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08 août 2022

Exode 10.16 – 11.10

Chapitre 10

Introduction

Dans la vie, les conflits sont inévitables. C’est pour cela qu’une bonne éducation enseigne déjà au petit enfant à demander pardon. Mais il faut que cette démarche soit authentique, suivie d’un changement de comportement, car les excuses du bout des lèvres sont sans valeur. C’est bien là que se situe le problème du pharaon qui ne veut pas lâcher les Hébreux qu’il retient esclaves. Après qu’une succession de plaies se soit abattue sur le pays, il reconnaît ses torts vis-à-vis de Dieu et dit accepter de laisser partir Israël, mais dès que le fléau est levé, il change de ton. Des sauterelles viennent de raser toute la végétation sur pied, alors le roi éprouve à nouveau ce sentiment douloureux d’avoir mal agi.

Versets 16-20

Je continue dans le chapitre 10 de l’Exode.

Le pharaon fit convoquer d’urgence Moïse et Aaron et leur dit : — J’ai péché contre l’Éternel votre Dieu et contre vous. Maintenant donc : pardonne, je te prie, mon péché cette fois encore, et priez l’Éternel votre Dieu pour qu’il me débarrasse de ce fléau meurtrier. Moïse sortit de chez le pharaon et pria l’Éternel. Et l’Éternel fit souffler un violent vent d’ouest qui emporta les sauterelles et les précipita dans la mer des Roseaux. Il n’en resta pas une seule sur tout le territoire de l’Égypte. Mais l’Éternel rendit obstiné le cœur du pharaon, qui ne laissa pas partir les Israélites (Exode 10.16-20).

C’est toujours la même rengaine. Pharaon semble une fois encore bien disposé. Moïse agit donc comme s’il était sincère tout en sachant très bien qu’il essaie seulement de gagner du temps. Mais l’Éternel ne veut pas détruire l’Égypte, alors il chasse ces sales bestioles dans la mer pour nourrir les poissons. D’un point de vue humain, l’obstination du pharaon est tout à fait incompréhensible. La seule explication est celle que donne le récit : l’Éternel rendit obstiné le cœur du pharaon.

La condamnation du roi est maintenant sans appel, car il a atteint un point de non-retour. Il a perdu la faculté de se repentir et rien ne peut plus changer la suite tragique des événements. Ces dernières plaies sont très éprouvantes pour les Égyptiens qui souffrent vraiment. Perdre la plupart de son cheptel est une catastrophe, mais on peut s’en remettre. Par contre, entre la grêle et les sauterelles qui ont à peu près tout détruit, il ne reste plus comme nourriture que ce qui était à l’abri dans des silos en dur ou sous terre dans des caves.

Versets 21-23

Je continue avec la 9e plaie.

L’Éternel dit à Moïse : — Lève la main vers le ciel et que l’Égypte soit plongée dans les ténèbres de sorte que l’on doive y tâtonner ! Moïse étendit la main vers le ciel et le pays d’Égypte fut entièrement plongé pendant trois jours dans des ténèbres opaques. Pendant ces trois jours, on ne se voyait plus l’un l’autre et personne ne bougeait de l’endroit où il se trouvait. Par contre, il y avait de la lumière dans les lieux habités par les Israélites (Exode 10.21-23).

Après l’équinoxe de printemps, le vent d’ouest, qui domine en Égypte pendant près de deux mois, apporte souvent du sable voilant partiellement le soleil. Ce phénomène sous une forme accentuée pourrait peut-être constituer une explication à ces ténèbres. En effet, l’Éternel utilise souvent les phénomènes naturels en les renforçant, ce qu’il a fait précédemment avec le fléau des sauterelles. De toute façon, que ce soit du sable ou autre chose, ces ténèbres insultent le dieu soleil Rê, l’une des divinités suprêmes de l’Égypte représentée par le disque du soleil, le symbole le plus courant de l’art égyptien. Ces ténèbres furent terrifiantes pour les Égyptiens, car aucune de leurs idoles, pas même Osiris, le dieu du bien, de l’au-delà et de la vie éternelle, n’a pu disperser cette nuit noire écrasante.

Comme vous sans doute, je me souviens d’avoir expérimenté l’absence totale de lumière en particulier dans une grotte. Cette noirceur, presque palpable, induit un sentiment d’angoisse qui augmente au fil des minutes. C’est d’ailleurs la même chose en ce qui concerne un silence total. J’ai vécu ça, je me rappelle, lors d’un cours d’acoustique que je suivais pendant mes études universitaires. On ressent l’absence de son comme une épaisseur qu’on pourrait presque couper au couteau. Le seul semblant de bruit qui est à peine discernable est le battement de son propre cœur et ça aussi c’est effrayant.

Soit dit en passant, que selon les Écritures et contrairement aux fresques du Moyen-âge, le jugement éternel est un état qui correspond à une solitude absolue, des ténèbres totales, un silence complet et des remords interminables. Pour ce qui est de cette dernière plaie, tout comme la 3e et la 6e, le pharaon n’a pas été prévenu de son arrivée. Ces ténèbres poussèrent le roi à proposer un 4e et dernier compromis à Moïse.

Verset 24

Je continue.

Le pharaon fit convoquer Moïse et lui dit : — Allez rendre un culte à l’Éternel. Vos enfants pourront vous accompagner. Seul votre petit et votre gros bétail resteront ici (Exode 10.24).

Le pharaon a mis pas mal d’eau dans son vin. Il fait un certain effort, mais ce n’est pas suffisant. Grand manipulateur, il croit toujours pouvoir tirer son épingle du jeu. Alors, il calcule et se dit que sans viande à manger les Hébreux ne feront pas long feu dans le désert et reviendront rapidement au pays. Le pharaon refuse toujours de se soumettre et dicte encore des conditions. Il refuse de lâcher prise et de laisser partir le peuple hébreu. Il faut qu’il le retienne par un fil que l’ange exterminateur devra finalement couper en frappant de mort tous les premiers-nés.

Versets 25-26

Je continue.

Moïse répliqua : — C’est toi-même qui nous fourniras les animaux pour les sacrifices et les holocaustes à notre Dieu et, en plus, nos troupeaux nous accompagneront. Pas une bête ne restera ici, car nous choisirons dans notre cheptel des victimes pour les offrir à l’Éternel notre Dieu. Tant que nous ne serons pas arrivés là-bas, nous ne saurons pas nous-mêmes ce que nous offrirons pour le culte de l’Éternel (Exode 10.25-26).

Moïse est dur en affaire et je doute vraiment qu’il bégaie ou qu’il ait la langue embarrassée d’une quelconque manière. Il a pris beaucoup d’assurance au fil de ses confrontations avec le roi d’Égypte. Non seulement il va emmener les Hébreux avec armes et bagages, mais en plus il déclare que pharaon va lui fournir les animaux pour les sacrifices à l’Éternel. Il ne manque décidément pas d’aplomb. Il tire même un peu sur la corde, vu qu’il ne doit pas rester grand-chose du cheptel égyptien. Mais ces bêtes qu’on va lui fournir font partie des arriérés de salaire que les Égyptiens donneront aux Hébreux afin qu’ils ne quittent leur pays.

Versets 27-29

Je finis ce chapitre.

Mais l’Éternel rendit le cœur du pharaon obstiné, de sorte qu’il refusa de laisser partir le peuple. — Va-t’en d’ici, cria-t-il à Moïse, et prends garde ! Ne reparais plus jamais en ma présence ! Car le jour où tu paraîtras en ma présence, tu mourras. Moïse répondit : — Tu l’auras voulu ! Je ne reparaîtrai plus en ta présence (Exode 10.27-29).

Les négociations sont rompues et pharaon montre les dents. Il croit qu’il dispose toujours de toute sa puissance de feu parce que son armée avec ses chars légendaires est intacte. C’est incroyable, après tout ce qu’il a vécu, il pense encore pouvoir avoir le dernier mot. Moïse ne se laisse pas intimider et en gros il lui dit : Tu as signé ta propre condamnation et l’encre est sèche ! Au fil du temps, Moïse est devenu un homme courageux et sûr de lui, car confiant en l’Éternel. On se dirige donc vers la dixième et dernière plaie.

Chapitre 11

Versets 1-3

Nous arrivons au chapitre 11 de l’Exode, où a lieu le dénouement de cette confrontation entre Moïse et pharaon et entre l’Éternel et les faux dieux égyptiens. La dernière plaie est la mort des premiers-nés, aussi bien des personnes que des animaux. C’est ce qui va finalement forcer le pharaon à laisser le peuple d’Israël quitter son pays avec tous leurs biens, leurs troupeaux et toutes les richesses que vont leur donner les Égyptiens. Tous, pharaon en tête, vont savoir qu’il est futile et stupide de s’opposer au Créateur du ciel et de la terre. L’Éternel a été miséricordieux et patient en donnant au peuple d’Égypte de multiples occasions de changer de comportement vis-à-vis d’Israël, mais en vain. Je commence à lire.

L’Éternel dit à Moïse : — Je vais encore faire venir un fléau pour frapper le pharaon et l’Égypte. Après cela, il vous laissera partir d’ici ; et même, il vous chassera définitivement de son pays. Va donc parler au peuple : que chacun demande à son voisin, et chacune à sa voisine, des objets d’or et d’argent. L’Éternel fit gagner au peuple la faveur des Égyptiens, Moïse lui-même était un personnage très respecté par les hauts fonctionnaires du pharaon et par la population (Exode 11.1-3).

Il est bien dommage que ces dignitaires n’aient pas pu convaincre leur maître d’obéir à l’Éternel. Le peuple d’Israël va partir les poches et les mains pleines comme prévu et selon la prophétie que Dieu avait faite à Abraham.

Versets 4-8

Je continue.

Moïse dit au pharaon : — Voici ce que l’Éternel déclare : « Au milieu de la nuit, j’irai et je parcourrai l’Égypte et tout fils aîné dans ce pays mourra, depuis le fils aîné du pharaon qui est sur le trône jusqu’à celui de la servante qui fait tourner la meule, ainsi que tout premier-né du bétail. De grands cris s’élèveront dans tout le pays comme il n’y en a jamais eu et comme il n’y en aura plus de semblable. Mais chez les Israélites, on n’entendra pas même un chien aboyer contre un homme ou une bête. Vous saurez ainsi que l’Éternel fait une distinction entre l’Égypte et Israël. Alors tous tes hauts fonctionnaires qui t’entourent viendront me trouver et se jetteront à mes pieds en suppliant : « Va-t’en, toi et tout le peuple qui marche à ta suite. » Après cela, oui, je partirai. » Moïse sortit alors de chez le pharaon dans une grande colère (Exode 11.4-8).

Moïse est retourné voir le roi pour l’informer de la suite que l’Éternel allait donner à cette confrontation. Peut-être n’a-t-il eu un contact qu’avec le grand vizir, celui qui faisait office de premier ministre et qui dirigeait les affaires du pays au jour le jour. Qu’a-t-il bien pu se passer entre ces hommes ? On l’ignore ! Ce qu’on sait, c’est que la dernière entrevue entre Moïse et la maison de pharaon ne fut pas de tout repos. Le conflit qui les oppose a atteint son apogée et Moïse a les nerfs à fleur de peau.

Ces jugements se sont étalés sur plusieurs mois, alors depuis le temps qu’elles durent et que ce climat tendu se prolonge, il n’est pas étonnant qu’il se sente usé. Cet ultime entretien s’est déroulé selon le plan de Dieu : l’obstination du pharaon va permettre aux prodiges divins de se poursuivre et à la gloire de Dieu de se manifester. Mais sur le plan humain, ça s’est très mal passé parce que la maison de pharaon ne veut toujours rien entendre et Moïse est indigné et furieux parce que le roi flanqué de ses mauvais conseillers va être responsable de la mort de tous les premiers-nés d’Égypte. Alors, il est ressorti rouge de colère de son entrevue.

Jusqu’à présent, 9 fléaux se sont abattus sur le pays, dont six furent annoncés d’avance au pharaon. Si l’expérience sert à quelque chose, le roi devrait savoir que cette dixième plaie va avoir lieu tout comme les précédentes. Mais que pensait-il donc qui allait arriver ? Le texte ne donne aucun détail qui satisferait notre curiosité. Tout au début, avant que ne commence la série des 10 plaies, l’Éternel avait averti pharaon en lui disant :

« Je te l’ordonne, laisse aller mon fils pour qu’il me rende un culte. Si tu refuses, je ferai périr ton fils aîné » (Exode 4.23).

Après les premiers jugements, si le roi s’était repenti tout serait rentré dans l’ordre et il n’y aurait plus eu de fléaux. Mais au lieu de cela, il s’est endurci toujours davantage jusqu’au moment où il a dépassé le point de non-retour. À partir de ce moment, plus rien ne pouvait empêcher qu’on en arrive à la 10e plaie et les premiers-nés égyptiens n’auraient pas péri.

Ce dernier jugement est particulièrement sévère. Au Proche-Orient, l’avenir de la famille reposait sur le fils aîné qui recevait une double part d’héritage. Un jugement les frappant de mort touchait ainsi le cœur de toute la communauté. Même, les esclaves non hébreux seront affectés. Ce sont eux qui accomplissaient le travail particulièrement éprouvant de moudre le grain en faisant tourner une énorme pierre mobile sur une autre fixe. Les premiers-nés qu’ils soient des hommes ou des bêtes appartenaient de droit aux dieux d’Égypte. L’Éternel va les réclamer avec violence. La 10e plaie n’est pas déclenchée par Moïse et Aaron comme les précédents, mais par l’ange de l’Éternel sans l’intervention d’un agent naturel ou humain. Dans le Nouveau Testament, il est écrit :

C’est une chose terrible que de tomber entre les mains du Dieu vivant (Hébreux 10.31).

C’est ce que vont expérimenter les habitants d’Égypte. Les détails de ce dernier fléau nous sont donnés par le texte. Elle sera soudaine : au milieu de la nuit, au moment où le sommeil est le plus profond, l’ange exterminateur frappera. Ce jugement ne se fera pas furtivement et en douceur, mais avec force et fracas, de telle sorte que toutes les maisonnées seront secouées, réveillées et assisteront en poussant de grands cris de douleur à la mort de leur premier-né.

Dans la province de Gôchen où sont les Hébreux, par contre, il ne va strictement rien se passer. Même les chiens n’aboieront pas. Cette image bucolique évoque le calme, la sérénité et l’absence de danger. Ce sera une soirée éclairée par une belle lune propre à des rendez-vous romantiques, suivie d’une nuit ordinaire et paisible pour tous les Hébreux dans leur chaumière qui se reposent après une très dure journée de labeur. La distinction que l’Éternel va établir entre le pays de Gôchen où se trouve Israël et le reste de l’Égypte ne tient pas dans une préférence personnelle de l’ange exterminateur, ni dans le fait que d’un côté ce sont des Juifs et de l’autre des païens.

La différence réside dans ce que du sang d’un agneau ou d’un chevreau aura été appliqué sur les linteaux de la porte d’entrée. Chaque maison sera traitée de la même manière, peu importe qu’elle soit habitée par des Israélites, des étrangers, des esclaves ou des membres de la caste supérieure, qu’ils soient prêtres ou nobles. Si quelqu’un peint du sang sur les bords de sa porte, l’ange de la mort ne s’arrêtera pas, mais passera outre. C’est là l’origine de la Pâque juive, la plus ancienne et la plus importante de toutes leurs fêtes religieuses. Elle est annonciatrice de la venue et de la mort sacrificatoire de Jésus-Christ le Messie.

Versets 9-10

Je finis le chapitre.

L’Éternel avait dit à Moïse : — Le pharaon ne vous écoutera pas, afin que mes prodiges se multiplient en Égypte. Moïse et Aaron accomplirent donc tous ces prodiges en présence du pharaon. Mais l’Éternel rendit son cœur obstiné, de sorte qu’il ne laissa pas les Israélites quitter son pays (Exode 11.9-10).

À l’aube du jour de la délivrance, l’auteur résume la raison des 10 plaies d’Égypte. Les 9 premiers fléaux furent un véritable bras de fer entre le pharaon, maître et souverain incontestable de l’Égypte, et l’Éternel, le Seigneur et souverain incontestable de tout l’univers, le ciel, la terre et les abîmes y compris l’Égypte bien sûr. L’objet principal du texte a été de faire ressortir avec force la domination absolue du Seigneur, sa suprématie sur toutes les puissances qui font obstacle à son projet de libération de son peuple. Il ne peut être comparé aux faux dieux égyptiens qui lui sont totalement soumis. Il se moque du pouvoir des magiciens, qui malgré leur puissance occulte réelle doivent s’avouer vaincus très tôt dans le combat.

Dieu se révèle aussi le patron du pharaon qui malgré son statut et son attitude fourbe n’est qu’un instrument entre les mains du Roi des cieux. Son obstination a déclenché la série de prodiges qui ont fait éclater la grandeur, la majesté et la gloire de l’Éternel. Tous, aussi bien le pharaon, les dignitaires, les Égyptiens que les Hébreux sont témoins de la toute-puissance du Créateur des cieux, comme il l’a dit lui-même. Je le cite :

Afin que tu saches que nul n’est semblable à moi sur toute la terre. Je t’ai laissé en vie pour te faire voir ma puissance et pour que ma renommée se répande par toute la terre (Exode 8.18 ; 9.14, 16).

Ce Dieu va délivrer son peuple de l’oppression égyptienne. Cet événement capital de l’histoire d’Israël sera commémoré par la Pâque juive annonciatrice de la Pâque chrétienne qui proclame la résurrection du Christ.

Commentaire biblique radiophonique écrit par le pasteur et docteur en théologie : Vernon McGee (1904-1988) et traduit par le pasteur Jacques Iosti.

sept. 18 2024

Émission du jour | Éphésiens 2.1-2

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