Esaïe 65.3 – 66.22
Chapitre 65
Versets 2-3
On entend parfois des histoires pathétiques de parents qui ont tout essayé pour ramener leurs enfants dans le droit chemin, mais sans succès. Curieusement, c’est aussi l’expérience de l’Éternel vis-à-vis du peuple d’Israël. Je continue de lire dans le chapitre 65 du livre d’Ésaïe.
Oui, j’ai tendu les mains, à longueur de journée, vers un peuple rebelle qui suivait un chemin qui n’est pas bon, au gré de ses pensées, un peuple qui, sans cesse, provoque ma colère ouvertement. Ses habitants offrent des sacrifices dans les jardins sacrés, et brûlent des parfums sur des autels de briques (Ésaïe 65.2-3).
L’Éternel est décrit comme un père qui supplie ses enfants rebelles. Non seulement ils ne font pas ce qu’il leur ordonne, mais ils désobéissent impudemment au plus grand commandement de la Loi en se livrant à l’idolâtrie (comparez Deutéronome 32.21) dans les bocages sacrés réservés aux fausses divinités.
Verset 4
Je continue.
Ils s’asseyent parmi les tombeaux pour consulter les morts et passent la nuit dans les grottes. Ils consomment du porc et remplissent leurs plats de mets impurs (Ésaïe 65.4).
Les Israélites violent tous les aspects de la Loi de Moïse : ils pratiquent la nécromancie et la divination dans les cimetières et mangent du porc qui provient d’animaux offerts en sacrifice aux idoles.
Verset 5
Je continue.
Ils crient : “ Reste où tu es et ne m’approche pas, car je suis trop sacré pour toi ”. Ces choses sont pour moi comme de la fumée qui me monte aux narines, un feu qui brûle tout le jour (Ésaïe 65.5).
Les Israélites idolâtres sont initiés à des cultes mystérieux par des cérémonies de purification. Après ce rite de passage et se croyant en possession d’une sainteté magique supérieure, ils disent aux profanes, c’est-à-dire les adorateurs fidèles de l’Éternel, de respecter en eux leur caractère sacro-saint et de ne pas les souiller par leur contact. Dieu s’insurge signalant que ces idolâtres subiront sa colère, décrite comme un feu qui ne s’éteindra jamais (Ésaïe 30.27 ; Deutéronome 32.22) ; le moins qu’on puisse dire est que ça va chauffer.
Versets 6-7
Je continue.
Mais tout cela reste écrit devant moi ; je ne me tairai plus, je le leur ferai payer jusqu’au bout. Je leur ferai payer leurs crimes dit l’Éternel, en même temps que ceux de leurs ancêtres, car ils ont brûlé des parfums sur les montagnes et ils m’ont outragé sur les collines ! Oui, je leur ferai payer jusqu’au bout ce que mérite leur conduite passée (Ésaïe 65.6-7).
La mention que l’idolâtrie des Israélites est consignée par écrit signifie que leur châtiment est arrêté et irrévocable. Il faut dire que leur péché ne date pas d’hier. Les contemporains d’Ésaïe continuent à suivre l’exemple de leurs ancêtres, et ce, malgré les avertissements répétés des prophètes. Mais la coupe est comble et tout le poids des fautes accumulées depuis des siècles va retomber sur la tête de la génération qui subira l’invasion babylonienne.
Verset 8
Je continue.
Voici ce que dit l’Éternel : De même que l’on dit, quand on trouve une grappe bien juteuse sur une vigne : “ Ne la détruisez pas car il y a en elle quelque chose de bon ”, moi, je ferai de même à cause de mes serviteurs (Ésaïe 65.8).
Israël est comparé à une mauvaise vigne où se trouvent néanmoins quelques bonnes grappes que l’on veut conserver. L’Éternel promet de retirer ses fidèles de la masse du peuple voué au châtiment.
Versets 9-10
Je continue.
Pour ne pas tout détruire, je ferai sortir de Jacob une postérité, oui, de Juda, des gens qui prendront possession de mes montagnes. Mes élus les posséderont, mes serviteurs y feront leur demeure. La plaine du Saron sera un pâturage pour le menu bétail, et la vallée d’Akor un gîte pour les bœufs au profit de mon peuple qui se sera tourné vers moi (Ésaïe 65.9-10).
Le reste fidèle constituera le nouvel Israël ; il possédera la totalité du pays depuis la plaine de Saron à l’ouest, jusqu’à la vallée d’Akor, à l’est et au nord-ouest de la Mer Morte près de Jéricho. Ces endroits sont d’une fertilité exceptionnelle (comparez Ésaïe 30.23-25 ; 32.20).
Versets 11-12
Je continue.
Mais quant à vous qui abandonnez l’Éternel, et qui négligez ma montagne sainte, qui dressez une table à Gad et remplissez la coupe pour Meni (autre). Je vous destine au glaive, et vous vous courberez pour passer tous à l’abattoir, puisque j’ai appelé et que vous ne m’avez pas répondu, et puisque j’ai parlé et que vous ne m’avez pas écouté, puisque vous avez fait ce que je trouve mal, et que vous vous êtes complu dans ce qui me déplaît (Ésaïe 65.11-12).
Gad, le dieu du bonheur et de la fortune, est identifié à la planète Jupiter, et Meni, le dieu du destin à Vénus. Ésaïe fait un jeu de mots entre destin et la menace quand il dit : « Je vous destine au glaive ».
Jupiter et Vénus sont considérés comme des astres de bonne augure (Saturne et Mars par contre sont néfastes) et il était d’usage de faire des offrandes et des repas en l’honneur de ces divinités païennes.
Selon l’historien grec Hérodote (I, 181) à Babylone, à l’étage supérieur du grand temple dédié au dieu Nébo, se trouvaient une table d’or et un divan somptueux sur lequel, selon la coutume, on mangeait à demi-couché.
Versets 13-15
Je continue.
C’est pourquoi, voici ce que dit le Seigneur, l’Éternel : Mes serviteurs auront de quoi manger, et vous, vous aurez faim. Mes serviteurs boiront, et vous, vous aurez soif. Mes serviteurs seront dans l’allégresse, et vous, vous serez dans la honte ! Mes serviteurs crieront de joie car ils connaîtront le bonheur. Quant à vous, vous crierez le cœur plein de douleur, vous pousserez des cris ; vous vous lamenterez, l’esprit tout abattu. Votre nom restera dans les imprécations de mes élus ; le Seigneur, l’Éternel, fera que vous mouriez, mais à ses serviteurs il donnera un nom nouveau (Ésaïe 65.13-15).
En cinq antithèses qui constituent un hymne funèbre ou un chant d’imprécation, Ésaïe établit un contraste cinglant entre le sort des serviteurs de Dieu et celui de ses ennemis : les premiers seront les paisibles possesseurs de la Terre promise et de toutes les bénédictions qui s’y rattachent ; les autres seront privés de tout et leurs noms serviront d’imprécations ; c’est-à-dire à maudire quelqu’un. Les fidèles israélites par contre recevront un nom nouveau (Ésaïe 62.2) pour remplacer le nom funeste de l’ancien Israël rebelle.
Verset 16
Je continue.
Et celui qui voudra être béni sur terre invoquera sur lui une bénédiction au nom du Dieu de vérité, et sur la terre, on prêtera serment, au nom du Dieu de vérité. En effet, les maux du passé seront tous oubliés, ils disparaîtront de ma vue (Ésaïe 65.16).
Pour bénir, les fidèles utilisent le nom du Dieu de vérité, celui dont la parole est toujours vraie (2Corinthiens 1.20 ; comparez Apocalypse 3.14). Cette prophétie nous transporte dans le Millénium quand le règne de justice du Messie s’étendra aux quatre coins de la terre (comparez Michée 7.19).
Verset 17
Je continue.
Je vais créer un ciel nouveau, une nouvelle terre ; on ne se rappellera plus les choses d’autrefois, on n’y pensera plus (Ésaïe 65.17).
Les choses d’autrefois sont le monde actuel avec toutes ses détresses. La joie des élus sera telle qu’il n’y aura pas de place dans leur mémoire pour des regrets ou de mauvais souvenirs. Dieu effacera tout ce qui est négatif de notre mémoire. Ésaïe a déjà parlé plusieurs fois de la destruction du monde (Ésaïe 24.19-20 ; 34.4 ; 51.6) et d’une création nouvelle. Mais sa description se confond avec le Millénium (Ésaïe 11).
Il faut savoir que, voyant les choses de loin, les prophètes de l’Ancien Testament ne font pas de distinction entre les temps et les moments ; tout se télescope car la chronologie des événements leur échappe. Le futur se présente à eux dans sa totalité sous la forme d’un tableau unique ayant la terre pour cadre, ce qui fait qu’ils font l’amalgame entre le Millénium et l’éternité.
Le Nouveau Testament, par contre, distingue deux phases successives dans l’avenir. Il annonce premièrement une époque où le règne de Dieu sera établi sur la terre. Le mal sera contenu mais non supprimé puisqu’au terme du Millénium aura lieu une dernière explosion des forces sataniques qui sera suivie du jugement universel. La deuxième phase de l’avenir décrite par le Nouveau Testament est l’éternité future et la Jérusalem céleste qui fera partie de la Nouvelle Création (Apocalypse 20-22).
parfois, les prophéties d’Ésaïe présentent un état de perfection qui dépasse les limites de toute existence terrestre (comme l’abolition de la mort ; Ésaïe 25.8), mais d’une manière générale, pour les prophètes, la Jérusalem céleste est la même que la Jérusalem terrestre restaurée, siège du règne du Messie, et, comme je l’ai dit, le Millénium se confond avec la Nouvelle Création. C’est un peu compliqué, j’en conviens.
Pour Ésaïe, c’est donc sur terre que vivent les élus, mais dans des conditions paradisiaques. Cependant, le péché et la mort, bien que restreints, existent toujours (Ésaïe 65.17-25 ; 11.20). Sa prophétie se rapporte donc avant tout au Millénium, quand la vie sur terre sera proche des conditions qui existaient dans le Jardin d’Éden. Ces mille ans de règne du Christ seront à la fois le couronnement de l’histoire humaine et la transition entre la terre ancienne restaurée et les nouveaux cieux avec la nouvelle terre.
Versets 18-25
Je finis le chapitre 65 d’Ésaïe en compressant.
Réjouissez-vous plutôt et soyez à toujours tout remplis d’allégresse à cause de ce que je crée. Oui, car je vais créer une Jérusalem remplie de joie et son peuple plein d’allégresse. “ On n’y entendra plus de pleurs ni de cris de détresse (comparez Ésaïe 62.12 ; 30.19). Là, plus de nourrisson emporté en bas âge, ni de vieillard qui meure avant d’avoir atteint le nombre de ses ans. Ce sera mourir jeune de mourir centenaire ; si un pécheur ne dépasse pas les cent ans, c’est qu’il aura été maudit. Ils se construiront des maisons et les habiteront ; ils planteront des vignes et ils en mangeront les fruits. Car les gens de mon peuple vivront aussi longtemps qu’un arbre. Mes élus jouiront du fruit de leur travail. Ils ne peineront plus pour rien et les enfants auxquels ils donneront naissance ne seront plus destinés au malheur. Ils seront une race bénie par l’Éternel, et leur postérité le sera avec eux. Alors, avant qu’ils ne m’invoquent, je les exaucerai ; ils parleront encore, que j’aurai déjà entendu (comparez Ésaïe 30.19). Les loups et les agneaux paîtront ensemble, le lion mangera du fourrage tout comme le bétail ; le serpent mordra la poussière. Il ne se fera plus ni mal, ni destruction, sur toute ma montagne sainte ”, dit l’Éternel ! (Ésaïe 65.18-25 ; Comparez Ésaïe 11.6-9).
Les gens vivront plusieurs siècles comme les premiers patriarches (Genèse 5) et il faudra avoir commis des fautes graves pour mourir à seulement 100 ans. Il n’y aura plus ni hospices ni hôpitaux ni calamités ni craintes et chacun jouira paisiblement du fruit de son travail (comparez Ésaïe 62.8). Calvin a dit : « Quand Dieu cessera d’être en colère contre nous, nous serons heureux. »
La malédiction qui pèse sur nous sera levée (comparez Lévitique 26.16) et la prospérité sera universelle, car le monde, la nature et les hommes seront bénis. Même le loup et la chèvre de M. Séguin feront bon ménage ; les animaux n’auront plus ni crocs acérés ni griffes ensanglantées. La loi du Roi des rois remplacera la loi de la jungle. Un lion qui se nourrit de foin ferait certainement sourire un sceptique, mais je lui répondrai que s’il est capable de créer un lion, moi, je lui ferai manger de la paille.
Chapitre 66
Versets 1-2
Nous arrivons maintenant au dernier chapitre du livre d’Ésaïe que je commence à lire.
Voici ce que dit l’Éternel : Mon trône, c’est le ciel, la terre, l’escabeau où je pose le pied (comparez Ésaïe 6.1 ; 60.13). Quelle est donc la maison que vous me bâtiriez, et quel lieu de repos pourrait me servir de demeure ? Toutes ces choses, c’est moi qui les ai faites et ainsi elles sont venues à l’existence, l’Éternel le déclare. Voici sur qui je porterai un regard favorable : sur celui qui est humilié, et qui a l’esprit abattu, sur celui qui respecte ma parole (Ésaïe 66.1-2 ; Comparez Actes 7.49-50).
Ésaïe indigné s’élève contre l’idée répandue qu’un mérite est attaché à une pratique religieuse. Les Israélites croient même rendre service à l’Éternel en lui bâtissant un temple et en lui offrant les sacrifices prescrits par la Loi. Mais le vrai culte est de nature spirituelle et le seul sanctuaire où Dieu peut réellement habiter sur terre est le cœur de l’homme qui s’humilie devant lui et obéit à sa parole (Ésaïe 57.15 ; Psaumes 51.19-20).
Ce serait dégrader l’Éternel, insulter sa majesté et faire de lui une idole que de prétendre l’enfermer dans une bâtisse et s’acquitter de ses devoirs envers lui par des offrandes, comme si le Créateur qui a fait toutes choses avait besoin de quoi que ce soit (comparez Actes 17.24-25 ; Psaumes 50.8-13). Le premier livre des Rois rapporte que quand Salomon a dédicacé le Temple, il a exalté la grandeur du Seigneur en disant :
Que le ciel dans toute son immensité ne saurait le contenir ? Combien moins ce Temple que je viens de te construire ! (1Rois 8.27).
Ésaïe semble faire allusion à ce passage.
Verset 3a
Je continue le texte du chapitre 66.
Celui qui sacrifie un bœuf, tue aussi bien un homme ; celui qui immole un agneau, rompt la nuque à un chien ; celui qui présente une offrande offre du sang de porc ; et celui qui fait brûler de l’encens c’est une idole qu’il bénit (Ésaïe 66.3a).
Les Israélites sont religieux pour la forme ; ils accomplissent indifféremment des actes cultuels conformes à la Loi et d’autres qui la violent de manière flagrante et grave comme le meurtre ou l’idolâtrie (comparez Ésaïe 1.13-14 ; 65.4).
Versets 5-6
Je continue le texte plus loin.
Écoutez la parole de l’Éternel, vous qui la respectez : Voici, ceux de vos frères qui vous haïssent et vous ont rejetés à cause de mon nom ont dit : “ Que l’Éternel manifeste sa gloire afin que nous soyons témoins de votre joie ! ” Mais ils perdront la face ! Écoutez ce tumulte s’élevant de la ville, cette clameur venant du Temple : il s’agit de la voix de l’Éternel qui fait payer ses ennemis comme ils l’ont mérité (Ésaïe 66.5-6 ; Comparez Joël 3.16).
Calvin a dit : « L’Éternel paraîtra pour le bien des fidèles et pour la ruine de ceux qui nient qu’il doive apparaître » (comparez Ésaïe 1.29 ; 26.11 ; 65.13).
Dans ce passage, Ésaïe encourage les fidèles qui sont méprisés et rejetés par les Israélites idolâtres (comparez Ésaïe 65.5) et qui se moquent des promesses de Dieu (Ésaïe 5.19 ; comparez Luc 6.22).
Versets 7-9
Je continue.
Avant d’être en travail, Sion a enfanté : avant d’éprouver des douleurs, elle a donné le jour à un garçon. Qui donc a entendu rien de pareil, et qui a jamais vu rien de semblable ? Un pays peut-il naître en un seul jour ? Ou peut-on enfanter une nation en un instant ? Or, à peine en travail Sion a mis des fils au monde ! Eh quoi ! Amènerai-je le moment d’enfanter sans faire naître ? dit l’Éternel. Moi qui fais enfanter, empêcherais-je cette venue au monde ? a dit ton Dieu (Ésaïe 66.7-9).
Dans cette prophétie difficile à interpréter, il est question d’un garçon et de fils qui naissent soudainement. Il s’agit chaque fois d’une personnification du nouveau peuple de Dieu ayant le Christ pour chef. En effet, souvent dans le livre d’Ésaïe, le Messie (appelé le Serviteur, Emmanuel ; Ésaïe 7.14 ; 9.5) se confond avec sa descendance, c’est-à-dire les serviteurs fidèles de l’Éternel.
On trouve le même phénomène dans l’épître aux Romains où l’apôtre Paul appelle Jésus : « le premier-né d’un grand nombre de frères » (Romains 8.29 ; SER) et dans l’épître aux Galates où la Jérusalem céleste personnifiée est appelée par Paul : « la mère de tous les croyants » (Galates 4.27).
Par ailleurs, il existe un parallélisme entre ce passage d’Ésaïe où Jérusalem donne naissance au nouveau peuple de Dieu et le passage de l’Apocalypse où Jérusalem est décrite enfantant Jésus-Christ (Apocalypse 12.5 ; 17). Tout ça montre que le garçon et les fils représentent ensemble le nouveau peuple de Dieu.
Ésaïe prophétise donc qu’à la fin des temps, Jérusalem et Israël sont attaqués et vaincus par l’Antichrist, mais soudainement, Jésus-Christ revient et détruit ses ennemis ; la nouvelle se répand alors comme une traînée de poudre et tous les Juifs de la diaspora qui n’ont pas péri reviennent en masse dans leur pays. À eux se joignent alors tous les croyants du monde entier et ensemble ils forment ce nouveau peuple de Dieu (Ésaïe 49.20-21 ; 54.1-3) qui entre dans les 1 000 ans de règne du Christ. Les persécutions, loin d’avoir été inutiles, ont permis de créer le nouveau peuple de Dieu.
Versets 10-14
Je continue le texte en compressant.
Réjouissez-vous avec Jérusalem, et soyez tous dans l’allégresse à son sujet, vous qui l’aimez ! Car vous serez nourris à son sein qui console jusqu’à en être rassasiés, et vous boirez, avec délices, la plénitude de sa gloire ! Vous serez allaités, et portés sur la hanche, bercés sur les genoux. Comme un enfant que sa mère console, je vous consolerai. Car l’Éternel interviendra en faveur de ses serviteurs, mais il s’irritera contre ses ennemis (Ésaïe 66.10-14).
Les fidèles qui ont si longtemps gémi à cause du sort de Jérusalem peuvent et doivent désormais se réjouir de sa prospérité, et eux-mêmes jouiront de la paix et de la gloire en son sein (comparez Ésaïe 51.3 ; 65.18 ; 48.18 ; 60.17-18, 5 ; 61.6). Dieu joue ici le rôle d’une mère qui console son peuple des peines de l’exil à venir ainsi que des persécutions de la fin des temps (comparez Ésaïe 49.13-15).
Versets 15-16
Je continue en compressant.
Car l’Éternel va venir dans le feu et ses chars surviendront comme un vent d’ouragan pour verser sa colère avec fureur. C’est avec le feu que l’Éternel exercera son jugement et avec son épée qu’il châtiera tous les humains (Ésaïe 66.15-16).
Il s’agit du jugement universel présenté sous forme de batailles meurtrières où l’Éternel apparaît comme un guerrier (Ésaïe 42.13 ; 59.17) au milieu d’une tempête dévastatrice (Ésaïe 30.27, 30 ; 29.6 ; comparez Psaumes 18.8-16).
Versets 17-18a
Je continue.
Ceux qui se préparent et qui se purifient pour accéder aux jardins sacrés suivant en procession celui qui se tient au milieu, et qui mangent du porc, des animaux immondes et même des souris, ceux-là périront tous ensemble, l’Éternel le déclare. Car je connais leurs desseins et leurs actes (Ésaïe 66.17-18a).
Ésaïe rappelle les rites idolâtres et les séances d’initiation par lesquelles les Israélites se rendent coupables.
Verset 18b
Je continue.
Voici, je vais venir rassembler toutes les nations et des gens de toutes langues. Ils viendront et verront ma gloire (Ésaïe 66.18b).
L’Éternel rassemble les nations qui viennent combattre Jérusalem, car c’est devant les murs de la ville qu’elles seront détruites (comparez Joël 4.2, 9-17 ; Zacharie 14.12-14 ; Ésaïe 29.5-7).
Verset 19
Je continue.
Je placerai un signe au milieu des nations et j’enverrai certains de leurs rescapés vers les nations à Tarsis, Poul et Loud, dont les gens bandent l’arc, à Toubal, à Yavân ; vers les îles et les régions côtières qui sont au loin, qui n’ont pas encore entendu parler de moi et n’ont pas vu ma gloire. Ils feront connaître ma gloire à ces nations (Ésaïe 66.19).
« Le signe » est la manifestation de la gloire de Dieu qui décime les armées venues attaquer Jérusalem. Ceux qui échappent au carnage rentrent chez eux proclamer aux habitants de la terre la puissance de Dieu. Ésaïe cite les lieux les plus éloignés du monde d’Israël : l’Espagne, la Somalie, la Lybie, le sud-est de la Mer Noire, la Grèce et l’Occident.
Versets 20-21
Je continue le texte en compressant.
Et ils ramèneront, de toutes les nations, tous ceux qui sont vos frères sur des chevaux, des chars ou des chariots couverts, sur le dos des mulets ou sur des dromadaires jusqu’à Jérusalem, à ma montagne sainte, comme une offrande à l’Éternel. Et même, parmi eux, j’en prendrai certains pour être des prêtres ou des lévites, dit l’Éternel (Ésaïe 66.20-21).
Les peuples soumis à l’Éternel viennent à Jérusalem pour l’adorer (comparez Ésaïe 2.2-4 ; 60.4 ; Malachie 1.11) et ramènent les Israélites qui étaient dispersés parmi eux. Certains de ces non-Juifs occuperont même une fonction sacerdotale alors que sous l’Ancienne Alliance seuls des lévites possèdent ce privilège. Le mur qui sépare depuis toujours Israël des non-Juifs n’existera plus (Éphésiens 2.14).
Verset 22
Je continue.
Comme le nouveau ciel et la nouvelle terre que je vais faire subsisteront par-devant moi, l’Éternel le déclare, ainsi subsisteront votre postérité et votre nom (Ésaïe 66.22).
Le nouvel Israël perdurera éternellement comme le nouveau ciel et la nouvelle terre.
Verset 23
Je continue.
Il adviendra alors que, régulièrement, à la nouvelle lune et à chaque sabbat, tous les humains viendront pour se prosterner devant moi, déclare l’Éternel (Ésaïe 66.23).
Tout comme les Israélites se rassemblaient à Jérusalem pour les fêtes, des représentants de tous les peuples s’y rendront régulièrement pour adorer l’Éternel (comparez Zacharie 14.16-19 ; Ésaïe 2.2-3).
Verset 24
Je finis de lire le chapitre 66 et le livre d’Ésaïe.
Et quand ils sortiront, ils verront les cadavres des hommes qui se sont révoltés contre moi ; et le ver qui rongera ces hommes ne mourra pas, le feu qui les dévorera ne s’éteindra jamais, et ils feront horreur à tout être vivant (Ésaïe 66.24).
Cette conclusion est la reproduction développée du refrain menaçant (Ésaïe 48.22 ; 57.21) qu’on a déjà rencontré deux fois. En sortant de la ville sainte, les adorateurs verront un charnier, vestige du champ de bataille où ont péri ceux qui se sont rebellés contre l’Éternel. Ces ossements seront comme un éternel monument à la justice de Dieu.
Le livre d’Ésaïe n’est pas un conte de fées où tout est bien qui finit bien ; il se termine par une sérieuse mise en garde qui donne froid dans le dos. À chacun d’en tenir compte.
Commentaire biblique radiophonique écrit par le pasteur et docteur en théologie : Vernon McGee (1904-1988) et traduit par le pasteur Jacques Iosti.