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11 avril 2022

Genèse 12.4 – 14.16

Chapitre 12

Introduction

Peu de gens aiment déménager parce que le changement, donc l’inconnu fait peur.

Et puis, ce n’est pas une sinécure que de faire des cartons, démonter les meubles, trouver un nouveau logement qui corresponde à son budget, s’habituer à un nouvel espace de vie, et se reconstituer des systèmes relationnels. Si en plus c’est pour aller s’installer dans un endroit moins bien, alors là c’est l’angoisse +. C’est exactement ce qui est arrivé au patriarche Abram, mais en pire, car il a dû partir sans savoir où il allait et va finir dans le pays de Canaan dont la civilisation était beaucoup moins avancée que celle qu’il quitte ; le patriarche n’a pas amélioré son sort, loin s’en faut. Dans le Nouveau Testament, ce départ est relaté comme suit :

Le Dieu glorieux apparut jadis à notre ancêtre Abraham, quand il vivait encore en Mésopotamie, avant de s’établir à Harân, et il lui dit : « Quitte ton pays et ta parenté, et va dans le pays que je te montrerai ». C’est ainsi qu’Abraham quitta la Chaldée et vint se fixer à Harân (Actes 7.2-4).

Abram obéit à Dieu qui l’appelle à quitter son pays, sa famille, ses amis, son travail, sa vie très confortable dans la ville de Our en Irak pour aller dans l’inconnu. Selon l’usage, il est accompagné de son père et c’est à cause de lui qu’il s’arrête à Charan en Syrie au lieu de continuer comme Dieu le lui avait demandé. Mais il n’avait sans doute pas le choix, car à cette époque, la coutume voulait que ce soit l’ancêtre qui dirige.

L’Éternel savait bien cela, alors il a simplement attendu jusqu’à ce qu’Abram soit prêt suite au décès de son père. On peut quand même se demander pourquoi Dieu voulait qu’Abram quitte tout — famille, pays et traditions. Un texte de l’Ancien Testament explique les raisons de cette exigence divine. Je le lis :

Il y a bien longtemps, vos ancêtres, en particulier Térah, le père d’Abraham et de Nahor, ont habité de l’autre côté de l’Euphrate et ils rendaient un culte à d’autres dieux (Josué 24.2).

La réponse est simple, courte et déprimante : Abram et sa famille étaient des idolâtres ; ils rendaient un culte à d’autres divinités. Comme l’humanité était toujours dans les ténèbres spirituelles, l’Éternel devait faire quelque chose ou juger à nouveau les hommes. Or il n’est pas seulement un Dieu de justice, mais aussi de grâce qui cherche à repêcher sa créature fautive.

Versets 4-6

Je continue à lire dans le chapitre 12 de la Genèse.

Abram partit donc comme l’Éternel le lui avait demandé, et Lot s’en alla avec lui. Abram avait 75 ans quand il quitta Harân. Il emmena Saraï, sa femme, son neveu Lot, les biens et les serviteurs qu’ils avaient acquis à Harân, et ils se mirent en route pour aller au pays de Canaan. Quand ils furent arrivés, Abram traversa le pays jusqu’à un lieu appelé Sichem, jusqu’au chêne de Moré. À cette époque-là, les Cananéens habitaient le pays (Genèse 12.4-6).

La prompte obéissance d’Abram, enracinée dans sa foi en Dieu, caractérise la vie du patriarche dans son ensemble, malgré des défaillances en cours de route. Mais cette fois-ci encore, il ne part pas seul ; il emmène son neveu Lot qu’il prit sous sa protection suite au décès de son frère selon les coutumes de son temps. Abram est un chef de clan nomade à la tête d’un cheptel important et de nombreux serviteurs, et sa prospérité va aller croissante. Il se rend à Sichem où se trouve un sanctuaire réputé dont témoigne le chêne sacré de Moré.

Ça fait penser aux Gaulois qui cueillaient du gui sacré sur les chênes ; de là vient cette coutume en France de s’embrasser et de se souhaiter la bonne année sous des branches de gui, parce que ça porterait bonheur ; comme quoi la superstition a la vie dure.

Versets 7-9

Je continue.

L’Éternel apparut à Abram et lui dit : Je donnerai ce pays à ta descendance. Abram érigea là un autel à l’Éternel qui lui était apparu. Puis il leva son camp pour se rendre dans la région montagneuse à l’est de Béthel ; il établit son campement entre Béthel, à l’ouest, et Aï, à l’est. Il y construisit un autre autel à l’Éternel et invoqua son nom. Ensuite Abram repartit vers le sud ; d’étape en étape, il gagna le Néguev (Genèse 12.7-9).

Dans l’Ancien Testament, les apparitions de l’Éternel revêtent des formes différentes qui souvent ne sont pas précisées parce que ce n’est pas cela qui compte. Par contre, l’important est qu’Abram érige des autels dans tous les lieux où Dieu lui apparaît. Son habitude était d’établir son campement et de dresser un lieu de culte pour invoquer l’Éternel, attestant par là qu’il croit que ce pays lui appartient. Tôt ou tard, les habitants du pays vont savoir qu’Abram honore l’Éternel et non pas des idoles comme eux ; c’est ainsi qu’il témoigne de sa foi au Dieu du ciel et de la terre partout où il passe.

Béthel veut dire maison de Dieu ; cette ville est dans l’Ancien Testament celle qui est la plus souvent mentionnée après Jérusalem, dont elle est distante de 15 km. Le Néguev est au sud de Jérusalem un plateau stérile qui mène au désert. Avec l’appel que lui a adressé l’Éternel, commence véritablement l’histoire d’Abram, figure majeure de la foi monothéiste, parce que dans le Nouveau Testament il est appelé le père de tous les croyants. Abram est mis en route par la parole de Dieu qui est à la fois un commandement et une promesse, mais aucune raison n’est donnée pour justifier le choix divin.

Cependant, son élection particulière est directement associée au projet de Dieu pour toute l’humanité puisqu’il lui dit : Tous les peuples de la terre seront bénis à travers toi. Par cet homme, puis ses descendants, l’Éternel a pour but le salut d’une humanité dégénérée. Abram le migrant commence donc son pèlerinage ; il est appelé à quitter le monde établi des nations de l’après-Babel, pour devenir le premier maillon du peuple de Dieu et démarrer le plan de l’Éternel qui veut sauver l’humanité. Au milieu des nations païennes du pays de Canaan, Abram va apprendre la confiance, l’obéissance et l’adoration du seul vrai Dieu, mais cela ne se fera pas sans échec.

Versets 10-12

Je continue le texte :

Une famine survînt dans le pays. Alors Abram se rendit en Égypte pour y séjourner quelque temps, car la famine sévissait dans le pays. Lorsqu’il approchait de l’Égypte, il dit à Saraï sa femme : Écoute, je sais que tu es très belle. Quand les Égyptiens te verront, ils se diront : « C’est sa femme ». Ils me tueront et te laisseront en vie. Dis-leur donc que tu es ma sœur, pour qu’on me traite bien à cause de toi. Ainsi, grâce à toi, ma vie sera épargnée (Genèse 12.10-12).

Ça commence plutôt mal. Abram était dans le pays promis et Dieu n’avait pas l’intention qu’il le quitte, même en période difficile. Un beau matin en se levant, il a dû remarquer que le nombre de caravanes se dirigeant vers l’Égypte créait un embouteillage monstre devant sa tente. En effet, c’était là-bas que traditionnellement on allait se ravitailler en période de sécheresse ; grâce aux eaux du Nil, ce pays était moins affecté par les caprices climatiques.

En parlant aux voyageurs, Abram apprend que dans le nord la situation empirait, alors sa confiance en l’Éternel a flanché ; il n’a pas cru que Dieu subviendrait à ses besoins, à ceux de ses serviteurs et de ses troupeaux en période de famine, et il est parti. Pourtant, il avait cette promesse d’être à la fois béni et une source de bénédiction. Abram sort de la volonté de Dieu et d’emblée les choses se compliquent.

Les découvertes archéologiques justifient les peurs d’Abram, car on a trouvé un papyrus qui relate l’histoire d’un pharaon qui envoya deux corps d’armée pour s’emparer d’une femme après avoir tué son mari. Ajoutez à cela qu’un commentaire de la Genèse découvert dans les parchemins de la Mer Morte décrit la femme d’Abram comme étant d’une beauté légendaire et on sent que ça va mal tourner.

Le patriarche savait donc qu’il prenait de gros risques et que sa vie était en danger, mais il prend néanmoins la décision d’aller en Égypte ; il s’enfonce dans un tunnel. La proposition qu’il fait à sa femme est à moitié vraie, car elle était sa demi-sœur ; mais ce demi-mensonge avait ni plus ni moins pour but que de tromper. Et effectivement, tout se déroula comme prévu, Pharaon prit Saraï et la fit préparer : salon de coiffure, les ongles, les bains à la noix de coco, des toilettes, le grand show avant qu’elle ne passe la nuit avec lui puis fasse partie de son harem ; en contrepartie, il traita Abram avec bienveillance. Mais Dieu n’apprécie pas cette comédie.

Versets 17-19

Je continue le texte plus loin :

L’Éternel infligea de grands maux au pharaon et aux gens de sa maison. Alors Pharaon fit venir Abram et lui dit : « Pourquoi ne m’as-tu pas dit qu’elle était ta femme ? Maintenant reprends là et va-t-en ! » (Genèse 12.17-19).

Plutôt pathétique le patriarche !

Chapitre 13

Versets 1-7

Nous arrivons au chapitre 13 que je commence à lire :

Abram quitta donc l’Égypte avec sa femme et tout ce qu’il possédait en direction du Néguev. Lot était avec lui. Abram était très riche en troupeaux, en argent et en or. D’étape en étape, il retourna du Néguev jusqu’à Béthel, au lieu où il avait auparavant établi son campement, à l’endroit où était l’autel qu’il avait précédemment érigé, et il invoqua le nom de l’Éternel. Lot qui accompagnait Abram, avait aussi des moutons, des chèvres, des bovins et des tentes, et le pays ne suffisait pas pour qu’ils puissent habiter ensemble, car leurs troupeaux étaient trop nombreux, et de plus, les Cananéens et les Phéréziens habitaient alors le pays. Alors, les bergers d’Abram se disputèrent avec ceux de Lot (Genèse 13.1-7).

Abram rentre au bercail dans le pays de Canaan plus riche que jamais, mais un peu honteux. Pendant tout ce temps, Dieu ne lui a pas apparu une seule fois. Tout au long du récit, l’auteur ne cherche jamais à taire les faiblesses du patriarche. Après ces péripéties peu glorieuses, Abram retourne à Béthel, où il avait déjà bâti un autel ; c’est un peu comme s’il revenait à la maison après un long et difficile périple.

Mais là encore, les choses se gâtent, car voilà qu’il a des ennuis avec son neveu, parce que tous deux ont tellement de troupeaux que les pâturages et l’eau ne suffisent pas ; comme on dit : l’abondance peut nuire. Résultat : Abram et Lot se querellent tandis que leurs bergers respectifs se disputent comme des chiffonniers. Ce spectacle qui faisait plutôt désordre offrait un piètre témoignage aux habitants du pays de leur foi en l’Éternel. Heureusement, la générosité d’Abram résout le problème.

Versets 8-13

Je lis la suite :

Abram dit à Lot : — Nous sommes de la même famille. Il ne faut donc pas qu’il y ait dispute entre moi et toi, entre mes bergers et les tiens. Séparons-nous plutôt. Tout le pays est à ta disposition. Si tu vas à gauche, j’irai à droite, et si tu vas à droite, j’irai à gauche. Alors Lot regarda et vit toute la plaine du Jourdain qui s’étendait jusqu’à Tsoar : avant que l’Éternel eût détruit Sodome et Gomorrhe, elle était comme le jardin de l’Éternel, comme la terre d’Égypte. Lot choisit donc pour lui toute la plaine du Jourdain et il se dirigea vers l’est. Ainsi, ils se séparèrent l’un de l’autre. Abram se fixa dans le pays de Canaan, et Lot s’établit au milieu des villes de la plaine dressant ses tentes jusqu’aux environs de Sodome. Or les gens de Sodome étaient pervertis, ils commettaient de grands péchés devant l’Éternel (Genèse 13.8-13).

La région que choisit Lot est aujourd’hui désertique, mais l’archéologie a confirmé que du temps d’Abram cette vallée située à l’est-sud-est de la Mer Morte était bien arrosée et très peuplée. Lot n’avait pas le cœur noble de son oncle et il prend les plus beaux morceaux ne sachant pas qu’ils étaient empoisonnés comme la suite va le révéler. Les apparences sont souvent trompeuses et Lot, dans l’arrogance de sa jeunesse, va en faire les frais.

Versets 14-18

Je lis la suite :

L’Éternel dit à Abram après que Lot se fut séparé de lui : Lève les yeux et regarde depuis l’endroit où tu es, vers le nord, le sud, l’est et l’ouest : tout le pays que tu vois, je te le donnerai, à toi et à ta descendance pour toujours. Je rendrai ta descendance aussi nombreuse que les grains de poussière de la terre. Lève-toi, parcours le pays en long et en large, car je te le donnerai. Alors Abram déplaça son campement et vint se fixer près des chênes de Mamré aux environs d’Hébron, et il bâtit là un autel à l’Éternel (Genèse 13.14-18).

Les grains de poussière de la terre étaient une image courante dans le Proche-Orient ancien qui évoquait une descendance nombreuse. L’Éternel confirme sa parole à Abram à un moment où les choses n’allaient pas fort pour lui vu qu’il ne possédait rien de ce qui lui avait été promis. L’Éternel lui enseigne à tenir bon dans sa foi malgré les apparences.

Confiant en Dieu, Abram laisse Lot, pourtant son cadet, choisir son lieu d’installation. La ville d’Hébron, située à 35 km de Jérusalem, est une des plus anciennes du Proche-Orient. À 3 km d’Hébron, le sanctuaire de Mamré devait son nom à un puissant habitant du pays allié avec Abram ; ce lieu existe toujours et s’appelle El Khâlil, ce qui veut dire ami de Dieu en souvenir d’Abram.

Chapitre 14

Versets 1-4

Nous voici arrivés au chapitre 14 de la Genèse que je commence à lire :

Il arriva au temps d’Amraphel, roi de Chinéar c’est à dire Babylone, d’Aryok, roi d’Ellasar, de Kedorlaomer, roi d’Élam, et de Tideal, roi de Goyim, que ces quatre rois firent la guerre à Béra, roi de Sodome, à Bircha, roi de Gomorrhe, à Chineab, roi d’Adma, à Chémeéber, roi de Tseboïm et au roi de Béla, c’est-à-dire Tsoar. Ces derniers rassemblèrent leurs troupes dans la vallée de Siddim que recouvre aujourd’hui la mer Morte. Pendant douze ans, ils avaient été assujettis à Kedorlaomer, mais la treizième année, ils se révoltèrent (Genèse 14.1-4).

Il y a beaucoup de noms compliqués à prononcer et à écrire parce qu’ils sont transcrits phonétiquement. Ce chapitre est cependant important, car c’est un véritable document historique. Autrefois, on doutait fort qu’en cette période reculée, environ 2000 ans av. J-C, des rois de la lointaine Mésopotamie, l’Irak actuel, aient pu conduire une expédition militaire de cette envergure en Palestine.

Aujourd’hui, on a la preuve que de telles campagnes avaient bien lieu. Lors de fouilles menées au Proche-Orient, les archéologues ont confirmé l’existence de la plupart des noms cités ici ; ils ont aussi découvert que les villes étaient alors très fortifiées. Les 4 qui sont mentionnées : Sodome, Gomorrhe, Adma, et Tseboïm furent plus tard englouties par la mer Morte.

C’est ici la première guerre de grande envergure mentionnée dans les Écritures ; elle figure dans le récit parce que Lot, le neveu d’Abraham, va y être impliqué jusqu’au cou ; pris entre deux feux et en très mauvaise posture, il va provoquer l’intervention de son oncle. La suite du texte dont je vous ferais grâce, donne les détails de l’expédition militaire qui mit à feu et à sang toute la région, ainsi que la victoire des rois venus de l’est contre ceux qui étaient en Palestine.

Versets 11-13

Je lis plus loin :

Les vainqueurs s’emparèrent de tous les biens de Sodome et de Gomorrhe, ils prirent toutes leurs réserves de vivres et s’en allèrent. Ils enlevèrent aussi Lot le neveu d’Abram, avec ses biens, car il demeurait à Sodome. Un rescapé vint annoncer la nouvelle à Abram l’Hébreu qui habitait près des chênes de Mamré l’Amoréen, un frère d’Echkol et d’Aner ; ces trois frères étaient tous trois des alliés d’Abram (Genèse 14.11-13).

C’est la première fois qu’on nomme Abram l’Hébreu, du nom d’un de ses ancêtres appelé Héber. Cela faisait 13 ans que les 5 rois de Palestine payaient un tribut annuel aux quatre rois de Mésopotamie. Se croyant suffisamment forts ils se révoltèrent, mais connurent une cuisante défaite. La confédération venue de l’est enlève toutes les richesses des vaincus, toutes leurs provisions et remontent tranquillement vers le nord sur la côte ouest de la Mer Morte pour rentrer chez eux. Seulement voilà, cette troupe victorieuse passe à proximité du territoire occupé par Abram ; le hasard de Dieu fait bien les choses quand on vit dans la confiance en lui.

Commentaire biblique radiophonique écrit par le pasteur et docteur en théologie : Vernon McGee (1904-1988) et traduit par le pasteur Jacques Iosti.

avril 18 2024

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