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28 avril 2022

Genèse 28.6 – 29.18

Chapitre 28

Introduction

Dans cette vie, le principe général qui prévaut est que chacun reçoit ce qu’il mérite ; l’exception étant comme chacun sait, ce qui confirme la règle. Ceux qui travaillent d’arrache-pied arrivent normalement à se faire une belle place au soleil, un gros compte en banque, un bon statut social et toute une liste de privilèges, des à-côtés appréciables.

Dans l’économie divine, les choses ne se passent pas nécessairement ainsi parce l’Éternel est souverain dans son univers et ce n’est pas la mauvaise conduite des hommes qui va changer ses plans. Il a fait une promesse de bénédiction à Abraham qui était un homme à peu près intègre, Isaac son fils un peu moins ; quant à Jacob, il a l’âme tordue au possible. Il a trompé son père et volé la bénédiction à son frère et pourtant c’est lui que Dieu a choisi.

Versets 6-9

Je continue dans le chapitre 28 de la Genèse.

Ésaü vit qu’Isaac avait béni Jacob et qu’il l’avait envoyé à Paddân-Aram pour y trouver une épouse, et qu’en le bénissant il lui avait ordonné de ne pas épouser une fille du pays de Canaan, que Jacob avait obéi à son père et à sa mère et qu’il était parti pour Paddân-Aram. Il comprit alors que les filles de Canaan étaient mal vues de son père. Ésaü se rendit chez Ismaël, fils d’Abraham, et épousa, en plus de ses autres femmes, sa fille Mahalath, la sœur de Nebayoth (Genèse 28.6-9).

Ésaü est un homme des bois pour ne pas dire des cavernes ; il a besoin d’un dessin pour comprendre les choses. Il se rend finalement compte que ses premiers mariages ont fortement déplu à ses parents, alors pour compenser il épouse une petite-fille d’Abraham. Mais encore une fois, il a tout faux ; il n’a toujours pas compris que les descendants d’Ismaël tout comme les Cananéens ou les Hittites sont en dehors de la promesse et de la bénédiction divine.

Versets 10-11

Je continue.

Jacob avait quitté Beer-Chéba et marchait en direction de Charân. Comme le soleil se couchait, il prit une pierre pour s’en faire un oreiller et se coucha pour passer ainsi la nuit dans le lieu qu’il avait atteint (Genèse 28.10-11).

En réalité, Jacob est en train de s’enfuir ; il vient de parcourir presque 70 km à dos de chameau essayant de mettre un maximum de distance entre lui et son frère qui est peut-être à sa poursuite ; on le comprend. Après le tour de cochon qu’il lui a joué, il a intérêt à déguerpir très vite, parce que sa vie est menacée. Il commence déjà à payer ses entourloupettes et ça va durer indéfiniment. Il arrive dans une localité peu engageante située dans des collines rocailleuses et semi-désertiques qui s’appelle Louz et décide d’y passer la nuit. Bien sûr, il n’y avait pas de sac de couchage en ce temps-là et les gens étaient habitués à la dure ; ils couchaient à même le sol. Pour ce qui est des oreillers antiques, certains étaient même en métal comme en Égypte ; ça me donne mal au cou rien que d’y penser. Moi j’aime bien ce qui est moelleux, le duvet ou les plumes ; à chacun ses goûts.

Jacob empruntait le même chemin qu’Éliézer, le serviteur d’Abraham avait pris, pour aller chercher une femme qui fut Rébecca, pour Isaac. C’est la première fois que Jacob sort du cocon familial et il doit se sentir seul et abandonné ; il a certainement déjà le bourdon, le mal du pays. C’est dur de quitter le confort de son chez soi.

Je me souviens quand à l’âge de 10 ans je suis allé en colonie de vacances pour la première fois ; c’était à Port-Vendres presque à la frontière espagnole et pour un mois d’affilé. Parti de grand matin de la région lyonnaise, le voyage en bus avait duré toute la journée. Que j’étais loin de la maison ! Le jour du départ, ça allait, car j’étais excité à l’idée de cette nouvelle aventure, des baignades, les jeux, presque le paradis. Mais j’ai vite déchanté. Une fois arrivé, j’ai récupéré ma petite valise et on nous a mis dans un dortoir avec les lits et les armoires métalliques alignés les uns à côté des autres comme à l’armée ; bonjour la solitude. Et quand j’ai ouvert la valise pour chercher ma brosse à dents et mon pyjama, la dure réalité d’avoir quitté le cocon familial m’a frappé comme un grand coup de bâton.

Je me sentais vraiment mal ; il y avait tous les vêtements avec l’odeur de la maison, chacun ayant au dos le numéro 167 que ma mère avait cousu pour ne pas se les faire voler. J’ai d’ailleurs toujours ma musette et elle a encore ce 167 cousu à l’intérieur. Le lendemain, on a fait connaissance des moniteurs et du personnel, mais c’étaient tous des étrangers. Je m’en fichais de la plage, je voulais rentrer à la maison et les jours suivants n’ont pas été mieux, alors je compatis avec Jacob.

C’est vrai qu’il a la quarantaine, mais c’est sa première sortie, seul, loin des jupes de maman, et de plus il a un frère qui veut lui faire la peau. Donc, il doit en plus regarder derrière son dos de temps en temps. Sa situation n’est pas brillante et il ne devait pas en mener large ce jour-là. Mais la fatigue du voyage aidant, il s’endort quand même et commence à rêver.

Je continue le texte.

Dans son rêve, il vit une sorte d’escalier reposant sur la terre, et dont le haut atteignait le ciel. Et voici que des anges de Dieu montaient et descendaient cet escalier. L’Éternel lui-même se tenait tout en haut et lui dit : Je suis l’Éternel, le Dieu d’Abraham ton ancêtre et le Dieu d’Isaac. Cette terre sur laquelle tu reposes, je te la donnerai, à toi et à ta descendance. Elle sera aussi nombreuse que la poussière de la terre ; elle étendra son territoire dans toutes les directions : vers l’ouest et l’est, vers le nord et le sud. Par toi et par elle, toutes les familles de la terre seront bénies. Et voici : je suis moi-même avec toi, je te garderai partout où tu iras ; et je te ferai revenir dans cette région ; je ne t’abandonnerai pas, mais j’accomplirai ce que je t’ai promis (Genèse 28.12-15).

C’est dans ces mêmes environs que l’Éternel était apparu une première fois à Abraham après son arrivée dans le pays de Canaan. Dieu répète à Jacob la promesse qu’il a faite à son grand-père Abraham, et à Isaac son père : Je serai avec toi et je ne t’abandonnerai pas. Ce rêve met du baume au cœur de cet homme bien seul et qui s’enfuit loin de chez lui pour sauver sa vie. Dans cette vision, Dieu utilise les images et lieux de culte que Jacob connaissait.

À cette époque, dans la région du croissant fertile comme à Our la ville natale d’Abraham en Mésopotamie, les païens construisaient des ziggourats, sorte de haute tour à l’extérieur de laquelle une suite de marches conduisait au sommet où se trouvait l’idole qu’on venait adorer. L’escalier de ce rêve signifie que l’accès aux cieux est ouvert non seulement à Jacob l’héritier de la bénédiction divine, mais aussi à tous les peuples de la terre qui seront bénis grâce à lui ; les anges sont là pour le protéger. Dans l’Évangile, Jésus se réfère à ce rêve lorsqu’il dit :

vous verrez désormais le ciel ouvert et les anges de Dieu monter et descendre entre ciel et terre par l’intermédiaire du fils de l’homme (Jean 1.51).

Par ces paroles, le Christ affirmait qu’il était l’accomplissement de la promesse que Dieu fit à Abraham : toutes les nations seront bénies en ta postérité. Jésus-Christ est à la fois cette postérité et l’échelle qui permet d’accéder au royaume des cieux ; il n’y en a pas d’autres. Dans l’Évangile Jésus dit aussi :

Je suis le chemin, la vérité et la vie. Nul ne vient au père que par moi (Jean 14.6).

Versets 16-17

Je continue le texte de la Genèse.

Jacob s’éveilla et s’écria : Assurément, l’Éternel est en ce lieu, et moi je l’ignorais ! Il fut saisi de crainte respectueuse et ajouta : Ce lieu est redoutable ! Ce ne peut être que le sanctuaire de Dieu. C’est ici la porte du ciel (Genèse 28.16-17).

Jacob avait la même vision de l’Éternel que les païens de son époque qui croyaient que leurs divinités avaient un rayon d’action local et limité. Comme n’importe quel Cananéen ou Philistin, il pensait donc qu’en quittant sa contrée il laissait aussi derrière lui le Dieu de ses pères ; voilà pourquoi il est étonné que l’Éternel lui soit apparu dans ce lieu désert. Par ce rêve, Dieu donne à Jacob l’assurance de sa présence et de sa protection partout où il ira.

Versets 18-22

Je finis ce chapitre.

Le lendemain, de grand matin, il prit la pierre sur laquelle avait reposé sa tête, il la dressa en stèle et répandit de l’huile sur son sommet. Il appela cet endroit Béthel, ce qui veut dire : Maison de Dieu. Auparavant la localité s’appelait Louz. Puis il fit le vœu suivant. Si Dieu est avec moi, s’il me protège au cours du voyage que je suis en train de faire, s’il me fournit de quoi manger et me vêtir, et si je reviens sain et sauf chez mon père, alors l’Éternel sera mon Dieu. Cette pierre que j’ai dressée comme stèle deviendra un sanctuaire de Dieu et je t’offrirai le dixième de tous les biens que tu m’accorderas (Genèse 28.18-22).

Jacob dresse une stèle commémorative sur laquelle il verse de l’huile d’abord en signe de consécration à l’Éternel et aussi pour le remercier d’avoir daigné s’adresser à lui minable petit fuyard. C’est ici la première fois que Jacob envisage la possibilité que l’Éternel devienne son Dieu. En attendant, il est encore spirituellement borné, il n’a pas compris le message de Dieu dont il ne tiendra pas compte et essaie de marchander avec lui disant : si tu fais ceci et cela alors je marcherai avec toi. Jacob ne sait pas encore que l’Éternel traite ses créatures certes selon leur foi, un peu leurs actions, mais surtout en fonction de Sa grâce et de Sa bonté.

Heureusement pour lui, car non seulement il s’est comporté en vraie peau de vache vis-à-vis de son frère et de son père, mais en plus il a le toupet de négocier avec Dieu alors qu’il a déjà reçu la promesse : je te protégerai et je serai avec toi partout où tu iras. Dieu se montrera fidèle et agira à l’égard de Jacob sur la base de ses engagements vis-à-vis d’Abraham. Si Dieu avait traité Jacob comme il le mérite, il ne l’aurait ni béni ni ramené dans son pays.

L’Éternel se conduit pareillement à l’égard de vous et de moi, sur la base de Sa miséricorde et non en fonction de nos soi-disant bonnes œuvres. Dieu ne veut pas que nous tentions de passer un marché avec Lui, il n’est pas camelot. Il désire être notre père et veut que nous l’aimions de façon désintéressée comme lui nous aime.

Ce chapitre 28 de la Genèse atteste de plusieurs manières différentes que c’est bien Jacob et non Ésaü, le véritable porteur de la promesse que l’Éternel a faite à Abraham. Ce choix fut d’abord annoncé à sa mère Rébecca ; ensuite, Jacob reçoit la bénédiction de son père Isaac dans les conditions les plus louches.

En troisième lieu, c’est Dieu lui-même qui la confirme au cours d’une apparition qui fait une forte impression sur ce petit renégat. Mais il faudra encore bien des années et bien d’autres épreuves pour amener Jacob à devenir un véritable homme de foi.

Chapitre 29

Introduction

Nous voici maintenant au chapitre 29 de la Genèse qu’on pourrait appeler : L’effet boomerang. Ce texte va illustrer une loi universelle et permanente établie par Dieu et qui s’applique à tous les domaines de notre vie. Cette règle bien explicite dans le Nouveau Testament dit :

Ne vous faites pas d’illusions, on ne se moque pas de Dieu. Ce qu’un homme aura semé, il le récoltera aussi. Celui qui sème pour satisfaire ses passions récoltera la corruption. Ne nous lassons pas de faire le bien ; car nous récolterons au temps convenable, si nous ne nous relâchons pas (Galates 6. 8-9).

Si je sème du bon grain, je récolte une céréale ; si c’est de l’ivraie, on a de la mauvaise herbe. L’application de cette loi se vérifie fréquemment dans les Textes Sacrés. Je donne deux exemples : le Pharaon qui ordonna la mise à mort des garçons premiers-nés israélites dut assister à l’exécution de son fils aîné par l’ange de la mort ; David, le grand roi d’Israël commit un adultère et un meurtre ; plus tard, sa fille fut violée et un de ses fils assassiné.

 

Jacob était prêt à tout pour arriver à ses fins ; il a usé de subterfuges à tour de bras. Dans ce chapitre 29, il va commencer à récolter les fruits amers de sa fourberie ; il va connaître la honte et le chagrin.

Versets 1-8

Je commence à lire.

Jacob reprit sa marche vers les pays de l’Orient. Un jour, il aperçut dans la campagne un puits où l’on fait boire les troupeaux. Trois troupeaux de moutons et de chèvres étaient couchés alentour. L’ouverture du puits était fermée par une grosse pierre que l’on roulait de côté lorsque tous les troupeaux y étaient rassemblés. Après avoir abreuvé les bêtes, on remettait la pierre sur l’ouverture. Jacob demanda aux bergers : D’où êtes-vous, les amis ? Nous sommes de Charân, lui répondirent-ils. Alors, reprit-il, connaissez-vous Laban, descendant de Nahor ? Oui, nous le connaissons. Comment va-t-il ? Il va bien. D’ailleurs, voici justement sa fille Rachel qui vient avec les moutons et les chèvres. Mais, dit Jacob, il fait encore grand jour ! Ce n’est pas le moment de rassembler le bétail. Faites donc boire les brebis et ramenez-les aux pâturages ! Nous ne devons rien faire, lui répondirent-ils, avant que tous les troupeaux soient rassemblés ; alors seulement on roule la pierre qui bouche l’ouverture du puits et nous faisons boire les bêtes (Genèse 29.1-8).

Jacob a fait un très long voyage ; après avoir quitté Béthel, il a longé la mer de Galilée puis traversé un désert ; il arrive dans le pays proche des rives de l’Euphrate, le fleuve qui traverse la Syrie, à Charân où habite son oncle. Comme partout dans ces contrées, l’eau est précieuse et afin d’abreuver les troupeaux on creusait des puits. Pour éviter qu’ils ne se remplissent de sable et de débris apportés par le vent, la bouche des puits était protégée par une énorme pierre qu’on roulait dessus.

En raison de sa grosseur, il fallait attendre que tous les troupeaux soient rassemblés avant d’ouvrir le puits et y puiser l’eau pour abreuver les bêtes. Ensuite, on le refermait en y roulant la pierre. Jacob rencontre des bergers sur sa route parce que les points d’eau étaient généralement situés à proximité des chemins. À peine arrivé et sans même connaître ces gens, il se permet de leur dire comment faire leur travail ; on ne peut pas dire que l’humilité l’étouffait.

Versets 9-12

Je continue.

Pendant qu’il s’entretenait ainsi avec eux, Rachel arriva avec les moutons et les chèvres de son père. Elle était en effet bergère. Lorsque Jacob vit Rachel, la fille de son oncle Laban et les bêtes de son oncle, il s’approcha, roula la pierre de l’ouverture du puits et fit boire les moutons et les chèvres de son oncle. Puis il embrassa Rachel et éclata en pleurs. Il apprit à la jeune fille qu’il était un parent de son père, un fils de Rébecca. Rachel courut prévenir son père (Genèse 29.9-12).

À cette époque, les filles non mariées étaient souvent chargées de garder le petit bétail. Jacob a eu le coup de foudre pour Rachel et s’empressa de se montrer galant en roulant la pierre qui obturait la bouche du puits, un travail qui demandait du muscle. Cette scène ressemble à celle où Éliézer, le serviteur d’Abraham était venu dans cette même localité à la recherche d’une épouse pour Isaac, le fils de son maître. Mais alors que Rébecca avait donné à boire à Éliézer et abreuvé ses chameaux, ici c’est l’inverse qui se produit, c’est Jacob qui se dévoue pour Rachel.

Ensuite, il éclate en sanglots de joie, car il est arrivé à bon port ; il est dans la famille de sa mère. La tension à la maison, la tristesse du départ, le stress du voyage, l’appréhension de ce qui l’attend, la peur de son frère, la vision de Dieu, toutes ces émotions contenues au fond de son cœur ont soudainement explosé ; les écluses de ses yeux se sont ouvertes et un torrent de larmes a jailli.

Versets 13-14

Je continue.

Dès que Laban entendit parler de Jacob, le fils de sa sœur, il se précipita à sa rencontre, le serra contre lui et l’embrassa, puis il le conduisit dans sa maison. Alors Jacob lui raconta tout ce qui s’était passé. Laban lui dit : Tu es bien du même sang que moi ! Pendant tout un mois, Jacob demeura chez lui (Genèse 29.13-14).

Jacob déballe tout, dont sa vision de Dieu, mais aussi la fourberie qui lui a obtenu la bénédiction de son père. Laban est sûr que c’est bien son neveu qui est là assis devant lui, mais il se demande comment il va exploiter cette aubaine tombée du ciel. Jacob croyait ses supercheries loin derrière lui, mais le boomerang qu’il a lancé vient tout juste d’amorcer le chemin du retour en direction de sa figure ; on récolte ce qu’on sème.

Commentaire biblique radiophonique écrit par le pasteur et docteur en théologie : Vernon McGee (1904-1988) et traduit par le pasteur Jacques Iosti.

oct. 11 2024

Émission du jour | Éphésiens 6.13-16

Prendre les armes de Dieu (suite)

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