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29 mars 2022

Genèse 3.2 – 3.15

Chapitre 3

Introduction

Plus ça change et plus c’est la même chose ! Je crois bien que c’est un dénommé Alphonse Karr, à qui on doit cette boutade, et c’est souvent vrai. Le roi Salomon, célèbre pour sa sagesse a dit :

Ce qui a été, c’est ce qui sera, et ce qui s’est fait, c’est ce qui se fera : il n’y a rien de nouveau sous le soleil (Ecclésiaste 1.9).

Dans le jardin d’Éden, le paradis sur terre, le diable s’est approché de Ève et lui a dit : Comment ! Dieu a dit : Vous ne mangerez pas de tous les arbres du jardin !, semant ainsi le doute dans l’esprit d’Ève sur la bonté et générosité divine. Eh bien, les choses n’ont guère changé, puisqu’aujourd’hui bon nombre de personnes, qu’ils croient ou pas en Dieu, mettent résolument en doute sa bonté parce qu’Il nous a donné les 10 commandements et ainsi établi des limites dans nos vies.

C’est vrai qu’il y a certaines choses que nous devons faire et d’autres qui nous sont interdites. Dieu n’est-il qu’un empêcheur de tourner en rond ? Lorsqu’un bâtiment est en chantier, normalement des ouvriers ont placé une barrière devant toutes les ouvertures surtout les balcons pour éviter que quelqu’un ne tombe. Savez-vous comment on appelle ces blocages ? Ce sont des garde-fous ; ils sont là pour nous prévenir et nous garder d’un danger dont nous ne sommes pas forcément conscients, mais qui est malgré tout fort réel. De la même manière, Dieu a placé des barrières dans nos vies, parce qu’à ses yeux nous sommes insensés et il veut nous protéger de nous-mêmes.

Versets 2-5

Je continue à lire le chapitre 3 de la Genèse.

La femme répondit au Serpent : Nous mangeons des fruits des arbres du jardin, excepté du fruit de l’arbre qui est au milieu du jardin. Dieu a dit de ne pas en manger et de ne pas y toucher sinon nous mourrons. Alors le Serpent dit à la femme : Mais pas du tout ! Vous ne mourrez pas ! Seulement Dieu sait bien que le jour où vous en mangerez, vos yeux s’ouvriront et vous serez comme Dieu, choisissant vous-mêmes entre le bien et le mal (Genèse 3.2-5).

Ève répond qu’ils ne doivent pas toucher au fruit ce qui n’apparaît nulle part dans l’ordre donné à Adam. Dieu avait seulement dit :

tu ne mangeras pas de l’arbre de la connaissance du bien et du mal, car le jour où tu en mangeras, tu mourras (Genèse 2.17).

En ajoutant au commandement divin, Ève montre qu’elle est déjà sous le charme du serpent, que son venin séducteur commence tout doucement à produire son effet. La stratégie du diable est subtile ; il a d’abord distillé le doute concernant la bonté de Dieu et en même temps aiguisé le désir. Ensuite, il ferre le poisson pour ainsi dire avec un gros mensonge pur et dur, disant : Vous ne mourrez pas ! Il contredit carrément l’avertissement de Dieu.

Après avoir nié ouvertement la Parole de Dieu, le serpent convainc Ève qu’elle doit découvrir tous les avantages que lui apportera le fruit de l’arbre qui est au milieu du jardin, un fruit au parfum suave et au goût exquis susceptible de développer en elle des facultés insoupçonnées. En d’autres mots, le diable lui dit : mais pourquoi demeurer assujetti à une interdiction qui vous maintient dans un état d’infériorité ?

Puis vient la troisième proposition diabolique ! En goûtant à ce fruit, vous serez comme Dieu ; c’est-à-dire, vous serez instantanément majeurs et maîtres de vos destinées, devenant en tout point semblables au Dieu qui décide tout. Cette tentation d’être le maître de ma barque, de ma propre destinée est toujours omniprésente. C’est en fait la promesse de la science qui enseigne que l’homme a progressé. Voyez-vous, d’une amibe il en est maintenant à explorer l’univers ; le super homme est pour demain !

Verset 6

Je continue le texte.

Alors la femme vit que le fruit de l’arbre était bon à manger, agréable aux yeux et qu’il était précieux pour ouvrir l’intelligence. Elle prit donc de son fruit et en mangea. Elle en donna aussi à son mari qui était avec elle, et il en mangea (Genèse 3.6).

La tentation a pris trois formes qui vont de l’extérieur à l’intérieur de la personne, du corps à l’âme à l’esprit : bon à manger pour le corps, agréable aux yeux, c’est-à-dire apprécié par mes sens, et finalement précieux pour ouvrir mon intelligence.

Beaucoup plus tard, l’apôtre Jean dans le Nouveau Testament va reprendre ces trois traits et les nommer : premièrement, la convoitise de la chair, c’est-à-dire la recherche du plaisir des sens ; deuxièmement la soif de posséder ce qui attire les regards ; et troisièmement l’orgueil qu’on peut tirer des réussites de la vie matérielle, statut social et conquêtes en tout genre.

Dans le Nouveau Testament, il nous est raconté l’histoire de Jésus qui est emmené dans le désert pour y être tenté par Satan. On retrouve cette attaque à trois dimensions contre le Christ. Il nous est dit qu’après avoir jeûné 40 jours, Jésus eut faim. Alors vint la première tentation, celle qui en appelle à la convoitise de la chair. Je lis le texte de l’Évangile :

Alors le diable lui dit : Si tu es le fils de Dieu, ordonne à cette pierre qu’elle devienne du pain.

En second lieu, ce fut un appel à la convoitise des yeux, le désir de possession. Je lis :

Le diable, l’ayant élevé, lui montra en un instant tous les royaumes de la terre, et lui dit : Je te donnerai toute cette puissance, et la gloire de ces royaumes si tu te prosternes devant moi.

Finalement, Satan en appelle à l’orgueil de la vie, celui d’être admiré pour une prouesse. Je lis :

Le diable le conduisit encore à Jérusalem, le plaça sur le haut du temple et lui dit : si tu es le Fils de Dieu, jette-toi d’ici en bas, car il est écrit que Dieu donnera des ordres à ses anges à ton sujet, afin qu’ils te gardent (Luc 4. 3-10).

Devant la tentation, son esprit à Ève, s’est ouvert au doute ; elle voit dorénavant ce Dieu comme un tyran qui lui soustrait toute une part d’avantages auxquels elle a droit. Satan a su étourdir son âme ainsi qu’Adam, qui semble-t-il est là planté comme un piquet à côté d’elle dans un état de zombi, ensorcelé lui aussi. Tous deux mangent du fruit défendu, et Satan, le père du mensonge, devient soudain leur père.

On peut se poser d’autres questions. Non seulement c’est Dieu qui avait planté l’arbre de la connaissance du bien et du mal, mais lui qui est le Tout-Puissant, pourquoi a-t-il permis à Satan d’entrer dans le jardin, de se déguiser, de tenter nos premiers parents et pourquoi ne les a-t-il pas empêchés de tomber dans le piège qui leur était tendu ?

C’était, semble-t-il, l’épreuve obligatoire qui accompagne le libre arbitre, la liberté de faire des choix dans le domaine moral et spirituel. C’est aussi par considération, par respect pour Adam et Ève que Dieu leur a laissé toute liberté de choix. Notre adversaire irréductible convoitait ardemment la magistrature suprême de prince de la création que Dieu avait donnée à Adam, et il a réussi à l’avoir pour un temps qui dure toujours.

Aujourd’hui encore, la nature, le monde animal et la race humaine sont soumis sous contrainte juridique à un autre maître, qui nous a tous réduits contre notre gré à une dure servitude. Car Satan a usurpé le gouvernement de la création que Dieu avait confié à Adam. Et depuis ce triste jour dans le jardin d’Éden, le diable a été catapulté au rang de prince et de dieu de ce monde. À partir d’ici nous sont données les conséquences de cette désobéissance.

Verset 7

Je lis :

Aussitôt, les yeux de tous deux s’ouvrirent et ils se rendirent compte qu’ils étaient nus. Alors ils se firent des pagnes en cousant ensemble des feuilles de figuier (Genèse 3.7).

Suite à cet acte de rébellion, la nature de l’homme changea, devint pervertie et ennemie de Dieu. Ce sont les yeux de leur conscience qui s’ouvrirent. C’est comme une sonnette d’alarme qui a retenti. Avant cet acte de désobéissance, ils ne connaissaient que le bien personnifié en Dieu et ignoraient tout du mal, un concept qui leur était étranger. Désormais, la transparence de la relation homme-femme est brisée. Ils éprouvent le besoin de se couvrir et de se cacher l’un à l’autre, comme de Dieu ; et suite à leur faute, ils font l’expérience de la culpabilité. Ce sentiment fait maintenant autant partie de notre être que nos bras ou nos jambes.

Mais au lieu de reconnaître leur terrible faute, ils essaient un subterfuge pathétique, un malheureux cache-sexe fait de feuilles de figuier pour limiter les dégâts et essayer de dissimuler la conscience de leur nudité, une des conséquences de leur désobéissance. Adam et Ève s’imaginent qu’en se revêtant ainsi ils se rendent acceptables aux yeux de leur créateur au lieu de reconnaître humblement leur terrible faute.

Chose curieuse, le seul arbre spécifiquement mentionné dans le jardin d’Éden est le figuier. C’est aussi le seul qui à une occasion fut maudit par le Christ dans l’Évangile, après quoi Jésus dénonça fortement l’hypocrisie des prêtres de son époque, en leur disant :

Vous êtes comme un mausolée de marbre, magnifique à l’extérieur et plein d’ossements à l’intérieur.

Les choses n’ont pas vraiment changé aujourd’hui et l’homme essaie toujours de se donner bonne conscience par toutes sortes de pratiques rituelles ou de bonnes œuvres. Ainsi en va-t-il de la religion, c’est un enduit de surface tandis que Dieu désire un changement de cœur. Le christianisme tel qu’il est présenté dans le Nouveau Testament est une renaissance et une foi personnelle en la personne du Christ.

Versets 8-15

Je continue la suite du texte.

Au moment de la brise du soir, ils entendirent l’Éternel Dieu parcourant le jardin. Alors l’homme et sa femme se cachèrent de l’Éternel Dieu parmi les arbres du jardin. Mais l’Éternel Dieu appela l’homme et lui demanda : Où es-tu ? Celui-ci répondit : Je t’ai entendu dans le jardin et j’ai eu peur, car je suis nu ; alors je me suis caché. Dieu dit : Qui t’a appris que tu es nu ? Aurais-tu mangé du fruit de l’arbre dont je t’avais défendu de manger ? Adam répondit : C’est la femme que tu as placée auprès de moi qui m’a donné du fruit de cet arbre, et j’en ai mangé. L’Éternel Dieu dit à la femme : Pourquoi as-tu fait cela ? C’est le serpent qui m’a trompée, répondit la femme, et j’en ai mangé. Alors l’Éternel Dieu dit au Serpent : Puisque tu as fait cela, te voilà maudit parmi tout le bétail et les animaux sauvages, tu te traîneras sur le ventre et tu mangeras de la poussière tout au long de ta vie. Je susciterai l’hostilité entre toi-même et la femme, entre ta descendance et sa descendance. Celle-ci t’écrasera la tête, et toi tu lui écraseras le talon (Genèse 3.8-15).

Dans ce passage, Dieu appelle Adam bien que ce soit la femme qui fut séduite, parce que c’est à l’homme que le Créateur avait dit de ne pas manger du fruit de cet arbre de la connaissance du bien et du mal. Dieu pose quatre questions, mais il ne cherchait pas des renseignements, car il connaissait bien sûr les réponses. Il demande tout d’abord : Adam où es-tu ? Si on considère toutes les religions du monde dans leur globalité, elles ont un point commun : c’est toujours l’homme qui cherche Dieu.

Depuis le jardin d’Éden et tout au long de l’histoire de l’humanité, l’homme s’est détourné de son Créateur qui le cherche parce qu’il veut le repêcher. C’est ce que veut dire la phrase : L’Éternel Dieu appela l’homme et demanda : « Où es-tu ? » Un commentateur biblique a bien cerné tout le sens de cette quête par Dieu de l’homme. Voici ce qu’il a écrit : c’est l’appel de la justice divine qui ne peut ignorer la faute ; c’est l’appel d’un Dieu attristé par l’homme non repentant ; c’est l’appel d’un Dieu qui aime sa créature et qui veut lui offrir le pardon.

Dans le paradis perdu, le Créateur cherchait l’homme et attendait de lui une honnête confession. Malheureusement, cette perche que Dieu lui tendait, Adam ne l’a pas prise ; et maintenant qu’il a chuté, il connaît à la fois la culpabilité et la peur. Tant qu’il était en communion avec son Créateur, il ignorait ces sentiments qui naquirent de la rupture du contact avec Dieu et du tourment qui en résulta.

Ce même Dieu qui était parti à la recherche d’Adam poursuit la même démarche aujourd’hui. Il propose toujours la réconciliation à la multitude des angoissés de notre époque. Ce n’est pas pour rien que les Écritures contiennent 366 fois l’expression : Ne crains pas ou n’aie pas peur ou quelque chose du même genre. Si je ne me trompe pas, nous, Français, détenons le record mondial de consommation de psychotropes, calmants et antidépresseurs de toute sorte.

La deuxième question de Dieu est : Qui t’a appris que tu étais nu ? À nouveau, Dieu languit après une réponse vraie, sincère de la part d’Adam. Il leur aurait été si facile d’avouer leur faute.

La troisième question « Est-ce que tu as mangé du fruit de l’arbre » est une nouvelle occasion pour Adam d’ouvrir son cœur, de tout raconter et d’avouer son délit. Mais la situation va de mal en pis. Non seulement Adam ne reconnaît pas ses tors, mais en plus il blâme Ève et indirectement accuse Dieu de lui avoir donné cette femme pécheresse. Quant à elle, ce n’est pas sa faute, mais celle du serpent. Toute cette histoire est pathétique.

Mais avant de leur lancer la pierre, je me demande si nous ne faisons pas comme eux lorsque nous sommes confrontés à nos fautes. Ne sommes-nous pas tout aussi prêts à les dissimuler derrière une futaie d’excuses ou une forêt d’accusations portées contre autrui, la société, Dieu ou le diable ? Cette mauvaise habitude, que nous avons de trouver en premier lieu des tors chez les autres, nous vient directement de nos premiers parents dans le jardin d’Éden.

Or Adam et Ève auraient pu obtenir miséricorde et prospérer, mais ils ne connurent que malheurs et souffrances parce qu’ils refusèrent de courber l’échine devant leur Créateur, qui patiemment cherchait à les repêcher. Quelle catastrophe pour eux et pour nous ! Un proverbe de l’Ancien Testament dit ceci :

Celui qui cache ses fautes ne prospère pas, mais celui qui les avoue et les délaisse obtient miséricorde (Proverbes 28.13).

La quatrième question de Dieu Pourquoi as-tu fait cela ? est adressée à Ève qui n’avait aucune intention d’avouer quoi que ce soit et c’est le serpent qui est le bouc émissaire. Puisque les coupables n’ont pas reconnu leurs tors, le Créateur va faire les comptes. Il va définir les responsabilités de chacun qui devra assumer les conséquences de sa faute afin que justice soit faite.

En premier lieu, Dieu prononce une malédiction contre le serpent parce qu’il a accepté que le diable s’incarne en lui ; il mordra la poussière durant toute sa vie. C’est à ce moment que le serpent devint le reptile répugnant que nous connaissons.

Ensuite, c’est au tour du diable. Par ces paroles : Je susciterai l’hostilité entre toi-même et la femme, entre ta descendance et sa descendance, avec ses paroles, donc Dieu déclare la guerre à Satan ; une lutte qui se poursuivra pendant des millénaires jusqu’à la fin des temps. Cette lutte prolongée et sans merci implique coups et blessures de part et d’autre.

Il y aura hostilité entre la postérité du diable, c’est-à-dire ses instruments, ceux qui le servent, et la postérité de la femme, c’est-à-dire ceux qui ont choisi de servir le Dieu du ciel et de la terre et surtout Jésus-Christ qui est venu sur terre pour devenir le champion de l’humanité ; d’ailleurs, il se donne lui-même le nom de Fils de l’homme. Tous ceux qui placent en Jésus leur confiance subiront les assauts du diable durant le cours de cette vie, mais un jour ils marcheront triomphants derrière le Christ.

Commentaire biblique radiophonique écrit par le pasteur et docteur en théologie : Vernon McGee (1904-1988) et traduit par le pasteur Jacques Iosti.

avril 19 2024

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