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29 avril 2022

Genèse 29.18 – 30.33

Chapitre 29

Introduction

Qu’est-ce que La Fontaine et le roi Salomon ont en commun ? Tous deux ont raconté des histoires et tiré des leçons de morale. Le premier a écrit : Tant va la cruche à l’eau qu’à la fin elle se casse. Et le second :

Celui qui creuse une fosse y tombera lui-même, et la pierre revient sur celui qui la roule (Proverbes 26.27).

Bien qu’il soit l’héritier de la bénédiction de l’Éternel à Abraham, Jacob avait une façon bien à lui de progresser dans la vie : la roublardise. Seulement voilà, il vient sans le savoir de faire connaissance du maître en la matière : son oncle Laban. Je continue à lire dans le chapitre 29 de la Genèse.

Puis Laban dit à Jacob : Travailleras-tu pour rien chez moi parce que tu es mon neveu ? Dis-moi ce que tu voudrais comme salaire. Or Laban avait deux filles, l’aînée s’appelait Léa, et la cadette Rachel. Léa avait le regard tendre, mais Rachel était bien faite et d’une grande beauté. Jacob s’était épris de Rachel et il dit à Laban : Je te servirai pendant sept ans si tu me donnes Rachel, ta fille cadette, en mariage (Genèse 29.15-18).

Jacob vient de passer un mois à aider son oncle avec les soins des troupeaux sans rien demander sinon d’être nourri, logé et blanchi ; entre-temps, il est tombé follement amoureux de sa cousine Rachel qu’il veut à n’importe quel prix, littéralement. Il ne sait pas qu’il vient de passer un nœud coulant autour de sa nuque. Il ne se doute pas encore que son oncle va lui en faire voir des vertes et des pas mûres.

Léa, l’aînée des filles ; n’a pas la chance de sa sœur et l’expression avoir le regard tendre signifie être physiquement chétive. Bien bâti, Jacob est attiré par Rachel qui ferait la couverture glacée du magazine : Miss Univers. À cette époque, les filles étaient considérées comme la propriété de leur père et le fiancé versait habituellement une dot à son futur beau-père. S’il ne pouvait la payer, il s’acquittait de sa dette par un service en nature.

Je conçois que cette manière de procéder est assez choquante pour nous occidentaux, mais c’était aussi une façon de protéger les filles contre le premier venu. Si Monsieur Muscle par ses biceps ou Don Juan par ses flatteries mielleuses arrive à fasciner votre fille, le papa sera sans aucun doute beaucoup moins facile à séduire ce qui met une barrière face à un individu pas bien sérieux ou trop entreprenant. Rachel a tellement fait tourner la tête à Jacob qu’il offre 7 années de travail non rémunérées pour elle, ce qui est excessivement cher payé. À titre indicatif, quelques siècles plus tard la dot moyenne s’élevait à environ 50 jours de travail.

Laban n’en croit pas ses oreilles et se dit que sa bonne étoile lui a souri et la fortune est venue frapper à sa porte. Il va tirer grand profit du fait que Jacob ne sait plus où il en est, tellement Rachel l’a envoûté par sa beauté.

Versets 19-22

Je continue.

Et Laban répondit : je préfère te la donner à toi plutôt qu’à un autre. Reste chez moi. Jacob travailla sept ans pour obtenir Rachel, et ces années furent à ses yeux comme quelques jours parce qu’il l’aimait. Puis il dit à Laban. Donne-moi maintenant ma femme, car j’ai accompli mon temps de service et je voudrais l’épouser. Alors Laban fit un festin auquel il invita tous les habitants de la localité (Genèse 29.19-22).

Cette phrase, et ces années furent à ses yeux comme quelques jours parce qu’il l’aimait, est des plus charmantes. Tout comme Isaac son père aima Rébecca, sa mère, Jacob était tellement épris de Rachel que le travail qu’il faisait en vue de l’obtenir était une pure joie. Jusqu’à présent, cette histoire est un vrai roman d’amour et Rachel fut réellement pour Jacob la femme de sa vie. Finalement, vient l’heure des épousailles avec un festin de noce qui durait habituellement 7 jours.

Pour l’instant, tout va bien, mais Dieu n’a pas oublié les entourloupettes de Jacob et le moment est venu de passer au second acte, car son caractère tordu demande un redressement ; 7 ans de service était un lourd tribut à payer, mais seulement un acompte ; Jacob ne sait pas encore de quoi son oncle Laban est capable, mais il ne va pas tarder à l’apprendre en recevant la rétribution des tours de cochon qu’il a joués à son frère et à son père.

Versets 23-25

Je continue.

La nuit venue, Laban prit sa fille Léa et l’amena à Jacob qui s’unit à elle. Il donna sa servante Zilpa à sa fille Léa. Le lendemain matin, Jacob se rendit compte que c’était Léa. Alors il dit à Laban : Que m’as-tu fait ? N’est-ce pas pour Rachel que j’ai travaillé chez toi ? Pourquoi alors m’as-tu trompé ? (Genèse 29.23-25).

Le roman d’amour tourne au sordide. Il fut facile à Laban de donner le change à Jacob parce que la fiancée était amenée voilée dans la chambre nuptiale qui n’était pas éclairée. L’oncle a profité de ce que Jacob était follement amoureux de Rachel pour lui jouer un tour pendable ; il pensait qu’il pourrait facilement tirer encore sept années de travail gratuites de lui. Jacob n’a jamais fait que moissonner ce qu’il avait semé ; la supercherie dont il a été victime correspond à la lettre à celle dont il avait usé pour tromper Isaac. Dédaigné par son père, Jacob s’était déguisé afin de se substituer à son frère Ésaü profitant ainsi du fait qu’Isaac était aveugle. Ce micmac le força d’ailleurs à prendre la fuite, car son frère n’avait pas apprécié la plaisanterie et voulait lui faire la peau.

Pareillement, la fille aînée, dédaignée par Jacob, a été substituée à la cadette qu’il aimait. Jacob avait prétendu à son père être l’aîné, alors qu’il était le cadet. Il a cru recevoir la cadette pour femme et c’est l’aînée qui est dans son lit ; le trompeur a été trompé. Il a beau être l’héritier des promesses de l’Éternel à Abraham, Jacob ne pouvait échapper à la correction divine.

Versets 26-27

Je continue.

Laban répondit : Chez nous, il n’est pas d’usage de marier la cadette avant l’aînée. Mais termine la semaine de noces avec celle-ci et nous te donnerons aussi l’autre en contrepartie de sept autres années de travail chez moi (Genèse 29.26-27).

Comme certains vendeurs peu scrupuleux, Laban dit à Jacob qu’il avait oublié de lui préciser quelques points de détail du contrat écrits en petits caractères. Cet oncle un tantinet esclavagiste dit pourtant la vérité en ce qui concerne la coutume de marier l’aînée des filles en premier. Aujourd’hui encore, on fait ainsi dans certaines tribus nomades du Proche-Orient et c’est une bonne idée. En effet, dans ces cultures fortement machos, les femmes qui ne trouvent pas d’époux sont réduites à la mendicité ou à la prostitution, car elles sont virtuellement exclues de la société.

Il est donc compréhensible qu’un père qui aime ses enfants veuille s’assurer que ses filles soient casées. Laban savait que Rachel trouverait toujours à se marier, mais il se faisait du souci pour sa fille aînée qui n’attirait pas les regards et peut-être même les repoussait, d’où le stratagème. Ce n’était certes pas très honnête de sa part, mais il s’est montré un bon père soucieux du bien-être de ses enfants.

Dans nos sociétés occidentales, bon nombre de femmes, moins privilégiées d’une manière ou d’une autre, ne trouvent pas à se caser, ce qui n’est pas juste, surtout que la beauté est bien éphémère. Mais à part les parents, qui s’en soucie ? L’état de célibat est beaucoup moins important en Occident, mais quand même. Moi je pense que beaucoup de coutumes ont de bonnes raisons d’être même si on en oublie quelquefois le pourquoi qui se perd dans l’origine des temps. Donc, l’habitude de marier la fille aînée en premier est une bonne chose surtout dans le contexte social oriental et puis cela lui évite d’être jalouse de ses sœurs cadettes mariées avant elle. Léa sachant pertinemment que ses chances de mariage étaient très faibles a entièrement marché dans la combine de son père.

Versets 28-30

Je continue.

Jacob accepta : il termina cette semaine-là avec Léa, et Laban lui donna sa fille Rachel pour épouse. Il donna aussi à Rachel sa servante Bilha. Jacob s’unit également à Rachel qu’il aimait plus que Léa. Il travailla encore sept autres années chez Laban (Genèse 29.28-30).

L’histoire d’amour tourne au sordide. À la fin de la première semaine, Jacob reçoit également Rachel pour femme ; il a maintenant deux sources d’ennuis sur les bras parce qu’elles vont se chamailler continuellement. Plus tard, la Loi de Moïse interdira d’épouser simultanément deux sœurs à cause des jalousies que cela suscite. Laban se frotte les mains, il a fait un super carton, deux même, sur le dos de son neveu qui a eu la bonne idée de se réfugier chez lui. D’une part, il a casé ses deux filles avec quelqu’un de bonne famille, terme relatif, et d’autre part, comme tout bon esclavagiste, il récupère 14 années de travail qui ne lui coûte aucun salaire. C’est un imposteur de première catégorie, mais il faut quand même lui tirer son chapeau pour sa finesse.

On peut se demander où est l’Éternel dans cette histoire un peu abracadabrante ; il n’a été consulté ni par Laban qui ne vit que pour l’appât du gain, ni par Jacob qui est un arriviste qui a été pris à son propre piège. Cependant, Dieu est bien là qui veille à la poursuite de son programme.

Versets 31-35

Je finis ce chapitre.

L’Éternel vit que Léa était mal aimée et il lui accorda des enfants, tandis que Rachel était stérile. Ainsi Léa devint enceinte et donna naissance à un fils qu’elle appela Ruben, ce qui veut dire : Voyez, un fils !, car elle dit : L’Éternel a vu ma misère ; à présent mon mari m’aimera. Puis elle fut de nouveau enceinte et eut encore un fils. Elle dit : L’Éternel a entendu que je n’étais pas aimée et il m’a encore accordé celui-ci. Elle l’appela Siméon, ce qui veut dire : il entend, elle devint encore enceinte et enfanta un fils. Elle dit : Cette fois-ci mon mari s’attachera à moi, car je lui ai donné trois fils. C’est pourquoi on l’appela Lévi, ce qui veut dire : il s’attache. De nouveau elle devint enceinte et eut un fils. Elle s’écria : Cette fois, je louerai l’Éternel. C’est pourquoi elle le nomma Juda. Puis elle cessa d’avoir des enfants (Genèse 29.31-35).

Jacob aime les femmes bien faites, alors Dieu, voyant que Léa n’attisait pas l’intérêt de son mari, a compassion d’elle en la rendant féconde, ce qui dans la culture orientale était plus important que la beauté. De plus, elle donne naissance à des fils, ce qui augmente d’autant son prestige. Ruben, l’aîné, perdra les privilèges de premier-né à cause d’une faute grave qu’il commettra. Lévi sera le chef de la tribu sacerdotale ; il est l’ancêtre de Moïse et de son frère Aaron, le premier grand-prêtre dont la lignée donnera les prêtres qui rendront un culte à l’Éternel. Les noms des trois premiers garçons de Léa reflètent la fierté tout orientale de mère, mais avec le quatrième son attitude change.

Jusqu’à présent, elle invoquait uniquement l’Éternel en vue d’obtenir l’amour de son mari, mais maintenant elle a appris à trouver satisfaction en Dieu puisqu’elle dit : je louerai l’Éternel, ce qui se reflète dans le nom Juda qu’elle donne à son 4e garçon et qui veut dire : il loue. Juda deviendra la plus puissante des 12 tribus d’Israël d’où seront issus le grand roi David, le puissant Salomon et Jésus-Christ, le Messie et Sauveur du monde.

Chapitre 30

Versets 1-3

Nous arrivons maintenant au chapitre 30 de la Genèse dont le thème est la famille de Jacob. Dieu poursuit son programme envers et contre tout et va atteindre ses objectifs sans tenir compte des fautes des uns et des autres. Je commence à lire.

Lorsque Rachel vit qu’elle ne donnait pas d’enfants à Jacob, elle devint jalouse de sa sœur et elle dit à son mari : Donne-moi des enfants, sinon j’en mourrai. Jacob se fâcha contre elle et dit : Est-ce que je suis à la place de Dieu ? C’est lui qui t’empêche d’avoir des enfants ! Alors, suggéra-t-elle, voici ma servante Bilha, unis-toi à elle pour qu’elle ait un enfant : elle accouchera sur mes genoux, et j’aurai, moi aussi, un enfant par son intermédiaire (Genèse 30.1-3).

Comme je ne cesse de le répéter, en ce temps-là, être stérile était une disgrâce et un discrédit. Les temps ont bien changé puisqu’en Occident certains couples choisissent délibérément de ne pas avoir d’enfant, parce que c’est trop cher, ça gâche les vacances, il faut trop s’en occuper et les faire garder, bref ça complique la vie. Les valeurs d’un peuple à un autre et d’une époque à une autre peuvent changer du tout au tout.

En attendant, Rachel est mal dans sa peau et s’en prend à son mari comme si c’était sa faute. Ensuite, elle opte pour une insémination naturelle, dirions-nous, en passant par le ventre porteur de sa servante ; ça se faisait comme ça. C’est Rachel qui prend cette initiative, car sans le consentement de sa femme, le mari n’avait aucun droit sur les servantes de son épouse.

Sarah avait joué le même air de musique à Abraham qui avait couché avec la servante Agar qui enfanta Ismaël, l’ancêtre des Arabes. Ensuite, il s’en était mordu les doigts à cause de tous les ennuis que cette affaire avait entraînés. Les deux sœurs se crêpaient déjà le chignon et maintenant Jacob va y ajouter les servantes ; bonjour les dégâts !

La suite du chapitre parle de la naissance de deux fils à Jacob et Rachel par l’entremise de Bilha, la servante à Rachel. Elle appela le premier Dan, parce que dit-elle, Dieu a défendu mon droit. Elle appela le second Nephtalli, ce qui veut dire il lutte, parce que dit-elle : J’ai livré un combat féroce contre ma sœur et j’ai vaincu. Cette parole de Rachel donne bien le ton de l’ambiance à la maison entre ces deux sœurs qui se déchirent pour obtenir le pouvoir au foyer et l’attention de leur mari. Contrairement à Rachel, les noms qu’a donnés Léa à ses fils n’expriment pas d’animosité envers sa sœur. Je crois que Jacob devait rester dans les champs le plus longtemps possible vu qu’il n’y avait pas de bistro où s’arrêter en rentrant.

La suite défie l’imagination ; ces femmes sont de vraies teignes et ce récit mériterait qu’on fasse un film. Léa qui a déjà eu 4 gosses est jalouse et met sa servante Zilpa dans le lit de son mari et ainsi deux nouveaux fils naissent par son entremise. Cette histoire me rappelle Fernand Rénaud, un vieux comique de mon enfance qui dans un fameux sketch disait : les gens sont méchants ; et il avait raison ; en fait, ils l’ont toujours été. Donc, la lutte fratricide continue de plus belle. La scène suivante a pour centre des mandragores, des fruits aux effets narcotiques aussi appelés pommes d’amour auxquels on attribue le pouvoir de rendre les femmes fécondes. Bref, Léa en donne à Rachel ou plutôt les échange contre le droit de coucher avec son mari cette nuit-là. Si ça continue, le film va bientôt être interdit aux moins de 16 ans. De ce micmac naît un nouveau fils à Léa, après quoi elle donnera encore naissance à un sixième garçon et enfin à une fille.

Versets 22-24

Je continue plus loin dans le chapitre 30.

Alors Dieu eu égard à Rachel, il l’exauça et lui accorda la possibilité d’avoir des enfants. Elle devint enceinte et donna naissance à un fils en disant : Dieu a enlevé ma honte. Elle le nomma Joseph, ce qui veut dire : il ajoute ; en priant : Que l’Éternel m’ajoute un autre fils ! (Genèse 30.22-24).

La stérilité était souvent considérée comme un jugement de Dieu. Il semble que Rachel ait abandonné l’usage des pommes d’amour pour invoquer l’Éternel concernant sa stérilité, car il est dit : Dieu exauça Rachel et elle devint enceinte. Son fils Joseph est un personnage très important dans la suite de la Genèse, car il fut un remarquable homme de Dieu.

Versets 25-27

Je continue.

Après la naissance de Joseph, Jacob dit à Laban : laisse-moi retourner chez moi, dans mon pays. Donne-moi mes femmes pour lesquelles j’ai travaillé chez toi, et mes enfants, et je m’en irai ; car tu sais bien comment j’ai travaillé pour toi. Laban lui dit : Si tu veux bien me faire une faveur, reste ici. J’ai appris par divination que c’est à cause de toi que l’Éternel m’a béni (Genèse 30.25-27).

Laban avait une certaine croyance en l’Éternel, mais il consultait aussi les augures par le biais de téraphims, des idoles domestiques ayant la forme de petites statuettes à figures humaines. Cette pratique idolâtre sera strictement interdite sous peine de mort par la Loi de Moïse. À l’époque des patriarches, le syncrétisme religieux sévissait partout, non seulement chez les païens ou la famille d’Abraham, mais aussi dans la lignée choisie. Malgré ses pratiques occultes, Laban est béni par l’Éternel, comme quoi il est un Dieu miséricordieux et condescendant.

Commentaire biblique radiophonique écrit par le pasteur et docteur en théologie : Vernon McGee (1904-1988) et traduit par le pasteur Jacques Iosti.

sept. 16 2024

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