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29 mai 2024

Galates 2.1-14

Chapitre 2

Introduction

« Tous pour un, un pour tous ! L’union fait la force ». Ces expressions sont très connues. Dans toute équipe sportive, les joueurs ou les athlètes doivent coopérer les uns avec les autres s’ils veulent avoir une chance de gagner la compétition. Ceux qui sont trop individualistes font le jeu de l’adversaire. Cette nécessité de marcher d’un même pas tombe sous le sens. Même Salomon écrit : Mieux vaut être à deux que tout seul. On tire alors un bon profit de son travail. Et si l’un tombe, l’autre le relève, [..]. Un homme seul est facilement maîtrisé par un adversaire, mais à deux ils pourront tenir tête à celui-ci. Et une corde à triple brin n’est pas vite rompue (Ecclésiaste 4.9,10,12). Pourtant, ici comme dans la plupart des situations, l’exception confirme la règle. C’est ainsi que le grand apôtre Paul, un homme brillant, est aussi un franc-tireur ; il travaille indépendamment des apôtres officiels, c’est-à-dire les 12 comme on les appelle, parce que l’ordre de mission qu’il a reçu directement du Christ le lui impose. Mais cet état de fait lui pose un problème. En effet, comme il est isolé et l’apôtre nouveau venu, il est une cible facile pour les faux jetons judaïsants et légalistes qui montent régulièrement des attaques contre lui. Paul est donc sans cesse obligé de défendre son autorité apostolique et le message qu’il prêche. Cela dit et bien qu’il fasse cavalier seul, Paul va prouver qu’il est solidaire des apôtres de Jérusalem et qu’ils sont fondamentalement unis parce qu’ils annoncent le même Évangile.

Verset 1

Je commence à lire le chapitre 2 de l’épître aux Galates.

Quatorze ans plus tard, je suis remonté à Jérusalem en compagnie de Barnabas. J’avais aussi emmené Tite avec moi (Galates 2.1).

D’après le livre des Actes, après sa conversion, Paul s’est rendu à Jérusalem à 5 reprises :

  • une première fois pour rendre visite aux apôtres Pierre et Jacques (Actes 9),
  • une seconde au moment d’une famine (Actes 11.29,30),
  • une 3e pour participer au Concile apostolique de Jérusalem (Actes 15),
  • une 4e après son second voyage missionnaire (Actes 18)
  • et la dernière fois lorsqu’il fut emprisonné sur ordre de l’empereur (Actes 21).

Ici, il pourrait être question soit de sa 2e, soit de sa 3e visite à Jérusalem. Si Paul s’est converti à Jésus-Christ en l’an 36 comme le disent certains commentateurs, quatorze ans plus tard nous amène à l’an 50 qui est aussi l’année du concile de Jérusalem. De toute façon ce qui importe à Paul est de montrer que d’une part, il est apôtre de plein droit et qu’il a exercé son ministère pendant de longues années par l’autorité de Jésus-Christ seul et tout à fait indépendamment des apôtres officiels, et d’autre part, qu’après cela son apostolat a été solennellement reconnu par les autres apôtres du Seigneur, ce qui fait qu’il est en parfaite harmonie avec les douze alors que les Judaïsants invoquent leur autorité contre lui.

En tout cas, Paul a eu des discussions avec les apôtres concernant la doctrine chrétienne et le rapport entre la Loi de Moïse et la grâce en Jésus-Christ. Le fait qu’il ait emmené avec lui Tite, un païen et donc non circoncis, va être un test. A cette époque, un fort courant d’opinion pour le Judaïsme et contre Paul s’est développé dans l’Église, même s’il n’est pas partagé par les apôtres. Si Tite est traité comme un frère par les chrétiens de Jérusalem, bien reçu dans leurs assemblées, la cause des païens est gagnée.

La circoncision n’est pas un problème pour la quasi-totalité des chrétiens de Judée parce que étant Juifs, ils ont suivi toutes les cérémonies et l’enseignement de la Loi de Moïse depuis leur naissance. En fait, ces croyants se rendent toujours au Temple pour adorer Dieu parce que la coupure franche et nette entre le judaïsme et le christianisme n’aura vraiment lieu qu’en l’an 70, après la destruction complète de Jérusalem et du Temple par les Romains.

Quand Paul se rend à Jérusalem, le peuple baigne dans le flou religieux et les hommes pieux flottent entre la Loi et la grâce. Il règne une sorte d’entente cordiale entre le judaïsme pur et le christianisme malgré les violences perpétrées par les nationalistes religieux, ceux-là mêmes qui entraîneront Israël à se révolter contre Rome et qui seront mâtés dans un bain de sang.

Verset 2

Je continue le texte.

J’ai fait ce voyage pour obéir à une révélation divine. J’y ai exposé l’Évangile que j’annonce parmi les non-Juifs, je l’ai exposé dans un entretien particulier aux dirigeants les plus considérés. Car je ne voulais pas que tout mon travail passé et futur soit compromis (Galates 2.2).

Pour Paul, l’intégrité et l’unité du mouvement chrétien est en jeu, car si les apôtres imposent aux païens convertis la circoncision et le respect de la Loi, son oeuvre est réduite à néant et c’est le doute et la confusion dans les rangs des croyants d’origine païenne.

Paul ne s’est pas rendu à Jérusalem parce qu’on l’a convoqué et il ne cherche pas l’approbation des apôtres. Il s’est entretenu avec eux pour éviter tout malentendu et dans l’intérêt de l’Évangile afin de leur présenter la Bonne Nouvelle qu’il a reçue du Christ et qu’il annonce depuis 14 ans, et aussi pour établir un front commun face aux Judaïsants.

Ce passage enseigne qu’il est important de maintenir l’unité et l’harmonie entre les serviteurs de Dieu même entre ceux qui travaillent dans différents champs de mission.

Versets 3-5

Je continue.

Or Tite, mon compagnon, était d’origine païenne. Eh bien, on ne l’a même pas obligé à se soumettre au rite de la circoncision. Et cela, malgré la pression de faux-frères, des intrus qui s’étaient infiltrés dans nos rangs pour espionner la liberté dont nous jouissons dans notre union avec Jésus-Christ. Ils voulaient faire de nous des esclaves. Mais nous ne leur avons pas cédé un seul instant ni fait la moindre concession afin que la vérité de l’Évangile soit maintenue pour vous (Galates 2.3-5).

Paul fait une parenthèse pour parler de l’église de Jérusalem vis à vis de Tite. Cet homme est païen non circoncis mais il se dit chrétien. C’est un défi pour une jeune église uniquement composée de Juifs et de prosélytes. Paul sait fort bien que Dieu ne fait pas de favoritisme et qu’il accepte tous les hommes qui placent leur foi en Jésus-Christ sans faire de distinctions entre eux. Il veut donc que les chrétiens prennent une position similaire sans équivoque. Mais il ne lui a pas été facile d’obtenir gain de cause à cause des faux frères imbus de préjugés pharisaïques qui constituent un groupe de pression important dans les églises de la Judée. Leur slogan est : « Si vous ne vous faites pas circoncire comme Moïse l’a prescrit, vous ne pouvez pas être sauvés ». Ils ont réussi à s’infiltrer furtivement dans les rangs des croyants avec des intentions hostiles. Premièrement, ils veulent savoir quels sont les préceptes cérémonials de la loi de Moïse que les chrétiens païens respectent ; les règles morales ne les intéressent pas puisqu’elles n’ont pas changé et doivent être respectées par tous.

Deuxièmement, l’intention des Judaïsants est de prendre le pouvoir, une sorte de coup d’État religieux, en jouant sur le poids de leur influence pour convaincre tous les chrétiens juifs de la justesse de leur position. Ils ont donc argumenté la nécessité de suivre toute la Loi de Moïse afin de faire partie du peuple de Dieu. J’imagine qu’ils ont dit : « Cet homme, Tite, est un incirconcis, il ne peut pas être sauvé ». Mais Paul a répondu : « Non, et il ne va pas l’être. Il est croyant au même titre que les autres. Il a été sauvé comme nous par la foi sans la loi.

Si Tite avait été obligé de se faire circoncire, cela aurait voulu dire que l’homme ne devient pas juste devant Dieu uniquement sur la base de sa foi en Jésus-Christ, mais qu’en plus il doit obéir à la Loi pour obtenir le salut. C’est donc le fondement même de l’Évangile de la grâce qui est menacé par les Judaïsants. Mais Paul a su leur résister et il est resté intransigeant sur la nature du salut par grâce (comparer Galates 5.3-6).

Verset 6

Je continue.

Quelle a été, à cet égard, l’attitude des dirigeants les plus influents ? — En fait, ce qu’ils étaient alors m’importe peu, car Dieu ne fait pas de favoritisme. — Eh bien, ces gens très influents ne m’ont pas imposé d’autres directives (Galates 2.6).

Après avoir parlé de Tite, Paul reprend le récit de sa rencontre avec les apôtres à Jérusalem, c’est-à-dire Pierre, Jacques et Jean, qu’il appelle plus loin les « colonnes de l’Église ». Les Judaïsants voyaient en Paul un apôtre de second rang et privilégiaient les 12 parce qu’ils avaient été des témoins oculaires du ministère de Jésus et de sa résurrection. Mais Paul dit ne pas être impressionné par leurs lettres de noblesse, leurs rangs passés ou présents parce que devant Dieu il est égal à eux. Paul s’exprime sur ce ton tranchant parce qu’il combat des Judaïsants hérétiques. Il demande qu’on ne fasse pas d’un apôtre, plus qu’un homme. Luther disait : « Ma personne importe peu ; Dieu saura bien créer dix docteurs Martin ». Paul dit de même de tous les apôtres. De toute façon, ils ont totalement approuvé son Évangile, déclarant qu’ils n’avaient rien à y ajouter. Tous les apôtre et Paul sont donc unis comme les doigts de la main dans le même esprit.

Versets 7-8

Je continue.

Au contraire ! Ils ont constaté que Dieu m’avait confié la charge d’annoncer l’Évangile aux non-Juifs comme à Pierre celle de l’annoncer aux Juifs. — Car celui qui a agi en Pierre pour qu’il soit l’apôtre des Juifs a aussi agi en moi pour que je sois celui des non-Juifs (Galates 2.7-8).

Il faut bien insister sur le fait qu’il n’y a pas deux Évangiles, celui de Pierre et celui de Paul. Ces deux hommes sont complètement d’accord et c’est le même message qui est annoncé à deux groupes de personnes très distincts. Le mandat de Pierre est plutôt auprès des Israélites et Paul prêche plutôt aux païens. Cependant, ces deux champs de travail assignés à Pierre et à Paul, ne sont pas délimités d’une manière absolue ; les premiers païens furent amenés à la foi par Pierre (Actes 10), et dans tous ses voyages missionnaires, Paul commence toujours par aller d’abord dans les synagogues.

Verset 9

Je continue.

Ainsi Jacques, Pierre et Jean, qui sont considérés comme “ colonnes ” de l’Église, ont reconnu que Dieu, dans sa grâce, m’avait confié cette tâche particulière. C’est pourquoi ils nous ont serré la main, à Barnabas et à moi, en signe d’accord et de communion ; et nous avons convenu ensemble que nous irions, nous, vers les peuples païens tandis qu’eux se consacreraient aux Juifs (Galates 2.9).

Les trois apôtres clés et chefs de l’Église ont manifesté un signe d’entente et de confiance vis-à-vis de Paul afin que tous les chrétiens sachent bien qu’il n’y a pas de désaccord entre eux, qu’ils travaillent en communion fraternelle les uns avec les autres tout en acceptant mutuellement la répartition de leur tâches respectives : Pierre, Jacques et Jean vont surtout vers les Juifs, tandis que Paul et ses compagnons évangélisent les païens. Quand les légalistes ont appris que Paul avait reçu la pleine bénédiction et l’appui des « colonnes de l’Église » pour son ministère auprès des non-Juifs, ils ont dû grincer des dents.

Verset 10

Je continue.

Ils nous ont seulement demandé de nous souvenir des pauvres, — ce que j’ai bien pris soin de faire (Galates 2.10).

Les Textes Sacrés mentionnent très souvent les nécessiteux et exhortent les chrétiens à les aider. L’apôtre Jacques écrit : Supposez qu’un frère ou une sœur manquent de vêtements et n’aient pas tous les jours assez à manger. Et voilà que l’un de vous leur dit : “ Au revoir, mes amis, portez-vous bien, restez au chaud et bon appétit ”, sans leur donner de quoi pourvoir aux besoins de leur corps, à quoi cela sert-il ? (Jacques 2.15-16).

Près de la moitié de la population mondiale vit dans la pauvreté à des degrés divers. La Banque Mondiale estime que presque deux milliard d’êtres humains sont dans une pauvreté extrême. Ils ont un revenu inférieur à un dollar américain par jour, à peine plus de 50 centimes d’euro, ce qui veut dire qu’ils ne peuvent pas satisfaire leurs besoins élémentaires de survie. Ils ne mangent jamais à leur faim, ne sont pas protégés des intempéries, ne possèdent ni chaussures, ni le minimum approprié de vêtements ; ils n’ont pas accès à de l’eau potable, aux soins médicaux ou à l’hygiène la plus rudimentaire. En d’autres mots, ils meurent à petit feu à cause de leur extrême pauvreté. Ces sociétés sont déstructurées, très instables et présentent les conditions idéales aux fondamentalistes de tout bord pour recruter des hommes de main prêts à n’importe quoi pour se venger des riches qui les ignorent ou pire encore les exploitent.

Depuis le 11 septembre 2001, les États-Unis se sont lancés dans une vaste campagne antiterroriste. En 2005, ils ont dépensé 500 milliards de dollars pour entretenir leurs forces armées afin d’acheter la paix, mais n’ont consacré qu’une misère de 16 milliards pour aider les plus pauvres des miséreux. C’est un très mauvais calcul et je ne dis pas le fond de ma pensée.

Les indigents sont importants aux yeux de Dieu et il nous tient tous responsables de leur situation. Pierre et Paul l’ont bien compris. La priorité des deux grands chefs de l’Église est de comparer leurs notes sur le message qui doit apporter la vie éternelle aux multitudes, tant juives que païennes. Mais ensuite, leur souci est de pourvoir aux besoins des pauvres. Dès l’origine du christianisme, le souci des nécessiteux et le soin apporté aux malades et à tous ceux qui souffrent, est non seulement un fruit de l’amour chrétien, mais un lien puissant entre les Églises judéo-chrétiennes et celles qui sont issues du paganisme.

Paul est connu pour un défenseur de la foi, un grand évangéliste, et c’est vrai. Mais c’est sa préoccupation pour les destitués de la Judée qui l’a amené la 2e fois à Jérusalem. C’est ce même souci pour eux qui l’a motivé à recueillir des dons de charité de la part des croyants non-Juifs au cours de son 3e voyage missionnaire. De telles offrandes ont allégé les souffrances humaines, mais elles ont aussi prouvé que les chrétiens des contrées païennes se préoccupent de leurs frères israélites. Par la force des choses, cette action a promu l’unité et l’amour entre tous les croyants quels qu’ils soient, et à effacer ou prévenir les malentendus.

Entre Pierre et Paul, c’est donc le ciel sur la terre. Eh bien pas tout à fait. Il est bien vrai qu’ils sont d’accord sur le plan théologique, mais les questions pratiques concernant les scrupules des judéo-chrétiens ne sont pas encore réglés ce qui va se manifester dans la suite du texte.

Après sa conversion à Jésus-Christ et un temps de réflexion en Arabie, Paul est allé exercer son ministère dans sa province natale et probablement à Tarse, sa ville d’origine. Mais Barnabas lui a demandé de venir œuvrer avec lui au nord de la Palestine, à Antioche de Syrie. Cette église fut la première à compter dans ses rangs de nombreux païens, ce qui explique l’incident qui a eu lieu entre les deux chefs.

Il est utile de savoir que les premiers chrétiens participent périodiquement à un repas fraternel avant de prendre la cène en souvenir du sacrifice de Jésus. D’autre part, et contrairement aux Juifs, les païens mangent toute sorte de nourriture, y compris du porc, des aliments interdits par la loi de Moïse, ou de la viande d’animaux qui ont été sacrifiés aux idoles. Bien qu’il soit Juif, Paul partage la table des païens parce que selon la liberté de l’Évangile, les croyants ne sont plus tenus de respecter les directives de la Loi.

L’incident qui suit est omis, peut-être bien volontairement, par Luc qui a écrit le livre des Actes qui pourtant décrit cette période. À un certain moment, mais on ne sait pas quand, Pierre arrive à Antioche, où de toute évidence, dans l’église, les Juifs et les païens cohabitent sans problème. L’apôtre se joint alors aux païens et fait bonne chère avec eux parce que Dieu lui a enseigné dans une vision que son optique de Juif pur et dur ne convient plus sous le régime de la grâce. Je lis le passage du livre des Actes :

Pierre vit le ciel ouvert et une sorte de grande toile, tenue aux quatre coins, qui s’abaissait et descendait vers la terre ; elle contenait toutes sortes d’animaux : des quadrupèdes, des reptiles et des oiseaux. Il entendit une voix qui lui disait : — Lève-toi, Pierre, tue ces bêtes et mange-les. — Oh non ! Seigneur, répliqua Pierre, car jamais de ma vie je n’ai rien mangé de souillé ou d’impur. Mais la voix reprit et dit : — Ce que Dieu a déclaré pur, ce n’est pas à toi de le considérer comme impur (Actes 10.11-15).

Versets 11-12

Je continue le texte du second chapitre de l’épître aux Galates.

Mais, lorsque Pierre est venu à Antioche, je me suis opposé ouvertement à lui, car il avait tort. En effet, avant l’arrivée de quelques personnes de l’entourage de Jacques, il prenait part aux repas communs avec les frères non-juifs ; mais après leur venue, il s’est esquivé et s’est tenu à l’écart, parce qu’il craignait les croyants d’origine juive (Galates 2.11-12).

Ces disciples de Jacques sont des légalistes austères. Sous la grâce, ils peuvent faire comme ils veulent à condition qu’ils n’imposent pas leur point de vue. Ils n’ont pas le droit d’empiéter sur ma liberté de manger ou boire ce qui me plaît. Là où le bât blesse est que ces personnes donnent à Pierre l’impression qu’il est désavoué par eux, parce qu’il mange en compagnie de païens, peut-être un rôti de porc ou d’autres aliments interdits par la loi. Alors lentement à pas de loup, mais sûrement, Pierre quitte ses frères païens pour aller s’asseoir à l’écart d’eux comme s’ils avaient la peste.

Ce comportement terriblement hypocrite est normal de la part d’un politicien, mais pas de l’apôtre Pierre. A-t-il agi ainsi parce qu’il craint de perdre sa réputation de chef des apôtres ou parce qu’il risque de compromettre son ministère auprès des circoncis ? Le motif d’une telle conduite est malheureusement tout à fait en harmonie avec son caractère. Il s’est laissé entraîner par cette crainte des hommes qui naguère avait déjà causé son reniement du Seigneur. L’attitude de Pierre, répréhensible au plus haut degré, a fait bondir Paul qui a fait une intervention musclée publique afin de défendre la pureté de l’Évangile de la grâce. Paul raconte cet événement uniquement pour convaincre d’autant mieux les Galates de l’indépendance de son apostolat, et de l’importance qu’ils doivent attacher à la doctrine fondamentale de la justification par la foi seule.

Verset 13

Je continue.

Comme lui, les autres chrétiens d’origine juive se sont mis, eux aussi, à cacher leurs véritables convictions, au point que Barnabas lui-même s’est laissé entraîner par leur dissimulation (Galates 2.13).

Cette situation est un peu comme quand on aligne les dominos sur champ les uns à côté des autres. Dès que le premier tombe, tous suivent. L’hypocrisie de Pierre s’est propagée comme un feu de brousse, même jusqu’à Barnabas, un comble, car il est le compagnon de Paul dans l’évangélisation des païens. Pierre et les autres ont beau clamer qu’avec les non-Juifs, ils ne forment qu’un corps en Jésus-Christ, leur conduite dit le contraire. Ce qui est en cause, ce sont les scrupules traditionnels des Juifs qui ne mangent pas en compagnie des païens. Pourtant, le point central de l’Évangile est que l’homme n’est pas sauvé par l’obéissance à des formes religieuses mais par grâce.

Verset 14

Je continue.

Mais quand j’ai vu qu’ils ne marchaient pas droit, selon la vérité de l’Évangile, j’ai dit à Pierre devant tous les frères : “ Toi qui es d’origine juive, tu vis comme un croyant d’origine païenne, et non comme un Juif. Comment peux-tu vouloir obliger les frères d’origine païenne à vivre comme des Juifs ? ” (Galates 2.14).

Les non-Juifs ne savent plus que penser. On leur enseigne qu’ils sont sous la grâce et tout d’un coup, Pierre les quitte parce qu’ils sont païens. Par l’autorité de son exemple, Pierre les oblige moralement à obéir à la Loi. Il n’est donc pas étonnant que la réaction de Paul est fulgurante. Le comportement de Pierre ayant créé un scandale, il mérite une réprimande publique sévère. Paul lui a remonté les bretelles tout en haut et Pierre n’a rien répondu car il a 100 % tort. En agissant contrairement à ses convictions, il a trahi la liberté chrétienne et insulté les croyants païens. Il mérite la corde. Voilà l’homme dont on a voulu faire le prince des apôtres et le premier des papes !

En se présentant comme le défenseur de la pureté de l’Évangile, Paul montre une nouvelle fois son autorité spirituelle et son indépendance par rapport aux apôtres choisis par Jésus. Même les plus grands peuvent faillir, mais cela n’excuse pas mes écarts de conduite, car devant le trône du jugement, chacun devra rendre compte pour lui-même.

Commentaire biblique radiophonique écrit par le pasteur et docteur en théologie : Vernon McGee (1904-1988) et traduit par le pasteur Jacques Iosti.

avril 26 2024

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