Éphésiens 1.1-2
Chapitre 1
Introduction
Les querelles de clocher ne sont pas de simples altercations dont la seule conséquence est de provoquer des sourires en coin. Ce sont des controverses qui peuvent entraîner de terribles conflits ; il n’y a qu’à songer à la Saint-Barthélemy et les guerres de religion, comme la guerre de 30 ans par exemple, qui ont causé des centaines de milliers de morts et qui au fil des persécutions ont forcé deux millions de Huguenots, au bas mot, à quitter la France.
Aujourd’hui, la chrétienté ne s’entre-déchire plus de cette façon, heureusement. Cependant, elle est encore très divisée. Il ne faut pourtant pas confondre, d’une part, les différentes étiquettes comme catholique, protestant, évangélique, charismatique et d’autres encore, et d’autre part l’Église, telle que les Écritures la conçoivent et la décrivent. Quand l’Église est mentionnée dans le Nouveau Testament, il s’agit toujours de l’ensemble des croyants, c’est-à-dire de tous ceux qui ont placé leur foi personnelle exclusivement en la personne du Christ et non pas dans des rites ou dans un groupe particulier, quel qu’il soit.
Cette distinction est importante à garder à l’esprit, en particulier parce que le thème de toute une épître, comme celle adressée aux Éphésiens, concerne justement la vocation céleste de l’Église. J’ai déjà eu l’occasion de dire une lapalissade, en l’occurrence que l’Église n’a pas bonne presse, et pourtant, aux yeux de Dieu elle est aussi précieuse que la prunelle de ses yeux, un abus de langage bien sûr, parce que c’est le Père qui l’a pensée, le Fils qui par son sacrifice en a payé le prix, et le Saint-Esprit qui l’habite, l’assiste et la protège.
Versets 1-2
Je commence maintenant à lire l’Épître adressée aux Éphésiens.
Paul, apôtre de Jésus-Christ par la volonté de Dieu, aux saints et fidèles en Jésus-Christ, qui sont à Éphèse. Que Dieu notre Père et le Seigneur Jésus-Christ vous accordent la grâce et la paix (Éphésiens 1.1-2).
Nous allons voir tous ces éléments un à un. La partie doctrinale de cette lettre aux Éphésiens commence par une introduction qui est la plus brève de toutes les épîtres de Paul parce qu’en fait, c’est une lettre circulaire qui doit faire le tour des églises de la province d’Asie et probablement même aller au-delà. Parmi ses destinataires, il y a évidemment et tout d’abord les membres de l’église d’Éphèse, puis ceux des autres assemblées locales de la région comme Hiérapolis et Laodicée par exemple. En effet et comme j’ai déjà eu l’occasion de le dire, les mots : « à Éphèse » ne figurent pas dans un certain nombre de manuscrits anciens. Ce vide permet de remplir l’espace avec le nom d’une église particulière. Puis un scribe recopie la lettre et y ajoute le nom de l’église suivante et ainsi de suite. Ce manuscrit est alors acheminé à la prochaine église du circuit. Étant destinée à plusieurs assemblées, l’épître aux Éphésiens est la seule de la plume de l’apôtre Paul qui ne contienne rien qui soit spécifiquement adapté à la situation de l’église d’Éphèse. Par contre, son contenu concerne tous les chrétiens de tous les temps et plus particulièrement ceux qui sont issus du paganisme.
Quand Paul demande aux membres de l’Église de la ville de Colosses de lire l’épître qu’il a fait parvenir à l’assemblée de Laodicée (Colossiens 4.16), il se peut fort bien qu’il s’agisse de la lettre adressée aux Éphésiens qui est en train de faire le tour des églises. C’est une supposition qui expliquerait pourquoi nous n’avons pas d’épître aux Laodicéens.
Quand le Nouveau Testament a été constitué, c’est certainement le manuscrit adressé à Éphèse qui est alors disponible, d’où le nom de cette épître. Il faut aussi rappeler qu’au 1er siècle, Ephèse est une grande ville qui compte au moins 250.000habitant et peut-être même 300 000 ; C’est le centre et la plaque tournante de la province de l’Asie pour le commerce, l’économie, la politique, la culture et la religion. Bien que située tout à l’ouest sur la mer Égée, Éphèse exerce une grande influence sur le reste de l’Asie Mineure, la Turquie actuelle. Éphèse étant aussi un centre religieux de première importance, parce que consacré à la divinité principale Artémis aussi appelée Diane, la ville est également célèbre pour ses mœurs dissolues et ses pratiques occultes, ses magiciens, sorciers et bien sûr des charlatans de tous gabarits.
Dès les premières lignes de l’épître aux Éphésiens, Paul mentionne trois fois Jésus-Christ. Il va sans dire que son nom apparaît très fréquemment dans tout le Nouveau Testament. En Occident, tout le monde ou presque a entendu parler de lui, mais beaucoup ne savent pas que son nom d’homme est Jésus alors que « Christ » est un titre qui décrit qui il est vraiment. A cet égard, c’est l’apôtre Pierre qui l’identifie de la manière la plus parlante quand il lui dit :
Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant (Matthieu 16.16).
Dans cette Épître aux Éphésiens, comme dans toutes les autres lettres qu’il a écrites, Paul se déclare apôtre, mais qu’est-ce que ce mot veut dire ? Eh bien c’est la fonction la plus élevée que l’Église de Jésus-Christ a jamais eue. L’apostolat signifie l’exercice d’une autorité venant de Dieu dans la vie des croyants et des églises. Paul laisse ainsi entendre que sa lettre est comme signée par Dieu le Père. Dans sa seconde épître aux Corinthiens, il dit :
Je vous écris tout cela pendant que je suis encore loin, pour qu’étant présent, je n’aie pas à faire usage, avec sévérité, de l’autorité que le Seigneur m’a donnée pour construire et non pour renverser (2 Corinthiens 13.10).
Aujourd’hui, personne ne peut porter le titre d’apôtre pour la simple raison qu’il est impossible à quiconque de remplir une seule des conditions que cette fonction exige.
Premièrement, les apôtres ont reçu leur ordre de mission directement de la bouche de Jésus. Paul s’est déclaré apôtre parce qu’il a été choisi par Jésus-Christ. Aux Galates, il écrit :
Paul, apôtre, non par une autorité humaine, ni par l’intermédiaire d’un homme, mais par Jésus-Christ et par Dieu, le Père, qui l’a ressuscité d’entre les morts [..](Galates 1.1-12).
La deuxième caractéristique d’un apôtre est qu’il a vu le Seigneur Jésus après sa résurrection.
En troisième lieu, les apôtres sont inspirés de Dieu quand ils annoncent des vérités divines. Jésus leur a dit :
Le Saint-Esprit que le Père enverra en mon nom, vous enseignera toutes choses et vous rappellera tout ce que je vous ai dit moi-même. Quand l’Esprit de vérité sera venu, il vous conduira dans la vérité tout entière, car il ne parlera pas de lui-même, mais tout ce qu’il aura entendu, il le dira, et il vous annoncera les choses à venir. (Jean 14.26 ; 16.13).
Quatrièmement, les apôtres exercent l’autorité qu’ils tiennent de Dieu par leur parole (Jean 20.23 ; 2Corinthiens 10.8), ce qu’ils prouvent par leurs actes, surtout en faisant des prodiges et des guérisons miraculeuses (Marc 6.13 ; Luc 9.1-2 ; Actes 2.43).
La fonction d’apôtre n’a pas duré très longtemps. À la fin du premier siècle, l’authenticité d’un serviteur de Dieu n’est plus la possession de pouvoirs surnaturels, mais la conformité de sa prédication à l’enseignement qu’ont donné les apôtres. Dans sa seconde épître, Jean écrit :
Celui qui ne reste pas attaché à l’enseignement qui concerne le Christ, mais s’en écarte, n’a pas de communion avec Dieu. [..]. Si quelqu’un vient vous trouver et ne vous apporte pas cet enseignement, ne l’accueillez pas dans votre maison, et ne lui adressez pas la salutation fraternelle (2Jean 9-10).
La dernière caractéristique d’un apôtre est qu’il fut le moyen que Dieu utilisa pour enraciner le christianisme dans l’empire romain et même au-delà, en y implantant des églises locales et en les fortifiant (2Corinthiens 11.28). Paul, encore plus que tous les autres, a rempli toutes ses exigences qui font de lui un véritable apôtre. En fait, il semble bien qu’il ait pris la place de Judas qui a trahi son maître et s’est pendu, et cela, malgré le fait qu’après ce sinistre départ du traître, les 11 apôtres restant aient choisi un remplaçant, un certain Matthias qui disparaît dans les oubliettes de l’histoire sans laisser de trace et aussi vite qu’il est nommé.
Dans l’Épître aux Éphésiens comme dans plusieurs autres, Paul se dit « apôtre de Jésus-Christ par la volonté de Dieu », ce qui veut dire qu’il a rempli cette tâche en s’appuyant sur ce que voulait Dieu pour lui plutôt que sur une ambition personnelle ou une décision humaine quelconque, serait-ce même une demande officielle des autres apôtres. Dans son épître aux Galates, Paul écrit :
Dieu m’avait mis à part dès avant ma naissance et, dans sa grâce, il m’a appelé à le connaître. Aussi, dès qu’il lui a plu de me révéler son Fils pour que je l’annonce aux non-Juifs, je n’ai consulté personne (Galates 1.15-16).
Et dans sa lettre à Timothée, il dit :
Je suis reconnaissant envers celui qui m’a rendu capable de remplir cette tâche, Jésus-Christ, notre Seigneur. En effet, il m’a accordé sa confiance en me choisissant pour ce service, moi qui, autrefois, l’ai offensé, persécuté et insulté. Mais il a eu pitié de moi car j’agissais par ignorance, puisque je n’avais pas la foi (1Timothée 1.12-13).
Dans tous ses écrits, Paul fait constamment référence à la volonté de Dieu comme étant le fondement et l’élément moteur de son apostolat, ce qui se vérifie facilement quand on lit les introductions de plusieurs de ses épîtres, comme celles aux Corinthiens, aux Colossiens et sa seconde lettre à Timothée.
Comme dans ses autres épîtres, Paul s’adresse aux Éphésiens, ses premier lecteurs donc en disant : « aux saints et fidèles en Jésus-Christ ». À l’origine, le mot « saint » veut seulement dire : « séparé, mis à part pour Dieu ou qui lui appartient ». Voilà pourquoi, par exemple, toute la vaisselle du Temple de Jérusalem est appelée « sainte » ; si elle est ainsi désignée, ce n’est pas parce qu’elle est en porcelaine fine de Limoges, en cristal d’Arques, en or ou en argent, mais parce que son usage est exclusivement réservé au culte à l’Éternel. Dans le Nouveau Testament, « Saint » n’a rien à voir avec la religiosité ou la piété de quelqu’un car c’est une position spirituelle de laquelle on ne peut pas déchoir parce que ce n’est pas un mode de vie. Par contre, la sainteté dénote effectivement une façon de vivre, celle qui est conforme aux enseignements du Nouveau Testament. Quand l’apôtre Paul déclare que les Éphésiens sont des « saints », il dit qu’ils sont dans l’état de celui qui a placé sa confiance exclusivement en Jésus et qui donc appartient à Dieu. Selon cette perspective qui est celle du Nouveau Testament, dans le monde il n’existe que deux sortes de gens : les « saints » et les autres, ceux qui ne le sont pas. Cela dit, je suis le premier à reconnaître qu’il y a des « saints » qui bien que mis à part pour Dieu se comportent comme des païens, ce qui est une anomalie fâcheuse. Mais malgré leurs actes répréhensibles, leur position en Jésus-Christ ne change jamais. Bien entendu, un saint est un croyant qui devrait mener une vie sainte, c’est à dire qui soit en accord avec ce qu’il est par sa position en Jésus-Christ. « Saint » est un mot qui désigne le chrétien selon le point de vue divin tandis que « croyant » correspond à la perspective humaine du chrétien. Cela dit, saint, croyant, fidèle, ou chrétien sont des termes interchangeables.
Comme je l’ai déjà dit, dans la salutation, Paul mentionne trois fois le nom de Jésus-Christ car il va beaucoup être question de lui dans la première partie de cette épître qui est doctrinale. Paul adresse donc son épître « aux saints et fidèles en Jésus-Christ ». Dans cette phrase, on peut très facilement ne pas remarquer la petite particule « en Jésus-Christ » bien qu’on puisse dire sans exagérer que c’est le mot le plus important de tout le Nouveau Testament.
Au fil des lectures des Textes Sacrés, on rencontre des termes lourds en concept théologique comme rédemption, justification, réconciliation, propitiation, substitution, et d’autres. Tout ce vocabulaire sert à définir l’œuvre de Dieu chez l’homme et en lui. Bien que quelque peu abstraits, ces mots sont très importants parce qu’ils servent à décrire un aspect spécifique du salut. Alors qu’est-ce que ça veut vraiment dire que « être en Christ » ? Eh bien cela signifie « être sauvé et posséder la vie éternelle » ; les deux expressions sont interchangeables. Les vrais croyants sont en Jésus, joints à lui de façon irrévocable. Dans sa première épître aux Corinthiens, l’apôtre Paul écrit :
Celui qui est uni au Seigneur est un même esprit avec lui (1Corinthiens 6.17).
Les croyants sont un avec le Christ non pas parce qu’ils sont passés par les eaux du baptême, mais grâce au baptême du Saint-Esprit qui les a immergés en Jésus-Christ et dans le peuple de Dieu qui est l’Église universelle. Dans sa première épître aux Corinthiens, l’apôtre Paul écrit :
Le corps humain forme un tout, et pourtant il a beaucoup d’organes. Et tous ces organes, dans leur multiplicité, ne constituent qu’un seul corps. Il en va de même pour ceux qui sont unis au Christ. En effet, nous avons tous été baptisés par un seul et même Esprit pour former un seul corps, que nous soyons Juifs ou non-Juifs, esclaves ou hommes libres. C’est de ce seul et même Esprit que nous avons tous été imprégnés (1Corinthiens 12.12-13).
Ceux qui ont placé leur espérance éternelle en Jésus lui appartiennent et font partie de son corps, c’est à dire l’Église universelle. Cette Église est très diverse et invisible dans le sens qu’elle ne porte pas de label particulier. Les étiquettes qu’utilisent les chrétiens évangéliques pour leur famille d’églises respective, servent à faire des distinctions dans leur façon de célébrer le culte, mais aussi parfois dans leurs croyances car tous les croyants authentique en Jésus-Christ ne partagent pas les mêmes convictions sur tout. Malheureusement, ces différences entraînent souvent des ruptures dans les relations entre vrais croyants ce qui est évidemment une grosse tache parce que tous sont frères en Jésus-Christ et ils ont l’Éternel pour Père.
Le premier bénéfice qui résulte de l’état « d’être saint » est que, dit Paul dans son épître aux Romains : « dorénavant, il n’y a plus de condamnation pour ceux qui sont unis au Christ », c’est-à-dire qui sont en lui (Romains 8.1). Quelqu’un a compté et découvert que le Nouveau Testament utilise la particule « en » 130 fois dans le sens « unis à Jésus ». D’ailleurs lui-même a dit à ses disciples :
Demeurez en moi, et moi je demeurerai en vous (Jean 15.4).
Ce concept spirituel est difficile à comprendre pour nous qui baignons dans un monde physique, et donc il n’est pas simple à expliquer. On peut penser à des analogies dans le domaine matériel, comme par exemple au fer qui est placé dans le foyer et chauffé à blanc jusqu’à ce que le feu l’ait pénétré. Quand le forgeron le bat, fer et feu ne font plus qu’un. C’est un peu comme ça que le croyant est en Christ et le Christ dans le croyant. D’ailleurs on dit parfois de quelqu’un qu’il a le feu sacré mais ce devrait être l’état de tous les croyants puisqu’ils ont tous reçu le Saint Esprit.
Les croyants sont unis à Jésus-Christ et lui à eux comme la tête est unie au corps et le corps à la tête. Je ne peux pas bouger quoi que ce soit de mon corps, pas même le petit doigt, sans que le cerveau qui est dans ma tête en donne l’ordre. Non seulement les croyants en tant qu’individus sont en Christ, mais l’Église, qui est son corps ici-bas sur terre, l’est également, tandis que Jésus, comme je l’ai dit, est la tête de son Église.
Tout l’enseignement de Paul aux Éphésiens développe ces vérités. Cette épître est tout aussi importante que les lettres doctrinales adressées aux Romains, aux Corinthiens et aux Galates. Les enseignements contenus dans l’épître aux Éphésiens sont palpitants et vibrent de vie, et ils nous concernent, même si à l’origine ils ne nous étaient pas spécifiquement destinées.
Quand l’Éternel a dit à Josué : « Lève-toi, traverse le Jourdain » (Josué 1.2), ce n’est pas à moi qu’il s’adressait, mais à Josué. Cependant, cet ordre de marche militaire est applicable à la vie chrétienne pratique. L’Épître aux Éphésiens est au Nouveau Testament ce qu’est le livre de Josué à l’Ancien, ce qui fait qu’il me concerne bel et bien.
Dans l’introduction de l’épître aux Éphésiens, l’apôtre Paul demande : « Que Dieu notre Père et le Seigneur Jésus-Christ vous accordent la grâce et la paix. » Le mot « grâce », (charis en grec), était utilisé par les gens du 1er siècle, lorsqu’ils se rencontraient et se saluaient. En fait, même aujourd’hui en Grèce, le mot « grâce » s’emploie toujours dans ce sens ; au lieu de dire : « Salut » comme nous, ils ont une formule qui utilise « charis ».
À l’origine, « charis » exprimait la qualité spécifique d’une expérience que transmettent les sens et qui remplit de joie le cœur de qui la vit. Ce peut-être par exemple un spectacle son ou lumière ou une bonne nouvelle. Puis, ce sens s’est étendu à la chose elle-même, à tout ce qui réjouit, et surtout aux faveurs et bontés de l’homme envers ses semblables. Dans l’éthique grecque d’Aristote, « charis » signifie une faveur désintéressée, entièrement gratuite et donc sans aucune attente en retour.
Dans le Nouveau Testament, le mot « grâce » exprime les marques de reconnaissance, mais et plus particulièrement la faveur, la bonté et la miséricorde de Dieu envers l’homme qui mérite au contraire sa colère et son jugement. Pour l’apôtre Paul, la grâce n’est jamais quelque chose qu’on peut faire valoir, car elle ne peut être gagnée par quelque effort, ou méritée par une bonne action. Il s’en suit que le pardon et la vie éternelle que Dieu accorde, sont des grâces.
Après la grâce, l’apôtre Paul demande aussi à Dieu que la paix soit donnée aux Éphésiens. Cette requête provient essentiellement du monde religieux et surtout du judaïsme qui emploie le mot hébreu « Shalom » qui veut dire paix comme salutation. Paul prend donc « grâce et paix » les deux mots courants de salutation de l’époque et les élève en leur donnant un sens différent et un nouveau statut, chrétien celui-là.
Dieu sauve le pécheur uniquement en vertu de sa miséricorde et il est nécessaire a l’être humain d’expérimenter cette grâce avant de connaître la paix de Dieu. D’ailleurs, Paul place toujours ces deux mots dans le même ordre, la grâce en premier parce qu’elle est à l’origine de la paix, qui elle est placée en second. Par exemple, dans son épître aux Romains, il écrit :
Étant donc justifiés par la foi, nous avons la paix avec Dieu par notre Seigneur Jésus-Christ, à qui nous devons par la foi d’avoir eu accès à cette grâce (Romains 5.1-2).
En d’autres mots, dans sa grâce, Dieu offre à l’homme le statut de juste, mais à condition qu’il réponde à cette offre en saisissant cette grâce au moyen de la foi ; ensuite, il connaîtra la paix.
De nos jours, on lit, on voit ou on entend le mot paix partout et à toutes les sauces. Par exemple, le journal nous informe qu’un accord de paix a été signé ici ou là, que tel politicien œuvre pour la paix au Proche-Orient ou ailleurs. Tout le monde est pour la paix, même et surtout ceux qui font la guerre. Mais les citoyens du monde ne connaîtront jamais de paix durable avant qu’ils n’expérimentent la grâce de Dieu. Or, on n’entend pour ainsi dire jamais parler de cette grâce. Par contre, les mots « paix ou amour » sont monnaie courante et dans l’esprit de beaucoup de gens ils proviennent des Textes Sacrés ou tout au moins de l’enseignement de Jésus. C’est vrai, mais le monde leur a donné un sens différent. Dans les Écritures, la paix qui vient de Dieu est due au pardon des péchés et non à l’absence de conflits. Or je ne peux recevoir le pardon de mes fautes que si j’expérimente la grâce de Dieu.
Dans la salutation de l’introduction de cette épître, Paul demande que la grâce et la paix soient données aux Éphésiens de la part de Dieu, parce que c’est lui qui est à l’origine de tout, non seulement de l’univers entier, mais aussi et surtout de la grâce et de la paix dont le monde et chaque individu en particulier ont tant besoin. En fait, tous ceux qui comprennent que la bonté, la miséricorde et la grâce de Dieu ont été manifestées en Jésus-Christ et qui l’acceptent pour leur compte personnel possèdent dès à présent la vie éternelle. L’immense Dieu infini et créateur devient alors leur Père céleste et ils participent au baptême de régénération du Saint-Esprit. Mais peu importe la terminologie théologique puisque de toute manière ces événements ont lieu au niveau spirituel et c’est Dieu qui se charge de tout, de a à z.
Dans la salutation, Paul précise bien que la grâce et la paix proviennent de Dieu le Père et de Jésus-Christ, mais il ne mentionne pas le Saint-Esprit. La raison tient au fait que ce n’est pas nécessaire puisqu’il est déjà présent dans l’Église d’Éphèse et dans les chrétiens individuels tandis que Jésus, lui, est assis dans les sphères célestes à la droite du Père. Chaque personne de la Trinité a un rôle et une fonction différente, mais ce qui est sûr est que le Père, le Fils et le Saint-Esprit participent tous trois au salut des élus. La salutation : « Que Dieu notre Père et le Seigneur Jésus-Christ vous accordent la grâce et la paix. » pose le fondement de la Trinité, telle qu’elle sera formulée plus tard dans les « credo » de l’Église.
Commentaire biblique radiophonique écrit par le pasteur et docteur en théologie : Vernon McGee (1904-1988) et traduit par le pasteur Jacques Iosti.