Exode 34.11 – 36.19
Chapitre 34
Introduction
Mes grands-parents possédaient beaucoup d’arbres fruitiers. Après la cueillette des pommes, on les entassait sur des étagères dans la cave quelques fois sur deux couches. Au moins une fois par semaine, il fallait les vérifier et enlever celles qui commençaient à se gâter, car elles auraient contaminé toutes les autres. Par contre si on met un beau fruit dans un panier de pourris, il ne va pas les rendre sains.
De même, on a coutume de dire que les mauvaises compagnies corrompent les bonnes mœurs, mais pas que les bonnes compagnies bonifient les mœurs corrompues. Ça marche plutôt dans le mauvais sens. Ainsi est la nature humaine. Dieu va donner le pays de Canaan aux Israélites, mais il a un souci, pourrait-on presque dire. Les peuplades qui habitent la Palestine sont corrompues au possible. Alors, il avertit sévèrement son peuple.
Versets 11-17
Je continue à lire dans le chapitre 34 de l’Exode.
Faites bien attention à ce que je vous commande aujourd’hui. Je vais chasser devant vous les Amoréens, les Cananéens, les Hittites, les Phéréziens, les Héviens et les Yebousiens. Gardez-vous bien de conclure une alliance avec les habitants du pays dans lequel vous allez entrer, ils deviendraient un piège au milieu de vous. Au contraire, vous renverserez leurs autels, vous briserez leurs stèles, et vous abattrez leurs pieux sacrés. Vous ne vous prosternerez devant aucune autre divinité car l’Éternel porte le nom de « Jaloux » : un Dieu qui ne tolère aucun rival. N’allez donc pas conclure une alliance avec les habitants du pays ; car vous seriez entraînés à vous prostituer avec leurs dieux, et ces gens vous inviteraient à manger de ce qu’ils ont offert en sacrifice. Puis vous prendriez parmi leurs filles des épouses pour vos fils, et leurs filles, continuant à se prostituer avec leurs dieux, entraîneraient vos fils à faire de même. Vous ne vous ferez pas de dieu en métal fondu (Exode 34.11-17).
Les Israélites ont ordre de détruire tous les motifs religieux qu’ils rencontreront en chemin. Les stèles étaient des pierres dressées qui dans la religion cananéenne, symbolisaient les divinités masculines, ce qu’on aurait pu deviner, et qui faisaient l’objet d’un culte dont la prostitution sacrée. Les pieux sacrés étaient les poteaux des sanctuaires païens qui représentaient diverses idoles. Se prostituer avec des dieux est une expression souvent employée pour dénoncer l’infidélité d’Israël qui abandonne l’Éternel au profit des fausses divinités.
L’Éternel interdit tout compromis avec l’ennemi et aucune alliance avec lui, car tôt ou tard les Hébreux seraient influencés par les mœurs corrompues des Cananéens et tomberaient dans l’idolâtrie. Mais comme on pouvait s’y attendre, les Israélites s’empresseront d’adopter les divinités des peuples conquis. Ils pratiqueront la même immoralité ce qui entraînera le châtiment divin et les conduira finalement en captivité les uns en Assyrie et les autres à Babylone.
Versets 27-30
Je continue plus loin le texte :
L’Éternel dit à Moïse : — Inscris-toi ces paroles-là ; car c’est dans ces termes que j’ai conclu l’alliance avec toi et avec le peuple d’Israël. Moïse demeura là avec l’Éternel quarante jours et quarante nuits, sans manger ni boire, et l’Éternel écrivit sur les tablettes les paroles de l’alliance, les dix commandements. Puis Moïse redescendit du mont Sinaï, tenant en main les deux tablettes de l’acte de l’alliance. Il ne savait pas que la peau de son visage était devenue rayonnante pendant qu’il s’entretenait avec l’Éternel. Aaron et tous les Israélites regardèrent Moïse, et s’aperçurent que la peau de son visage rayonnait. Ils eurent peur de s’approcher de lui (Exode 34.27-30).
En raison de la présence de Dieu, Moïse n’a pas eu besoin de se restaurer et en plus il rayonnait. C’était comme s’il avait pris un coup de soleil. Pour la petite histoire, l’ancienne version latine des Écritures a confondu le mot hébreu rayonner avec un autre mot qui veut dire corne, et a traduit le passage : son visage était cornu, d’où la représentation de Moïse avec des cornes par Michel-Ange.
Versets 31-35
Je finis ce chapitre.
Alors Moïse appela Aaron et tous les chefs de la communauté et il s’entretint avec eux. Après cela, tous les Israélites s’approchèrent de lui et il leur transmit tous les commandements que l’Éternel lui avait donnés sur le mont Sinaï. Quand il eut terminé de leur parler, il se couvrit le visage d’un voile. Lorsqu’il se rendait devant l’Éternel pour s’entretenir avec lui, il ôtait le voile jusqu’à ce qu’il ressorte de la Tente. À sa sortie, il communiquait aux Israélites les ordres qu’il avait reçus. Les Israélites voyaient que la peau du visage de Moïse rayonnait, puis Moïse remettait le voile sur son visage jusqu’à ce qu’il retourne s’entretenir avec l’Éternel (Exode 34.31-35).
Moïse se voile afin de cacher aux Israélites la gloire divine qui resplendissait sur sa face. Ce rayonnement les effrayait, car il ravivait leur mauvaise conscience en jetant une lumière sur les ténèbres qui étaient en eux. Moïse était plus que jamais séparé des autres Israélites. Non seulement il avait un accès privilégié auprès de l’Éternel, mais en plus il portait sur lui une marque de sa gloire.
Les trois derniers chapitres que je viens de couvrir soulignent encore plus que les précédents le rôle crucial joué par Moïse en faveur d’Israël. Il est à la fois proche de l’Éternel, avec lequel il jouit d’une intimité exceptionnelle, et proche de son peuple, avec lequel il se montre totalement solidaire malgré leur attitude idolâtre infecte. Moïse fait figure d’intercesseur qui lutte pour l’avenir d’Israël. Il obtient gain de cause, car non seulement l’Éternel renonce à exterminer le peuple qui a adoré un veau d’or, mais il accepte de lui pardonner, de rétablir son alliance rompue et de marcher à nouveau à sa tête. Moïse, l’homme choisi par Dieu apparaît comme un authentique et fidèle intermédiaire entre Dieu et les hommes, préfigurant Jésus-Christ le médiateur par excellence.
Ces chapitres laissent entrevoir que l’idolâtrie sera la tentation et principale faiblesse d’Israël tout au long de son histoire. Ces passages font également ressortir certains traits de caractère de l’Éternel comme son aversion pour les faux dieux, sa colère et sa sainteté, mais aussi sa compassion, sa bienveillance et sa fidélité, et son inclination à pardonner.
Chapitre 35
Versets 1-3
Nous arrivons au chapitre 35 de l’Exode où, pour la 4e fois, l’Éternel demande aux Israélites de respecter le sabbat et où il mentionne à nouveau la nécessité de dons volontaires pour la construction du tabernacle et la nécessité d’ouvriers spécialisés pour le fabriquer. Je commence à lire.
Moïse réunit toute l’assemblée des Israélites et leur dit : — Voici ce que l’Éternel a ordonné de faire : Vous ferez votre ouvrage pendant six jours, mais le septième jour sera pour vous un jour de repos complet, consacré à l’Éternel. Quiconque fera un travail ce jour-là sera mis à mort. Vous n’allumerez de feu dans aucune de vos habitations le jour du sabbat (Exode 35.1-3).
La directive du sabbat avait été introduite au peuple avec la manne qui tombait du ciel tous les jours sauf le 7e. Elle fut rappelée lorsque les Dix Commandements furent donnés, et une 3e fois après que les Israélites aient reçu les instructions relatives à la construction du tabernacle. L’Éternel l’a encore mentionnée à Moïse lorsqu’il lui a redonné les Dix Commandements. Cette obligation est donc rappelée ici pour la 4e fois, juste avant que les Israélites n’entreprennent la construction du tabernacle.
Au début de l’humanité, il est probable qu’à l’image de Dieu qui s’est reposé le 7e jour, les peuples respectaient le sabbat. Mais une fois qu’ils ont commencé à adorer les créatures au lieu du Créateur, ils ont abandonné le jour du repos. L’Éternel fit alors du sabbat un signe d’alliance avec le peuple qu’il avait choisi. Il imposa des règles strictes valables uniquement pour Israël. Par exemple, ne pas faire de feu le 7e jour va bien en Palestine, mais rendrait la vie impossible en région polaire.
Versets 4-5
Je continue.
Moïse dit à toute l’assemblée des Israélites : — Voici ce que l’Éternel a commandé : Prélevez parmi vous une offrande pour l’Éternel. Toute personne qui le souhaite dans son cœur apportera à l’Éternel une offrande (Exode 35.4-5).
Ces dons n’étaient pas obligatoires, mais devaient provenir d’un cœur bien disposé à l’égard de l’Éternel. La motivation intérieure des donateurs est importante. Les riches apportaient de l’or et des pierres précieuses, les pauvres des peaux d’animaux et des poils de chèvre que les femmes filaient comme le font encore aujourd’hui les Bédouins. Quand ils partirent d’Égypte, les Israélites reçurent des biens considérables de leurs voisins qui voulaient les voir partir au plus vite. Ils avaient quitté un pays florissant emportant avec eux une grande partie de ses richesses.
La suite du chapitre reprend, parfois mot pour mot des portions de texte déjà couvertes. Ainsi est répété tout ce qui concerne les métaux et les tissus nécessaires à la fabrication du tabernacle, de ses ustensiles, de son mobilier ainsi que des vêtements des prêtres. Une telle redondance était courante dans les textes du Proche-Orient ancien. Ici, la répétition sert à souligner que les travaux vont être exécutés en totale conformité avec les instructions communiquées par Dieu à Moïse.
L’extérieur du tabernacle était un édifice rectangulaire au toit de couleur grise. Comme seuls les prêtres avaient accès à l’intérieur du sanctuaire et pouvaient en apprécier la beauté, le peuple ne le connaissait que par la description détaillée et répétée de sa structure, de son mobilier ainsi que des matériaux de base utilisés pour la fabrication de tout ce qui contribuait au culte à l’Éternel. Il est vrai que le rideau d’entrée du tabernacle et le pourtour de l’enclos fabriqués en fin lin retors étaient magnifiques et donnaient une idée de la beauté de l’intérieur du tabernacle.
Versets 21-26
Je finis ce chapitre avec le paragraphe qui mentionne la bonne volonté du peuple :
Alors tous ceux dont le cœur était bien disposé et qui avaient l’esprit généreux vinrent apporter à l’Éternel leur offrande en vue de la construction de la tente de la Rencontre, de tout l’ouvrage à réaliser et de la confection des vêtements sacrés. Tous ceux qui le souhaitaient dans leur cœur, hommes et femmes, vinrent apporter des pendentifs, des boucles, des anneaux, des bracelets, toutes sortes d’ornements en or, et ils les offrirent à l’Éternel avec le geste de présentation. Tous ceux qui avaient chez eux des fils de pourpre violette, de pourpre écarlate, de rouge éclatant, de lin, de poil de chèvre, des peaux de béliers teintes en rouge et des peaux de dauphins les apportèrent. Tous ceux qui avaient mis de côté une offrande en argent et en bronze l’apportèrent à l’Éternel. Tous ceux qui avaient chez eux du bois d’acacia l’apportèrent pour tout l’ouvrage à réaliser. Toutes les femmes habiles filèrent le lin de leurs mains et apportèrent des fils de pourpre violette, de pourpre écarlate, de rouge éclatant et de lin. Toutes les femmes habiles qui le désiraient de tout cœur filèrent les poils de chèvre (Exode 35.21-26).
Ce désir du peuple d’obéir de tout cœur à l’Éternel contraste avec leur habituelle complainte du désert. Quel dommage que cette bonne volonté sera de courte durée.
Chapitre 36
Versets 1-3
Nous arrivons au chapitre 36 de l’Exode qui continue avec les préparations de la construction du tabernacle. Il y sera question des artisans que Dieu a choisis et comment ils s’y sont pris pour réaliser les objets d’art. Il était important de suivre les instructions divines à la lettre, car le résultat final allait être une copie du sanctuaire céleste, et préfigurait la personne et l’œuvre du Messie à venir. Les répétitions fastidieuses et même barbantes du texte ont pour but de confirmer que tout ce qui est construit est bien conforme à ce que l’Éternel avait montré à Moïse sur le mont Sinaï. Je commence à lire en compressant tout au long.
Betsaleel et Oholiab et tous les hommes habiles que l’Éternel avait doués d’habileté, d’intelligence et de compétence pour exécuter tous les ouvrages à réaliser pour le sanctuaire, exécutèrent tout conformément aux ordres de l’Éternel. Ils reçurent de Moïse tous les dons que les Israélites avaient apportés pour exécuter les travaux nécessaires à la construction du sanctuaire. Et chaque matin, on continuait à apporter des offrandes volontaires à Moïse (Exode 36.1-3).
Les ouvriers qualifiés par Dieu œuvraient de tout leur cœur. Ils n’étaient pas syndiqués, ne pointaient pas leur arrivée et départ du chantier, et ne regardaient pas l’horloge en soupirant. Ils ne comptaient ni leurs efforts ni leur temps. Ils transformaient des matériaux bruts que leur apportait le peuple. Il y avait un tas d’or ici, une pile d’ustensiles en bronze là, de la draperie dans un coin, un amas d’objets en argent dans un autre endroit. Mais les piles augmentaient plus vite que les artisans ne les utilisaient.
Versets 4-7
Je continue.
Alors tous les artisans habiles qui exécutaient tous les ouvrages du sanctuaire, interrompirent l’un après l’autre leur travail et vinrent dire à Moïse : — Le peuple en apporte plus qu’il ne faut pour exécuter l’ouvrage que l’Éternel a commandé de faire. Là-dessus, Moïse fit passer dans le camp le mot d’ordre suivant : « Que plus personne, ni homme, ni femme, ne prépare d’offrande pour le sanctuaire. » Le peuple cessa donc d’en apporter, car les matériaux étaient en quantité suffisante. Il y en avait même de trop (Exode 36.4-7).
Les Israélites sont vraiment bien disposés à l’égard de l’Éternel, se rendant finalement compte qu’ils jouissent de l’immense privilège d’avoir été choisi pour son peuple. Ayant été esclaves pendant plusieurs générations, ils avaient l’habitude de vivre démunis, alors on aurait pu penser que désormais riches, ils y auraient pris goût et se seraient accrochés à leurs biens, eh bien pas du tout ! Il faut aussi dire que dans le désert, les galeries marchandes sont plutôt rares, alors des louis d’or ou plutôt des pharaons d’or sous l’oreiller ce n’est pas très utile.
Mais par la suite, lors des premières conquêtes de la Palestine, l’attirance des richesses se fera fortement sentir. Ils se montreront alors très ambivalents, de temps en temps rebelles à l’Éternel et à d’autres moments lui obéissant. Mais pour l’instant, ils ont le cœur et le porte-monnaie ouverts à Dieu et c’est ce qui est important.
Verset 8
Je continue.
Ainsi les artisans habiles qui étaient à l’ouvrage firent le tabernacle avec dix tentures de fin lin retors, de fils de pourpre violette, de pourpre écarlate et de rouge éclatant. Des artisans y brodèrent des chérubins (Exode 36.8).
Comme je l’ai déjà dit, ce précieux lin très fin symbolise la pureté ; le pourpre violet représente la nature céleste ; le pourpre écarlate, la royauté, et le rouge éclatant, le sacrifice. Toutes ces couleurs vives magnifiques préfigurent la majesté du Fils de Dieu. Les chérubins sont des figures symboliques, des représentations de créatures volantes telles que Moïse en avait vu autour du trône de Dieu. Mentionnés la première fois au début du livre de la Genèse, tenant une épée flamboyante à la main, ils sont décrits par un prophète de l’Ancien Testament comme des êtres célestes avec quatre faces et quatre ailes, sous lesquelles apparaissent ce qui était comme des mains humaines (Ézéchiel 10.21). Leur description exacte ne nous est jamais donnée afin que personne n’en fasse des idoles sous forme de statues et d’images, ou leur adresse des prières. Les artisans devaient pourtant savoir exactement à quoi ils ressemblaient pour pouvoir les reproduire.
Versets 14-19
Je continue plus loin.
On confectionna aussi onze tentures de poil de chèvre pour recouvrir le tabernacle comme d’une tente. Ensuite, on fit pour la Tente une couverture de peaux de béliers teintes en rouge et une couverture de peaux de dauphins par-dessus (Exode 36.14, 19).
La seconde couverture du Tabernacle était faite de peaux de chèvres, un matériau des plus banals, largement utilisé à cette époque et encore de nos jours par les Bédouins, comme couche, couverture, abri et pour fabriquer des vêtements grossiers. Ces peaux de chèvres préfiguraient le Christ qui naquit sur terre comme un enfant ordinaire et mourut comme criminel. Je cite un passage :
Ayant paru comme un simple homme, il s’est humilié lui-même, se rendant obéissant jusqu’à la mort, même jusqu’à la mort de la croix (Philippiens 2.8).
Jésus était comme le plus pur des diamants inséré dans une gangue grise et sans cachet. Ce n’est que par la foi qu’on peut voir en lui la gloire du Fils de Dieu.
Commentaire biblique radiophonique écrit par le pasteur et docteur en théologie : Vernon McGee (1904-1988) et traduit par le pasteur Jacques Iosti.