Genèse 2.9 – 3.1
Chapitre 2
Introduction
Lorsqu’on parcourt les rues de nos grandes cités, on ne manque pas de rencontrer des gens qui ont l’appellation peu flatteuse d’épave ou de clochard. Mais les apparences sont trompeuses, car derrière cette loque humaine se trouve une personne créée à l’image de Dieu et qui a reçu le souffle de vie divine. Cette image peut ternir, s’estomper au point de devenir invisible, mais l’homme le plus vil demeure l’objet de la compassion de Dieu qui l’a rendu capable de penser, choisir, et aimer. Il a été gratifié du pouvoir d’exercer une activité créatrice et même de communiquer avec Dieu ; c’est ce qui le rend infiniment supérieur à toute autre créature vivante.
Verset 8
Je continue à lire dans le chapitre 2 de la Genèse.
L’Éternel Dieu planta un jardin vers l’Orient : l’Éden, le Pays des délices. Il y plaça l’homme qu’il avait façonné (Genèse 2.8).
Dieu n’a pas déposé l’homme n’importe où, mais dans un merveilleux environnement où rien ne manquait et d’où il tirerait sa nourriture. Où se trouve cet endroit paradisiaque ? Le jardin d’Éden a été l’objet d’innombrables légendes et de vaines recherches, car il a disparu suite à la malédiction prononcée par Dieu sur l’homme et notre monde. Néanmoins, il y a de fortes chances pour que ce fût quelque part en Irak dans ce qu’on appelle le croissant fertile dans la vallée entre le Tigre et l’Euphrate. Il fut un temps où cette région était tellement fertile que ses habitants n’avaient pas à planter ou à semer, car le blé et l’orge poussaient tout seuls ; ils n’avaient qu’à récolter.
Verset 9
Je continue le texte.
L’Éternel Dieu fit pousser du sol toutes sortes d’arbres d’aspect agréable portant des fruits délicieux, et il mit l’arbre de la vie au milieu du jardin. Il y plaça aussi l’arbre de la détermination du bien et du mal (Genèse 2.9).
Ce jardin existait déjà avant la venue de l’homme ; il était à la fois forêt enchanteresse et merveilleux verger, où se trouvaient toutes les essences d’arbres possibles et imaginables. Ceux-ci étaient à la fois beaux et portaient d’excellents fruits. Nos premiers parents avaient la capacité d’apprécier une belle œuvre d’art, un beau parc, un coucher de soleil radieux ou les multiples couleurs d’un oiseau tropical.
En dehors de la période estivale comme en septembre, la Côte d’Azur est paradisiaque ; le spectacle des falaises escarpées qui plongent dans une mer bleue sous un soleil d’automne est une carte postale, littéralement d’ailleurs. C’est pareil pour les alpages, lorsqu’ils sont couverts de fleurs au printemps ; leur splendeur est à vous couper le souffle.
Le jardin d’Éden devait être d’une beauté époustouflante et aussi nourrissante. Parmi tous les arbres, deux spécimens sont très particuliers : l’arbre conférant la vie est mis à la disposition d’Adam et Ève ; il exprime le projet de vie du Créateur à l’égard de l’être humain ainsi que sa dépendance envers Dieu. Par contre, manger du fruit de l’arbre de la connaissance du bien et du mal représente la volonté d’autonomie vis-à-vis du Créateur, le désir de décider soi-même ce qui est bien et ce qui est mal. Mais pourquoi cet arbre ? Dieu voulait qu’Adam passe de la neutralité, de l’innocence de l’enfant nouveau-né à la stature d’homme responsable de ses actes, dont celui de faire le bon choix dans l’alternative qui lui était proposée.
Versets 10-17
Je continue le texte.
Du pays d’Éden sortait un fleuve qui arrosait le jardin. De là, il se divisait en quatre bras. Le nom de l’un était Pichôn ; il contourne tout le pays de Havila au sol gorgé d’or, un or d’excellente qualité. On trouve aussi dans cette contrée de l’ambre parfumé et la pierre précieuse appelée onyx. Le deuxième fleuve s’appelait Guihôn, il parcourt toute l’Éthiopie. Le troisième fleuve s’appelait le Tigre, c’est celui qui coule à l’orient de l’Assyrie. Et le quatrième fleuve c’est l’Euphrate. L’Éternel Dieu prit l’homme et l’établit dans le jardin d’Éden pour le cultiver et le garder. Et l’Éternel Dieu ordonna à l’homme : Mange librement des fruits de tous les arbres du jardin, sauf du fruit de l’arbre de la détermination du bien et du mal. De celui-là, n’en mange pas, car le jour où tu en mangeras, tu mourras de mort (Genèse 2.10-17).
Le fleuve qui se divise en plusieurs bras prouve la surabondance des eaux, symbole de vie, qui jaillissait du pays d’Éden. « Quatre » évoque l’universalité comme les points cardinaux. Ce jardin était destiné à tout le genre humain. Le mot hébreu Kouch est traduit par Éthiopie, mais désigne une région qui inclut aussi le Soudan. Guihôn, le deuxième fleuve est le Nil. Le verbe traduit par mange librement est dédoublé pour bien marquer que l’homme pouvait effectivement manger d’absolument tous les arbres sauf un. Dans sa générosité, le Créateur met toutes les richesses de la terre à la disposition de l’homme.
Quand Dieu dit tu mourras de mort, ici aussi le verbe est dédoublé pour accentuer la certitude de l’accomplissement de cette menace en cas de désobéissance. Bien sûr, ce n’était pas l’intention de Dieu qu’Adam meure, mais il est mis à l’épreuve afin de déterminer s’il allait ou non obéir à son Créateur. Le libre arbitre donne des privilèges qui sont accompagnés de responsabilités.
Versets 18-22
Je continue le texte.
L’Éternel Dieu dit : Il n’est pas bon que l’homme soit seul, je lui ferai une aide qui soit semblable à lui. L’Éternel Dieu qui avait façonné du sol tous les animaux des champs et tous les oiseaux du ciel, les fit venir vers l’homme pour voir comment il les nommerait, afin que tout être vivant porte le nom que l’homme lui donnerait. L’homme donna donc un nom à tous les animaux domestiques, à tous les oiseaux du ciel et aux animaux sauvages. Mais il ne trouva pas d’aide qui soit semblable à lui. Alors l’Éternel Dieu plongea l’homme dans un profond sommeil. Pendant que celui-ci dormait, il prit une de ses côtes et referma la chair à la place. Puis l’Éternel Dieu forma une femme de la côte qu’il avait prise de l’homme, et il l’amena à l’homme (Genèse 2.18-22).
Adam était suffisamment seul pour se rendre compte qu’il lui manquait quelqu’un. L’homme n’est pas fait pour vivre en solitaire. Dès sa création, il fut créé avec une dimension sociale. C’est un être-avec qui s’épanouit dans une relation avec son semblable. Tragiquement, j’ai entendu dire que la moitié des habitants de Paris vit seule. Et qui de nos jours se préoccupe du sort des isolés ?
La première tâche confiée à l’homme fut de nommer les animaux. En cela, Adam exerce l’autorité que Dieu lui a donnée sur la création. Comme aucun de ces êtres vivants n’avait été créé à l’image de Dieu, Adam ne trouva pas d’égal à lui-même. Ce fait souligne une fois encore l’immense abîme qui sépare l’homme des autres organismes. On peut s’imaginer qu’Adam a dit au Créateur qu’aucun d’eux ne faisait l’affaire, sur quoi Dieu a répondu qu’il allait arranger ça en moins de temps qu’il n’en faut pour le dire. Et hop Adam est parti dans les bras de Morphée, le dieu des songes et le tour fut joué.
L’aide semblable que le Créateur offrit à l’homme était le reflet de sa propre personne. Bien entendu, l’Éternel aurait pu faire jaillir de la poussière de la terre une Ève parfaite, mais il a choisi une autre façon de faire qui est très révélatrice de la manière dont Il envisageait la relation de couple. Ève est issue du côté d’Adam pour montrer qu’elle fait partie de l’homme. Elle est son vis-à-vis, sa moitié, à la fois semblable et différente de lui.
Un auteur américain (Matthieu Henry) a écrit ceci : Dieu n’a pas fait la femme de la tête de l’homme pour qu’elle domine sur lui, ni de ses pieds pour qu’il la piétine, mais de son côté pour qu’elle soit son égale, sous son bras pour qu’il la protège, et près de son cœur pour qu’il la chérisse. Une belle parole à méditer.
Dans le paradis premier, la femme n’est pas le double de l’homme, mais a été créée pour le compléter ; Dieu voulait que l’homme s’attache à sa femme et qu’il l’aime. À l’amour de l’homme envers elle, la femme répond par la douceur et la tendresse. Aujourd’hui, nous sommes bien loin de ce tableau idyllique et tous les abus sont non seulement possibles, mais monnaie courante.
Versets 23-25
Je finis le chapitre 2 de la Genèse.
Alors l’homme s’écria : Voici bien cette fois celle qui est os de mes os, chair de ma chair. Elle sera appelée femme, car elle a été prise de l’homme. C’est pourquoi un homme se séparera de son père et de sa mère et s’attachera à sa femme, et les deux ne feront plus qu’une seule chair. L’homme et sa femme étaient tous deux nus sans en éprouver aucune honte (Genèse 2.23-25).
La création d’Ève pour Adam est une magnifique histoire romantique, et elle est vraie. En hébreu le mot pour femme est homme + la terminaison du féminin. C’est ce qui explique la phrase : elle sera appelée femme parce qu’elle est issue de l’homme. Le dessein de Dieu pour les adolescents est qu’arrivés à maturité ils se séparent de leurs parents respectifs et un garçon et une fille s’attachent l’un à l’autre pour former un nouveau couple.
Dans le plan divin, l’homme assume la responsabilité de sa femme et du nouveau foyer. Au jour d’aujourd’hui, ça fait peut-être un peu ringard, mais le mariage tout comme la société et les nations sont des institutions divines destinées à toute l’humanité de tous les temps. Certes, je suis libre de rejeter Dieu et le mariage, de vivre en marge de la société, mais je devrais assumer les conséquences de mes actes, selon ce que dit le proverbe : comme on fait son lit, on se couche.
L’aumônier de la prison de Nuremberg était un vrai croyant et il avait toute liberté de communiquer les vérités bibliques à ses pensionnaires. Il était ainsi en contact permanent avec plusieurs fameux et infâmes chefs nazis emprisonnés après la Seconde Guerre mondiale. Il relate que dans son dernier entretien avec Hermann Goering, le numéro 2 de l’Allemagne nazi, celui-ci se moqua de la Bible, de Dieu, et du récit de la création ; deux heures après que je l’ai quitté dit-il, il se suicida dans sa cellule.
Cela me fait penser à ces paroles du Nouveau Testament qui disent :
Ne vous faites pas d’illusion, on ne se moque pas de Dieu. Ce qu’un homme aura semé, il le récoltera (Galates 6.7).
L’expression faire qu’une seule chair ne vise pas seulement la relation sexuelle, mais aussi la création d’une nouvelle cellule sociale de la communauté humaine, une union qui embrasse tous les domaines de la vie. Ce verset qui enjoint de quitter père et mère et de s’attacher à sa femme est l’essence du mariage et est cité plusieurs fois dans le Nouveau Testament. Pour que le jeune couple puisse former un nouveau système relationnel, les conjoints ne doivent plus dépendre de leurs parents surtout sur le plan émotionnel et doivent s’adapter l’un à l’autre à tous les niveaux.
Le texte dit : Ils étaient nus et n’en avaient pas honte. Cette précision nous est donnée parce que dans l’ensemble des Écritures, la nudité est associée à la misère physique ou morale. Ici, l’accent est mis sur le fait que nos premiers parents vivaient ensemble ouvertement, en toute transparence l’un devant l’autre, sans aucun voile ni hypocrisie. Voilà donc pour la création d’Adam et Ève, le cadre de vie paradisiaque, leurs responsabilités dans le jardin et envers Dieu.
Chapitre 3
Introduction
Le chapitre 3 de la Genèse est celui de la tentation et de la désobéissance d’Adam et Ève, la malédiction divine et de la promesse d’un sauveur. Ce passage est sans doute le plus significatif des Textes Sacrés et le pivot de toute l’histoire humaine. Jusque-là, l’homme est innocent et vit en parfaite harmonie avec la nature, sa femme et son Créateur. Tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes.
Dans le chapitre 4, on découvre la jalousie, la colère, le complot et la rage, le meurtre, le mensonge, la méchanceté, la corruption, la rébellion, et le jugement.
C’est le chapitre 3 qui explique l’origine du mal sous toutes ses formes et de la condition présente de l’homme, déchu et ruiné dans toute sa nature. Adam et Ève vont être confrontés aux ruses subtiles de leur adversaire le diable et à leur incapacité de se conduire avec droiture et de marcher dans la voie divine.
C’est dans ce chapitre que commence le grand drame qui se joue dans l’histoire humaine depuis des milliers d’années, que nous découvrons les conséquences désastreuses de la désobéissance d’Adam et Ève ; dorénavant, ils vont fuir Dieu et dans leur décadence morale chercher à se réhabiliter par leurs propres moyens.
Ce texte est la première référence à un nombre de vérités bibliques, car c’est ici que nous découvrons la grâce de Dieu envers sa créature rebelle, grâce qui va pourvoir à son immense besoin de pardon et de salut. C’est également dans ce chapitre que débute la longue suite de prophéties qui jalonnent les Écritures annonçant la venue du Messie. Finalement, ici nous apprenons que l’homme, même repentant, ne peut s’approcher du Dieu trois fois Saint que par le biais d’un médiateur.
Verset 1
Je commence à lire le chapitre 3.
Le serpent était le plus rusé de tous les animaux des champs que l’Éternel Dieu avait faits. Il demanda à la femme : Dieu a-t-il réellement dit : « Vous ne mangerez pas de tous les arbres du jardin ? » (Genèse 3.1).
Adam fut créé neutre et innocent par rapport au mal, comme je l’ai déjà dit. Pour acquérir le statut de juste, il fallait qu’il fasse le bon choix. Si je résiste à la tentation, je confirme mon caractère moral, mais si j’y cède je me corromps. Contrairement aux animaux, Adam fut créé un être responsable de ses actes ; il devait obéir à un commandement divin spécifique : tu ne mangeras pas du fruit de l’arbre de la connaissance du bien et du mal. Cet ordre n’était pas injuste, il ne condamnait pas Adam à mourir de faim, puisque cet arbre n’en était qu’un parmi une multitude qui portaient tous de bons fruits. Le véritable enjeu était de savoir si l’homme consentirait à obéir à Dieu et à dépendre de lui.
Dès le début apparaît le serpent ; mais d’où sort-il donc celui-là ? Comment se trouve-t-il ici dans le jardin d’Éden ? Rien ne nous est dit. À l’origine, le serpent n’était pas un reptile, il le devint après avoir été maudit par Dieu. Il y a fort à parier qu’il était à la fois la plus intelligente et la plus belle des créatures, un être merveilleux qui sut fasciner Ève par sa magnificence avant même de parler avec elle. Des traces de cette beauté primitive du serpent subsistent en dépit de sa présente condition. Chacun de ses mouvements est gracieux, et bien des espèces sont magnifiquement colorées. Si Satan a choisi cet animal pour s’y incarner, c’est parce qu’il répond lui aussi au qualificatif de parfait en beauté. En effet, dans un texte de l’Ancien Testament il est écrit de lui :
Tu étais plein de sagesse, parfait en beauté. Tu étais en Éden, le jardin de Dieu (Ézéchiel 28.12-13).
Le tentateur ne fait pas figure d’épouvantail pour s’assujettir ses victimes, loin de là ; le diable est un maître enchanteur. Dans l’ancien Proche-Orient, le serpent évoquait la séduction des puissances occultes, la pratique de rites mystérieux et d’actes magiques. Dans les Textes Sacrés, il est toujours vu comme l’adversaire de Dieu et des hommes et est particulièrement actif dans l’Apocalypse, le dernier livre du Nouveau Testament. Je cite un passage :
Il fut précipité, le grand dragon, le Serpent ancien, qu’on appelle le diable et Satan, celui qui égare le monde entier (Apocalypse 12.9).
On peut aussi se demander pourquoi le serpent s’en est pris à Ève plutôt qu’à Adam. Était-ce parce qu’elle était plus influençable qu’Adam ? Généralement parlant, les femmes ont en elles le désir inné de plaire et sont par nature plus sensibles que les hommes. Là aussi, le texte est silencieux.
Dans la question que pose le serpent à Ève : Dieu a-t-il réellement dit, il y met le ton de la surprise indignée, il présente l’interdit comme une monstrueuse privation. Il veut faire douter Ève de la Parole de Dieu et surtout de sa bonté. Par la voix, l’attitude, les mouvements, il communique que certes, Dieu les avait comblés de biens inestimables au sein d’un jardin où rien ne manquait, mais en même temps, Il les avait frustrés de dons plus merveilleux et de fruits encore meilleurs, ceux justement de l’arbre de la connaissance du bien et du mal. Le serpent dépeint le Créateur comme égoïste et répressif. Si Dieu est bon, pourquoi cette restriction ? Si Dieu m’aime pourquoi ai-je des malheurs ?
Commentaire biblique radiophonique écrit par le pasteur et docteur en théologie : Vernon McGee (1904-1988) et traduit par le pasteur Jacques Iosti.