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27 avril 2022

Genèse 27 – 28.9

Chapitre 27

Introduction

Les intrigues de cour constituent l’essentiel des occupations des mignons et courtisanes attachés aux souverains de tout bord de tous les temps. Certains disent même que c’est pareil au Vatican ; c’est dans la nature humaine que de comploter sournoisement pour arriver à ses fins. Les coups ainsi montés ont coûté la vie à bon nombre de rois, césars ou présidents. Les textes Sacrés qui présentent les faits tels qu’ils se sont déroulés racontent eux aussi des conspirations, des meurtres, et toutes sortes de tromperies.

Le chapitre 27 de la Genèse est l’histoire d’une machination entre Rébecca et Jacob dans le but d’obtenir pour ce dernier la bénédiction patriarcale traditionnellement réservée au premier-né, Ésaü dans ce cas. Les quatre membres de cette famille savent pourtant pertinemment que l’Éternel a déjà dit que l’aîné serait soumis au cadet. Mais ils agissent comme si Dieu était en voyage ou avait la mémoire courte. Donc, Rébecca et Jacob prennent les choses en main et montent un complot. Il est affligeant de constater qu’Isaac ne croyait pas à ce que Dieu avait prédit concernant Jacob, sinon il n’aurait pas écouté son ventre et essayé de faire reposer la promesse de l’Éternel à Abraham sur la tête d’Ésaü le chasseur de gibier. Ils font tous fi de la volonté de Dieu et suivent leur propre désir.

La préférence de Rébecca pour Jacob mentionnée précédemment est ici manifeste, tout comme celle d’Isaac pour Ésaü. Abraham et Sara ont eu un contentieux à cause d’Ismaël, le fils d’Abraham et d’Agar la servante de Sara. Ici, la même dynamique de couple se répète ; le conflit est dû aux jumeaux au sujet desquels les parents ne sont pas d’accord. Comme je l’ai déjà dit, la famille d’Isaac est divisée par le milieu ; deux coalitions s’affrontent. Grâce à l’aide de sa mère, Jacob va montrer toute sa fourberie afin de tromper son père et voler ce que Dieu voulait de toute façon lui donner. C’est une histoire bien pathétique.

Versets 1-4

Je commence à lire le chapitre 27 de la Genèse.

Quand Isaac était devenu vieux, sa vue avait baissé au point qu’il n’y voyait plus. Un jour, il appela Ésaü son fils aîné et lui dit : Mon fils ! Celui-ci répondit : Qu’y a-t-il ? Me voici devenu vieux, reprit Isaac, et je ne sais pas quand je mourrai. Maintenant donc, je te prie, prends tes armes, ton arc et tes flèches, va courir la campagne et chasse quelque gibier pour moi. Tu m’en apprêteras un de ces bons plats comme je les aime, tu me le serviras, je mangerai, puis je te donnerai ma bénédiction avant de mourir (Genèse 27.1-4).

À cette époque, la cécité était fréquente chez les gens âgés et il n’existait aucun moyen médical de la combattre. La bénédiction que le patriarche veut transmettre à son fils Ésaü représentait aussi ses dernières volontés qui avaient force de loi. Isaac veut avoir l’estomac bien plein avant de procéder à cette cérémonie formelle et irréversible. Cette histoire fait un peu penser à Gargantua au point où on croirait Isaac sorti tout droit des contes de Rabelais. Au mieux, il fait homme des cavernes, pas du tout serviteur de l’Éternel.

Versets 5-10

Je continue.

Rébecca écoutait ce qu’Isaac disait à son fils Ésaü. Quand celui-ci fut parti chasser dans la campagne pour rapporter du gibier, Rébecca dit à Jacob son second fils : Écoute, j’ai entendu ton père dire à ton frère Ésaü : Rapporte-moi du gibier ! Tu m’en feras un bon plat, je mangerai et je te donnerai ma bénédiction devant l’Éternel avant de mourir. Maintenant donc, mon fils, écoute-moi et fais ce que je vais te dire. Va au troupeau et choisis-moi deux bons chevreaux, j’en préparerai pour ton père un de ces bons plats comme il les aime. Tu le lui apporteras, il en mangera, puis il te donnera sa bénédiction avant de mourir (Genèse 27.5-10).

Cette histoire est cousue de tromperie et de mensonges. L’auteur nous fait part de ce qui s’est passé sans rien omettre, sans en arrondir les angles. Alors qu’Ésaü est en train de chasser un gibier afin de l’échanger contre une bénédiction que Dieu ne veut pas lui donner, les conspirateurs préparent leur coup.

Versets 11-25

Je continue.

Jacob répondit à Rébecca, sa mère : Ésaü mon frère est couvert de poils et moi pas. Si mon père me touche, il s’apercevra que j’ai voulu le tromper, si bien que j’attirerai sur moi une malédiction au lieu d’une bénédiction. Sa mère répliqua : Dans ce cas, que la malédiction retombe sur moi, mon fils ; fais seulement ce que je t’ai dit. Va me chercher cela. Il alla donc prendre des chevreaux et les apporta à sa mère qui en prépara un bon plat comme son père l’aimait. Puis elle choisit les plus beaux habits d’Ésaü, son fils aîné, qui se trouvaient dans la maison, et elle les fit mettre à Jacob, son fils cadet. Elle lui recouvrit, avec la peau des chevreaux, les mains, les bras et la partie du cou dénudée de poils. Puis elle lui remit le bon plat et le pain qu’elle avait préparés. Jacob entra chez son père et dit : Mon père ! Celui-ci répondit : Oui mon fils, qui es-tu ? Et Jacob dit à son père : Je suis Ésaü, ton fils aîné. J’ai fait ce que tu m’as demandé. Lève-toi, je te prie, assieds-toi et mange de mon gibier, pour me donner ensuite ta bénédiction. Isaac lui demanda : Comment as-tu fait mon fils, pour trouver si vite du gibier ? Jacob répondit : C’est l’Éternel ton Dieu qui l’a mené sur mon chemin. Isaac dit à Jacob : Viens un peu plus près, mon fils, que je te touche pour voir si tu es bien mon fils Ésaü. Jacob s’approcha donc d’Isaac, son père le tâta et dit : La voix est celle de Jacob, mais les mains sont celles d’Ésaü. Comme les mains de Jacob étaient couvertes de poils comme celles d’Ésaü son frère, son père ne le reconnut pas et il lui donna sa bénédiction. Mais auparavant il lui redemanda : Es-tu bien mon fils Ésaü ? Et Jacob répondit : Oui. Alors Isaac lui dit : Sers-moi donc, que je mange du produit de la chasse de mon fils, pour te donner ensuite ma bénédiction. Jacob le servit et Isaac mangea. Il lui apporta aussi du vin, que son père but (Genèse 27.11-25).

Jacob ment froidement et d’une manière effrontée ; c’est un professionnel de l’arnaque. Sans hésitation et certainement sans rougir, il raconte un énorme bobard à son père et sa mise en scène marche comme sur des roulettes. Apparemment, les relations devaient être très tendues dans cette famille et les coalitions, longtemps en sourdines, éclatent maintenant au grand jour en conflits ouverts. C’est ce qui explique cette grande méfiance d’Isaac qui se doute qu’un de ces jours la ligue adverse va essayer de lui jouer un tour pendable. Il faut aussi savoir qu’à ce stade de la vie de Jacob, l’Éternel est le Dieu de son père, pas le sien ; ce n’est que progressivement et bien plus tard que le Dieu d’Isaac deviendra aussi son Dieu.

Versets 26-29

Je continue.

Puis Isaac son père lui dit : Approche-toi, viens m’embrasser, mon fils. Jacob s’approcha et l’embrassa. Isaac sentit l’odeur de ses habits, puis il le bénit en ces termes : Oui l’odeur de mon fils est comme la senteur d’un champ béni par l’Éternel. Alors que Dieu t’accorde la rosée qui descend du ciel, qu’il rende tes terres fertiles, qu’il te donne avec abondance du froment et du vin. Que des nations te soient assujetties, que, devant toi, des peuples se prosternent. Sois le chef de tes frères, que les fils de ta mère s’inclinent devant toi ! Maudit soit qui te maudira, Béni soit qui te bénira ! (Genèse 27.26-29).

Isaac était donc prêt à contrecarrer la décision divine pourtant communiquée à Rébecca lors de la naissance des jumeaux, mais à son insu il ne fait que la confirmer, et s’il est trompé il n’a que ce qu’il mérite. Ainsi sans que Dieu ne trempe le moins du monde dans cette sombre affaire, il atteint son but. La bénédiction qu’Abraham avait transmise à Isaac est maintenant reportée sur Jacob qui l’aurait de toute façon reçue sans avoir à magouiller.

Il est dommage qu’on ne saura jamais comment Dieu s’y serait pris pour mettre son plan à exécution. L’Éternel est très tolérant vis-à-vis de nous, il utilise notre duplicité pour accomplir son dessein, mais Jacob va quand même pâtir de ce qu’il a fait et l’addition va être très lourde

Versets 30-40

Je continue.

Lorsqu’Isaac eut fini de bénir Jacob, celui-ci le quitta. Ésaü son frère rentra alors de la chasse. Il prépara, lui aussi, un bon plat, l’apporta à son père et lui dit : Mon père, lève-toi, je te prie, et mange du gibier de ton fils, pour me donner ensuite ta bénédiction. Isaac lui demanda : Qui es-tu ? Il répondit : je suis ton fis aîné Ésaü. Alors Isaac, en proie à une vive émotion, se mit à trembler et dit : Qui est donc celui qui a pris du gibier et me l’a apporté ? J’ai mangé de tout avant que tu ne viennes et je lui ai donné ma bénédiction ; maintenant il sera béni. Quand Ésaü entendit les paroles de son père, il poussa un grand cri plein d’amertume et supplia son père : Moi aussi, mon père, bénis-moi ! Isaac lui répondit : Ton frère est venu et il a extorqué ta bénédiction par ruse. Ésaü dit : Est-ce parce qu’on l’appelle Jacob ce qui veut dire le trompeur, qu’il m’a trompé par deux fois ? D’abord il a pris mon droit d’aînesse et maintenant voilà qu’il m’enlève ma bénédiction ! Et il ajouta : N’as-tu pas de bénédiction en réserve pour moi ? Isaac lui répondit : Voici que j’ai fait de lui ton maître et je lui ai donné tous ses frères pour serviteurs, je l’ai pourvu de blé et de vin. Que puis-je donc faire pour toi mon fils ? Ésaü dit à son père : ne possèdes-tu qu’une seule bénédiction, mon père ? Bénis-moi, moi aussi, mon père ! Et il se mit à pleurer à grands cris. Isaac son père resta un moment silencieux, puis il dit : Vois, tu demeureras loin des terrains fertiles et loin de la rosée qui nous descend du ciel. C’est grâce à ton épée que tu vivras, quant à ton frère, tu lui seras assujetti. Mais, errant çà et là, tu briseras le joug qu’il fera peser sur ton cou (Genèse 27.30-40).

Jacob et Ésaü voulaient tous deux cette bénédiction par pur intérêt personnel, parce qu’elle promettait la prospérité terrestre, des troupeaux, des serviteurs, le statut social et tout ça. Ils n’étaient pas spirituels pour deux sous, ni l’un ni l’autre. La prophétie d’Isaac concernant son fils aîné va s’accomplir littéralement ; les descendants d’Ésaü vont résider au sud-est de la Mer Morte dans un endroit qui se nommera le pays d’Édom. Comme je l’ai déjà dit, ce pays d’une superficie d’environ le tiers de la France est sec et rocailleux donc peu fertile.

Durant de longs siècles, ce peuple vivra de guerres et de pillage et tout au long de leur histoire, les Édomites seront ennemis d’Israël. L’Ancien Testament comme d’autres documents du Proche-Orient ancien attestent que la bénédiction du chef de famille, surtout s’il était âgé, était efficace et irrévocable. Isaac était un patriarche au sens que la prêtrise lui avait été transmise par son propre père parce qu’il représentait l’Éternel sur terre ; il s’en suit que ce qu’il déclarait de façon solennelle dans le cadre des promesses divines était ex cathedra.

Ce concept d’irrévocabilité existe dans la croyance catholique romaine ; ainsi, lorsque le pape parle ex cathedra, de façon dogmatique, il est considéré infaillible par les fidèles. Lorsqu’un patriarche, détenteur de la bénédiction divine accordée à Abraham, prophétisait, sa parole s’accomplissait et ne pouvait en aucun cas être annulée ou modifiée.

Un peu plus de 3 siècles plus tard, ce système sera abrogé et la prêtrise transmise à une lignée précise, dont la tête sera Aaron, le frère de Moïse. Mais pour l’instant, l’Éternel entérine la parole prophétique prononcée par les patriarches ; Isaac, en tant qu’héritier et porteur de la bénédiction divine reconnaît qu’il vient de la transmettre à son fils cadet et qu’elle est irrévocable.

Versets 41-46

Je finis ce chapitre.

Ésaü prit Jacob en haine à cause de la bénédiction qu’il avait reçue de son père et il se dit en lui-même : La mort de mon père n’est pas loin, alors je tuerai Jacob mon frère. On informa Rébecca des propos d’Ésaü, son fils aîné ; elle fit venir Jacob son fils cadet, et lui dit : Voici que ton frère Ésaü veut te tuer pour se venger de toi. Maintenant donc, mon fils, écoute-moi et fais ce que je te dis : Pars d’ici, fuis chez mon frère Laban, à Charân. Reste chez lui quelque temps, jusqu’à ce que la colère de ton frère s’apaise. Une fois que sa fureur se sera calmée et qu’il aura oublié ce que tu lui as fait, j’enverrai quelqu’un pour te faire revenir de là-bas. Pourquoi devrais-je vous perdre tous deux en un seul jour ? Rébecca alla dire à Isaac : je suis dégoûtée de la vie à cause de ces femmes hittites. Si Jacob épouse aussi une des filles de ce pays, cela ne vaut plus la peine que je vive (Genèse 27.41-46).

Évidemment, Ésaü est furieux de s’être fait berner deux fois par son frère et tout comme Caïn tua Abel il est prêt à faire la peau à son frère Jacob. Les familles à problèmes ou dysfonctionnelles, comme on les appelle, ne sont pas un phénomène nouveau. Personne dans le clan d’Isaac n’honore l’Éternel ; chacun magouille dans son coin. Ésaü ne peut pas contenir sa haine et a déjà résolu la mort de son frère. Au courant de ce sinistre projet, Rébecca ment à Isaac en invoquant les femmes hittites qu’Ésaü avait épousées pour convaincre son mari d’envoyer Jacob dans sa famille d’origine. Elle pense qu’il s’éloignera seulement pour quelques mois en attendant que la fureur d’Ésaü se calme ; elle est loin de se douter que Jacob part pour les travaux forcés et va en prendre pour 20 ans ; elle ne reverra jamais plus son fils chéri, car elle mourra avant son retour.

Isaac est responsable de ces désordres à plusieurs niveaux. D’une part, en tant que patriarche, c’est de sa faute si sa famille est minée de l’intérieur, s’il y des conflits dans le couple et entre les enfants. D’autre part, il n’a pas eu foi en la parole de Dieu qui avait désigné Jacob comme le porteur de la promesse. Pire encore, il a essayé de s’y opposer en voulant donner la bénédiction à Ésaü. Quant à Jacob, non seulement il ne reverra jamais sa mère, mais sa vie va se transformer en cauchemar sous la coupe de son oncle Laban. Ce vieux filou, ce renard de première catégorie va lui apprendre : À trompeur, trompeur et demi, et comme dit un proverbe de l’Ancien Testament :

La voie des perfides mène à la ruine (Proverbes 13.15).

C’est la loi de la jungle dans cette famille. Je suis quand même contrarié par les actions tordues de Rébecca et Jacob d’une part, et de l’incrédulité d’Isaac et d’Ésaü d’autre part. Jacob remporte une double victoire sur Ésaü. D’abord, il s’empare de son droit d’aînesse. Puis, comme il a de la suite dans les idées et grâce à la complicité de sa mère, il le dépouille de la bénédiction patriarcale ; il a droit à la palme d’or de l’homme le plus tordu. Dans tout ce micmac, Dieu a laissé les choses se faire sans intervenir, mais il n’a pas apprécié. Et comme Jacob est le porteur de la promesse faite à Abraham, il va personnellement superviser son éducation spirituelle.

Chapitre 28

Versets 1-5

Nous voici arrivés au chapitre 28 où Jacob quitte le bercail pour la première fois. Je commence à lire en compressant.

Alors Isaac appela Jacob, il le bénit et lui donna cet ordre : Tu n’épouseras pas une Cananéenne. Mets-toi en route, va à Paddân-Aram chez Betouel, ton grand-père maternel, et prends une femme de là-bas parmi les filles de ton oncle Laban. Le Dieu tout-puissant te bénira, il te donnera des enfants, il rendra tes descendants nombreux et tu deviendras l’ancêtre d’un grand nombre de peuples. Il te transmettra la bénédiction d’Abraham à toi et à ta descendance, afin que tu hérites le pays dans lequel tu habites en immigrant et que Dieu a donné à Abraham. Jacob, envoyé par son père, partit donc et se rendit chez Laban, l’Araméen, et frère de Rébecca, sa mère et celle d’Ésaü (Genèse 28.1-5).

Isaac s’est fait berner par son fils, mais il bénit quand même son départ. Il a enfin accepté que la promesse de Dieu à Abraham qui lui avait été transmise est maintenant passée à Jacob ; dommage qu’il n’ait pas réalisé cela plus tôt. Jacob prend la route pour le nord de la Syrie afin d’y trouver une femme convenable. Moi, je trouve encourageant de constater que les fautes d’Abraham et l’incrédulité d’Isaac n’ont rien changé au plan de Dieu. Maintenant, la promesse appartient à Jacob, qui pourtant est un vrai loubard. C’est bien la preuve que l’Éternel ne choisit pas ses serviteurs en fonction de leurs mérites personnels, mais bien pour montrer qu’il est un Dieu de grâce.

Commentaire biblique radiophonique écrit par le pasteur et docteur en théologie : Vernon McGee (1904-1988) et traduit par le pasteur Jacques Iosti.

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