Genèse 25.1-34
Chapitre 25
Introduction
On a coutume de dire que l’argent ne fait pas le bonheur, cependant il y contribue. Néanmoins, il est possible de tout donner à ses enfants sauf l’essentiel ; si un gros héritage facilite la vie, ça peut aussi fondre comme neige au soleil. Il existe bien des théories contradictoires sur ce qu’il est important de transmettre à sa progéniture. Dans la seconde moitié du 20e siècle, un grand laxisme a prévalu, à commencer par les parents qui ne disciplinaient plus leurs gosses. Les maîtres d’école et la justice ont suivi, ce qui a eu pour résultats une augmentation sensible des vols, du racket et de la criminalité en général.
Que conseillent les Écritures ? Le patriarche Abraham était un homme puissant béni par Dieu et immensément riche qui s’était fixé près de la ville d’Hébron dans le pays de Canaan. Il a enseigné à son fils Isaac la vénération de l’Éternel, mais comme il habitait un milieu très corrompu et sachant que les mauvaises compagnies corrompent les bonnes mœurs, il n’a pas voulu que son fils épouse une païenne idolâtre. Alors, il a envoyé son homme de confiance lui chercher une épouse digne de ce nom dans son groupe familial à 800 km au nord de la Syrie.
Dieu s’est montré fidèle et la mission a réussi ; Rébecca, petite nièce d’Abraham, accepte de quitter sa vie aisée et bien réglée pour épouser un homme qu’elle n’a jamais vu. C’est une belle histoire d’amour qui commence par ces mots : Isaac aima Rébecca.
Versets 1-6
Nous arrivons maintenant au chapitre 25 de la Genèse qui couvre une longue période de temps allant de la nouvelle vie d’Abraham à sa mort, en passant par la naissance dans la famille d’Isaac et Rébecca des jumeaux, Jacob et Ésaü, ainsi que leur rivalité. Cette portion de texte donne également plusieurs généalogies.
Je commence à lire en compressant tout au long.
Abraham avait pris une autre femme nommée Qetoura dont il eut plusieurs fils. Abraham donna tout ce qui lui appartenait à Isaac. Il fit des donations aux fils qu’il avait eus par ses épouses de second rang ; mais de son vivant, il les éloigna de son fils Isaac en les envoyant dans un pays d’Orient (Genèse 25.1-6).
Ce passage sous-entend qu’outre Qetoura Abraham a eu d’autres épouses ou concubines. La polygamie était largement pratiquée dans les temps anciens, même par des hommes pieux. Fait remarquable, Abraham eut de nombreux enfants après la mort de Sara. Pourtant, il est dit qu’avant la naissance d’Isaac, le corps d’Abraham était comme mort ce qui veut dire que Dieu n’a pas fait les choses à moitié. Lorsqu’il rendit le patriarche capable d’engendrer Isaac, il retrouva aussi toute sa vigueur comme une seconde jeunesse qui lui permit de continuer sur sa lancée.
Le texte énumère 6 fils qui deviendront tous chefs de tribus nomades, mais seuls les descendants de deux d’entre eux, Medân et Madian, sont mentionnés plus loin dans les Écritures. C’est ainsi que Moïse prendra pour femme une Madianite, bien que ce peuple soit ennemi d’Israël. Comme l’avait promis l’Éternel, les descendants d’Abraham furent fort nombreux.
Cependant, le dessein de Dieu se réalisera au travers d’Isaac, le fils de la promesse. Selon la Loi de Moïse qui sera donnée presque 5 siècles plus tard, le premier-né recevait au moins une double part de l’héritage ; on retrouve cette disposition légale chez plusieurs peuples voisins d’Israël. Isaac obtient donc la grande majorité des biens de son père, qui fait une nette distinction entre lui et ses autres fils. Ce choix est personnel et ne semble pas dicté par Dieu. Une telle partialité entraîne souvent la jalousie de ceux qui sont lésés, et effectivement les peuples issus de ces fils seront tous ennemis d’Israël.
Versets 7-11
Je continue.
Abraham atteignit l’âge de 175 ans, puis il rendit son dernier soupir. Il mourut au terme d’une heureuse vieillesse, âgé et comblé, et rejoignit ses ancêtres. Ses fils Isaac et Ismaël l’enterrèrent dans la caverne de Makpéla, dans le terrain d’Éphrôn, qui se trouve vis-à-vis de Mamré, ce champ qu’Abraham avait acheté aux Hittites. Abraham fut enterré là à côté de sa femme Sara. Après la mort d’Abraham, Dieu bénit son fils Isaac qui s’établit près du puits de Lachaï-Roï (Genèse 25.7-11).
L’expression il rejoignit ses ancêtres, ou bien tu seras recueilli auprès de tes pères, suggère l’immortalité de l’âme. Abraham vécut 38 ans, après le décès de Sara et à sa mort son fils Isaac avait déjà 75 ans. Ishmaël, le fils aîné du patriarche et de la servante de Sara est donc revenu au pays pour accomplir ses derniers devoirs envers son père. Ishmaël est à l’origine de tous les Arabes qui, comme chacun sait, sont les ennemis héréditaires d’Israël descendant d’Isaac.
C’est ainsi que s’achève l’histoire d’Abraham et tout ce qu’il fit afin de s’assurer que l’enfant de la promesse réponde à la vocation divine qui lui est adressée et prenne sa suite. Cette longue section qui couvre la vie d’Abraham et qui s’étend sur 15 chapitres se termine par : Dieu bénit son fils Isaac. Ces derniers mots indiquent clairement que l’Éternel va poursuivre son œuvre.
Avant de continuer la suite de l’histoire d’Isaac, et selon son habitude, l’auteur énumère les divers descendants du patriarche dont il ne sera plus question dans la suite du texte. C’est ainsi que la généalogie d’Ismaël nous est rapportée dans les 7 versets suivants qui concernent l’histoire de sa famille. Dieu avait promis à Abraham que 12 princes seraient issus de lui et il en fut ainsi.
Verset 16
Je lis le verset :
Tels sont les noms des fils d’Ismaël qui devinrent les chefs de 12 familles établies dans leurs villages et campements respectifs (Genèse 25.16).
On a retrouvé des traces de ces tribus ; l’une d’entre elles, du nom de Qédar, figure sur des inscriptions assyriennes comme étant puissante et bien connue. Le texte continue en donnant des détails généalogiques ennuyeux, mais importants parce que ce sont des documents historiques vérifiables. Ceux qui n’aiment pas les Écritures contestent des lieux et des noms dont on n’a pas trouvé de traces. Mais cette attitude est sans valeur, car on peut toujours les découvrir, et même si le temps a tout effacé, il faut savoir que personne n’a encore jamais pu prouver quoi que ce soit qui contredise une information donnée par les Textes Sacrés.
Ce chapitre donne des informations dont nous n’avons pas forcément besoin dans l’immédiat, mais qui ont leur utilité et leur place, quand on considère que les Écritures ont une portée universelle et sont destinées à tous les peuples de tous les temps.
Versets 19-21
Je continue le chapitre 25 avec la suite de l’histoire d’Isaac.
Voici l’histoire de la famille d’Isaac, fils d’Abraham. Abraham eut pour fils Isaac. Celui-ci avait 40 ans quand il épousa Rébecca fille de Betouel et sœur de Laban. Isaac implora l’Éternel au sujet de sa femme, car elle était stérile. L’Éternel exauça sa prière et Rébecca sa femme devint enceinte (Genèse 25.19-21).
À partir d’ici, le texte va suivre la lignée du fils de la promesse ; il ne sera plus question des autres fils d’Abraham sauf lorsque leurs descendants croisent ceux d’Isaac. Tout comme Sara, Rébecca est stérile ; elle ne put concevoir que 20 ans après s’être mariée. Comme son père Abraham, Isaac a dû apprendre à invoquer l’Éternel et attendre patiemment la réponse. C’est encore une fois l’intervention de Dieu qui permet à la promesse d’une descendance de se réaliser.
Versets 22-26
Je continue.
Des jumeaux se heurtaient dans son ventre et elle s’écria : Qu’est-ce qui m’arrive ? Elle alla consulter l’Éternel qui lui répondit : Il y a deux nations dans ton ventre, deux peuples différents naîtront de toi. L’un des deux sera plus puissant que l’autre. Et l’aîné sera assujetti au cadet. Quand le moment de l’accouchement arriva, il se confirma qu’elle portait des jumeaux. Le premier qui parut était roux, le corps couvert de poils comme une fourrure, c’est pourquoi on l’appela Ésaü (le velu). Après lui naquit son frère, la main agrippée au talon d’Ésaü, et on l’appela Jacob. Isaac avait 60 ans au moment de leur naissance (Genèse 25.22-26).
La lutte entre les deux jumeaux commence dès la gestation ce qui présage leurs dissensions personnelles ainsi que la rivalité des deux peuples qui seront issus d’eux. Rébecca paraît découragée. Alors, elle va consulter Dieu, mais il ne nous est pas dit comment. On pourrait facilement imaginer qu’elle est allée voir Abraham, à qui il restait encore 15 années à vivre au moment de la naissance des jumeaux. Le patriarche construisit alors un autel et invoqua l’Éternel qui lui annonça ce qui allait se passer dans la suite des temps.
Pour bien montrer sa souveraineté, Dieu se plaît à agir à l’encontre des us et coutumes de l’époque ; il informe donc cette future maman inquiète que l’aîné sera sous la botte du plus jeune. Le nom Jacob est fabriqué avec les sons des mots hébreux talon et supplanter. La destinée des nations qui seront issues de ces deux frères est prophétisée par Dieu. À la naissance, Jacob s’accroche déjà à son frère comme pour l’empêcher de naître le premier et ainsi de prendre l’avantage sur lui.
Versets 27-28
Je continue.
Les deux garçons grandirent. Ésaü devint un habile chasseur, qui aimait courir les champs ; Jacob était d’un caractère paisible et préférait se tenir dans les tentes. Isaac avait une préférence pour Ésaü, car il appréciait le gibier, tandis que Rébecca préférait Jacob (Genèse 25.27-28).
À la lecture de ce passage, on a tout de suite le sentiment que dans cette famille il y a de l’eau dans le gaz comme on dit ; elle est partagée par le milieu. Le mal ne provient pas du fait que les enfants soient de caractères et de tempéraments forts différents. Ésaü est un homme des champs, naturel et terrestre ; il aime le grand air, une vie faite d’aventures et d’émotions fortes : le sport, la chasse, se dépenser, l’effort physique. Je le vois bien sur la couverture des magazines : Le chasseur de gibier ou La chasse sportive. Il est le fils à papa, qui adore le gibier.
Ésaü profite pleinement de la vie, mais n’a que peu d’intérêt pour Dieu ; il trouve les récits de son grand-père Abraham démodés et barbants. Jacob de son côté serait très loin de figurer dans la dernière édition de Monsieur Muscle ; un peu frêle, il est plutôt dans les jupes de sa mère, aime rester à la maison et lire. De temps en temps, il fait un peu de jardin. Il a appris à bien faire la cuisine et à fabriquer des vêtements avec maman. Pourtant, il pose beaucoup de questions sur l’histoire de la famille et s’intéresse à son grand-père à qui il rend souvent visite pour l’écouter raconter comment Dieu l’a guidé toute sa vie ; ça l’intrigue beaucoup.
Ces deux frères n’ont décidément pas la même philosophie de vie. Mais le pire dans cette histoire, c’est l’attitude des parents. Le texte mentionne que c’est l’estomac d’Isaac qui a élu Ésaü comme son champion. Papa est plus à l’aise avec la nature simple et rude de son fils aventurier. Isaac est déconcertant, son attitude paternelle laisse vraiment songeur. Quant à Rébecca, elle a résolument pris le parti de Jacob dont elle apprécie le tempérament subtil, sensible et rusé.
Voilà une famille qui est franchement dysfonctionnelle pour utiliser un mot à la mode, elle est coupée en deux camps qui s’opposent : d’un côté, Isaac aimait Ésaü et de l’autre Rébecca aimait Jacob. Deux coalitions, deux blocs composés d’un enfant soutenu par un parent qui vont s’affronter. Lors de la formation du couple, il est écrit : Isaac aima Rébecca ; mais maintenant, l’usure du temps a effacé cette histoire d’amour. Lorsque les parents ne sont pas équitables envers leurs enfants et expriment leurs préférences, la dynamique familiale devient pourrie.
Versets 29-30
Je continue le texte.
Un jour, Jacob était en train de préparer une soupe quand Ésaü revint des champs, épuisé. Il lui dit : Laisse-moi manger de ce roux, de ce roux-là ! Car je n’en peux plus ! D’où le nom Édom qu’on lui donna (Genèse 25.29-30).
Édom veut dire roux ou rouge. Non seulement, c’est la couleur de la soupe, mais aussi celle des poils d’Ésaü. Curieusement, la terre du pays d’Édom où habiteront ses descendants est elle aussi de couleur rouge, sans doute parce qu’elle était riche en minerais de fer.
Versets 31-34
Je continue.
Mais Jacob lui dit : Alors vends-moi aujourd’hui même ton droit de fils aîné. Ésaü répondit : Je vais mourir de faim, que m’importe mon droit d’aînesse ? Jacob insista : Promets-le-moi tout de suite par serment ! Ésaü lui prêta serment et lui vendit ainsi son droit d’aînesse. Là-dessus, Jacob lui servit du pain et de la soupe de lentilles. Ésaü mangea et but puis se leva et s’en alla. C’est ainsi qu’Ésaü méprisa son droit d’aînesse (Genèse 25.31-34).
Ésaü est un rustre et Jacob un profiteur. À cette époque, un serment oral suffisait pour qu’une transaction soit légale. Le droit d’aînesse comportait trois éléments distincts :
Premièrement, et cela jusqu’à l’établissement de la prêtrise par la Loi de Moïse presque 5 siècles plus tard, le chef de famille exerçait l’office de prêtre ; c’est lui qui exerçait le rôle d’intermédiaire entre l’Éternel et son clan.
En second lieu, la bénédiction divine et spirituelle qui reposait sur la lignée d’Abraham passait par l’aîné des garçons et de lui serait éventuellement issu le Messie par qui toutes les nations de la terre seraient bénies.
La troisième bénédiction attachée au droit d’aînesse concernait la promesse de prospérité accordée à Abraham.
C’était donc Ésaü le premier-né des jumeaux, qui était l’héritier de tous ces privilèges. Mais un événement imprévu a eu lieu ; Ésaü revient d’une chasse à l’ours ou d’un autre gibier et le grand air ça creuse ; il a très faim certes, mais il n’est pas en train de mourir, il ne faut rien exagérer. Il était d’une famille très riche qui ne connaissait pas la disette. Donc, il rentre et le frigo est vide, parce que Rébecca est encore en course. La seule chose prête à être dévorée, c’est cette bonne soupe aux lentilles et aux lardons très appétissante préparée par Jacob le cordon bleu.
Ce jeune homme est du genre égocentrique et ambitieux, mais il mesure toute la valeur de ce droit d’aînesse au point même que ça lui prenait la tête. En effet, c’est la première chose qui lui vient à l’esprit comme monnaie d’échange pour sa soupe. Jacob sait très bien que son frère n’a guère d’intérêt pour les choses spirituelles et qu’il n’a que faire des promesses de Dieu.
Or ces bénédictions sont liées au droit d’aînesse auquel Ésaü attache autant d’importance qu’à son premier biberon et c’est ce qui explique pourquoi il vend son privilège pour une satisfaction bien éphémère, pour une bouchée de pain en somme ; il échange son précieux droit contre un minable plat de lentilles. Cette attitude désinvolte à l’égard de son droit d’aînesse est extrêmement grave ; il pâtira de cette faute irréparable toute sa vie. Même, le Nouveau Testament rappelle le mépris dont Ésaü fit preuve envers la promesse de bénédictions divines ; je lis le passage :
Veillez à ce qu’il n’y ait personne qui soit profane comme Ésaü qui, pour un simple repas, vendit son droit de premier-né (Hébreux 12.16).
Moi, j’aime bien faire les farfouilles, vide-greniers et autres puces du même genre. Or parmi les tonnes de bouquins étalés partout, il n’est pas rare de trouver une bible, un Nouveau Testament ou bien un petit fascicule qui s’appelle les quatre Évangiles en un seul ; j’en ai acheté trois qui datent respectivement de 1913, 1921 et 1931. Ils se vendaient 5 francs ou un euro et sont en très bon état, comme s’ils n’avaient jamais été feuilletés. Chaque fois que j’en ai acheté un, je n’ai pas pu m’empêcher de dire au vendeur que s’il connaissait la valeur spirituelle de ce petit livre, il le garderait précieusement. Bien sûr, il est interloqué et me regarde avec des yeux en soucoupes parce qu’il ne comprend pas de quoi je parle.
Les gens sont plus attachés à quelques sous qu’à cette brochure qui pourtant a le pouvoir de les conduire à la vie éternelle, mais ils s’en fichent tout comme Ésaü. Jacob lui est un vrai filou ; il est rusé et porte bien son nom qui veut dire : celui qui supplante. Il sait forcer le destin et profiter de l’aubaine inespérée qui s’offre à lui, d’exploiter la faiblesse de caractère de son frère. Malgré tous ses travers qui sont nombreux et pour lesquels il sera sévèrement châtié, Jacob a le grand mérite de croire aux bénédictions divines et sa foi sera fortement récompensée par Dieu.
Commentaire biblique radiophonique écrit par le pasteur et docteur en théologie : Vernon McGee (1904-1988) et traduit par le pasteur Jacques Iosti.