suivi un parcours très peu conventionnel ; le fils préféré de son père est devenu esclave galérien puis intendant d’un notable ; jeté en prison il en devient le chef et maintenant le voilà grand vizir et prince. Il est pour toute l’Égypte ce qu’il était à 17 ans pour son père Jacob. Est-ce un conte de fées, ou une ascension aussi prodigieuse était-elle possible ? D’après des inscriptions datant de cette époque, de tels succès n’étaient pas rares ; l’élévation subite d’esclaves à des postes importants se faisait assez facilement.

Le pharaon mentionné est un Hyksos originaire d’un peuple de la Haute Syrie, des Bédouins du désert proche du groupe ethnique des Hébreux. Ils avaient récemment envahi l’Égypte, autour du 18e siècle av. J-C et y restèrent environ deux siècles ; ils furent chassés peu après le décès de Joseph. Comme ils avaient pris le pouvoir par la force, les Hyksos se méfiaient des Égyptiens de souche tandis qu’un Hébreu leur inspirait confiance. De plus, les Bédouins ont un grand sens pratique ; avec Joseph, le pharaon y trouvait son compte parce qu’au niveau de la fidélité on ne faisait pas mieux que lui. Lorsque Moïse arrive sur scène, il croisera le fer avec un pharaon d’une autre dynastie pour qui Joseph était un inconnu.

Versets 45-49

Je continue.

Le pharaon nomma Joseph Tsaphnat-Paenéah et lui donna pour femme Asnath, fille de Poti-Phéra, un prêtre d’On. Joseph partit inspecter l’Égypte. Il était âgé de trente ans quand il entra au service du pharaon, roi d’Égypte. Il quitta la cour du pharaon et parcourut tout le pays d’Égypte. Pendant les sept années d’abondance, la terre produisit de riches moissons. Joseph rassembla tous les vivres possibles en Égypte pendant ces sept années, et il les entreposa dans les villes. Dans chaque ville, il mit en réserve les denrées alimentaires produites par le territoire environnant. Il entreposa du blé en aussi grande quantité que le sable de la mer ; il y en avait tant que l’on cessa d’en faire le compte, car cela dépassait toute mesure (Genèse 41.45-49).

Le nouveau nom de Joseph n’est pas aussi simple que Pierre ou Jean ; de plus, il est difficile à traduire. Il contient le mot vie et pourrait vouloir dire sauveur du monde ou soutien de la vie. Il est intéressant de noter le parallèle entre Joseph et le Christ qui a aussi commencé son ministère à l’âge de 30 ans et qui fut présenté au peuple comme le sauveur du monde. Avec son nouveau son nom et son mariage, Joseph est naturalisé Égyptien ; il fait maintenant partie des grands du pays puisqu’il est grand vizir.

Le texte reste muet sur les circonstances dans lesquelles Joseph a pris cette femme pour épouse ; son nom signifie celle qui appartient à la déesse Neith, et elle disparaît du récit. Les Écritures se concentrent surtout sur la lignée des hommes pieux choisis par l’Éternel pour porter la promesse qu’Il a faite à Abraham. Le nom du beau-père de Joseph signifie consacré au dieu Ré, le dieu du soleil. Bien plus tard, Louis XIV va lui aussi se prendre pour le dieu Ré.

Tandis que Joseph vénère l’Éternel, du côté de sa femme, c’est le polythéisme pur et dur ce qui fait plutôt désordre, mais n’a nullement l’air de troubler Joseph. Ses fils vont certainement subir l’influence religieuse égyptienne et pourtant ils suivront les traces de leur père, ce qui veut peut-être dire que leur mère a épousé la religion juive. Le beau-père de Joseph exerce son sacerdoce dans la ville d’On, située à 10 km du Caire. Elle est connue pour son sanctuaire consacré au dieu Ré ; les Grecs l’appelleront Héliopolis, la ville du soleil.

Joseph était un excellent gestionnaire. Il rassemble tout le surplus des récoltes dans les silos à grain qui existaient déjà ou qu’il fait construire un peu partout dans le pays. Cette régionalisation lui permettra de distribuer le blé efficacement à toute la population dès que la famine sévira. C’était déjà à cause d’une telle calamité qu’Abraham s’était rendu en Égypte. Ce pays était grâce au Nil le grenier à blé du Moyen-Orient ; il va le devenir encore davantage grâce à Joseph. Dieu a tout prévu afin que la lignée choisie de Jacob-Israël survive et prospère. De cette manière, il prépare déjà la venue du Messie, Jésus-Christ, le sauveur du monde.

Commentaire biblique radiophonique écrit par le pasteur et docteur en théologie : Vernon McGee (1904-1988) et traduit par le pasteur Jacques Iosti.

déc. 03 2024

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