Ézéchiel 29.1 – 31.11
Chapitre 29
Introduction
Quand Napoléon faisait ses études à l’école militaire, on lui a enseigné qu’on n’attaque pas la Russie parce qu’elle est défendue par le général « Hiver » dont l’armement est redoutable : le froid et la neige sur des distances interminables. On connaît la suite. D’autres pays sont également bien défendus par la nature ; l’Égypte par exemple, est protégée contre les invasions par le désert et la chaleur brûlante du soleil. De tous les états qui (en 589 avant J-C) se sont alliés contre Nabuchodonosor, la ville-état de Tyr et l’Égypte sont les dernières à être vaincues. Après avoir décrit la fin de Tyr, Ézéchiel prophétise maintenant contre l’Égypte.
Israël fut esclave des Égyptiens pendant quatre siècles et ce sont eux qui les ont initiés à l’idolâtrie. Mais là n’est pas le motif de cette prophétie bien qu’il en est aussi question. En effet, depuis la sortie des Hébreux de leur pays, les Égyptiens ne leur ont pas été particulièrement hostiles ; par contre, ils ont encouragé les rois des deux royaumes israélites : les X tribus du Nord et Juda, à se révolter contre les Assyriens puis les Babyloniens ; mais quand est venu le moment de leur porter secours, l’Égypte n’a pas bougé ou s’est borné à de futiles démonstrations de force, genre défilés militaires avec fanfare et médailles bien astiquées.
Le roi Ézéchias avait compté sur l’Égypte contre l’Assyrie, mais ce fut un désastre (Ésaïe 36.6). Ce scénario s’est reproduit sous Sédécias, dernier roi de Juda ; le pharaon Hophra (589-570) est bien venu avec son armée, mais quand Nabuchodonosor lui a montré les dents, le roi d’Égypte a vite plié bagage et est retourné chez lui la queue entre les jambes. C’est ce manque de loyauté ainsi que l’orgueil, que le prophète reproche à l’Égypte, qui cependant, n’est pas menacée d’une destruction dont elle ne se remettra jamais comme l’ont été les autres nations (sauf Sidon).
L’Égypte est le septième état étranger mentionné dans cette série de prophéties et elle est l’objet de sept oracles prononcés à différentes époques (comparez Ésaïe 19, 20 ; Jérémie 46).
Versets 1-2
Je commence de lire le chapitre 29 du livre d’Ézéchiel.
Le douzième jour du dixième mois de la dixième année, l’Éternel m’adressa la parole en ces termes : Fils d’homme, dirige ton regard vers le pharaon, roi d’Égypte, et prophétise contre lui, contre l’Égypte tout entière (Ézéchiel 29.1-2).
Nous sommes en janvier 587 soit un an après le début du siège de Jérusalem (2Rois 25.1) et six mois avant sa chute. Les Israélites placent encore leurs espoirs dans l’Égypte dont ils espèrent le secours.
Verset 3
Je continue.
Tu diras : Voici ce que dit le Seigneur, l’Éternel : Je vais m’en prendre à toi, pharaon, roi d’Égypte, toi le grand crocodile tapi au milieu de tes fleuves, toi qui as dit : “ Mes fleuves sont à moi, c’est moi qui les ai faits ” (Ézéchiel 29.3).
« Le grand crocodile » qui habite le Nil, son delta et tous les canaux qui arrosent le pays, représente la puissance égyptienne (comparez Ésaïe 27.1 ; 51.9). Ce pays vit du Nil car sans ce fleuve, ce serait un désert ; d’ailleurs, les Grecs appellent l’Égypte : « le don du Nil ». Le pharaon, lui, appelle le Nil : « son fleuve » et il prétend que c’est lui qui l’a fait. C’est effectivement lui qui assure l’entretien du système d’irrigation admirable auquel l’Égypte doit sa prospérité, mais de là à prétendre en être le créateur, c’est se prendre pour un dieu et il va sans dire que l’Éternel n’apprécie pas l’orgueil démesuré du pharaon.
La religion des Égyptiens est centrée sur le culte du soleil et du Nil, les deux sources de vie du pays.
Mais en plus, les Égyptiens se livrent à un animisme grossier et adorent une multitude de divinités. Osiris, dieu du Nil, est la divinité de la fécondité et des abîmes infernaux ; je ne vois pas tellement le rapport. Rê est le dieu solaire. Amon, dieu de Thèbes, est identifié à Rê et appelé Amon-Rê. À Hermopolis, on adore la lune, protectrice des mathématiciens, des scribes et des sages. Ptah, dieu de la ville de Memphis, est le « Grand Chef des Artisans ».
Ce n’est pas tout car les Égyptiens on aussi un nombre considérable d’animaux sacrés : le taureau, la vache, le chat, le babouin, le chacal, le crocodile. Certaines divinités ont un corps d’homme et une tête d’animal. Anubis, guide des morts, possède une tête de chacal ; Horus, une tête d’épervier. Pendant une brève période, les prêtres ont voulu imposer un monothéisme solaire, mais ça n’a pas duré. Quand l’Éternel a puni l’Égypte par les fameuses dix plaies, elles étaient dirigées contre un certain nombre de fausses divinités.
Versets 4-6 a
Je continue le texte en compressant.
Je te passerai des crochets dans les mâchoires, je ferai adhérer les poissons de tes fleuves à tes écailles, et je te tirerai du milieu de tes fleuves, avec tous les poissons qui nagent dans tes fleuves et qui adhéreront à tes écailles. Et tous les habitants de l’Égypte reconnaîtront que je suis l’Éternel (Ézéchiel 29.4-6 a).
Ce jugement du crocodile et des poissons s’adresse en réalité au pharaon et à son armée.
Versets 6 b-7
Je continue.
Car les Israélites n’ont trouvé en eux qu’un appui aussi fragile qu’un roseau. Quand ils t’ont saisi dans leur main, tu as cassé et leur as déchiré toute l’épaule, et quand ils s’appuyaient sur toi, tu t’es brisé et tu leur as paralysé les reins (Ézéchiel 29.6 b-7).
Les bords du Nil sont couverts de roseaux qui sont très fragiles. Cette image décrit bien ce qu’a été l’Égypte pour les Israélites quand ils comptaient sur elle pour les secourir (2Rois 18.20-21), et comme je l’ai dit, c’est l’une des raisons de ce jugement.
Versets 8-12
Je continue en compressant.
C’est pourquoi le Seigneur, l’Éternel, te déclare : Je vais faire venir l’épée pour t’attaquer, je supprimerai de chez toi les hommes et les bêtes ; le pays d’Égypte deviendra un désert et une ruine, et l’on reconnaîtra que je suis l’Éternel. Parce que tu as dit : “ Le fleuve m’appartient et c’est moi qui l’ai fait ”, je ferai de l’Égypte le plus désertique de tous les pays et de ses villes les plus ravagées de toutes les villes en ruine : cela durera quarante ans. Je disséminerai les Égyptiens parmi les nations, je les disperserai dans différents pays (Ézéchiel 29.8-12).
Deux historiens (Mégasthènes, Abydénus) rapportent que Nabuchodonosor fit des incursions dans le nord de l’Afrique et même jusqu’en Espagne. Un troisième historien (le Babylonien Bérose, 3e siècle avant J-C) écrit que le roi de Babylone régnait sur l’Égypte, la Syrie, la Phénicie et l’Arabie ; et l’historien juif Josèphe place la conquête de l’Égypte cinq ans après la prise de Jérusalem. Il ajoute que les habitants de Juda qui s’étaient réfugiés en Égypte après le meurtre du gouverneur Guedalia (comparez Jérémie 41.44), furent soit massacrés soit exilés. Des inscriptions archéologiques découvertes au 19e siècle confirment cette conquête de l’Égypte par Nabuchodonosor. Dans l’une d’entre elles, le gouverneur de la Haute Égypte (résidant près de Syène dans l’île d’Éléphantine, près du barrage d’Assouan) dit : « C’était là que l’armée ennemie avait le plus cruellement sévi » (F. Godet, sur Ézéchiel 29.11-12, 14). On sait aussi que Nabuchodonosor déporta des populations de la péninsule ibérique et deux tribus entières d’Arabie (Hadhoura et Ouabar).
Les campagnes babyloniennes commencèrent après la conquête totale de la ville de Tyr en 573 avant J-C. L’Égypte est alors envahie une première fois alors que Hophra est sur le trône et une seconde fois (en 568) alors que son meurtrier et successeur (Amasis) est au pouvoir.
Versets 13-15
Je continue en compressant.
Mais voici ce que dit le Seigneur, l’Éternel : Au bout de quarante ans, moi, je rassemblerai les Égyptiens d’entre les peuples où on les aura dispersés, je les rétablirai au pays de Patros, leur pays d’origine, et là ils formeront un modeste royaume. Je réduirai leur importance afin qu’ils ne dominent plus sur les autres nations (Ézéchiel 29.13-15).
L’Égypte antique était la plus civilisée des nations du Moyen Orient, et pendant des siècles la plus puissante. Mais après sa conquête par Nabuchodonosor, elle perdit pour toujours son éclat d’autrefois. Elle fut encore envahie par les Perses (Cambyse II, fils de Cyrus le Grand, en 525), puis par Alexandre le Grand. Et à la naissance de Jésus, l’Égypte est une province romaine. Ensuite, l’Égypte passe sous domination arabe, puis l’Empire ottoman s’en empare (en 1517). Même Napoléon l’occupe pendant trois ans (1798-1801). Elle finit sous la coupe britannique (en 1882) jusqu’en 1841 où elle redevient indépendante.
Versets 17-20
Je continue le texte plus loin en compressant.
Le premier jour du premier mois de la vingt-septième année, l’Éternel m’adressa la parole en ces termes : Fils d’homme, Nabuchodonosor, le roi de Babylone, a soumis son armée, à un effort immense pour lutter contre Tyr mais il n’a retiré aucun profit à Tyr. C’est pourquoi je vais lui donner l’Égypte. Il en emportera les nombreuses richesses. L’Égypte servira de salaire à ses troupes (Ézéchiel 29.17-20 ; comparez Jérémie 43.3-8 ; 46.25-26).
Cette prophétie donnée 17 ans après la précédente, date d’avril 571 avant J-C, et elle est chronologiquement la dernière de la série contre l’Égypte. Selon l’histoire, c’est Alexandre le Grand qui fit construire la digue permettant d’atteindre l’îlot où les Tyriens s’étaient réfugiés. Cependant, le texte et d’autres montrent que les Grecs n’ont fait que répéter ce que Nabuchodonosor avait déjà fait, et qui lui prit 13 ans. Pendant ce temps, grâce à leur flotte, les Tyriens sont constamment ravitaillés et peuvent mettre à l’abri leurs précieuses richesses. Pour cette raison, la prise de Tyr n’a pas procuré aux Babyloniens la rémunération attendue.
Verset 21
Je finis de lire le chapitre 29.
En ce jour-là, je ferai croître la force d’Israël. Quant à toi, tu pourras parler librement parmi eux, et ils reconnaîtront que je suis l’Éternel (Ézéchiel 29.21).
Les puissances de Tyr et de l’Égypte sont anéanties, mais celle d’Israël sera restaurée. Cette prophétie est confirmée par l’histoire. Après leur retour d’exil, les Israélites reconnaissent que les prophéties d’Ézéchiel sont vraies. Il se peut même que le prophète lui-même, alors âgé de plus de 80 ans, revint à Jérusalem avec les colons dirigés par Zorobabel, et recommença à prophétiser. Mais si c’est le cas, son chant du cygne ne nous est pas parvenu.
Chapitre 30
Versets 1-3
Je commence à le lire le chapitre 30 qui continue les prophéties contre l’Égypte.
L’Éternel m’adressa la parole en ces termes : Fils d’homme, prophétise. Tu diras : Le Seigneur, l’Éternel, dit ceci : Poussez des hurlements, criez : “ Hélas ! Quel jour ! ” Oui, car le jour est proche, il approche à grands pas, le jour de l’Éternel, et ce sera un jour tout chargé de nuages, un temps pour les nations (Ézéchiel 30.1-3).
« Le jour de l’Éternel » est ici un temps de jugement ; il correspond à deux événements distincts, l’un imminent qui est la conquête de l’Égypte par Nabuchodonosor, et l’autre qui aura lieu à la fin des temps et qui concerne toutes les nations.
Versets 4-7
Je continue en compressant.
Le glaive s’abattra sur le pays d’Égypte. L’Éthiopie, Pouth et Loud, et toute l’Arabie ainsi que la Libye et les fils du pays de l’alliance, tomberont par l’épée avec les Égyptiens (Autre). L’Égypte ne sera plus qu’une terre désolée parmi les terres désolées, et ses villes seront au milieu de villes en ruines (Ézéchiel 30.4-7).
D’après l’ancienne version grecque, « Les fils du pays de l’alliance » sont les Israélites qui se réfugièrent en Égypte quand Babylone a envahi Juda. Un grand nombre d’entre eux moururent en même temps que les Égyptiens et leurs alliés qui étaient originaires de ce qui est aujourd’hui le Soudan et le nord de l’Éthiopie.
Versets 10-12
Je continue plus loin.
Le Seigneur, l’Éternel, le déclare : Je ferai disparaître la population nombreuse de l’Égypte, et c’est Nabuchodonosor, le roi de Babylone, qui le fera. Lui et ses gens de guerre, la plus violente des nations, seront amenés là pour dévaster le pays ; ils tireront l’épée contre l’Égypte qu’ils couvriront de morts. Je changerai les fleuves en terres desséchées et j’abandonnerai le pays aux méchants. Je le dévasterai, lui et ce qu’il contient, par la main d’étrangers. Oui, moi, l’Éternel, j’ai parlé ! (Ézéchiel 30.10-12).
Suite à la destruction de l’Égypte, les bras du Nil et les canaux ne seront plus entretenus et s’enliseront de vase ou se dessécheront (comparez Ésaïe 19.5-9).
Verset 13
Je continue.
Voici ce que déclare le Seigneur, l’Éternel : Je ferai disparaître les idoles, je supprimerai les faux dieux de Memphis et il n’y aura plus de chef en Égypte. Dans tout le pays, je répandrai l’effroi (Ézéchiel 30.13).
L’idolâtrie puérile des Égyptiens et leur animisme grossier sont une autre des raisons de ce jugement sévère. Memphis au sud du Caire est la capitale de la Basse Égypte et le principal centre des cultes au dieu du feu (Phtah) et au bœuf Apis. Aujourd’hui, il ne reste de cette ville que des ruines, et de ses idoles qu’une grande statue du pharaon Ramsès qui gît sur le dos et autour de laquelle on a construit une bâtisse afin de la conserver pour les touristes.
Dieu a totalement fait disparaître toutes les fausses divinités, et aujourd’hui, l’Égypte étant un pays musulman, aucune idole n’est tolérée. De plus, il ne lui reste plus que le souvenir de sa gloire antique.
Verset 14
Je continue.
Oui, je dévasterai Patros, j’incendierai Tsoân, et j’exécuterai les sentences contre Thèbes (Ézéchiel 30.14).
Patros est en Haute Égypte à mi-chemin entre le Caire et Aswan ; Tsoân (Tanis) est dans le delta du Nil. C’est là que résident les Pharaons au temps de Moïse et où se trouve un célèbre sanctuaire au dieu Amon. Thèbes, proche de Luxor, est à 650 km au sud du Caire. Pendant longtemps la capitale du pays, elle fut détruite par les Assyriens (en 633 avant J-C ; Nahum 3.6-10).
Versets 15-19
Je continue en compressant.
Je déverserai ma colère sur la ville de Sîn, la forteresse de l’Égypte, et j’exterminerai les nombreux habitants de Thèbes. Les jeunes gens d’Héliopolis et ceux de Pi-Béseth tomberont par l’épée, et les femmes s’en iront en exil. À Tahpanhès, le jour s’obscurcira quand je romprai les jougs imposés par l’Égypte et que disparaîtra la force dont elle est si fière. Une sombre nuée recouvrira la ville, et ses habitants s’en iront en exil. J’exécuterai ainsi les sentences sur l’Égypte et l’on reconnaîtra que je suis l’Éternel (Ézéchiel 30.15-19).
Sîn est dans le delta du Nil à moins de 2 km de la Méditerranée. C’est le centre d’une garnison militaire qui protège le pays des invasions venant du nord. Héliopolis (ou On) fut pendant très longtemps un grand centre religieux. C’est dans cette ville que se trouve Rê, le dieu du soleil, et qu’est né le mythe du Phœnix qui renaît de ses cendres.
À Pi-béseth au nord-est du Caire se trouve un sanctuaire où on momifie les chats en l’honneur de Bastet, la déesse à tête de chat, équivalente à la Diane des Grecs. Tahpanhès (Daphné ; Jérémie 43.9) est proche du canal de Suez actuel et un lieu de résidence des pharaons.
Versets 20-21, 24
Je continue le texte en compressant.
Le septième jour du premier mois de la onzième année, l’Éternel m’adressa la parole en ces termes : Fils d’homme, vois, j’ai cassé le bras au pharaon, au roi d’Égypte, et il n’a pas été pansé, on ne l’a pas soigné en y posant des ligatures, on ne l’a pas bandé pour qu’il retrouve assez de forces pour manier une épée. Mais je fortifierai les bras du roi de Babylone, je mettrai dans sa main ma propre épée et je casserai les deux bras du pharaon qui gémira devant son ennemi comme gémit un homme qui est blessé à mort (Ézéchiel 30.20-21, 24).
Ici, commence la quatrième des sept prophéties d’Ézéchiel contre l’Égypte. Nous sommes en avril 587 environ quatre mois après la première prophétie (Ézéchiel 29.1), qui a été donnée au moment où le pharaon faisait semblant de partir au secours de Juda.
Durant cet intervalle de quatre mois, Nabuchodonosor a levé le siège de Jérusalem afin de faire face aux Égyptiens. « Les bras cassés » correspondent aux défaites des pharaons Néco à Karkemish (en 605 avant J-C) et Hophra (589-570) qui tenta faiblement de venir en aide à Jérusalem assiégée.
Le chapitre 30 se termine par une nouvelle menace contre l’Égypte qui sera dévastée par Nabuchodonosor. On croit savoir qu’il laissa la vie à Hophra, mais ce dernier est assassiné par un homme de basse extraction (Amasis) parvenu au rang de général et qui prend sa place.
Chapitre 31
Versets 1-3
Je commence de lire le chapitre 31.
Le premier jour du troisième mois de la onzième année, l’Éternel m’adressa la parole en ces termes : Fils d’homme, dis au pharaon, roi d’Égypte, et à son nombreux peuple : À qui ressembles-tu dans ta grandeur ? Voici : sur le Liban, Assur était un cèdre à la belle ramure, au feuillage touffu donnant de l’ombre, à la haute stature, sa cime s’élançait jusque dans les nuages (Ézéchiel 31.1-3).
Nous sommes en juin 587, quelques semaines avant la prise de Jérusalem. L’Égypte qui a régné en maître suprême pendant plusieurs millénaires est devenue un pays puissant grâce au Nil, faut-il le rappeler. Le fleuve sort de son lit tous les ans et couvre de limon une large vallée, ce qui permet de bonnes récoltes même pluie. Sûrs d’eux-mêmes, les Égyptiens sont devenus orgueilleux et bien qu’ayant déjà subi deux défaites face à Babylone, ils ne se sentent pas menacés.
Alors, Ézéchiel leur lance un nouvel avertissement en utilisant l’exemple de l’Assyrie qu’il compare à un « cèdre », le plus grand arbre connu dans le Proche-Orient ancien, et qui symbolise la puissance et l’orgueil. L’Assyrie est la seule nation qui avait pu envahir l’Égypte (et détruire Thèbes, sa capitale). Mais comme elle a été conquise par la puissante Babylone (en 606 avant J-C), que peut espérer l’Égypte ?
Verset 4
Je continue en compressant.
Les eaux l’avaient fait croître, les sources de l’abîme accroissaient sa hauteur. Voilà pourquoi sa taille était plus élevée que celle de tous les arbres des campagnes (Ézéchiel 31.4).
L’Assyrie est traversée par le Tigre et l’Euphrate, les deux grands fleuves de la Mésopotamie, c’est-à-dire l’Irak aujourd’hui. Cet empire s’étendait depuis le haut pays iranien (la Médie) à l’est jusqu’à l’Asie Mineure, c’est-à-dire la Turquie à l’ouest, et jusqu’à l’Égypte au sud.
Verset 8
Je continue plus loin.
Il n’était pas de cèdre qui lui fût comparable dans le jardin de Dieu. Les cyprès n’étaient pas comparables à ses branches, ni les platanes à ses rameaux ; il n’était aucun arbre dans le jardin de Dieu qui avait sa beauté (Ézéchiel 31.8).
Aucun empire n’avait été aussi puissant que l’Assyrie et les autres royaumes mésopotamiens (cyprès et platanes) n’égalaient même pas ses provinces (les rameaux). Même dans le jardin d’Éden, Adam n’avait pas eu l’éclat du monarque assyrien.
Verset 9
Je continue.
Je l’avais embelli d’une riche ramure. Tous les arbres d’Éden, dans le jardin de Dieu, étaient jaloux de lui (Ézéchiel 31.9).
C’est Dieu qui avait élevé ce cèdre, c’est-à-dire l’empereur d’Assyrie, au point où les autres arbres du jardin d’Éden, c’est-à-dire les rois mésopotamiens, sont jaloux de lui.
Versets 10-11
Je continue.
C’est pourquoi le Seigneur, l’Éternel, dit ceci : Parce qu’il s’est dressé de toute sa hauteur, parce qu’il a porté sa cime dans les nues, parce que dans son cœur il s’est enorgueilli de sa très haute taille, je l’ai livré au chêne, le plus grand arbre des nations, afin qu’il lui inflige le traitement que sa méchanceté mérite, je l’ai chassé (Ézéchiel 31.10-11).
Dans sa grandeur, le cèdre, c’est-à-dire le monarque assyrien, s’est enorgueilli. Alors, Dieu l’a livré au chêne, c’est-à-dire à Nabuchodonosor qui l’a conquis (612, prise de Ninive par Nabopolassar ; 609, défaite de l’Assyrie). De tous les empires qui ont jamais existé, aucun n’a subsisté. Même l’homme le plus élevé brille un temps puis comme la fumée qui se dissipe, il disparaît à tout jamais.
Commentaire biblique radiophonique écrit par le pasteur et docteur en théologie : Vernon McGee (1904-1988) et traduit par le pasteur Jacques Iosti.