Exode 2.11 – 3.11
Chapitre 2
Versets 11-14
Danton est connu comme révolutionnaire, mais c’est aussi lui qui a dit : Après le pain, l’éducation est le premier besoin d’un peuple. Cette valeur est aussi importante dans le contexte du croyant. Ainsi, Moïse, qui est considéré comme un grand dirigeant et législateur puisqu’il a donné la Loi de Dieu au peuple hébreu, était aussi un des hommes les plus érudits de son époque, puisqu’il a passé les 40 premières années de sa vie à la cour de pharaon où on lui a enseigné le summum de la connaissance antique. Cependant, cela ne lui a pas monté à la tête, car il n’oublia jamais ses racines.
Je continue à lire dans le chapitre 2 de l’Exode.
Lorsque Moïse fut devenu adulte, il alla rendre visite à ses frères de race et fut témoin des pénibles travaux qu’on leur imposait. Il vit un Égyptien qui rouait de coups l’un de ses frères hébreux. Après avoir regardé de côté et d’autre pour voir s’il n’y avait personne, il frappa l’Égyptien à mort et l’enfouit dans le sable. Le lendemain, il revint et aperçut deux Hébreux qui se battaient. Alors il dit à celui qui avait tort : — Pourquoi frappes-tu ton compagnon ? Mais celui-ci répliqua : — Qui t’a nommé chef et juge sur nous ? Veux-tu aussi me tuer comme tu as tué l’Égyptien ? Alors Moïse prit peur et se dit que l’affaire s’était ébruitée (Exode 2.11-14).
Un texte parallèle donne quelques précisions supplémentaires. Je le lis :
À l’âge de quarante ans, Moïse voulut venir en aide à ses frères, les Israélites. Voyant que l’on maltraitait l’un d’eux, il prit sa défense, et, pour le venger, tua l’Égyptien qui le maltraitait. Il pensait que ses frères comprendraient que Dieu voulait se servir de lui pour les libérer. Mais ils ne le comprirent pas (Actes 7.23-25).
Comme cet Égyptien était en train de tuer l’Hébreu, en prenant sa défense, Moïse a agi en accord avec la loi divine et celle d’Égypte, qui stipulaient que celui, qui voyait quelqu’un en tuer un autre et qui n’intervenait pas, était puni de mort. Moïse s’est donc montré brave et loyal, surtout à une époque où le meurtre d’un Hébreu n’était pas sanctionné. Cela dit, il a agi selon sa sagesse et non dans un esprit de soumission à l’Éternel. C’est pourquoi il a dû aller s’inscrire à l’école de Dieu afin d’être formé pour le projet très particulier et fort difficile qui l’attendait.
Verset 15
Je continue le texte.
Effectivement, le pharaon apprit ce qui s’était passé et chercha à faire mourir Moïse, mais celui-ci prit la fuite. Il se rendit au pays de Madian et s’assit près d’un puits (Exode 2.15).
Moïse est poursuivi pour meurtre parce que tuer un esclave n’était pas un crime. Il s’exile donc dans le désert où va commencer sa formation de futur dirigeant et libérateur du peuple de Dieu.
Versets 16-20
Je continue.
Le prêtre de Madian avait sept filles. Elles vinrent puiser de l’eau et remplirent les abreuvoirs pour faire boire le petit bétail de leur père. Mais les bergers survinrent et se mirent à les chasser. Alors Moïse intervint pour les défendre et fit boire leur troupeau. Quand elles revinrent vers Reouel leur père, celui-ci leur demanda : — Comment se fait-il que vous soyez si vite de retour aujourd’hui ? Un Égyptien nous a défendues contre les bergers, dirent-elles, et même : il a puisé pour nous beaucoup d’eau et a fait boire le troupeau. Où est cet homme à présent ? Pourquoi l’avez-vous laissé là-bas ? Allez le chercher pour qu’il vienne manger avec nous (Exode 2.16-20).
Madian était un fils d’Abraham. Ce peuple s’était établi au nord de la presqu’île du Sinaï, un endroit perdu dans une région stérile et désolée qui contraste fortement avec le cadre paradisiaque dans lequel Moïse avait grandi. Plus tard, ce prêtre, devenu beau-père de Moïse, se joindra à la nation d’Israël dans ses pérégrinations et sera de bon conseil à son gendre. Cette histoire rappelle celle du serviteur d’Abraham parti à la recherche d’une épouse pour Isaac, le fils de son Maître, et qui l’avait trouvée autour d’un puits. Même chose pour Jacob, qui fuyant son frère, s’était réfugié chez son oncle ; lui aussi avait fait connaissance de sa future épouse autour d’un point d’eau.
Versets 21-22
Je continue.
Moïse accepta de s’établir chez cet homme qui lui donna sa fille Séphora en mariage. Elle lui donna un fils qu’il appela Guerchôm (Émigré en ces lieux), car, dit-il, je suis un émigré dans une terre étrangère (Exode 2.21-22).
Les Madianites étaient monothéistes ce qui fait que Moïse s’est senti chez lui parmi eux. À cette époque, on donnait en mariage comme on offre un bouquet de fleurs ; la culture était à des années-lumière distante de la nôtre.
Et c’est ainsi que le texte introduit Moïse qui sera le personnage central de l’Exode, et même davantage puisqu’il est l’auteur des trois livres suivants de l’Ancien Testament. Cet homme est extraordinaire à plus d’un titre. Il échappe miraculeusement à la mort, est élevé à la cour du pharaon et plus tard doit fuir l’Égypte après avoir voulu intervenir de son propre chef dans la terrible situation des Hébreux oppressés. Après 40 ans dans le désert, à l’heure de Dieu, il deviendra leur libérateur. Parallèlement à Moïse, les deux premiers chapitres de l’Exode soulignent le rôle prépondérant des femmes. Il y a tout d’abord les Israéliennes qui font beaucoup d’enfants et celles qui les aident à accoucher, la mère et la sœur de Moïse, et enfin la fille de pharaon. Grâce à elles toutes, le projet du roi de supprimer le peuple d’Israël n’aboutit pas.
Versets 23-25
Je finis le deuxième chapitre.
Le temps passa. Le pharaon d’Égypte mourut et les Israélites gémissaient et criaient encore sous le poids de l’esclavage, et leur appel parvint jusqu’à Dieu. Dieu entendit leur plainte et se souvint de son alliance avec Abraham, avec Isaac et avec Jacob. Il vit les Israélites et quelle était leur situation (Exode 2.23-25).
Malgré les apparences, l’Éternel n’avait pas oublié son peuple qui criait à lui. On a coutume de dire : avant l’heure, ce n’est pas l’heure et après l’heure, ce n’est plus l’heure. C’est aussi vrai pour Dieu, mais du point de vue des Hébreux, ils devaient trouver le temps long. Cependant, nul ne dicte au Maître de l’univers quand et comment il doit intervenir ; on ne peut que se soumettre, se rebeller ou le mépriser. C’est un choix que chacun d’entre nous est obligé de faire tôt ou tard dans sa vie.
L’heure de Dieu a enfin sonné. Mais il ne va pas délivrer les Hébreux parce qu’ils sont supérieurs ou meilleurs que les Égyptiens, ou parce qu’ils lui sont demeurés fidèles. Au contraire, Israël avait oublié le Dieu de ses pères et était devenu aussi idolâtre que les autres peuples. L’Éternel a donc préparé celui qui sera leur libérateur et va passer à l’acte parce qu’il a entendu leurs cris, mais surtout parce qu’il a juré qu’il conserverait pour l’éternité l’alliance qu’il a passée avec Abraham, Isaac et Jacob. Ces patriarches sont morts depuis fort longtemps, mais le temps n’use pas Dieu qui demeure fidèle à lui-même.
Il agit uniquement en fonction du conseil de sa propre volonté dans laquelle entrent sa compassion et les objectifs qu’il s’est fixés. Nos actions, même les plus nobles, sont pathétiques à ses yeux, car entachées par le mal, comme l’apôtre Paul l’écrit. Je le cite :
Car je sais que le bien n’habite pas en moi, c’est-à-dire dans ce que je suis par nature. Vouloir le bien est à ma portée, mais non l’accomplir. Je ne fais pas le bien que je veux, mais le mal que je ne veux pas, je le commets (Romains 7.18-19).
Même si Dieu n’agit qu’en fonction de lui-même, mes supplications sincères le touchent et éventuellement, il y répond. Ce paradoxe demeure tout au long des Écritures, par contre, nous savons que ce que Dieu demande de l’homme est de lui faire confiance. Donc, l’Éternel n’a rien vu de bon en Israël, mais il va agir à cause de leurs cris de détresse et des promesses qu’il a faites à leurs ancêtres.
On raconte l’histoire d’une petite dame écossaise veuve depuis longtemps et qui travaillait dur afin de pouvoir payer à son fils des études à la prestigieuse université d’Edinburgh. Quand ce dernier revint à la maison pour les vacances, son esprit était agité et plein de doutes concernant Dieu à cause de l’enseignement qu’il recevait. Mais il ne voulait pas que sa mère se doute du changement qui se passait en lui. Elle, de son côté, ne cessait de lui dire combien Dieu était merveilleux de l’avoir sauvée. Finalement, n’en pouvant plus de l’entendre répéter les mêmes choses, il lui dit un jour : Maman, ta vie est une bulle de savon. Tu ne sembles pas te rendre compte de ta petitesse dans l’univers. Si tu perds ton âme, quelle importance pour Dieu ou qui que ce soit ? Elle ne lui manquera pas, car elle a si peu de valeur. Sur le coup, sa mère ne répondit rien. Un peu plus tard cependant, elle lui dit : Tu sais, j’ai réfléchi à ce que tu m’as dit. Tu as raison, ma petite âme ne vaut pas grand-chose, et Dieu ne perdrait rien du tout. Néanmoins, s’il m’oubliait et ne m’accordait pas la vie éternelle, il perdrait beaucoup plus que moi. Il a en effet promis de sauver quiconque viendrait à lui par l’intermédiaire de Jésus-Christ. Donc s’il ne tenait pas sa parole, il perdrait sa réputation et ruinerait son caractère ! Cette brave dame a vu juste. Elle a parfaitement défini la personne de Dieu. Il va intervenir en faveur de son peuple et tenir ses promesses coûte que coûte parce que sa réputation et son caractère sont en jeu.
Chapitre 3
Versets 1-2
Nous voici arrivés au chapitre 3 de l’Exode. Les 40 années de préparation de Moïse touchent à leur fin. Dieu va lui révéler qui il est et lui confier son ordre de mission. Mais les choses vont mal commencer parce que Moïse ne se sent pas à la hauteur de la tâche. On le comprend tout à fait quand on réalise que l’Éternel va lui demander ni plus ni moins de se rendre dans le repaire du despote égyptien et de le provoquer. Je commence à lire.
Moïse faisait paître les brebis de son beau-père Jéthro, prêtre de Madian. Il mena son troupeau au-delà du désert et parvint jusqu’à Horeb, la montagne de Dieu. L’ange de l’Éternel lui apparut dans une flamme au milieu d’un buisson : Moïse aperçut un buisson qui était tout embrasé et qui, pourtant, ne se consumait pas (Exode 3.1-2).
Horeb sera par la suite appelé Sinaï. C’est dans cette montagne désertique que Dieu va se révéler. L’ange de l’Éternel est déjà apparu plusieurs fois aux patriarches, Abraham, Isaac et Jacob. Dans la suite du récit, c’est l’Éternel qui est mentionné. Comme je l’ai déjà dit, il est quasi certain que cet ange est en fait Jésus-Christ avant qu’il ne naisse sur terre. Le feu accompagne souvent Dieu quand il se révèle aux hommes. Ce buisson qui brûle sans se consumer et disparaître rappelle la nation d’Israël qui malgré toutes les persécutions qu’elle a subies, existe encore aujourd’hui.
En fait, il y a bien des années, un des empereurs d’Allemagne demanda à son aumônier : Quelle est la plus grande preuve que Dieu existe ? Sans hésiter, celui-ci répondit : Les Juifs, Sire ! Des nations sont apparues et ont disparu quelques fois sans laisser de traces autres qu’un écrit quelque part. Israël de son côté a assisté aux funérailles de tous les despotes et empires qui l’ont maltraitée. Les Juifs ont été persécutés depuis l’Égypte, tout au long de leur histoire et jusqu’à nos jours. Cependant, tel un buisson ardent qui brûle sans se consumer, la nation hébreu existe toujours, même si elle est pressée de toutes parts.
Versets 3-5
Je continue.
Moïse se dit alors : — Je vais faire un détour pour aller regarder ce phénomène extraordinaire et voir pourquoi le buisson ne se consume pas. L’Éternel vit que Moïse faisait un détour pour aller voir et il l’appela du milieu du buisson : — Moïse, Moïse ! — Je suis là, répondit Moïse. Dieu lui dit : — N’approche pas d’ici, enlève tes sandales, car le lieu où tu te tiens est un lieu sacré (Exode 3.3-5).
Chaque vrai prophète de l’Éternel reçoit un appel de sa part. On ne peut se déclarer comme tel sans en avoir reçu la vocation d’En Haut. Alors qu’il garde le petit bétail, Moïse va être appelé à paître le peuple de Dieu. Mais avant cela, il lui faut comprendre qui est Dieu. Enlever ses sandales est une marque de respect. Ce qui rend ce lieu sacré est la présence de celui qui est Saint, autrement la montagne et ce buisson d’épines n’avaient rien de particulier sinon d’être l’un comme l’autre inhospitalier. Le Sinaï était surtout habité par les chacals et les scorpions, et un endroit difficile où pratiquer l’élevage.
Ici, Dieu enseigne à Moïse qu’on ne s’approche pas de lui n’importe comment. Cette leçon l’aidera à comprendre la complexité du système cultuel le jour où Dieu lui dictera les myriades de détails qui entreront dans la construction du tabernacle, le temple portable du désert. Comme je l’ai déjà dit, cette fabrication fastidieuse a pour but de dresser et maintenir une barrière entre le Créateur qui est 3 fois saint et la créature coupable à ses yeux.
Verset 6
Je continue.
Puis il ajouta : Je suis le Dieu de tes ancêtres, le Dieu d’Abraham, le Dieu d’Isaac et le Dieu de Jacob. Alors Moïse se couvrit le visage car il avait peur de regarder Dieu (Exode 3.6).
Moïse a compris quelque chose de la sainteté de Dieu.
Versets 7-10
Je continue.
L’Éternel reprit : — J’ai vu la détresse de mon peuple en Égypte et j’ai entendu les cris que lui font pousser ses oppresseurs. Oui, je sais ce qu’il souffre. C’est pourquoi je suis venu pour le délivrer des Égyptiens, pour le faire sortir d’Égypte et le conduire vers un bon et vaste pays, un pays ruisselant de lait et de miel ; c’est celui qu’habitent les Cananéens, les Hittites, les Amoréens, les Phéréziens, les Héviens et les Yebousiens. À présent, les cris des Israélites sont parvenus jusqu’à moi et j’ai vu à quel point les Égyptiens les oppriment. Va donc maintenant, je t’envoie vers le pharaon, pour que tu fasses sortir d’Égypte les Israélites, mon peuple (Exode 3.7-10).
Dieu va délivrer son peuple de l’esclavage et le conduire en Terre Promise, selon les promesses qu’il a faites aux patriarches. La liste des peuples, qui habitaient le pays de Canaan, n’est pas exhaustive, surtout que les populations bougeaient et se mélangeaient sans cesse. Le pays ruisselant de lait et de miel est la description traditionnelle d’Israël, un pays d’abondance, favorable à l’élevage et aux cultures. Cette expression est employée 14 fois dans l’Exode et les trois livres suivants et à 5 autres reprises dans le reste de l’Ancien Testament.
Verset 11
Je continue.
Moïse dit à Dieu : — Qui suis-je, moi, pour aller trouver le pharaon et pour faire sortir les Israélites d’Égypte ? (Exode 3.11).
40 années se sont écoulées depuis que Moïse avait tué l’Égyptien. Effronté, il se croyait alors capable de délivrer Israël à lui tout seul. Depuis ce temps, les choses ont changé. Il a été à l’école de Dieu qui le déclare prêt à diriger cette entreprise grandiose. Mais ces 40 années dans le désert l’ont fait réfléchir. Il mène une vie tranquille de berger qui passe de longues heures à méditer en écoutant le vent et dès la tombée de la nuit, il est à la maison tous les soirs. Alors, il n’est pas très emballé à l’idée d’aller taquiner le pharaon puis de conduire un peuple qu’il sait rebelle hors d’Égypte, direction le désert pour un voyage à durée indéterminée. On le comprend. Et puis que vont devenir sa femme et ses gosses dans ce chamboulement de vie ?
Mais voilà, Dieu, qui n’a pas l’intention de changer d’avis, a décidé que c’est lui qui conduirait son peuple. Alors, la négociation s’annonce difficile. Mais dans un sens, l’attitude de Moïse, leader malgré lui, est non seulement honorable par son humilité, mais prouve aussi que Dieu a réussi à briser cette fausse assurance, cette arrogance qu’il avait manifestées lorsque 40 ans plus tôt, il croyait être prêt à devenir un grand libérateur sans mandat. Maintenant, Moïse se sent faible, intimidé et incapable de diriger la nation d’Israël. Il est tout à fait conscient de ses limitations vis-à-vis de l’immensité de la tâche que l’Éternel lui demande d’accomplir.
Même s’il y a un peu de tension dans l’air, Dieu préfère quelqu’un d’hésitant et qui ne se sent pas à la hauteur de la tâche, plutôt qu’un blanc-bec prétentieux, genre Moïse 40 ans plus tôt. Le grand apôtre Paul aussi avait un problème d’un autre ordre, mais qui le gênait tout autant. Dieu ne l’a pas ôté, mais lui a dit :
Ma grâce te suffit, c’est dans la faiblesse que ma puissance se manifeste pleinement (2Corinthiens 12.9).
Paul l’a appris et c’est pour cela qu’il a dit :
Je trouve ma joie dans la faiblesse, les insultes, la détresse, les persécutions et les angoisses que j’endure pour le Christ. Car c’est lorsque je suis faible que je suis réellement fort. Dieu a choisi ce que le monde considère comme une folie pour confondre les « sages », et il a choisi ce qui est faible pour couvrir de honte les puissants (2Corinthiens 12.10 ; 1Corinthiens 1.27).
Voilà une parole encourageante pour chacun de nous
Commentaire biblique radiophonique écrit par le pasteur et docteur en théologie : Vernon McGee (1904-1988) et traduit par le pasteur Jacques Iosti.