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21 juil. 2025

Ézéchiel 1.1-4

Livre du prophète Ézéchiel - Chapitre 1

Introduction

« Bizarre ! Vous avez dit bizarre ? N’avez-vous jamais entendu quelque chose de pareil ? » Un livre qui débute par « Et ». Le premier mot du livre du prophète Ézéchiel est cette petite conjonction de coordination. Comme c’est bizarre ! Mais pourquoi un auteur commence-il avec « Et » ? Eh bien dans le cas du livre d’Ézéchiel, ce « Et » rattache les révélations des prophètes précédents à celles que lui reçoit de l’Éternel. Par ce procédé littéraire, Ézéchiel dit qu’il est un maillon qui s’insère dans une longue chaîne de prophètes et de révélations. Avec Ésaïe et Jérémie, Ézéchiel fait partie des grands prophètes, grands dans le sens que leurs écrits sont conséquents.

En France, le nom Ézéchiel est rarissime ; je ne crois pas avoir rencontré quelqu’un qui s’appelle comme ça, mais je suppose qu’en Israël ou dans les milieux juifs, il doit être relativement courant. Ézéchiel signifie « Dieu fortifie », ce qui convient bien car ses écrits décrivent l’Éternel comme un Dieu puissant et glorieux.

Ézéchiel est né en Juda dans une famille de prêtres aux alentours de 622 avant J-C, soit au moment où on découvre le livre de la Loi quelque part dans le Temple, ce qui provoque une grande réforme religieuse sous l’impulsion du bon roi Josias (640-609). Mais ce dernier est suivi par le sombre règne de Yehoyakim (609-598). Ézéchiel a alors 13 ans et il est probable qu’il est témoin du ministère de Jérémie, son aîné de 23 ans.

À cette époque, ce sont les Babyloniens qui sont les maîtres du Moyen-Orient et ils attaquent Jérusalem à trois reprises (605, 597, 587). Yehoyakim, vassal de Nabuchodonosor (605-562), se rebelle, ce qui déclenche la seconde attaque et le premier siège de Jérusalem. Sur ces entrefaites, Yehoyakîn, fils du précédent, monte sur le trône. Mais après seulement trois mois de règne, il voit arriver le roi de Babylone en personne ce qui le décide à se rendre. La ville est épargnée, mais sont déportés le roi ainsi que l’élite de la nation, soit quelques dix mille personnes parmi les plus influentes ou les plus aisées de la société de Juda (comparez 2Rois 24.15 et suivants). Ézéchiel ainsi que son contemporain qui deviendra le prophète Daniel font aussi partie de cette charrette. Le prophète Jérémie, quant à lui, reste au pays, mais plus tard il est entraîné de force en Égypte par une bande de loubards.

Le roi Yehoyakîn est donc emmené à Babylone où il moisit dans une prison pendant 36 ans (comparez 2Rois 25.27). Daniel aussi atterrit à Babylone tandis que la plus grande partie des captifs, dont Ézéchiel, sont déportés dans le sud de la Mésopotamie sur les rives du Kebar, l’un de ces canaux qui relient Babylone à l’Euphrate. La localité où ils sont s’appelle Tel-Aviv, un nom charmant puisqu’il veut dire « colline des épis », ce qui semble indiquer que la région est fertile. Aujourd’hui, Tel-Aviv est le nom d’un important centre urbain commercial et industriel sur la Méditerranée à environ 60 km au nord de Jérusalem.

Il faut remarquer que les Babyloniens n’ont pas parqué les exilés juifs en plein désert mais dans un coin sympa où ils vivent libres, possèdent des maisons et des terres (Ézéchiel 8.1 ; Jérémie 29.5), forment une communauté qui a ses propres responsables (Ézéchiel 14.1 ; 20.1) et qui entretient même des relations régulières avec Juda, leur pays d’origine (Jérémie 29). Cependant, les exilés ne peuvent évidemment pas retourner dans leur patrie. Ils composent un poème que nous rapporte le Psaume 137 et dont le début est :

Au bord des fleuves de Babylone, nous nous étions assis et nous pleurions en pensant à Sion. Aux saules de leurs rives, nous avions suspendu nos harpes (Psaumes 137.1-2).

Étrangers au milieu d’une nation idolâtre, sans Temple et sans lien religieux avec Jérusalem, le centre de la vie spirituelle israélite, les exilés courent le risque de perdre rapidement la connaissance de l’Éternel, le seul vrai Dieu et par là tout espoir de restauration. Pour contrer ce danger, il est nécessaire qu’un prophète se lève du milieu d’eux afin de ranimer leur flamme religieuse.

Tandis que les Israélites se morfondent sous un saule pleureur, Ézéchiel voit la gloire de Dieu. Il reçoit sa vocation de prophète (en 593) alors qu’il a environ une trentaine d’années, l’âge auquel il aurait normalement dû prendre ses fonctions de prêtre au Temple de Jérusalem. Il exerce son ministère pendant une vingtaine d’années (jusqu’en 571 ; Ézéchiel 29.17), ce qui selon la Loi correspond en gros à la durée de la vocation sacerdotale. Les Israélites le reconnaissent comme un prophète authentique de l’Éternel, mais ne prêtent guère attention à ses paroles.

Le ministère d’Ézéchiel se divise en deux phases très distinctes. Avant la chute de Jérusalem (en 587), il s’emploie comme Jérémie (Ézéchiel 1–24) à détruire les illusions de ses compatriotes qui trompés par de faux prophètes (Ézéchiel 13 ; Jérémie 27.14, 16 ; 28 ; 29) s’imaginent qu’ils vont retourner dans leur pays incessamment sous peu. Mais Ézéchiel annonce au contraire, la destruction totale du royaume de Juda et la déportation de la majorité de sa population par les Babyloniens. Afin de préparer les esprits à cette catastrophe imminente, il montre que ce jugement est mérité en énumérant les crimes de Jérusalem comme l’idolâtrie, l’immoralité, et la violence. Il tente ainsi de renverser l’attente chimérique d’un retour prochain des exilés dans leur patrie, ou l’espérance plus folle encore, d’une victoire militaire de Juda sur Babylone. Il montre ainsi que cette catastrophe est entièrement imputable à la rébellion du peuple et non pas à l’impuissance ou à l’infidélité de l’Éternel. Il avertit aussi les exilés qu’ils doivent revenir à Dieu avant de pouvoir retourner dans leur pays.

Après la chute de Jérusalem, les prédications d’Ézéchiel prennent une tout autre tournure (Ézéchiel 33–48), car il s’adresse au résidu de croyants, ce qui fait qu’aux censures succèdent alors les promesses. Devant le peuple humilié qu’il faut désormais préserver de l’abattement, il étale les perspectives du relèvement national ; il décrit la venue du vrai Berger qui prendra la place des pasteurs indignes. Il annonce l’effusion de l’Esprit et la conversion des cœurs, la théocratie restaurée et le triomphe de la nation ressuscitée sur tous ses ennemis. Entre ces deux phases très distinctes, avant et après la chute de Jérusalem, du discours d’Ézéchiel, est intercalée une troisième (Ézéchiel 25–32) qui se compose d’oracles dirigés contre sept nations païennes ; la ville-état de Tyr et l’Égypte étant plus particulièrement dans le collimateur du prophète.

Le livre d’Ézéchiel est celui de l’Ancien Testament qui a été arrangé avec le plus grand soin méticuleux car presque tous les discours sont accompagnés de leur date, et à de rares exceptions près (la révélation du chapitre 29 a eu lieu avant celle du chapitre 26), ils sont placés dans un ordre chronologique.

Tout comme Daniel son contemporain, et l’apôtre Jean, Ézéchiel prophétise alors que le peuple élu est en exil, et les écrits de ces trois auteurs sont du genre littéraire apocalyptique. Ézéchiel utilise une grande variété de procédés de communication pour faire passer son message et le rendre plus percutant. Alors qu’il est en état d’extase, il reçoit plusieurs visions fantastiques (Ézéchiel 1–3 ; 8–10 ; 37 ; 40–48). Dieu lui ordonne aussi d’accomplir plusieurs gestes symboliques destinés à captiver l’attention d’un auditoire blasé, mais tout de même étonné par les actes curieux du prophète. Ézéchiel utilise des métaphores très parlantes, des proverbes et des dictons. Au lieu de raconter une parabole comme fait Jésus, il la joue. C’est un virtuose de l’allégorie et il n’a pas peur d’employer un langage cru et choquant pour bien faire sentir l’horreur de l’inconduite morale et religieuse des Israélites. Comme d’autres prophètes, il fait également usage de la lamentation satirique. Enfin, l’Éternel utilise un événement dramatique de la vie d’Ézéchiel, la perte de son épouse, en lui conférant valeur de signe pour la nation. Tous ces procédés didactiques contribuent à faire de ce livre un ouvrage vivant, original et attrayant.

Parmi les thèmes théologiques abordés, les plus importants sont la puissance, la sainteté et la gloire de Dieu. La lumière resplendissante de l’Éternel est souvent évoquée et contrastée avec la sombre et méprisable culpabilité de Juda. Le prophète ne peut décrire ce qu’il voit dans ses visions que d’une manière vague et approximative tellement la gloire de Dieu dépasse ce que l’on peut imaginer ou en dire. Ces révélations sont tellement fortes qu’elles laissent le prophète en état de choc (Ézéchiel 1.28 ; 3.15). À la lumière de ces visions grandioses, le péché, et en particulier l’idolâtrie des Israélites, n’en apparaît que plus abominable (Ézéchiel 5.9-11 ; 6.9 ; 16.22, 52), car il insulte l’honneur de Dieu. La gravité de ce mépris de l’Éternel et de sa Loi appelle et explique le châtiment terrible et sévère que subit la nation (Ézéchiel 9.5, 10). La plupart des jugements ainsi que quelques promesses de restauration sont ponctués par l’affirmation : « Ils sauront que je suis l’Éternel », qui résonne plus de 60 fois dans le livre.

Ézéchiel voit la gloire de l’Éternel quitter le Temple de Jérusalem mais aussi y revenir dans le futur lointain au début du Millénium. Au-delà de la misère et du jugement d’Israël, il voit la gloire du reste saint du peuple de Dieu. Les prophètes de l’Ancien Testament comprennent que l’affront fait à l’Éternel par le peuple choisi et les païens exige un jugement, mais ils savent aussi que Dieu désire sauver l’homme. Dans sa première épître, l’apôtre Pierre écrit :

Ce salut a fait l’objet des recherches et des investigations des prophètes qui ont annoncé d’avance la grâce qui vous était destinée. Ils cherchaient à découvrir à quelle époque et à quels événements se rapportaient les indications données par l’Esprit du Christ. Cet Esprit était en eux et annonçait à l’avance les souffrances du Messie et la gloire dont elles seraient suivies (1Pierre 1.10-11).

Ézéchiel est le plus mystique de tous les prophètes et ses visions sont vraiment surprenantes. Dans un sens, on peut dire qu’il est le prophète de l’Esprit de Dieu alors qu’Ésaïe est celui du Fils de Dieu et Jérémie celui du Père. Mais bien entendu, ce qui concerne l’une des personnes de la Trinité engage aussi les deux autres.

Dans le livre d’Ézéchiel, on trouve d’autres thèmes théologiques importants comme le ministère des anges qui œuvrent en coulisse pour accomplir la volonté de Dieu (Ézéchiel 1.5-25 ; 10.1.22), et surtout, il est le premier qui affirme avec une clarté dogmatique, que chaque homme est responsable de rechercher la justice devant Dieu (Ézéchiel 18.3-32). Cette responsabilité individuelle est développée en détail par l’apôtre Paul.

Dès le début du livre, Ézéchiel nous fait le récit de sa vocation qu’il développe en détail (Ézéchiel 1–3). Elle commence par une apparition de la gloire de l’Éternel qui est sur son char, et c’est cette vision qui lui ordonne de se consacrer au ministère prophétique. Comme il est prêtre, il s’intéresse davantage au culte qu’à la diffusion de la vérité de Dieu ce qui fait que l’esprit missionnaire est absent de ses écrits.

Le rôle d’Ézéchiel est d’abord celui d’une sentinelle dont la responsabilité est d’annoncer à ses auditeurs que le jugement est sur le point de tomber. Seulement, il est prévenu d’avance que les Israélites ne l’écouteront pas. Mais qu’à cela ne tienne, il doit quand même les avertir du danger qui les guette. En second lieu, il est informé qu’il sera partiellement frappé de mutisme afin qu’il ne puisse pas consulter l’Éternel au nom du peuple ou intercéder en sa faveur ; il ne pourra donc que transmettre les oracles de Dieu. Être prophète de l’Éternel n’est pas une sinécure.

Verset 1

Je commence maintenant de lire le livre d’Ézéchiel.

Le cinquième jour du quatrième mois de la trentième année, je me trouvais parmi les déportés, près du fleuve Kebar. Le ciel s’ouvrit et Dieu m’envoya des visions (Ézéchiel 1.1).

Ézéchiel étant prêtre, il aurait dû commencer à exercer ses fonctions sacerdotales à l’âge de trente ans (Nombres 4.3). Or. cela lui est impossible puisqu’il est exilé très loin du Temple de Jérusalem en Babylonie. Le fleuve Kebar est au sud de Babylone ; c’est en fait un canal relié à l’Euphrate. C’est là au bord de l’eau que les Juifs se retrouvent pour prier. Alors qu’Ézéchiel aurait dû pénétrer dans le Lieu saint du Temple, ce sont les cieux qui s’ouvrent à lui pour laisser paraître le sanctuaire céleste.

Verset 2

Je continue.

Le cinquième jour du mois de cette année-là, c’est-à-dire la cinquième année de la captivité du roi Yehoyakîn (Ézéchiel 1.2).

Ce verset et le suivant forment une parenthèse. Ils sont à la troisième personne du singulier au lieu de la première, ce qui montre qu’ils ont été rajoutés plus tard par les éditeurs des recueils des prophètes dans le but de préciser, par un fait marquant, la date un peu obscure du premier verset. Nous sommes donc en juillet de l’an 593 avant J-C.

Le roi Yehoyakîn est un très mauvais bougre qui n’a régné que trois mois. Cependant, il est considéré comme le souverain légitime d’Israël. Quatre ans plus tôt, il a été déporté par les Babyloniens avec dix mille autres personnes nobles, c’est à dire toute l’administration royale, les mignons, les prêtres et les artisans ainsi que les prophètes Ézéchiel et Daniel.

Verset 3

Je continue.

L’Éternel adressa la parole à Ézéchiel, fils du prêtre Bouzi, au pays des Chaldéens, près du fleuve Kebar. Là, la main de l’Éternel se posa sur lui (Ézéchiel 1.3).

Le prêtre Bouzi est un personnage qui n’apparaît nulle part ailleurs, mais l’arrière-plan sacerdotal d’Ézéchiel marque toutes ses prophéties.

L’expression « la main de l’Éternel » est fréquente dans ce livre (3.14, 22 ; 8.1 ; 33.22 ; 37.1 ; 40.1) et dans l’Ancien Testament (34 fois ; LSG). Elle désigne l’action de la puissance divine par laquelle l’homme est élevé à un niveau tel qu’il peut percevoir ou accomplir ce qui est au-dessus de sa connaissance ou de sa force naturelle (comparez 1Rois 18.46 ; 2Rois 3.15).

Les exilés se trouvent à Tel-Aviv, la colline des épis. Cette région est loin de Babylone, ce qui fait que même si les prophètes Ézéchiel et Daniel se connaissent de vue, il est peu probable qu’ils se soient rencontrés en terre d’exil. A Jérusalem et à l’exception des artisans, la plupart de ces déportés avaient les mains bien lisses et blanches, mais maintenant elles sont rugueuses à force de travailler la terre pour subvenir à leurs besoins.

Verset 4

Je continue le texte.

Je vis soudain un vent de tempête venant du nord qui poussait devant lui un énorme nuage sillonné d’éclairs. Ce nuage était entouré d’une clarté éblouissante. En son centre, il y avait l’éclat d’un métal au milieu du feu (Ézéchiel 1.4).

Ézéchiel continue le discours qu’il a commencé quand il a dit : « Le ciel s’ouvrit et Dieu m’envoya des visions ». Ce qui suit est très difficile à interpréter mais n’a rien à voir avec des extraterrestres ou une technologie moderne. Jean Calvin en a dit : « Si quelqu’un demande si la vision est lucide, j’avoue qu’elle est obscure et que je peux à peine la comprendre ». La vision d’Ézéchiel a beaucoup de points communs avec celle qu’a reçue l’apôtre Jean et qu’il décrit dans le livre de l’Apocalypse.

Dans les Écritures, « un vent de tempête sillonné d’éclairs » est un phénomène qui accompagne quelques fois l’Éternel quand il se révèle à l’homme (comparez Exode 19.18-19 ; 1Rois 18.24, 38 ; Psaumes 29 ; Habakuk 3 ; Nahum 1).

« Un vent de tempête pousse devant lui un énorme nuage sillonné d’éclairs ». « L’énorme nuage », littéralement « la nuée », symbolise la présence de Dieu quand il se rend visible à son peuple, ce qu’il a fait dans le désert (Exode 13.21), dans le Temple de Jérusalem (1Rois 8.10), ou encore lors de la transfiguration et de l’ascension du Christ. « Les éclairs », littéralement « une masse de feu », se dessinent sur le fond sombre de la nuée en répandant autour d’eux un éclat éblouissant.

Au milieu de cet immense disque lumineux se détache un brasier, un foyer incandescent semblable à du métal en fusion. Ce feu ardent à l’éclat métallique est une représentation de l’Éternel. Dans l’Ancien Testament, Ézéchiel est le seul auteur à évoquer Dieu de cette manière et il le fait à trois reprises ; les deux autres fois (Ézéchiel 1.27 ; 8.2), c’est sa splendeur éblouissante qu’il décrit ainsi.

Dans le Nouveau Testament, l’auteur de l’épître aux Hébreux dit que « Dieu est un feu qui consume », et dans sa première épître, l’apôtre Jean dit qu’il est « lumière », au sens moral (Hébreux 12.29 ; 1Jean 1.5). Le livre des Actes rapporte que quand l’apôtre Paul raconte sa conversion, il dit :

J’étais en chemin et il était environ midi. C’est alors (ô roi) que j’ai vu, venant du ciel, une lumière plus éclatante que celle du soleil (Actes 26.13).

Et dans sa première lettre à Timothée, il décrit Dieu en disant :

Lui seul est immortel. Sa demeure est bâtie au sein de la lumière inaccessible à tous. Nul parmi les humains ne l’a vu de ses yeux, aucun ne peut le voir (1Timothée 6.16).

Dans le livre de l’Exode, on lit que l’Éternel a dit à Moïse :

Tu ne pourras pas voir ma face, car nul homme ne peut me voir et demeurer en vie (Exode 33.20).

Ici, le feu que voit Ézéchiel est une représentation de Dieu qui est particulièrement menaçante car prête à consumer tout ce qui est souillé par le péché (comparez Exode 24.17 ; Deutéronome 4.24). Ce feu présage des jugements à venir que le prophète va annoncer.

Ézéchiel décrit « un vent de tempête venant du nord ». Dans la mythologie babylonienne, le nord est considéré la demeure des dieux et lorsque le prophète Ésaïe décrit la chute de Lucifer, il situe l’événement dans le nord. Je lis le passage :

Toi qui disais : Je monterai dans les cieux, je hausserai mon trône au-dessus des étoiles de Dieu, je siégerai sur la montagne de l’assemblée divine à l’extrême nord (Ésaïe 14.13 ; TOB).

Le « vent du nord » évoque aussi le jugement parce que pour les Israélites, c’est de cette direction que viennent généralement les envahisseurs (Jérémie 1.13-14).

Dans la réalité, le trône de l’Éternel n’est pas plus au nord qu’au sud, à l’est qu’à l’ouest. Les points cardinaux désignent des lieux relatifs par rapport à un point fixe pour l’observateur sur terre à l’intérieur de l’espace-temps, alors que Dieu et les anges ainsi que les âmes de tous les décédés se trouvent dans une autre dimension qui n’a rien de commun ni de comparable avec la création physique dans laquelle nous habitons et nous mouvons.

L’homme moderne, surtout le scientifique, est comme ces fameux trous noirs qui dans l’espace engouffrent tout, même la lumière ; il ramène tout à lui et au monde matériel qui l’entoure. Il croit que la réalité est confinée à ce qu’il voit et ce qu’il peut étudier, à la partie émergée de l’iceberg, pour ainsi dire, mais il ne sait pas qu’il souffre de cécité spirituelle. Son orgueil et sa suffisance l’empêchent de voir que le monde visible et tout l’univers ne représentent qu’une infime fraction de ce qui est réellement.

Commentaire biblique radiophonique écrit par le pasteur et docteur en théologie : Vernon McGee (1904-1988) et traduit par le pasteur Jacques Iosti.

nov. 14 2024

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